Le retour. ( FEAT JARED)

La vie est faite d’imprévue et de rebondissement. Mais je ne m’attendais clairement pas à cela. Cela fait un peu plus d’un an que je suis partie de New York pour rejoindre mon oncle à Chicago. Le temps est passé si vite et les événements se sont accumulés si bien que je n’ai pas vu le temps passé. Entre les démarches administrative, l’apprentissage avec mon oncle pour mener à bien notre projet et m’occuper de Zoey... l’année s’est écoulé sans que je ne prenne réellement le temps de me poser. Mais pour dire vrai. Une part de moi redoutais de rentrer. Je me sens bien ici à Chicago et malgré la vie tumultueuse que je mène, elle n’est rien comparée à ce que je devais faire à la maison. Je n’ai pas toute ma famille à gérer et les problèmes financiers que cela engendre. J’envoie chaque mois une partie de l’argent que me donne mon oncle à la maison. Je me dis que tout se passe bien vu que je n’ai pas de nouvelle. J’envoie régulièrement un petit message mais j’ai fini par être beaucoup moins régulière.  

Mais voilà... j’ai reçu cet appel ce matin. Un appel que je n’aurais jamais pensé recevoir. Simon... Simon est dans le coma. Simon a fait une overdose. J’aurais pensé cela de Jared. Mais de Simon... j’ai la sensation qu’il y a beaucoup de choses que l’on ne m’a pas dite et alors que nous sommes en route avec mon oncle pour New York, en voiture, je regarde dans le vide, mangeant les peaux de mes ongles en cogitant, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je suis tiraillée entre l’inquiétude extrême et la colère. Car ce drame vient me rappeler à la réalité qu’est ma vie. Je n’ai eu droit qu’à une année de répit. Une seule depuis la mort de Judith. Je jète un regard vers Zoey qui dort dans le siège bébé. Elle qui ne se doute pas un seul instant dans quelle famille et quel environnement elle va grandir. Je sens les larmes me monter aux yeux. Mais je les ravale. Non. Je ne dois pas flancher. Car je reviens... et je vais devoir être plus forte et féroce que jamais pour résoudre encore une fois les problèmes de la famille.

J’ai beaucoup changé en une année. Je suis plus féroce encore oui... mais j’ai pris en maturité et clairement... ils ne sont pas prêts. Ils vont retrouver leur sœur comme ils ne l’ont jamais connu. Nous avons beaucoup de route à faire avant d’arriver. Mon oncle me dit d’essayer de me reposer. Je ferme donc les yeux et essaie de dormir un peu. Lorsque je les rouvre, nous sommes arrivés à la grande pomme. Mon cœur s’emballe tandis que je vois les panneaux indiquant l’hôpital. J’inspire grandement et lorsque mon oncle me dépose, je lui dis que j’aimerais y aller seule pour cette fois. Je lui donne l’adresse de la maison et lui dis de s’y rendre pour pouvoir donner à manger à Zoey. Il saura quoi dire et quoi faire s’il croise Lesly ou Wyatt ou tout autre membre de la famille. Je regarde la voiture disparaître et me tourne alors vers l’immense bâtisse. Je rentre enfin... retenant tout mon corps de trembler. Mon visage est fermé, comme éteins.  

J’indique ma présence à l’accueil et l’on me donne le numéro de la chambre et l’étage. Je prends les escaliers, prenant le temps ainsi de préparer mes yeux à ce qu’ils s’apprêtent à voir. Puis alors que je me trouve enfin devant la porte... je n’ose pas l’ouvrir. Mon coeur bat si fort que j’en ai des vertiges mais je dois me montrer forte. Je n’ai pas le choix. Vu qu’apparemment... personne n’a su être assez fort pour préserver mon petit frère... Je pose ma main sur le poignet et ouvre enfin la porte. J’entends un bip... un autre... le silence pesant de la pièce ne fait que faire résonner le cardiogramme plus fort dans mes oreilles. Et le voilà enfin. Allonger et comme endormis paisiblement. Son visage est pâle, creusé. J’avance lentement en sa direction, prenant alors conscience de la réalité des choses. Je me retrouve à ses côtés et je détaille chaque chose pour que mon cerveau comprenne que ce n’est pas un rêve. J’inspire fortement, retenant une nausée qui arrive et je vois le dossier au bout de son lit. J’avance, comme un automate. J’attrape le dossier et commence à lire ce qui est inscrit. Et alors je vois : “Overdose mix stup , suspicion TS”....

Je recule et m’assieds sur le fauteuil se trouvant là. Non... je me laisse tomber dessus, le dossier entre les mains, une main sur ma bouche. Les larmes montent mais je fais tout pour les contenir. L’une d’entre elles viens glisser sur ma joue et je m’écroule, plongeant mon visage dans mes mains, les coudes sur mes genoux et faisant tomber le dossier à terre. Elle renifle quelques instants et relève son visage en passant dans ses cheveux prenant une grande inspiration en même temps, reprenant ses esprits : “Ho Simon... mais qu’est-ce que tu as fait...” je murmure alors la voix tremblante. Tout d’un coup, le bruit de la porte s’ouvre et mon regard s’ouvre grand en voyant qui entre alors dans la pièce. Il se fige et me regarde, moi de même. Et alors que mes yeux sont grand ouvert... mon visage se ferme de nouveau. Je redeviens plus froide que la glace : “Jared.” je dis alors tout en me levant avec une lenteur extrême, l’entièreté de mon corps tendu.

J’ai tant de questions à poser. Cela fait très longtemps que je n’ai pas vu Jared. Et en le voyant passé cette porte, je me doute qu’il est forcément lié à toutes ces conneries. C’est sûr. C’est toujours lui. Faut toujours qu’il ressemble si fort à notre père et qu’il fasse de la merde. Donc ma question va finir par tomber c’est sûr. Mais pour le moment, j’essaie de me concentrer sur une information à la fois. Simon est là, étendu sur un lit et branché à des machines. Il est si proche de la mort et peut-être que si j’avais été là, les choses se seraient passées différemment. J’inspire doucement. Plus les secondes passent et plus je me tiens droite. Je ne me suis jamais tenue avec autant d’assurance. En plus d’une sœur se tenant devant son petit frère, je ressemble réellement à une mère... et la colère passive qu’on peut lire dans mon regard ne témoigne rien de bon. Mon menton est haut, mes yeux brillent et je ne lâche pas le regard. Jared me fait face et je peux lire une once de panique dans son regard. Mais il a également ce que je ne connais que trop bien chez lui... la culpabilité.  

Je connais mon frère par cœur. Du moins tout ce que je peux savoir. Mais alors que je me trouve entre ces murs avec Simon étendu là... j’ai cette désagréable sensation qu’on me cache des choses depuis bien trop longtemps. Et là... la rancœur prend une place plus importante que jamais en moi. Mais la bombe ne va pas tarder à exploser. Et je compte bien leur faire ressentir bien plus que de la culpabilité. Lorsqu’il prononce mon nom, j’entends bien la surprise dans sa voix, et par la suite... il confirme bien mes dires. Je ne m’attendais pas à te voir. Et beh tiens... comme c’est étonnant. Un de mes sourcils se lève et je penche la tête sur le côté, croisant les bras devant ma poitrine : “C’est évident. Puisque ce n’est pas toi qui m’as appelé” ma voix est calme, posé, mais cassante. J’avance d’un pas vers lui, doucement : “En une semaine je pense que tu surement plusieurs occasions de prévenir ta grande sœur de l’état de notre petit frère... non?” Je baisse la tête le temps de mordre ma lève. Je dois garder mon calme.

“Mais non. C’est l’hôpital qui m’a appelé. Qui m’a appelé ce matin pour m’annoncer que mon petit frère, ce garçon si gentil qui ne m’a jamais causé de problèmes... est dans le coma depuis une semaine suite à une overdose. Une overdose Jared. Je me demande bien...” je continue d’avancer de deux pas vers lui : “Je me demande bien... qui dans la famille... peut être responsable de ça ?” Je plonge mon regard dans le sien. Je laisse le silence plané tandis que je reste toujours impassible, calme. Même pas une larme ne coule sur mon visage alors que mes yeux brillent. Le silence dure, encore... le seul bruit que l’on entend... C'est ce foutu BIP : “Et là, la question que je me pose c’est... pourquoi tu te casserais le cul à venir voir ton frère à l’hôpital si tu n’as pas... un putain de lien... avec ce qui l’a poussé à se foutre des substances de merde dans l’organisme. Et surtout... pourquoi tu ne m’as pas tout de suite appelé si tu n’as rien à te reprocher.”  

Je laisse de nouveau le silence plâner. Et je vois bien son regard à chacune de mes phrases. Je le connais. Je sais. Et s’il ne me dit rien... je compte bien connaître la vérité... : “J’attends Jared. Parle” je dis enfin en me trouvant enfin à quelques centimètres de lui.  .

Le silence pèse toujours. Je le regarde. Je ne détourne pas les yeux alors que lui ne cesse d’avoir le regard fuyant. Mon cœur bat fort dans ma poitrine et j’ai des vertiges à cause de mon imagination qui ne cessent de m’envoyer des scénarios improbables sur le pourquoi Simon se trouve allongé là. Parle. J’attends. Toujours bras croisés en face de Jared et je commence à m’impatienté. Alors que j’ouvre la bouche pour insister de nouveau il parle enfin : « Je te jure que je pensais pas qu’il ferait ça. Je pensais enfin … je croyais qu’il contrôlait moi ! Il est venu chez moi il avait pris pleins de trucs et il est tombé d’un coup j’ai cru qu’il était mort ... » C’est comme une masse qui me tombe dessus et je tique. Mon visage dévoile une émotion alors qu’il restait jusqu’alors fermé. J’inspire fortement, ne sachant que dire et me détourne de lui, faisant quelques pas dans la pièce pour me calmer. Je ne dois pas craquer. Si je craque je vais me mettre à hurler et à péter les plombs. Mais je sais qu’en restant calme mes mots auront plus d’impact.

J’apprends donc que c’est Jared le responsable de toutes cette merde. Simon a prit de la drogue à cause de lui. Toujours lui. Quand est-ce qu’il arrêtera de se comporter comme le pire des cons alors qu’il a le potentiel de devenir quelqu’un de bien. Quand est-ce que je pourrais enfin être tranquille avec cette famille que je n’ai pas choisie. Je pose mes mains sur mes hanches, baissant la tête vers le sol en continuant mes quelques pas.

“Il se fournissait pas chez moi j’te jure” continue-t-il. Et là je me mets à rire en m’arrêtant et me tourne vers lui d’un air cynique : “Ho mais super ça ! Je suppose qu’on peut alors de discréditer de tout ça non ? Bravo Jared” je finis en applaudissant et lève les yeux au ciel en reposant mes mains sur mes hanches lui faisant face. Le silence plâne de nouveau, laissant le temps à Jared d’accuser le coup du ton que je viens d’employer alors que je reste si calme « Et je t’ai pas appelé parce que … parce que t’étais pas là et que je savais pas comment te dire ça et … enfin oui j’aurais du le faire mais je l’ai pas fait. » Je prends ça comme un nouveau coup dans la poitrine. Je n’étais pas là. Non je n’étais pas là. Et j’en ai bien conscience : “En effet je n’étais pas là Jared. Je n’étais pas là.” dis-je en serrant les dents et crispant mes mains sur mes hanches.

Je pose un pieds en avant, me penchant vers lui et lui tends mon doigts en face : “Je n’étais pas là pour protéger la famille comme je l’ai toujours fais pendant des années. Je n’étais pas là et c’était donc de TON devoir de prendre le relais. Toi et Sienna !! Mais encore une fois tu me donnes la preuve que je ne peux pas te faire confiance Jared. Je savais que tu suivais le chemin de Papa en faisant que des mauvais choix dans ta vie mais à AUCUN moment j’aurais pu penser que tu ferais du mal à la famille de la sorte. Je pensais que tu aurais eu au moins la maturité suffisante pour tenir le rôle que je tiens depuis mon enfance Jared ! Je disparais un an !! UN AN !! Je suis partie pour la famille. Pour vous offrir un meilleur avenir et je remarque UNE CHOSE... c’est que sans moi... vous êtes incapable de faire les choses bien” je reprends mon souffle, retenant mes larmes qui sont prête à couler le long de mon visage et après un instant je finis par dire : “tu me déçois tellement.”

Je suis plus que sur les nerfs. Je ne sais pas comment je fais pour encore tenir debout. En réalité je ne sais même pas comment j’ai fait toutes ces années pour ne pas simplement pêter un plomb avec tout ce qu’ils me font tous endurer depuis toutes ces années. Je m’acharne, je bosse... je prends tout sur les épaules. Tout le poids de la famille ne repose toujours que sur moi. Et là je suis partie un an pour pouvoir enfin être leur tutrice légale. Pour pouvoir aussi financièrement leur offrir un avenir décent. Et me voilà de retour... et la merde que j’ai laissée derrière moi semble s’être comme empirée comme une gangrène. Je ne sais pas encore ce qu’il va bien pouvoir répondre à tout ça. Mais je sens que si ça ne se calme pas je vais finir par craquer. Et je sens que cela ne va pas tarder. Ce qu’il commence alors à dire est comme une bombe lâcher. Il s’emporte et me lâche tant d’information que je commence à avoir des vertiges. J’ouvre alors de grands yeux : “...quoi...?” je dis alors entre mes lèvres alors que je sens les larmes monter dans mes yeux. Je ne peux plus... Simon.. Il se droguait depuis longtemps...? Et je n’ai rien vu... je n’ai rien su... et Sienna... quoi...? Mon regard se perd dans le vide... j’ai besoin de m’asseoir. Il finit enfin tout ce qu’il a a dire et le silence envahi encore une fois la pièce. Je recule, me laissant tomber sur le fauteuil, le regard dans le vide et laissant des larmes que je ne contrôle pas couler le long de mon visage. Le “t’étais pas là” resonne encore dans mon esprit comme toutes ces informations que Jared vient de me balancer d’un coup.

J’ai envie de vomir. J’ai envie de m’enfuir en courant. Je ressens trop d’émotion. De la rage. De la culpabilité. Cette culpabilité que je ne veux plus ressentir. Car oui je n’étais pas là... je n’étais pas là et pourtant j’ai toujours été là. Et même quand j’étais là... ce n’était apparemment suffisant. Mon regard se tourne vers le lit de Simon. Est-ce qu’il nous entend ? Est-ce que de là où il est, il peut assister à ce spectacle grotesque d’un frère et d’une sœur se déchirant. Peut-il voir sa sœur complètement démunie. Je plonge mon visage dans mes mains et lâche alors un sanglot. Je me lâche un peu, avant de reprendre mes esprits quelques secondes plus tard, relevant mon visage et plaçant mon menton sur mes poings. Je regarde le sol, réfléchissant et reprenant mon calme. Puis je prends la parole, d’une voix encore plus calme : “J’ai... tout fait... tout fait pour vous. Depuis toujours... je me suis battus chaque jour... M’abandonnant moi-même pour pouvoir assurer la survis de la famille Parker.. Notre famille. J’ai... j’ai tout fais... travaillant sans relache et ne m’arrêtant jamais... et...” je me redresse, poussant un soupire et reniflant : “Et j’ai rien vu... rien du tout... je...” je lève les yeux vers le plafond, retenant mes larmes et m’agrippant aux dossiers : “J’ai pas vu un seul instant ce qui se passait juste sous mes yeux... trop occuper à encore et encore me tuer chaque jours et niant la fatigue physique et morale pour que vous puissiez avoir... une vie normal... et... je constate juste que...” je retiens un sanglot : “J’ai échoué...”

Je souffle et secoue la tête, essuyant mes joues. Je me relève enfin et pose enfin le regard sur Jared. Je le détails un instant et m’avance vers lui alors. Je fais alors une chose qu’il ne dois surement pas soupçonner. Je le prends dans mes bras. Je le serre fort, enfouissant mon visage dans son cou : “P’tit con.” je souffle alors en laissant couler quelques larmes. Je me recule et garde une main dans la sienne. Je dois continuer d’être forte : “Je vais devoir tout délier. Tout réparer mais...” j’inspire profondément : “J’ai vraiment besoin de toi. Non... je pense pas que tu sois le responsable de toutes les merdes de cette famille Jared. Mais... t’es capable de tellement plus que ce que tu me montres depuis toutes ces années. Ça me fend juste le cœur de voir comme tu te sabotes comme ça alors que t’as un potentiel que tu ne soupçonnes pas. Maintenant...” je marque un arrêt en regardant Simon : “Maintenant je veux que tu me prouves que t’es capables de pas simplement faire les mauvais choix. Je veux que tu sois ma force que je sois la tienne. Je peux faire l’effort d’apprendre à te refaire confiance... Mais tu dois me le prouver à partir.. D'aujourd’hui. Car je suis de retour. Et je ne compte plus jamais repartir petit frère.”

Il ne me rend pas tout de suite mon étreinte. Je reste donc là, dans les bras de mon petit frère. Je crois bien que c’est la première fois que je le prends dans mes bras. Après quelques instants je sens ses bras m’entourer et me serrer fort. Il pose sa joue sur le haut de ma tête. J’ai beau être la grande sœur je suis plus petite que lui. Du haut de mon mètre soixante-dix, il en reste beaucoup plus grand. J’inspire alors, reniflant et l’écoute alors prendre la parole. Ses paroles me fendent le cœur. L’ambiance de la chambre a vraiment changé. Je serre mon étreinte à ses mots et je me recule enfin en prenant ses mains et je le laisse continuer en écho à mes paroles. Nous nous tournons vers Simon et mon cœur fond un peu plus dans un sanglot. Je me retourne alors vers Jared qui reprends la parole : « Je m’en veux tellement Liz … Il est tombé devant moi, j’ai cru qu’il était mort et … j’ai tellement peur qu’il ne se réveille jamais … j’pourrais pas le supporter si ça arrive … j’pourrais jamais me le pardonner. » Je fronce les sourcils avec tristesse et douceur. Je lève ma main et la pose sur sa joue, relevant son visage vers moi : “hey... hey... ça va aller ok...” je dis en le reprenant dans mes bras un instant, ressentant tout le poids de sa culpabilité.

Je me rends alors compte que comme toujours, Jared ne contrôle ni ses paroles ni ses actes. Je soupire en me demandant comme faire pour qu’il prenne conscience de sa valeur et de ce qu’il peut accomplir. Une petite voix dans ma tête hurle. Oui elle hurle. Car je vais devoir reprendre ce rôle. Porter de nouveau cette casquette sans en avoir vraiment le choix. Je n’ai d’autre solution. C’est ma vie. Ce sera toujours ma vie. J’ai décidé de prendre la responsabilité de mes frères et sœurs en faisant le nécessaire pour demander leur tutelle. Jared n’a aucune idée qu’en cette instant, le dossier se trouve entre les mains d’un juge et que d’un jour à l’autre, la décision tombera. Il ne sait pas comme ce fut long avec notre oncle pour réunir les preuves, les documents et les témoignages pour faire en sorte que notre père n’ait plus l’autorité parentale. Il n’a pas idée de tout ce qu’on a accomplie en un an avec notre oncle alors que je m’occupais également de Zoey pour qu’elle évolue dans les meilleures conditions.

Et aujourd’hui je suis de retour... et je n’ai droit à aucune seconde de répit. Je reprends du service à peine un pied posé à New York. Une part de moi fond aussi en larme à cause de ça. Car c’est dur... si dur de tenir ce rôle sans jamais flancher. Sans avoir la moindre aide. Je dois tout assumer toute seule. Et une part de moi pleur aussi la vie que je n’aurais jamais pour moi. Moi. Je n’existe pas. Je ne suis qu’une sœur. Une mère. Je ne peux avoir un autre rôle que celui-là. Car je le fais bien. Je l’ai toujours bien fait. Mais il semblerait que ce n’est pas encore assez. Que je n’aie pas fait assez. Car j’ai loupé des choses que je n’aurais pas dû manqué. J’aurais dû le voir. J’aurais dû les aider et être présente. Mais ils ont décidé de me le cacher. Pourquoi ? Je l’ignore. Mais je découvrirais la vérité. Et je ferais en sorte que la famille remonte plus haut. Remonte enfin. Que nous soyons tous heureux et en paix. Donc...je ne peux plus flancher. J’inspire fortement et j’écoute les dernières paroles de mon petit frère qui semble se briser en mille morceaux. Je caresse son dos.  

« Je fais pas exprès de faire les mauvais choix. J’aimerais être comme toi, j’aimerais avoir ta force de faire toujours ce qu’il faut pour ma famille … Moi aussi j’ai échoué, et bien plus que toi encore c’est une réalité. J’suis désolé de t’avoir déballé tout ça comme ça ... » Je recule d’un pas, gardant ses mains dans les miennes et j’essuie un instant les larmes qui viennent de glisser sur mes joues. Je me redresse et je plonge mon regard dans le sien : “C’est arriver. Maintenant... faisons en sorte que plus rien de telle ne se produise à nouveau.” J’inspire de nouveau et le lâche. Je me dirige vers Simon. J’arrive à son chevet et attrape sa main. Elle est si froide. Je frissonne et le regarde avec douceur, venant passer un doigt dans une mèche de ses cheveux. Un silence s’installe pendant que nous observons cet ange endormis : “Il va se réveiller Jared. C’est un Parker. Il va se réveiller” je dis, ayant repris toute mon assurance maternelle et ma force. Je relève mes yeux vers lui : “Maintenant arrête de pleurer et redresse-toi, t’es un Parker. T’es un homme. Sois un homme Jared...” Je le regarde avec fermeté mais amour en même temps. Puis après un silence je reprends la parole en serrant la main de Simon, carressant le dos de sa main : “Bon...je veux tous les détails. Ne me cache plus rien. Plus jamais. Je peux te faire confiance ?”