Mon souffle dans ton cou [ft Laura]

Je vais vous avoir quand même. Tout le monde à une faille. Ce sont les derniers mots que j’avais entendu de la part de Laura avant qu’elle ne raccroche finalement le téléphone après un appel qui avait tout de même eu une durée convenable. Après tout, elle aurait très bien pu raccrocher directement, j’avais même cru qu’elle le ferait dès ses premières paroles, mais non elle avait gardé le téléphone bien calée contre son oreille pour mon plus grand bonheur et j’avais pu jouer avec elle, comme ce fameux chat et sa souris à laquelle j’avais fais allusion pendant l’échange. Mais moi, quand elle avait fini par raccrocher d’énervement, j’avais juste jubilé. Je crois qu’elle commençait à comprendre à quel point je la tenais, à quel point j’allais transformer sa vie en véritable enfer. Une des premières choses que j’avais fait après ça, ça avait été de mettre à exécution l’une des idées que j’avais eu pendant l’appel. J’avais recherché tout un tas de sous-vêtements noirs comme elle me les avais décrit, les faisant livrer directement à son domicile et à chaque fois une petite note, celle-ci : « Bonjour Laura. Pour ne pas avoir à te demander la prochaine fois. R. » Bien évidemment, aucun de ces paquets n’avait transité par chez moi, hors de question de laisser la moindre chance d’y déposer une empreinte ou un quelconque indice sur moi. Mais surtout, j’avais continué de faire ça chaque jour depuis ce fameux appel. Je voulais qu’elle en reçoive tous les jours, qu’elle n’ai aucun moment de répit, jusqu’à ne même plus vouloir ouvrir sa boite aux lettres. J’allais la rendre complètement folle.

Mais aujourd’hui était l’un de ces jours où j’enfilais le costume du gentil Michael, le petit chauffeur de taxi, nul en informatique et qui n’aurait pas fait de mal à une mouche. Celui qui voulait juste reprendre contact avec la mère de sa fille, qui ressentait peut-être quelque chose encore pour elle mais essayait de ne pas le montrer et de passer outre. J’avais vraiment l’impression de jouer mon rôle à la perfection et tout se passait bien, mais aujourd’hui j’avais encore une carte à sortir de ma manche. C’était toujours un jeu aussi risqué, mais aussi terriblement excitant. Toujours est-il que j’avais vraiment hâte de la retrouver dans ce café où nous nous étions donné rendez-vous comme les fois précédentes. Je m’étais habillé très simplement comme d’habitude pour paraître vraiment de rien devant elle. J’étais le premier arrivé comme toujours, et j’avais toujours une petite crainte qu’elle ne vienne pas, retardée par le travail. Mais après tout, elle avait mon numéro alors elle pouvait me le dire si tel était le cas et je n’avais rien reçu aujourd’hui. Je m’étais donc installé à une banquette, disant à la serveuse que j’attendais quelqu’un pour commander et je regardais par la fenêtre, espérant voir arriver d’une minute à l’autre mon ex petite amie, celle à qui je faisais vivre un calvaire depuis plusieurs semaines.

C’était à en perdre la tête. Laura commençait vraiment à perdre pied avec cette histoire. Le dernier coup de téléphone avait été la coup de grâce. Elle savait pertinemment que R. allait vraiment envoyer des sous vêtements chez elle, enfin, c’est Adrien parce qu’il avait sans doute son adresse. Laura avait raccroché le téléphone avec une telle violence que l’un de ses collègues, Smith, vient vers elle en fronçant les sourcils et lui demandant ce qui n’allait pas. Laura secoua la tête et lui dit que ce n’était rien. Ce n’était pas le moment d’en parler encore. Oui, Laura avait cette fâcheuse habitude de vouloir tout faire toute seule. Et dès le lendemain, elle avait commencé à recevoir des paquets chez Adrien. Des sous vêtements noirs. Laura avait les larmes aux yeux à chaque nouveau paquet. Elle ne pensait pas qu’il allait s’arrêter. Adrien se demandait ce qui se passait et elle dut lui en parler. Ce n’était pas facile, mais elle lui en parla. Et ce fut dur. Parce que finalement, Laura était vraiment sous pression et elle n’en pouvait plus.

Mais aujourd’hui, c’était un jour où elle avait rendez vous avec Michael. Lui aussi était au courant pour cette histoire même si elle n’était pas rentrée dans les détails. Il savait qu’il y avait quelqu’un qui l’harcelait, qui lui envoyait des mails, mais il ne savait pas qu’il était passé à la vitesse supérieur. Laura se demandait parfois si le fait que Michael soit revenu dans sa vie n’était pas le genre de truc qui fait déclencher plein d’autres choses. Elle y avait réfléchit, avait même penser que Michael pouvait être cette personne… mais s’était ravisé. Il n’était pas assez doué en informatique et il lui semblait, que même s’il semblait être toujours amoureux, que ce n’était pas son genre… Et si elle se trompait ?

Laura était à son bureau lorsqu’elle regarda l’heure. Il fallait qu’elle se dépêche de finir ce dossier. Quelques jours plus tôt, elle avait prit la plainte d’une jeune femme qui avait été agressé par un pompier. C’était rare ce genre de chose, mais pas isolé. En fait, ce pompier semblait avoir fait des dégâts un peu partout où il passait, ce qui n’était pas pour aider les pompiers de la ville qui se prenaient une mauvaise réputation à cause d’une seule personne. Laura avait prit la plainte et traiter le reste du dossier. Elle avait demandé à Sienna de l’aider. La jeune femme n’était pas là pour l’interrogatoire de la victime, mais Laura lui fit un bon résumé et lui fit lire le dépôt de plainte. C’était une bonne façon pour que la jeune femme apprenne. Ayant posé le point final à son rapport qu’elle allait relire plus tard, Laura se leva et avertit Smith qu’elle partait dans le café en face et qu’elle restait joignable. Elle descendit les escaliers rapidement, saluant à peine les quelques personnes qui se trouvaient dans le hall et sortit. Elle prit une bonne bouffée d’air frais après resserrer son manteau qu’elle avait attrapé en sortant du bureau. Puis, elle se dirigea vers le café. Michael y était déjà, elle le voyait au fond de la salle. Elle salua la serveuse et vient s’asseoir en face de son ex petit ami.

« Bonjour Michael, désolé pour le retard… »

J’attendais à la table de ce café où nous nous retrouvions à chaque fois désormais. Ce n’était pas forcément l’endroit idéal, en face du poste de police, mais c’était ce qui paraissait le plus normal après notre première rencontre que j’avais provoqué. Alors j’attendais là et j’avais sorti mon téléphone, laissant défiler mes réseaux sociaux sous mes yeux. Rien qui ne puisse me trahir, je ne me servais de mon téléphone pour des choses illégales qu’en cas d’extrême urgence ce qui en réalité n’arrivait … jamais. J’avais toujours plusieurs coups d’avance donc tout se déroulait toujours comme je le souhaitais et je n’avais pas besoin de réagir. Mon coup le plus risqué avait été ce mail que j’avais envoyé à Laura la première fois car j’avais tenté un coup de poker. Rien ne pouvait à l’avance me dire à cent pour cent que nous finirions à prendre ce café dans ce bar, j’avais du anticipé, et je n’étais pas peu fier de l’avoir fait. Elle aurait très bien pu se barrer, ne plus vouloir de nouvelles de moi ou ce genre de choses, cela faisait parti des éventualités. Mais non, même plus de vingt ans après j’avais toujours visé jute avec elle. Elle arriva finalement, s’excusant pour son retard et je souriais en la voyant s’installer en face de moi. « Salut Laura. Ne t’inquiètes pas je ne suis pas là depuis longtemps. Et puis, j’imagine que tu dois avoir beaucoup de boulot maintenant que tu es … Lieutenant c’est ça hein ? » Je faisais mine de m’intéresser à elle, de ne pas vraiment connaître le fonctionnement de la police ce qui était totalement faux en réalité. Je le connaissais sur le bout des doigts, j’étais infiltré depuis des années dans les réseaux et je pouvais même voir avec quels agents elle traitait le plus de dossiers. Cet Agent Smith par exemple qui semblait toujours dans les parages avec elle. Ou Sienna Parker, sa stagiaire d’après les dossiers. Je savais tout, absolument tout, mais devant elle je jouais le pauvre petit Mike sans défense.

Je me tournais finalement vers le serveur derrière son comptoir, essayant d’attraper son regard et quand ce fut le cas, je lui fis signe que nous voulions deux cafés. Maintenant que ma dame était arrivé, plus le temps d’attendre. J’avais très envie de révéler tout de suite la carte que j’avais dans ma manque pour aujourd’hui mais c’était encore un peu trop tôt si je ne voulais pas tout de suite attirer les soupçons, je voulais y aller tranquillement, l’amener là où je voulais qu’elle soit. Alors je me tournais sur une question beaucoup plus bateau pour le moment. « Comment ça va depuis la dernière fois toi ? » J’aurais aimé parler directement de ce harceleur que j’étais, mais il fallait que ça vienne d’elle. Pour ne pas paraître obsédé par cette histoire. Ça aurait très bien pu passer pour de l’inquiétude mais je n’étais que son ex qui ne l’avait plus vu depuis vingt ans donc autant y aller doucement pour le moment.

Dans la vie de Laura, il y avait eu très peu de remous. Le premier remous avait été lorsqu’elle était tombée enceinte. Elle avait aimé l’enfant dès la première seconde où elle avait su qu’elle était enceinte, mais la vie en avait décidé autrement. Ses parents ne voulaient pas de l’enfant sous leur toit, l’obligeant à la faire adopter. Maintenant, avec le recul, Laura aurait du leur tenir tête et partir de chez ses parents, mais pour aller où ? Sans doute retrouver Michael et la vie aurait été différente. Mais ce n’était pas le cas, Laura avait abandonné son enfant, abandonné son petit ami et sa vie avait été presque parfaite jusqu’à ce qu’elle rencontre Adrien. Elle s’était prise une balle pour lui et maintenant, elle était amoureuse. Oui, elle l’était. Comme elle ne l’avait plus été depuis Michael. Lui, il restait quand même son premier amour, mais trop de chose les différenciaient maintenant. Il était par contre revenu dans sa vie au moment où son harceleur était arrivé et Laura devait avouer qu’une oreille attentive était bien. Bien sûr, elle avait Adrien aussi, mais leurs horaires de boulot étant incompatible ces derniers temps, Laura ne trouvait même plus le temps de se poser avec lui. Il était au courant bien sûr et elle était même certaine qu’il cherchait déjà le coupable… Mais ça allait être long, très long sans doute.

Laura arriva dans le café et repéra Michael tout de suite. Elle alla le rejoindre et s’excusa pour l’attente. Il la salua avant de lui dire que ça ne faisait pas longtemps qu’il était là et qu’il imaginait qu’elle avait pas mal de boulot maintenant qu’elle était lieutenant. Elle hocha doucement la tête avant de répondre :

« Oui, on a pas mal d’affaires en cours et je me demande grandement si je ne devrais pas prendre des vacances ! »

Le serveur arriva finalement avec les deux cafés et repartit comme si de rien n’était. Laura le regarda un moment avant d’entendre la question de Michael lui demanda comment elle allait depuis la dernière fois. Elle se demandait comment elle allait oui… Ce n’était pas facile. Mais elle s’en sortait. Plus ou moins. Elle prit une gorgée de son café avant de répondre.

« Je ne sais pas comment je me sens. Il y a cet harceleur, les différentes enquêtes en cours. Il y a aussi un jeune que j’aide a revenir sur le bon chemin, mais ce n’est pas facile parce qu’on lui met des bâtons dans les roues… Et puis, j’ai l’impression d’avoir de moins en moins de temps pour mon couple. Cette idée de vacances, ça me plait bien, je pense que je vais demander quelques jours, voir quelques semaines. »

Se couper de la réalité, demander à Adrien de s’occuper de tout pour éviter que son harceleur ne trouve où ils sont… Ou alors demander à quelqu’un d’autre parce que ce fou devait sans doute surveiller aussi Adrien ? Couper son téléphone pendant tout le séjour… Elle en rêvait. Mais est-ce que ce ne serait pas pire a son retour ? Peut-être, mais elle avait besoin d’une pause. Et elle allait en parler de nouveau à Adrien dès le soir même. Son corps n’allait pas tenir le coup sinon.

« Et toi, comment vas-tu ? »

J’aurais sans doute du faire du théâtre. Peut-être que si j’avais décidé de faire un job légal et qui me rapportait plus d’argent que chauffeur de taxi, j’aurais pu devenir comédien. Car aujourd’hui, je jouais le plus grand rôle de toute ma vie. Je ne pouvais savoir réellement comment elle me percevait, mais moi je cherchais vraiment à jouer l’homme qui n’a jamais vraiment digéré le drame de sa vie mais qui s’est plutôt laissé abattre, n’a jamais retrouvé l’amour et ne le retrouvera jamais, qui fait un petit boulot pour survivre et c’est à peu prêt tout. Oui je me faisais passer pour un petit misérable en réalité, pour masquer une vie … peut-être tout aussi misérable en réalité ? Mais différente. Car dans ma vraie vie, j’avais un but. Pas forcément très beau, mais j’en avais un. Je voulais faire souffrir cette femme autant qu’elle m’avait souffrir elle. Était-ce possible ? Sans doute pas, il faudrait que ce petit jeu dur toute notre vie sinon et même là, il resterait toujours vingt-et-une longues années à combler. J’avais beau lui faire du mal, ça ne réparait pas l’amour qui avait été brisé et surtout, ça ne ramènerai jamais les vingt-et-uns ans que j’avais passé loin de ma fille que je connaissais un peu aujourd’hui. Je me demandais d’ailleurs parfois ce qu’il se passerait quand tout ça se terminerait avec Laura. Profiter avec ma fille sans doute. C’est ce qu’un père devrait répondre non ? Que sa fille est tout pour lui et qu’il n’a besoin de rien d’autre ? Oui j’essayais de me dire que ce serait le cas, car il restait évident que ne plus orchestrer tout ceci avec Laura laisserait un grand vide dans ce qui avait été ma vie jusqu’à présent. Et le présent justement, c’était ce café avec elle.

Elle acquiesçait doucement à mes propos, me précisant qu’elle avait pas mal d’affaires en cours et se demandait si elle n’avait pas besoin de vacances. Intérieurement, je me demandais si parmi ces affaires il y avait un cas de fraudeur professionnel à la carte bancaire qui sévissait depuis des années ! Je ne m’étais jamais trop penché sur cela je dois dire. Mais pour le moment je devais rester dans mon rôle d’ex, d’ami surtout, un peu trop inquiet pour elle. Alors quand elle parlait de vacances je lui disais ceci. « Si tu te le demandes, c’est que tu devrais sans doute oui. Il faut faire attention à toi, à ta santé surtout. » J’avais dis ça avec un petit sourire qui se voulait rassurant, pour me placer de son côté, l’encourager. Je n’avais pas peur qu’elle disparaisse un moment. Soit j’arriverais à savoir où elle était en m’infiltrant dans son téléphone, et si par un petit miracle ça n’arrivait pas, alors j’attendrai juste patiemment qu’elle refasse surface pour remettre un bon coup de collier et lui faire comprendre que ça ne m’avait pas plus. Il n’y avait aucune solution pour elle. Elle pouvait bien prendre un peu de répit si elle voulait, ce ne serait qu’une petite pause au milieu de cet enfer.

Je lui avais demandé comment elle allait et je pu voir à quel point j’avais déjà réussi à regagner sa confiance lorsqu’elle passe à table. Elle m’expliqua toutes ses difficultés actuelles et j’essayais de garder pour moi ma grimace lorsqu’elle me parla de son couple. Je n’avais pas envie d’en entendre parler pour le coup de celui-là. Même si savoir qu’elle avait peu de temps pour lui était plutôt une bonne chose car je ne supportais toujours pas de voir l’amour de ma vie avec une autre homme. L’amour et la haine, deux sentiments tellement proches … Je ne dis rien pour le moment même si elle avait parlé de ce qui m’intéressais à savoir ce harceleur, mais j’attendais qu’elle me pose la question en retour sans m’affoler, ce qu’elle fit. Je baissais alors la tête, jouant mon meilleur rôle d’homme inquiet. « Laura … il faut que je te parle de quelque chose … Peut-être même que j’aurais du t’envoyer un message avant, je n’ai pas osé ... » Je pris alors mon téléphone et pianotant rapidement dessus, j’ouvrais un mail que je m’étais envoyé à moi-même, depuis l’adresse de R évidemment mais sur ma vraie boite personnelle. Je faisais alors glisser le téléphone devant elle pour qu’elle puisse lire ce mail. « Bonjour Michael. Je t’ai vu plusieurs fois avec Laura dernièrement. Je n’arrive pas tout à fait à comprendre la nature de votre lien. Avec d’autres c’est très clair mais vous deux. Si tu voulais bien m’éclairer un peu. R. » Je relevais alors doucement le regard sur elle pour voir sa réaction, gardant toujours mon regard inquiet malgré tout. « C’est lui n’est-ce pas ? » Lui demandais-je en parlant évidemment de son harceleur. C’était une nouvelle pression et elle me permettait aussi d’autre chose. Éloigner la possibilité que je sois cette personne en feintant de m’en prendre à moi-même, lui faire croire que je ne savais pas pour son passé avec moi, avec sa fille, d’autant plus alors qu’il était hors de question de mêler Emily à cette affaire. Mais pour le moment je voulais voir sa réaction à elle et comment ce mail allait m’impliquer encore plus dans cette histoire en tant que Michael cette fois.

Laura n’avait pas pris de vacances depuis longtemps et l’idée était venue quelques semaines plus tôt. Adrien avait eu quelques soucis, Laura avait proposé de partir en vacances. C’était une idée qu’il avait apprécier, mais depuis, les deux avaient encore plus de travail que d’habitude, surtout Laura. Et avec cette histoire d’harceleur, la jeune femme ne savait plus quoi penser. Il fallait qu’elle fasse attention à elle, mais aussi à sa famille. Il fallait qu’elle les protége. Qu’elle protège tout le monde. Michael était aussi d’accord avec elle, qu’elle devait faire attention à elle, a sa santé. Laura eu un petit sourire derrière sa tasse.

« Je sais que tu as raison, mais dans mon boulot, j’ai l’impression que si je pars pendant quelques temps, je vais être complètement perdue quand je vais revenir… ou alors, quelqu’un aura déjà pris ma place. »

Elle haussa les épaules. La jeune femme avait toujours travailler très fort pour en arriver où elle était et maintenant, elle remettait parfois en cause sa foi envers la justice et surtout, sa confiance en elle. Parce que le fait que R. soit entré dans sa vie aussi facilement, ce n’était pas du hasard. Maintenant, il était toujours là, à la surveiller. Il fallait qu’elle fasse attention à chaque fois qu’elle sortait, à chaque fois qu’elle était en service et elle avait toujours peur de le voir débouler au coin d’une rue ou alors qu’il entre chez elle par effraction. Elle en était arrivée là. Il fallait que cette histoire s’arrête… Mais elle ne s’attendait pas à ce qui allait suivre.

Michael lui parlait, lui demandait comment elle allait et elle lui dit toutes ces choses. Puis, il lui dit qu’il devait lui parler de quelque chose, lui disant qu’il aurait peut-être du parler de ça avant aujourd’hui. La jeune femme posa sa tasse de café pendant qu’il sortait son téléphone et lui montra un mail. Et le visage de Laura se décomposa. Comment R. avait-il pu savoir qu’elle le voyait ? Il était donc partout ? Ce n’était pas possible. La voix de Michael la ramena à la réalité en lui demandant si c’était lui. La jeune femme hocha la tête doucement.

« Je suis désolée Michael, je ne pensais pas qu’il allait te mêler à ça… »

C’était tellement satisfaisant pour moi de la voir me répondre, agir sans se douter un seul instant que je n’étais pas réellement celui que je laissais paraître. Elle en venait à me parler de son boulot et de la place qu’elle y occupait et moi, j’avais bien prévu de jouer un rôle rassurant. Je voulais qu’elle perde pied mais pour ça, il n’y avait rien de mieux que de la pousser avant tout dans ses derniers retranchements. Il fallait qu’elle croit en ses possibilités de pouvoir me faire tomber pour elle tomber de plus haut encore à l’arrivée. Alors quand elle me confia ses doutes, je n’hésitais pas une seconde à réagir, fronçant doucement les sourcils. « Laura. Tu n’es pas arrivée là où tu en es par hasard non ? Est-ce que tu te sens illégitime à ton poste ? Est-ce que tu penses que quelqu’un ferait ton job mieux que toi ? Je suis sur que ce n’est pas le cas alors au contraire. Tu manquera tellement, je suis sur qu’ils compteront les jours avant ton retour. » J’avais dis ça avec un petit sourire en coin pour essayer de la rassurer. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus facile de dire ça parce que … j’aurais aimé le faire en tant que … quoi d’ailleurs ? Petit ami, fiancé, mari ? Je ne sais pas ce que nous serions aujourd’hui si nous étions restés ensemble à l’époque. Une part de moi resterai toujours attaché à Laura. C’est parce que je l’aimais toujours que je la détestais aussi autant pour ce qu’elle m’avait fait.

Mais j’en passais donc à la carte que je voulais jouer aujourd’hui. Parce que je voulais qu’elle panique un peu plus, je voulais qu’elle me fasse confiance, qu’elle se confie à moi. Qu’est-ce qui pourrait être plus jouissif qu’elle ne se confie sur son harceleur à … son harceleur ? Pour moi, en tout cas. Je scrutais donc sa réaction et je vis son visage se décomposer. Première petite victoire. Elle hocha alors la tête pour acquiescer quand je lui demandais si c’était bon son harceleur mais elle me confirmait quelque chose que je savais évidemment déjà. J’écoutais ses mots tout en fronçant légèrement les sourcils à nouveau. Elle était désolé mais … j’étais presque déçu de sa réaction, j’avais espéré mieux. Tant pis, j’allais continuer de la pousser s’il le fallait ! « Laura. Dis-moi honnêtement. A quel point cette personne te harcèle ? Est-ce que tu as déjà fais des démarches pour faire arrêter ça ? Je me fiche bien qu’il essaye de s’en prendre à moi, mais j’imagine … enfin j’imagine qu’il fait ça pour te toucher toi et moi, ça ne me plaît pas. Pas du tout. » Là je pouvais me permettre de jouer l’ami encore un peu trop investi dans sa vie car tout cela ne passait que pour de l’inquiétude. Je voulais la secouer, je voulais qu’elle se livre, qu’elle s’énerve, qu’elle cherche. J’avais un besoin de savoir tout de son point de vu à elle.

Laura se confit de plus en plus à Michael sans se douter une seule seconde que c’était lui qui était derrière tout ça. Bien sûr, elle s’était demandé si le retour de Michael dans sa vie n’y était pas pour quelque chose, mais après tout, c’était peut-être que le hasard ? Oui, c’était sans doute que ça. La jeune femme avait raconté tout ce qui s’était passé dans sa vie à son ex petit ami, ce dernier étant d’une très bonne écoute. Lorsqu’elle lui dit qu’elle pensait qu’elle allait être perdu si elle partait en vacances ou que quelqu’un aura prit sa place, Michael lui demanda alors si elle était arrivée par hasard à son poste ou est-ce qu’elle se sentait légitime à ton poste. Bien sur qu’elle avait tout fait pour y arriver, qu’elle avait tout donné. La jeune fille l’entendit lui demander si elle pensait que quelqu’un fera mieux son job qu’elle ? Il y avait toujours meilleur que soi dans le monde bien sûr. Pour l’instant, personne n’était parvenu à arriver à la cheville de la jeune femme, mais peut-être qu’un jour ? Michael rajouta qu’elle allait manquer au service et qu’ils compteront les jours avant son retour. Laura eu un petit sourire a cette image. Elle n’était pas certaine que ses collègues le fassent mais c’était une belle image tout de même.

« Je pense que mes collègues sont trop pudiques pour faire ce genre de choses, mais c’est gentil de me rassurer. Tu as raison, pour l’instant, personne ne m’arrive à la cheville, mais je sais qu’on peut toujours trouver meilleur que soi dans ce monde. Il faut juste être d’accord et l’accepter. »

Lorsqu’il se mit à parler de son harceleur, Laura n’aurait jamais cru qu’il serait aller jusqu’à contacter Michael. Son visage se décomposa et elle confirma ce que Michael lui demanda. La jeune femme n’arrivait pas à y croire. Il avait vraiment penser à tout… Michael lui demanda alors d’être honnête et de lui dire a quel point cette personne l’harcelait. Est-ce qu’elle avait fait des démarches pour arrêter ça ? Non. Elle essayait de récolter toutes les preuves possibles et inimaginables pour le coincer. Mick lui dit qu’il s’en fichait que l’homme s’en prenne à lui, mais il imaginait qu’il s’en prenait à Mick pour la toucher elle et ça ne plaisait pas à l’ex petit ami.

« Ca devient de pire en pire. Il m’a contacté au boulot sur un ligne qui n’est pas accessible au public… C’est les lignes internes… Il m’a demandé comment j’étais habillée… même les sous vêtements… Et depuis, il n’arrête pas de m’en envoyer. Adrien est déjà sur le coup, mais il ne trouve rien… Cet homme, c’est un enfer, j’ai vraiment l’impression qu’il me suit partout. Il n’y a pas un moment dans la journée où je n’ai pas cette impression de mal être… »

Elle ne démontrait pas beaucoup d’émotions sur le coup parce qu’elle savait bien les cacher…

Un écrivain a dit un jour « La haine est l’amour qui a sombré. » Je ne crois pas qu’il puisse y avoir de mots plus véridiques pour qualifier ce que je ressens pour Laura, pour qualifier ma vie en général. Quel homme pense encore à son amourette de jeunesse plus de vingt ans plus tard ? Une amourette d’adolescents de quinze ans qui plus est. Je crois que n’importe qui à qui je confierais toujours ressentir des choses pour Laura après toutes ces années me prendrait pour un fou, me dirait d’avancer, d’arrêter de passer à côté de ma vie, et d’autant plus en sachant qu’elle l’avait fait de son côté, qu’elle avait quelqu’un. Mais voilà, pour moi Laura n’était pas qu’une amourette d’adolescents, elle était bien plus que ça. Elle était l’amour de ma vie, elle était la mère de ma fille, et j’avais tout donné à l’époque pour espéré leur donner un avenir décent. Elle en avait décidé autrement sans même me donner la possibilité d’essayer de lui faire changer d’avis. Elle m’avait privé du grand amour à la fois en tant qu’homme et en tant que père. Alors mes émotions s’étaient transformé en un sentiment voisin de l’amour tant il est puissant, la haine. Je ressentais un besoin de lui faire mal, de lui montrer par les actes que moi aussi, comme elle, je pouvais la détruire ! Et aujourd’hui n’était qu’une étape de plus. Parce que je voulais la pousser dans ses derniers retranchements mais aussi voir le jour venu son visage quand elle comprendrait que je l’avais berné du début à la fin. Que ce harceleur qui la mettait dans tous ses états était le même a qui elle confiait ses craintes autour d’un café. Je voulais la voir se détester d’être tombé dans le panneau, de n’avoir rien vu venir. La pousser en vacances avec son nouveau mec faisait parti des choses difficiles mais nécessaires à mon plan, afin qu’elle me fasse le plus confiance possible. Alors je jouais le jeu autant que possible, et je crois que je ne me débrouillais pas trop mal à ce niveau-là. « Voilà, c’est ça que je veux entendre ! Personne ne t’arrive à la cheville ! » Mon comportement ne devrait pas la choquer, comme elle l’avait dit elle même lors de nos retrouvailles, j’étais le premier à la pousser à l’époque. Je ne faisais que reproduire le moi d’il y a vingt ans.

Mais nous en étions alors venu au vif du sujet et devant sa réaction, je ne pu m’empêcher de la pousser à parler. Je voulais qu’elle me révèle tout et juger dans le même temps de l’état psychologique dans lequel cela la mettait, peut-être même enfoncer le clou de manière visuellement involontaire, mais toujours est-il que je voulais la faire parler et se confier à moi. Je l’écoutais alors me raconter mes propres agissements et elle me livrait une information de taille au passage. « Adrien est sur le coup ? » Pour moi, il ne s’agissait que de son conjoint actuel, qui tenait un bar, le Rising Sun je crois. C’était une information intéressante qu’elle me lâchait là et que je comptais bien creuser. Tout l’intérêt de gagner sa confiance depuis tout ce temps. Toujours est-il qu’il y avait quelque chose car un patron de bar n’était pas censé être plus à même de chercher des informations qu’un lieutenant de police. Je réprimais par contre un sourire à l’intérieur de moi même lorsqu’elle me parla d’enfer, d’être suivi partout, tout le temps. Je faisais alors mine de regarder tout autour de nous, dans ce café et à l’extérieur, comme si je cherchais une quelconque personne qui pourrait nous observer. « Laura … je m’inquiète pour toi. Sincèrement. Je ne sais pas ce que je peux faire … Il doit bien y avoir quelque chose que je puisse faire pour t’aider. La situation a déjà assez duré, c’est un malade ce type ... » Lui dis-je dans une comédie parfaite, cherchant à me rapprocher toujours plus. Je baissais alors la tête toujours dans le même esprit. « Je ne peux pas rester là les bras croisés sans rien faire ... » Je voulais la pousser à accentuer encore plus ses recherches pour que la situation lui échappe encore un peu plus, toujours plus.

Michael essayait de lui redonner le moral. Peut-être dans une autre situation, cela aurait marcher si elle n’était pas aussi fatiguée de la situation. Laura était juste fatiguée de tout ça, elle se demandait parfois si elle ne devait pas laisser tomber. Laisser gagner cet homme. Parce qu’il cherchait à la faire souffrir et lui faire mal. Mais elle ne comprenait pas d’où il venait. Est-ce que c’était un ancien criminel qu’elle avait arrêté ? Ce serait quelque chose de pousser quand même… Non, elle avait l’impression que c’était quelqu’un qui la connaissait depuis un moment, mais elle ne voyait pas qui… Ce n’était pas Adrien, il était ce qu’il était, mais ce n’était pas son genre de s’en prendre à une personne comme cela… Michael était certes revenu dans sa vie au même moment que cet harceleur, mais elle n’était pas certaine qu’il soit en capacité de faire autant que cet homme… Ou peut-être qu’elle se trompait ? Non, Michael avait ses travers, mais ce n’était pas le genre à faire ça… si ? Laura ne savait plus quoi penser.

Alors qu’elle parlait du fait que Adrien était sur le coup, elle se rendit compte qu’elle parlait beaucoup trop. Elle secoua la tête en passant sa main contre son visage. Pourquoi est-ce qu’elle parlait autant à Michael ? Ce n’était pas son genre en temps normal, mais là, c’était trop. Laura prit une gorgée de son café et lui répondit :

« Il a des connaissances, c’est tout. Il veut m’aider. Mais je ne suis pas certaine qu’il trouve quelque chose, même moi je n’y arrive pas. »

Comment rattraper le truc… Laura savait parfaitement que Adrien avait des contacts dans à peu près n’importe quel domaine… Elle avait confiance en lui, comme elle avait confiance en Michael. Oui, elle lui faisait confiance. C’est pour cela qu’elle acceptait de prendre des cafés avec lui. D’ailleurs, Michael lui dit qu’il était inquiet pour elle, qu’il ne savait pas ce qu’il pouvait faire, mais qu’il devait y avoir quelque chose qu’il puisse faire pour l’aider. Il rajouta que la situation avait assez durer et qu’il était malade ce type. Laura eut un petit rire nerveux. C’était que la vérité au fond. Il lui dit alors qu’il ne voulait pas rester là les bras croisés. La jeune femme le regarda pendant un instant et lui dit :

« Je ne veux pas que tu t’en mêles pour la simple et bonne raison que ça pourrait aggravé les choses. Je ne veux pas que tu fasses quelque chose d’accord ? Parce que tu es déjà impliqué. Si… Si ce malade devait s’en prendre à moi, je veux qu’Emily est au moins l’un de ses parents qui soient encore présents… »

Oui, Laura avait pensé au pire ces derniers temps. Parce que ce malade en était capable, elle le savait. Elle le sentait.

Il y avait quelque chose d’étrange dans sa manière de réagir et si je l’avais toujours trouvé sincère depuis nos retrouvailles, se livrant facilement à moi sur tout, il y avait là quelque chose qu’elle ne me disait pas à propos d’Adrien. Il a des connaissances selon ses propos. Je ne suis pas idiot, j’ai bien vu sa manière de se secouer la tête et de passer sa main sur son visage, comme pour se reprendre. Elle cachait quelque chose et il n’y avait rien de plus irritant pour moi. J’allais devoir faire des recherches sur cet homme pour un savoir plus car s’ils cachaient des choses tous les deux, ils pouvaient alors devenir un danger. Je voulais avoir le contrôle sur tout moi. Je ne me doutais pas à cet instant d’à quel point en effet son nouveau mec était puissant. Et aussi que récolter des informations sur lui serait sans doute plus compliqué que pour la majeure partie des gens. Mais pour l’instant nous n’en étions pas là, nous étions toujours dans ce café et j’en profitais pour moi aussi en reprendre une gorgée. Je devais paraître naturel, être le petit Mike, encore un poil amoureux et qui n’est pas vraiment calé sur toutes ces questions, le simple petit chauffeur de taxi qui n’a jamais refait sa vie quoi. Et ce Mike là qu’aurait-il fait face à ça ? Il n’aurait pas cherché à plus creuser c’est certain. J’acquiesçais alors de la tête comme pour valider ses propos. « J’espère vraiment que tu trouveras, ou lui, peu importe la manière ... » Je ne savais pas tellement quoi dire d’autre pour le coup pour être crédible, c’était sûrement la seule chose à dire.

Mais vint ensuite le moment où j’avais commencé à jouer l’ex petit-ami inquiet, me traitant même moi-même de malade au passage ce qui la fit rire nerveusement. Je voulais vraiment la pousser à réagir, qu’elle se livre, et même accroître encore un peu plus sa peur en la faisant ainsi parler, en lui transmettant mes fausses peurs à moi. Et alors ses mots ensuite … Ils sont aussi jouissifs qu’ils me piquent. Jouissif car elle a peur que ce harceleur, moi, en vienne carrément à la supprimer ce qui montre à quel point sa peur est quand même grande. D’ailleurs elle pense même que je pourrais aggraver les choses en intervenant. J’acquiesce lorsqu’elle me dit qu’elle ne veux pas que je fasse quoi que ce soit. A ce moment là, je ne sais pas tellement si j’ai affaire à mon ex ou à la flic qu’elle est mais ce n’est pas le plus important « Tu crois vraiment qu’il pourrait en arriver là ? » Lui demandais-je en tâtant le terrain. Mais déjà elle avait ajouté autre chose, elle parlait d’Emily. Nous n’en avions pas beaucoup parlé ensemble, je crois que c’est un sujet que nous évitions un peu. Pour la première fois de ma vie, j’avais l’impression d’entendre une bribe de discussion de … famille. Et c’était vraiment étrange. J’en étais même presque pris au dépourvu tellement je n’avais pas anticipé ça. « Je … Laura … Il est hors de question que je cautionne ce que tu viens de dire. Je ne peux pas imaginer une telle chose. C’est de nous deux qu’elle a besoin. Qu’elle a toujours eu besoin ... » Il y avait une vraie part de sincérité dans tout ce que je venais de dire pour le coup. Enfin, je gardais bien Emily pour moi maintenant sans problème, et je n’étais pas le dernier à enfoncer Laura devant elle. Pour autant, je n’avais jamais eu l’intention d’en arriver à tuer mon ex, quand même pas, et quant au fait qu’elle ait toujours eu besoin de nous … c’était sans doute une petite pique qui m’avait échappé. Et puis je ne pouvais m’empêcher de penser à ma fille, à comment elle réagirai si elle devait perdre sa mère biologique peu importe la nature de leur relation. Ça n’arriverai pas je le savais, mais je ne voulais pas non plus que cette histoire germe trop au point que Laura aille lui parler de tout ça, au cas où. Emily avait déjà bien assez à affronter comme ça.

Parler de Adrien venait de faire réagir Laura. Parce qu’elle se rendait compte qu’elle parlait un peu trop. Si son harceleur était dans les parages, il pourrait avoir accès à des informations. Non pas qu’elle n’avait pas confiance en Michael. Non, ce n’était pas ça. Elle n’avait pas confiance aux gens autour. Pourtant, ils n’étaient pas très nombreux, mais elle avait vu tellement de personnes se faire acheter pour si peu. Ecouter des conversations et vendre les informations à cet harceleur, c’était tout à fait possible. Laura se montait la tête toute seule, elle en était consciente, mais comment cet homme pouvait-il avoir autant d’informations sur elle alors qu’elle ne croisait personne depuis plusieurs mois ? C’était à en perdre la raison. Et clairement, la jeune femme était en train de perdre pied. Elle ne voulait pas que Michael s’en mêle, il avait déjà plonger avec elle dans cette histoire. Si on harceleur avait des informations sur lui, c’était qu’il était tout proche et nerveusement, le lieutenant de police regarda autour d’elle. Ce n’était plus possible.

Puis, vient un sujet que Laura n’aurait jamais penser parler avec Michael. Parce qu’ils avaient légèrement éviter le sujet depuis le début, Laura n’avait pas donné plus d’informations à Michael que ça sur Emily. Leur fille, le fruit de leur amour passé. Laura en était arrivé que s’il devait lui arriver quelque chose, elle ne voulait pas que Michael soit mêlé à tout ça parce que leur fille allait avoir besoin de l’un de ses parents. Son ex petit ami lui demanda alors si elle pensait qu’il pourrait en arriver à la tuer. La jeune femme hocha doucement la tête.

« Je ne sais pas, mais je pense qu’il a beaucoup de détermination. Et sincèrement, si je devais être blessé dans cette histoire, ce ne serait pas surprenant… »

Laura n’avait pas pour habitude de se mettre en danger, mais cette fois, pour le bien de sa famille, de son compagnon, de son ex petit ami, sa fille, elle était prête à se mettre en danger pour les sauver, mais elle se garda bien de le dire à Michael. Ce dernier aurait sans doute réagit autrement. Mais quand elle parla d’Emily et du fait qu’elle voulait que l’un de ses parents restent en vie, Michael eut l’air prit au dépourvu. Il lui disait qu’il était hors de question qu’il cautionne ce qu’elle venait de dire et qu’il ne pouvait pas l’imaginer. Leur fille avait besoin de ses deux parents. Laura eut un petit sourire triste.

« Tu sais parfaitement qu’elle sera mieux avec toi Mick. Elle me déteste, pour tout ce que j’ai fais et pas fait. Et je la comprends. Ta présence sera plus rassurante que la mienne crois moi »

Elle était presque résigner à ne plus avoir une relation correcte avec sa fille. Elle ne l’avait pas revu depuis un moment et le retour de son père dans sa vie serait peut-être pour le mieux pour elle. Laura regarda sur son téléphone l’heure avant de finir précipitamment son café et s’excuser auprès de Michael.

« Je suis désolée, je vais devoir y aller. Merci pour le café. A bientôt j’espère… »

Cela sonnait presque comme des adieux. Elle était loin de se douter que sa vie allait être encore plus un enfer dans les jours à venir…

Elle était sous pression, j’avais dors et déjà réussi mon coup. Restait maintenant a déterminer combien de temps je la laissais comme ça sous pression avant de jouer ma dernière carte qui aurait un impact sur elle, sur ses proches, mais aussi sur moi. Je n’aurais pas d’autres informations sur ce fameux Adrien aujourd’hui, mais j’allais creuser de mon côté. C’est fou tout ce qu’on peut trouver quand on sait se débrouiller et qu’on cherche un peu sur internet. Et c’est aussi là qu’on se rend compte du nombre d’informations que l’on peut lâcher à droite à gauche, et qu’internet n’oublie jamais rien. Je voulais connaître son ressenti sur le fait que son harceleur pourrait vouloir la supprimer même si ce n’était clairement pas dans mes plans, afin de mesurer encore un peu plus sa crainte et son mal-être. Elle parla de détermination, qu’elle ne serait pas étonnée de finir blessée dans l’affaire. Je devais absolument jouer mon rôle alors je ne disais rien sur l’instant, faisant mine d’être légèrement choqué par tout ça. « J’espère que tu ne le seras pas ... » Lui dis-je toujours sur ce faux ton inquiet.

Nous parlions alors d’Emily et c’était vraiment étrange de le faire avec elle alors que ça aurait du être naturel depuis plus de vingt ans. Nous aurions du nous inquiéter ensemble pour elle, depuis qu’elle était bébé, lui apprendre toutes les choses de la vie, nous émerveiller de ses premiers mots, de ses premiers pas, s’engueuler entre nous quand nous n’étions pas d’accord à son propos avant qu’elle ne nous en fasse réellement baver à l’adolescence. Oui, c’est ce genre de discussions qu’on aurait du avoir à son propos, et surtout partager de merveilleux moment à trois. La fait de penser à ça ne faisait que valider ses propos. Évidemment qu’elle était mieux avec moi, je ne l’avais jamais abandonné moi. « Ma présence n’empêche pas la tienne Laura ... » Lui dis-je alors plus par courtoisie qu’autre chose. Au fond, j’étais heureux de savoir qu’Emily la détestait alors que ce n’était pas mon cas à moi. Elle avait compris qui était la vraie coupable dans l’affaire et je lui en étais reconnaissante. Je ne m’attendais pas en tout cas à ce que ce moment avec elle se termine aussi vite. C’était tellement court. Je n’avais même pas fini mon café moi qu’elle partait déjà. Et cela ne faisait qu’attiser encore un peu plus mon désir de vengeance sur elle. Je n’étais donc que ça à ses yeux, un café vite fait en sortant du boulot ? J’étais blessé, terriblement blessé dans mon cœur d’homme toujours amoureux malgré lui. « A bientôt ... » Lâchais-je alors légèrement déçu. Je me retrouvais alors seul à cette table et je ne savais pas trop quoi en penser. Mon comportement la poussait à se couper des autres, c’était une bonne chose mais … je n’avais pas pensé qu’elle puisse aussi se couper de moi dans l’affaire ...