D'un simple défi à la plus belle des rencontres [ft Seymour]

C’est une nouvelle rentrée qui vient de s’effectuer. Une de plus, dans une carrière qui commence mine de rien à devenir conséquente. Il est bien loin le temps où ces premières semaines de reprises me mettaient dans un stress intense. Bon, je passe toujours autant de temps à travailler dans mon bureau quand je ne suis pas devant mes élèves, mais c’est différent, plus tranquille. C’est aussi cette sérénité acquise avec les années au travail qui me permet aujourd’hui de parfois sortir un peu de mes fonctions. En apparence, je suis plutôt stricte devant mes élèves. Le genre de prof qu’on déteste en début d’année avant de petit à petit revoir son opinion. C’est ainsi qu’à la fin de ma précédente année scolaire, alors que j’avais demandé à mes élèves de lire pendant les vacances, un défi s’est mis en place avec eux. Si chacun d’entre eux revenait en classe à la rentrée avec une fiche de lecture sur le livre de leur choix, alors j’accepterais de leur donner un cours sur le sujet qu’il déciderait, avec un minimum de lien tout de même avec la littérature. Combien de chance y avait-il pour qu’absolument tous les élèves de la classe sans exception, se mette à réaliser ce défi ? Sans doute pas beaucoup, et pourtant en arrivant en classe à la rentrée, c’est bien ce qu’il s’était passé. Moi, j’avais été surprise. Et cette surprise les avais bien fait rigoler eux. Professeur stricte, mais juste, je me devais désormais d’honorer ma part du défi. Ah, ils avaient tout prévu les malins ! Le thème était déjà trouvé : Les comics. Mais plus que ça, ils m’avaient même donné l’adresse d’où je pouvais m’en procurer. En réalité j’étais plutôt contente car pour décider de tout ça, ils avaient fait confiance et mis en avant un jeune plutôt timide et réservé de la classe. Le genre de nerd discret qui ne fait pas de vague. Le genre qui pourrait aussi facilement se faire ennuyé comme j’avais pu l’être à leur âge. J’avais vraiment ressenti beaucoup de fierté de voir cette classe si soudée, preuve que cela est possible.

C’est donc ainsi qu’aujourd’hui, je me retrouve à prendre le métro direction Manhattan. Je ne sais pas pourquoi ils m’envoient jusque là-bas, il doit bien y en avoir dans le Bronx des boutiques de ce genre non ? J’imagine que c’est parce que celle-ci vaut le coup. Je finis par arriver devant et sans attendre, je rentre. J’ai vraiment l’impression de pénétrer dans une autre qui m’est totalement étrangère. Je ne connais rien à tout ça moi, ça ne m’a jamais trop passionné. Je suis plutôt le genre à connaître toutes les librairies de New York. Des librairie plutôt classiques. Là … Je suis perdue. Pourtant, l’ambiance est chaleureuse. C’est coloré, il y a quelque chose d’attirant. Mais je me sens aussi légèrement intimidée. Il y a bien cet homme un peu plus loin, assez grand et bien bâti. Peut-être que c’est le vendeur mais … je n’ose pas demander. Je me sens stupide. Tant d’assurance devant les élèves, et si peu une fois dans un lieu inconnu. Je remarque tout de même ce qui m’intéresse, mais une fois devant les comics … il y en a tant ! Que suis-je censée choisir, qu’est-ce qui va intéresser mes élèves ? Il faut que je demande. Je relève timidement le regard sur l’homme. Non vraiment, il va me trouver stupide de ne rien connaître de cette univers. Je ne sais même pas si je suis discrète en lui jetant de tels coups d’oeil. Je déglutis avant de reposer le regard sur les bandes dessinées. J’en prends même quelques unes dans les mains pour regarder … et finalement je dois me résigner. Je repose ce que j’ai dans les mains, m’approchant de l’homme timidement. « Excusez-moi … est-ce que vous travaillez ici ? » En même temps c’est sans doute réellement stupide de poser cette question, il n’y a personne d’autre que nous ici.

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parfois le hasard fait très bien les choses

Après être rentré de sa balade matinale avec sa chienne , il avait pris un mug de café avec lui -croissant en bouche au passage- pour descendre à la boutique histoire de faire l'ouverture à son rythme. Mettre en rayon le nouvel arrivage de comics, passer un coup sur les vitrines pour la poussière et jeter un coup d’œil aux mails. Sa petite routine qu'il appréciait bien plus que celle de sa vie d'avant. Quand il y repensait, il avait limite un frisson qui lui parcourait l'échine. Bien sûr qu'il avait pris un grand risque en plaquant tout pour ouvrir la boutique à l'époque, mais plus jamais il ne pourrait reprendre son ancien boulot. Ou alors si, mais il aurait fait un burn out assez rapidement. Non, maintenant qu'il pouvait littéralement vivre de sa passion, pas question de revenir en arrière. Surtout qu'il s'était fait un nom à New York à présent, vu que ça faisait maintenant une dizaine d'années qu'il avait ouvert. Il avait ses habitués, il organisait régulièrement des ateliers ou des événements à la boutique et en dehors, il avait pu engager plusieurs employés au fil du temps. Ouais, on peut dire que son projet fou était au final devenu un succès. Ce qui évidemment le rendait fier et lui confirmait qu'il avait eu raison de rester fidèle à qui il était ado quand tout le monde pourtant lui avait fait comprendre que ça ne l'emmènerait nul part dans la vie.

Sur les coups de 8h, il ouvrit donc la porte et retourna à son ordi pour passer une ou deux commandes et vaquer à ses occupations. Data -sa chienne- avait d'ores et déjà rejoint son panier près de la caisse, rejointe par Luna peu après -Sailor elle préférait rester en haut, c'était plus calme pour madame son altesse-. Oui, il vivait entouré de femmes...mais à fourrure, à défaut de trouver chaussure à son pied avec ses propres congénères. Faut dire que son boulot ne vendait pas forcément du rêve auprès de la gente féminine, en comparaison à un avocat ou n'importe quel boulot socialement plus "respectable". Mais il assumait. Là au moins il était heureux, dans son élément et puis tant pis s'il finissait sa vie seul à cause de ça. Mentalité qui désespérait sa mère au possible, elle qui essayait de le caser avec les filles de toutes ses amies à la moindre occasion. Forcément, le dernier de sa fratrie à ne toujours pas être casé... Mais revenons-en à nos moutons. La matinée était calme aujourd'hui, du coup il en profitait pour remettre un peu d'ordre dans le bac des jeux vidéos d'occasion quand il entendit la sonnerie de la porte retentir. Il releva la tête et aperçu une jeune femme -très charmante au passage-, qui soyons honnêtes 2 secondes, ne ressemblait pas du tout à sa clientèle habituelle. Lui adressant un hochement de tête courtois pour la saluer, il la laissait se mouvoir dans la boutique, restant disponible si jamais elle requérait son aide. Ce qui fut le cas peu de temps après, lorsqu'elle l'interpella. Il s'approcha en souriant, hochant la tête par la positive. « Oui, je suis le propriétaire et gérant de la boutique. Seymour, enchanté. » répondit-il dans un premier temps avant de reprendre en constatant son air perdu. « Peut-être puis-je vous aider à trouver ce que vous cherchez ? » proposa-t-il, son sourire affable toujours collé au visage. Ça l'empêchait de rester fixé à la regarder comme un idiot mais bon, pour sa défense au bougre, elle était sacrément jolie...

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A cette instant, je suis en train de me maudire d’avoir lancé ce défi à mes élèves. Bon c’est vrai, je ne pensais vraiment pas qu’ils le tiendraient, et maintenant je me retrouve dans cette position délicate. Pourtant je me dois d’être à la hauteur, je ne peux pas les décevoir. Honorer ce défi est ce qui fait qu’ils pourront continuer à avoir confiance en moi et ça, c’est important. Combien de jeunes n’osent pas aller voir leurs professeurs juste parce qu’ils ne leur font pas assez confiance ? Je suis une professeure stricte et respectée, pour autant je fais toujours mon maximum pour que chaque élève de mes classe se sente bien et en confiance dans ma classe. C’est bien de cette manière que j’avais pu aider Emily par exemple, une jeune élève dans mes première années dans le Bronx, qui avait bien des problèmes à gérer. Mais revenons au présent. Je sens un stress en moi de maîtriser si peu l’endroit où je me trouve. Je peux demander conseil au vendeur, mais en réalité je ne sais même pas tellement ce que je dois lui demander. Je finis par me décider, lui demandant donc s’il travaille ici, et sa réponse ne se fait pas attendre. Il n’est pas juste le vendeur, mais carrément le propriétaire et gérant de la boutique. Ok, donc résumons la situation. Il doit certainement être passionné par ce qu’il fait, et moi je vais lui dire que je n’y connais rien. Ouais, c’est carrément intimidant ! Il se présente sous le nom de Seymour et je ne sais pas vraiment si je dois moi aussi me présenter. Sans doute que non, je ne suis que la cliente après tout. Je hoche donc simplement la tête, lui offrant un petit sourire qui essaye de cacher mon malaise.

Il me propose de m’aider à trouver ce que je cherche et je hoche de nouveau de la tête, sans rien manquer de son sourire à lui, plutôt charmant … mais je m’égare. Je ne sais pas pourquoi je pense à une telle chose. Je reprends alors vite mes esprits. « Et bien euh, comment expliquer ça. Je cherche un comics, que je pourrais étudier en cours avec mes élèves de lycée ... » Je me rends compte en parlant d’à quel point ça doit paraître bizarre ce que je lui dis alors je continue bien vite. « Disons que je leur ai lancé un défi, je ne pensais pas qu’ils y arriveraient, et ils m’ont donné tord. Ils ont eu le droit de choisir ce qu’ils voulaient étudier le temps d’un cours et ils ont choisi les comics seulement ... » Je m’arrête un instant, prenant une grande inspiration pour me donner du courage, et je reprends. « Je dois avouer que je n’y connais strictement rien en la matière. » Voilà, c’est dit. Je décroche alors un petit sourire timide, presque désolée. Après tout, c’est bien la peine d’avoir deux grands frères et de ne même pas connaître ça. Ils en avaient eux des comics à l’époque mais je ne me suis jamais amusée à leur piquer. D’ailleurs, peut-être que j’aurais du aller voir dans le grenier des parents, peut-être qu’ils en ont encore !

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Oh ça oui, pouvoir faire confiance à ses profs, c'était quelque chose d'important, bien plus qu'on ne le pense le plus souvent. Après tout, c'est une des personnes les plus importantes dans la vie d'un enfant, vu le temps que ce dernier passe en sa présence. Combien d'entre nous ont été marqués par un ou plusieurs de nos profs au cours de notre vie scolaire ? Que ce soit en bien ou en mal d'ailleurs, ce qui ne fait que confirmer leur importance. Il se souviendrait toujours de son prof d'histoire qui rendait tous ses cours super intéressants en racontant les événements comme s'ils étaient tous devant un écran de cinéma -pas très conventionnel comme méthode d'enseignement mais ça marchait du tonnerre-. D'ailleurs, il avait hésité un moment à lui aussi devenir prof plus jeune, histoire de suivre les traces de son père mais bon, il savait qu'il aurait fini par abandonner, trop de responsabilités pour lui que de former les adultes de demain quand lui-même estimait ne pas être un adulte pleinement fonctionnel pour certains sujets et quand même, fallait être crédible face aux élèves et là encore, il aurait bien vite échouer dans sa tâche parce qu'il aurait fini par faire encore pire que son ancien prof d'histoire en matière de nouvelle technique d'enseignement. Non, il est bien là où il est qu'on se le dise.

Il vaque tranquillement à ses occupations quand une cliente se présente dans la boutique. Pas le look de ses habitués, bien plus sophistiqué et plus étudié. Bon, il ne juge pas l'apparence -il serait bien mal placé de le faire, lui qui se balade en jeans et t-shirt toute la journée ou presque- mais justement, en général, ses clients ont plus un style proche du sien que de celui de la jeune femme. Mais il lui va très bien, ça il peut le dire, ça la met superbement en valeur mais là on s'égare... Enfin surtout lui en fait. Il reste donc en retrait jusqu'à ce qu'elle l'interpelle et il se propose évidemment de l'aider puisqu'elle semble en effet, complétement hors de son élément. Et il ne peut s'empêcher de sourire amusé en l'entendant lui exposer la teneur de sa venue à la boutique. « Ils ont bon goût vos élèves en tout cas, je leur tire mon chapeau pour l'idée. » avoue-t-il, tout en continuant de sourire à la jeune femme. « Ne vous en faites pas, je ne vais pas vous en vouloir pour ça. » la rassure-t-il, tout en se frottant les mains l'une contre l'autre. « Est-ce qu'il y des choses que vous voudriez aborder dans votre cours, que je puisse mieux cibler une ou plusieurs séries pour que ça colle au thème. Je suppose que ça doit être quelque chose de soft quand même ? Pas de sang à tout va, de jurons et tout ça par exemple ?» La réponse lui permettrait déjà d'éliminer quelques titres comme Deadpool ou Moon Knight, vu le nombre de morts et d'insultes qu'on peut y lire ou encore la saga des Hell Boy. « Ils ont quel âge vos élèves ? Ça devrait aider aussi à trouver le bon titre. » l'interroge-t-il à nouveau, parce que mine de, bon nombres des personnages sont tout de même teinté d'un côté sombre, que ce soit dans leurs personnalités ou dans les histoires qui sont exposées dans les comics.

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Dernière édition par Seymour Cavanaugh le Ven 16 Sep - 4:30, édité 3 fois

Sans doute que mon style ne correspond pas en effet au style des clients habituels d’une telle boutique. Je suis vêtue d’un petit chemisier beige à fleurs, et d’un pantalon dans les tons marron assorti. J’ai pris soin de me maquiller avant de sortir, léger comme d’habitude, et plutôt raffiné du coup. C’est peut-être le mot qui me caractérise le plus d’ailleurs concernant mon style, raffiné. Je ne suis pas du genre à porter des vêtements extravagants, peu importe le genre. Je suis plutôt du genre classique, et discret. Du coup, il est vrai que je tranche un peu avec le décors qui lui est plutôt flashy et coloré, entre les figurines et goodies en tout genre, les comics tout aussi colorés. Quelque part, je trouve que ça a un aspect chaleureux aussi. Peut-être pas aussi doux que les librairies que je fréquente, mais plus joyeux par contre. C’est une atmosphère plutôt agréable je le reconnais. Mais pour l’instant, revenons à nos moutons. Je viens donc d’expliquer la situation à mon très bel interlocuteur et celui-ci commence par sourire, semblant amusé, ce qui accroît ma gêne au début même si je me doute qu’il ne cherche pas à me mettre mal à l’aise. Machinalement, l’une de mes mains vient gratter me cicatrices sur l’autre poignet, petit toc que j’ai quand je suis stressé, et qui à le don de retirer une partie du fond de teint que je met là quand je ne peux pas porter de manches à cause de la chaleur. Merde, il faut vraiment que je me reprenne ! Lorsqu’il me parle du goût de mes élèves, j’arrive néanmoins à lui décrocher un petit sourire en retour. « C’est l’un d’eux qui m’a conseillé de venir ici. J’imagine qu’il doit souvent venir et aimer votre boutique. » Je voyais tout à fait Zachary passer son temps ici. Mais c’était pour moi loin d’être une tare. Ce jeune garçon était plutôt intelligent, réservé mais toujours prêt à aider, sérieux dans son travail. Je n’avais vraiment rien à lui reprocher. J’étais d’avantage triste pour lui quand je le voyais seul, mais le fait qu’il ait pris les choses en mains là, que la classe lui fasse confiance, c’était à mes yeux une vraie victoire.

Il me rassure en tout cas sur le fait qu’il ne va pas m’en vouloir pour ça, concernant le fait que je ne connaisse rien à son domaine. Bon en même temps, qu’il réponde l’inverse aurait été étonnant. Il commence alors à me questionner pour en savoir plus, et je ne vois pas trop où il veut en venir en me parlant de thèmes, tellement perdue dans ce milieu. Et je mets même un peu de temps à percuter quand il me parle de quelque chose de plutôt soft. Par contre, quand il évoque sans et jurons, là oui je réagis bien vite ! « Euh oui en effet, quelque chose d’assez soft du coup. Je n’ai pas tellement envie que les parents ou le proviseur me tombent dessus ! » Bon les parents … bon nombre ne s’intéressent pas tellement aux études de leurs enfants dans mon quartier malheureusement. Le proviseur par contre, c’est plus probable. La réalité, c’est que c’est surtout une bonne excuse pour moi. Je suis plutôt prude par rapport à tout ça je le reconnais, je le dois à l’éducation de mes parents, eux-même professeurs. Pas de gros mots à la maison, pas de films d’horreurs qui font peur ou ce genre de choses. Et je m’en contente très bien en réalité. Il me demande alors l’âge de mes élèves. Ça pour le coup, c’est une question facile ! « Seize, dix-sept ans. Ils viennent de rentrer en dernière année de lycée. » Sans doute pour ça qu’ils avaient décidé de jouer les malins avec leur prof qu’ils ont en classe pour la quatrième année déjà ! Après tout, certains n’allaient plus tarder à prendre leurs dix-huit ans, dans quelques mois, ils commençaient doucement à devenir des adultes.

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Forcément que la boutique est différente qu'une librairie traditionnelle. Après tout, il ne vend pas que des livres et des comics, il vend aussi des figurines, des posters, des jeux vidéos et tout ce qui peut avoir un lien avec ce milieu là, de près comme de loin. Ça amène des couleurs un peu partout pour coller au thème mais oui, il avait fait en sorte que ça n'agresse pas non plus trop les yeux. Il devait y passer toutes ses journées lui, ça aurait été vite insupportable dans le cas contraire. Et il voulait que ses clients se sentent chez eux ici, un endroit refuge où ils pouvaient venir pour se détendre et s'amuser. Il y avait donc des poufs ça et là, un coin "snack" avec deux tables où se poser si on voulait prendre une boisson et un petit goûter, des posters un peu partout, l'éclairage doux mais assez puissant pour mettre les lieux en valeur. Oui, il avait vraiment réfléchit à la question en ouvrant la boutique et il continuait toujours d'évoluer pour qu'on retrouve toujours ce sentiment de confort, aussi bien physique que mental. Comme quoi, même dans la vente, les apparences comptent bien plus qu'on ne peut le penser. Heureusement pour elle, Seymour ne s'en tenait jamais à celles-ci quand il voyait quelqu'un entrer dans son antre.

En écoutant la raison de la venue de la jeune femme ici, il ne pouvait que tirer son chapeau aux élèves. S'il avait pu faire un tel coup à son ancien prof de littérature au collège, il aurait peut-être vu son année scolaire passée plus vite -ce pauvre homme était soporifique au possible et pourtant son propre père enseignait les lettres, donc il savait ce que ça pouvait donner-. « Ah c'est une possibilité en effet, vous lui passerez mes remerciements pour ça. » dit-il en riant doucement. Oh ça oui, il allait à jamais le remercier ce gamin, mais pas forcément pour les raisons qu'on pense. Et après avoir rassurée la demoiselle sur le fait qu'il n'allait pas la juger de ne pas s'y connaître, il entame un petit questionnaire pour répondre au mieux à sa problématique car il suppose qu'elle n'a pas la liberté de choisir n'importe quel sujet dans son curriculum. « On va éviter de vous créer des problèmes inutilement, en effet. » souligne-t-il dans un sourire et il hoche la tête pensif quand elle lui fourni l'âge de ses élèves. Il scanne donc sa petite banque de données cérébrale et va vers une des boites où sont rangés les bandes dessinées et revient avec un numéro de Ms Marvel qu'il lui tend. « Celui-là devrait convenir. Ça devrait faire l'affaire vu que ça parle d'une ado confrontée aux affres de son âge en plus de devoir gérer ses nouveaux pouvoirs. Et en plus la série télé qui vient de là est déjà sur les écrans s'ils accrochent bien. » Bon, il y a toujours un peu de baston dedans mais en comparaison avec d'autres personnages, ça restait relativement soft. Puis ça abordait des thèmes d'actualité aussi, de quoi les faire réfléchir en même temps, ça pouvait pas faire de mal, pas vrai ?

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Je n’aurais vraiment jamais cru mettre les pieds ici. Je ne sais pourquoi cette pensée me traverse l’esprit mais à ce moment, je suis en train d’imaginer Samy et Chris, mes frangins, qui riraient sûrement à gorge déployés de me voir aussi peu sur de moi dans une domaine qu’ils connaissent bien plus, sans être évidemment aussi calés que mon interlocuteur du jour. Comme quoi, je crois qu’on a tous plusieurs facettes en nous, que l’on montre à certains et pas à d’autres. Heureusement que je ne montre pas la facette que j’ai actuellement devant mes élèves, je ne serais sûrement plus prof depuis bien longtemps. Vraiment, je ne sais pas ce qu’il m’arrive aujourd’hui. Peut-être que c’est le fait de ne pas contrôler les choses qui me déstabilisent. Il faut dire qu’en classe, mes cours sont toujours soigneusement préparé à l’avance et je tiens ma classe d’une main de fer quasiment. Par le passé quand je n’ai pas eu le contrôle … ça a bien failli tourner à la catastrophe. Ça a été une catastrophe d’ailleurs, elle aurait juste pu l’être encore plus si mon père n’était pas rentré plus tôt que prévu ce jour-là. Mais ça c’était il y a fort longtemps, je n’étais qu’une ado. Aujourd’hui, je suis une adulte … Il semble amusé du fait qu’un de mes élèves lui ait conseillé sa boutique en tout cas, me demandant même de le remercier de sa part. « Et bien, vous le connaissez peut-être. Il s’appelle Zachary. Grand pour son âge, élancé, avec des lunettes. Le genre discret. » Et ce malgré sa taille qui ne passe pourtant pas inaperçue ! Je ne sais même pas vraiment pourquoi je développe sur le sujet. Après tout, il s’en fiche sûrement pas mal. Il est là pour vendre, pas pour taper la discut’ avec ses clients non ?

Je suis reconnaissante en tout cas il ne cherche pas à m’attirer des problèmes. Je n’imagine même pas la tête de mon directeur s’il avait découvert un comic trop violent dans mon cours. Déjà que le contact est parfois difficile avec lui … Je le regarde avec attention en tout cas. Il semble réfléchir, puis sans rien dire il s’en va fouiller pour me ramener une bande dessinée. Je vois un gros Ms Marvel écris dessus. Et là je me maudis d’aller rarement au cinéma, ou en tout cas pas pour des Marvel. Ils doivent vraiment me prendre pour une prof vieux jeu tous, alors que je ne suis pourtant pas si vieille. J’écoute ses explications en hochant doucement de la tête. Il semble avoir pensé à tout. J’attrape alors la BD dans les mains, l’ouvrant pour la feuilleter très brièvement. « Bon, bah je crois que je n’ai plus qu’à la lire moi-même pour savoir maintenant. Je n’avais pas vraiment prévu ça. » Je dis ça avec un petit sourire néanmoins, je dis ça en rigolant. Même si ça reste un peu vrai. Ce soir, au lieu de mettre mes lunettes sur le bout de mon nez pour me plonger dans l’un de mes innombrables livres à lire, ce sera dans ce comic que je vais me plonger. Mais bon, ça reste uniquement pour le cours, rien d’autre. Je sors alors mon porte feuille avant de le regarder, prêt à régler ma note, sans avoir aucune idée de combien coûtent de genre de bandes dessinées.

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C'était un fait acquis que d'avoir plusieurs facettes dans son comportement. On s'adapte toujours -inconsciemment ou pas- aux interlocuteurs qu'on a face à soi ou aux circonstances d'une conversation. On est sans doute pas la même personne quand on est en famille qu'avec des collègues ou son boss. C'est logique en même temps. Mais lui ne voyait pas la différence pour le coup, puisqu'il venait à peine de faire sa rencontre. Puis Seymour c'était genre le dernier à juger les gens pour tout et rien, même sur le fait de ne pas s'y connaître en comics. Puis mieux valait tard que jamais, c'est bien ce qu'on dit non ? Un sourire amusé se dessine sur son visage quand la jeune femme lui révèle l'identité de l'élève qui a suggéré sa boutique. « Oh je vois très bien qui c'est même. Il va m'entendre quand il viendra la prochaine fois. » lance-t-il en plaisantant. Évidemment qu'il n'allait pas engueuler le gamin pour lui faire de la pub, c'était une blague mais clairement, il le taquinerait un peu sur le sujet quand même. « Il me rappelle moi à son âge d'ailleurs. Si ce n'est pour les lunettes. » confesse-t-il alors. C'est vrai qu'il avait toujours fait quasi une bonne tête de plus que ses camarades, plutôt athlétique de carrure et timide. Et s'il est vrai que de faire la conversation fait partie du boulot, ça n'est pas pour autant qu'il ne s'intéresse pas. Il a souvent des discussions avec ses clients et pas forcément toujours sur les derniers films, séries ou bandes dessinées. Tous ses potes s'entendent d'ailleurs pour dire qu'il est une oreille attentive et quelqu'un de très ouvert d'esprit et compréhensif. De bonnes qualités quand on fait un boulot comme le sien où il faut cerner les gens et leurs attentes.

Et on peut dire que c'est mission accomplie avec celles de la demoiselle. Elle semble convenir que son choix peut répondre à ses besoins et il sourit, ravi d'avoir pu l'aider et qui sait, d'avoir donné l'envie à cette dernière de découvrir plus cet univers où elle est encore néophyte. « Navré de contre-carrer vos plans. » s'excuse-t-il, néanmoins un sourire amusé aux lèvres. « Mais vous verrez, ça se lit assez vite et puis je suis sûr que Zachary vous aidera si vous avez des questions dessus. Et moi aussi d'ailleurs, la porte est toujours grande ouverte si jamais. » Et c'est à croire qu'elle l'a pris aux mots puisqu'elle est revenue plusieurs fois à la boutique par la suite. A chaque visite, un peu plus curieuse et moins intimidée de lui demander conseil et d'échanger avec lui sur ses lectures. Ce qui évidemment, l'enchantait. Une nouvelle convertie. Bon ok, là il exagérait peut-être un peu mais il sentait bien que quelque chose avait du tiquer chez elle si elle revenait de plus en plus souvent.

La voici d'ailleurs qui franchit le seuil de la porte alors qu'il range un carton de flyers sur le comptoir, en prévision d'une soirée qu'il organise sous peu. « Bonjour Josephine. Déjà de retour ? Attention, je vais finir par m'habituer à voir votre beau sourire si vous continuez. » Oui, bon, vous l'aurez compris, Seymour n'est pas Casanova... Mais il essaie. Puis il ne ment pas, il s'y habituerait même plutôt bien, on va pas se mentir. Après tout, ça fait maintenant un petit mois que la jeune femme a franchit pour la première fois l'entrée et il ne se lasse pas de la voir revenir. Et bien entendu, rien à voir avec le fait qu'elle lui plaisait énormément. « Que puis-je faire pour vous cette fois ? La dernière lecture a été concluante elle aussi j'espère ? » se permet-il de la questionner, toujours intéressé d'avoir un retour de ses clients sur ses recommandations.

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Peut-être que je n’aurais pas du parler de Zachary finalement. Connaissant le garçon, je le voyais déjà devenir mal à l’aise de se faire taquiner sur le sujet. Ou alors, peut-être que lui aussi après tout avait plusieurs facette et ne me montrait pas la même en cours qu’ici, dans son élément. A y réfléchir, c’était même plus que probable. Et maintenant que cette idée avait cheminée dans mon esprit, j’étais en train de me demander comment pouvait être le garçon en dehors du lycée. Il fallait bien vite que je reprenne mes esprits, ce n’était pas le moment pour ça, alors je me contentais de lui sourire timidement, à mon bel interlocuteur. Il me disait d’ailleurs que Zachary lui rappelait lui au même âge. Je le regardais alors un peu plus … Il était grand oui, mais bien plus épais, ce qui n’était pas un reproche loin de là ! Et puis c’était sans doute cette barbe qui lui donnait un aspect plus vieux, plus viril plus … ok je m’égare. L’homme est charmant, mais il reste juste le vendeur de la boutique et de toute façon, je me suis interdite désormais de ressentir ce genre de choses pour d’autres hommes, depuis Arthur. Je ne renchéri alors pas, me contente de payer poliment et avec un grand sourire avant de quitter les lieux avec mon achat sous le bras.

Si je m’étais attendu à la suite des évènements ! Le soir même, je m’étais donc installée dans mon lit non pas avec un livre, mais bel et bien avec la bande dessinée que m’avait vendu Seymour. Lunettes sur le bout du nez, l’image devait tranchée avec d’habitude mais au fond, personne n’était là pour le voir. Mais surtout, le comic avait été bien vite avalé. Trop vite à mon goût. Ce n’était peut-être pas les grandes lectures dont j’avais l’habitude mais quelque part … ça avait quelque chose d’apaisant aussi. Ça se lisait vite, facilement, et l’univers coloré était un régale pour les yeux. Je devais bien le reconnaître, j’avais aimé et surtout … j’en voulais plus. Alors, il se peut que je sois plusieurs fois retournée voir Seymour. Je ne sais pas si c’était très sérieux, j’étais en train de faire passer mes économies du mois dans des bandes dessinées dont la pile grandissait à côté de ma table de chevet. Officiellement, c’est que j’avais besoin d’en savoir un peu plus pour les cours, pour connaître un peu mieux l’univers, me familiariser avec et être prête. Je ne voulais pas admettre que j’étais surtout en train de vraiment accrocher avec ce que je découvrais.

Cela faisait un petit mois déjà, et mes élèves ne manquaient pas de me rappeler régulièrement cette promesse que je leur avait faite. Ça allait venir, mais pour le moment je retournais à la boutique pour acheter de nouveaux numéros. Vêtue d’un chemisier et d’un jean avec des baskets, je passe alors le pas de la porte de la boutique de Seymour, le voyant un peu plus loin. Je souris largement alors que lui aussi m’a remarqué et me salut. La fin de sa phrase me fait légèrement rougir contre mon gré. Cet homme a vraiment quelque chose, que je me refuse à avouer, mais mon corps lui ne peut s’empêcher de réagir à ma place. « Bonjour Seymour. Et oui déjà de retour … Vous savez maintenant à quel point j’aime préparer mes cours. Et là je ne suis pas encore prête ... » C’est faux, évidemment. Je ne sais pas ce qui est le plus criant entre cette nouvelle passion et … mon envie de revoir l’homme qui se tient devant moi. Il me questionne alors et je lui réponds. « La fin était surprenante je dois dire ! Je ne m’attendais pas à ça. Mais j’ai beaucoup aimé. Vous avez autre chose dans le même genre ? » Au fond, je me maudis de lui demander ça aussi vite. Seymour est tellement calé, il va me trouver ça en deux minutes et en autant de temps j’aurais quitté la boutique. Sauf que moi … je n’ai pas envie de déjà repartir.

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parfois le hasard fait très bien les choses

Il n'irait jamais mettre mal à l'aise l'un de ses clients les plus fidèles, surtout pas ce cher Zach, surtout que comme il l'avait précisé à la jeune femme, il lui rappelait sa personne des années auparavant. Bon, depuis forcément il avait bien changer mais oui, il se retrouvait dans ce grand gamin un peu timide qui trouve son bonheur une fois entouré de personnes comme lui et de ses comics préférés. C'est comme ça que ça avait commencé pour lui d'ailleurs. Un de ses frères avait laissé trainer son exemplaire des 4 Fantastiques et c'est comme ça qu'il était tombé dedans. Ils les avaient tous dévorés un par un ensuite, se faisait même engueuler par son frère à force de les lui piquer. Le virus était inoculé en lui et ne l'avait plus jamais quitté depuis. Et aujourd'hui il était bien heureux que ça soit le cas. Même si ça lui apportait quelques petites complications quand on touchait à sa vie sentimentale. Alors oui, il s'était amusé de voir revenir la prof après sa première visite à la boutique. C'était agréable de voir qu'elle aussi, pourtant un brin réfractaire de base comme le sont souvent les "grands lecteurs", ceux capables de s'avaler des pavés de 800 pages sans la moindre image, commençait à voir dans les bandes dessinées une autre forme de lecture, tout aussi enrichissante que celle des bouquins habituels. Une petite victoire personnelle pour lui, qui aimait voir le nombre de lecteurs s'agrandir à chaque fois un peu plus. Et non parce que ça lui faisait potentiellement un client de plus, s'il courait après l'argent, croyez bien qu'il serait resté à son ancien poste où il gagnait bien plus niveau salaire, mais où il perdait clairement son âme en contre-partie.

Son petit cœur lui commençait en effet bel et bien à s'habituer aux visites plus fréquentes de la demoiselle à la boutique, comme il le soulignait à sa façon en apercevant Josephine arriver. Puis il faisait avec ce qu'il avait le pauvre, il ne pouvait pas non plus se prendre pour un tombeur de ses dames, chose qu'il n'était clairement pas vu le désert sentimental qu'était sa vie privée. Bon ça heureusement, elle n'en savait rien. « Oh je suis certain que pourriez l'être, mais je ne peux pas vous en vouloir de faire les choses bien. Je suis plutôt du genre perfectionniste aussi quand ça me prend. » admet-il en souriant. Oh ça oui, comme pour la déco de la boutique quand il faisait une animation ou une soirée, le positionnement des figurines dans les présentoirs, les comics bien rangés, dans leurs boites attitrées... OCD vous dites ? Peut-être, quand il s'agit de gérer son bébé, oui, chez lui, disons que c'était bien moins évident. Mais revenons-en à nos moutons. Il s'enquiert de savoir si la dernière lecture qu'il lui avait conseillé lui avait plu et il sourit à sa réponse. « C'est vrai qu'on ne s'y attend pas et c'est ça qui rend le retournement encore plus savoureux. » confirme-t-il en souriant, tout en hochant la tête à sa question. « Bien sûr, je vous apporte ça de suite. Ne bougez pas. » Clairement, oui, il ne mit que quelques instants pour mettre la main sur ce qu'il cherchait, connaissant ses références par cœur et il revient vers elle en lui tendant l'exemplaire. « Vous m'en direz des nouvelles. »

Et là c'est le silence. Il ne veut pas paraître trop collant avec elle, ils ne se connaissent pas vraiment, c'est surtout sa cliente avant toute chose mais ça le titille quand même. Puis il a toujours été partisan du mieux faut se lancer et se prendre une veste que de perdre son temps à courir après un espoir. Alors il lâche sa question. Comme ça sans préavis. Façon kamikaze. « Est-ce que par hasard, un soir si vous avez le temps dans toutes vos recherches pour votre défi bien sûr, ça vous dirait qu'on aille dîner ensemble ? »Ouais, c'pas l'approche la plus subtile qu'on ai pu voir en ce bas monde, mais il se félicite quand même d'avoir pris son courage à deux mains car clairement, lui la pense beaucoup trop bien pour lui. Mais le proverbe dit bien que qui ne tente rien n'a rien, non ? Bah pour une fois, il tente. En espérant simplement qu'elle ne lui rit pas tout simplement au nez. Là son égo en prendrait quand même un petit coup pour la peine.

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Évidemment, je me cherche des excuses en disant que je ne suis pas encore prête car on parle d’un seul et unique cours, qui n’est même pas dans le programme, simplement là pour récompenser mes élèves de leur belle implication. Je ne veux pas admettre aussi facilement que je suis en train de devenir accro à ce genre de lecture. Mais il faut le reconnaître aussi, je suis du genre perfectionniste concernant mon travail quand même. Après tout, je n’ai que ça. Ça a toujours été une grande part de ma vie, mais quand Arthur m’a brutalement quitté, c’est vraiment devenu tout. Je me suis plongée dedans pour oublier ma tristesse, ma colère un peu aussi, et surtout pour m’éviter de refaire une connerie comme lorsque j’étais ado. Moi j’ai ce besoin absolu d’aider les gens, de leur apporter quelque chose de positif, alors les voir partir, c’est clairement un échec. Quelle meilleur moyen d’éviter l’échec que de s’empêcher la possibilité d’en avoir ? Je ne vois plus grand monde, mes parents principalement, et j’ai fini par m’en accoutumer. Plus de déceptions, malgré une vie assez terne et sans réelle saveur, et le travail comme seule source d’excitation. Le paysage n’est pas exceptionnel je le reconnais. De temps en temps une petite éclaircie quand l’un de mes frères fait un détour par New York, avant que la vie ne reprenne son cours normalement. Je lui ai souris malgré tout lorsqu’il a parlé de perfectionnisme. Il a mit le doigts exactement là où il fallait me concernant. « Je crois que c’est important de faire les choses bien, à fond et jusqu’au bout, que c’est comme ça qu’on en tire la plus grande satisfaction. » Ajoutais-je alors à ses mots. Après tout, il avait avoué pouvoir être perfectionniste lui aussi, alors ce que je voyais comme une qualité était valable pour lui également.

Nous échangeons alors sur le dernier numéro qu’il m‘a vendu et je dois reconnaître que Seymour connaît vraiment le domaine, il arrive à faire mouche à chaque fois avec ce qu’il me conseille. C’est pour cette raison que quand il va chercher une nouvelle bande dessinée et qu’il me la tend, je la prend sans me poser de question. Je lui fais vraiment confiance, pour le moment il ne m’a vraiment jamais déçu. « Je suis sur qu’il sera très bien comme les précédents. » Lui répondais-je alors avec un petit sourire. Et puis là alors … le silence. Je crois qu’en fin de compte, nous étions dans la même situation l’un et l’autre. Factuellement, nous en avions terminé. Il m’avait conseillé, ce qu’e vendeur fait avec sa cliente, il ne restait donc plus qu’à régler la note et filer pour moi. Sauf que … aucun de nous ne voulait laisser ce moment se terminer je crois. Je sentais mon cœur commencer à tambouriner dans ma poitrine, mais ce dernier rata un battement en entendant la proposition de l’homme en face de moi alors qu’un petit frisson me parcouru tout du long. Est-ce que … est-ce qu’il vient vraiment de me proposer d’aller dîner ? Est-ce que c’est un rencard ? Je me suis interdite ce genre de choses. Ou alors, peut-être que je me fais des idées et qu’il veut juste aller dîner comme deux adultes, juste pour échanger, rien de plus. Je ne sais pas trop où me mettre alors que mes joues elles, sont devenues toutes rouges. « Oh euh … oui. Je crois que oui, ça doit pouvoir se faire. » Répondais-je toute timidement avec un petit sourire. Là je dois l’avouer, je suis en train de partir en roues libre. Mon cœur et ma raison ne sont pas vraiment d’accord et finalement, j’arrête de réfléchir. « Je suis en congé tous les mercredi. On peut y aller la veille … si vous voulez. » Ou peut-être que j’aurais justement du lui donner une soir où je travaille le lendemain, pour me donner une porte de sortie ? Je réfléchis vraiment trop là, preuve de ma nervosité. Il faut que je me calme, on m’a juste inviter à dîner. Alors pour tenter de masquer cette nervosité, je souris avant d’ajouter. « Au fait … appelez-moi Jo. » J’aurais presque été tentée de lui dire que me tutoyer aussi mais, je n’ose pas. Peut-être qu’il le fera de lui même.

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Se noyer dans le travail pour compenser un vide... Bizarrement, c'est quelque chose qui lui parle bien -non sans rire-. S'il passait tant de temps à la boutique c'est bien parce que en un sens, bah, il n'avait pas mieux à faire. Son meilleur ami avait une copine lui, de toute sa fratrie, c'était le seul encore célibataire, donc forcément, ils avaient tous des emplois du temps chargés en comparaison. Croyez bien qu'il lèverait le pied sur ses heures s'il avait enfin l'occasion de sortir avec quelqu'un. Mais en attendant, ça n'est pas le cas alors oui, il comprend le point de vue de Josephine quand elle dit aimer être prête totalement avant de faire quelque chose. « Exactement et on peut aussi se dire que si jamais ça foire quand même, on aura tout donné et qu'on a pas à rougir de l'échec. C'est Mandela qui disait qu'il ne faisait jamais d'erreurs parce qu'il apprenait de ses échecs. Mais je m'égare, pardon. Ça m'arrive parfois quand je trouve le sujet intéressant. » Il aurait tout à fait pu dire la personne en face intéressante mais bon, on va pas chipoter pour cette fois.

Il enchaîne alors sur ce que lui dit la demoiselle sur sa dernière lecture et il est content d'apprendre qu'elle a aimé et que comme lui, le retournement de situation de la fin l'avait laissée pantoise. Puis il s'en va lui chercher le prochain comics qu'il pense qu'elle va pouvoir aimer, ce qui forcément, ne prend pas bien longtemps vu qu'il connaît ses références sur le bout des doigts. « Espérons-le oui, je m'en voudrais de gâcher ma série de victoires. » dit-il en plaisantant. « Puis ça voudrait dire que je ne fais pas mon boulot correctement... Pas l'idéal pour un perfectionniste. » continue-t-il en revenant sur le petit échange qu'ils ont eu juste avant sur le sujet. Mais voilà, maintenant qu'en effet, il a rempli sa tâche de vendeur et qu'elle a ce qu'elle est venue chercher, ils n'ont plus trop de choses à se dire. Et puis la question sort de sa bouche sans même qu'il ne s'en rende compte. Il vient de lui proposer un rencard oui, ni plus ni moins. Comme ça, de but en blanc. Chose qu'en règle générale, il n'aurait jamais fait, surtout pas avec une femme aussi hors de portée pour un type comme lui. 'Mais quel con' sont les mots qui lui traversent presque aussitôt l'esprit et il s'attend à prend la veste de sa vie maintenant.

Sauf que, bah, ça n'est pas un refus catégorique qui sort de la bouche de la jeune femme comme réponse et il est surpris de sa propre audace pour le coup. Lui qui s'attendait au pire, il peut presque se féliciter maintenant d'avoir eu un tel moment d'improvisation totale. Et bien entendu, il ne peut s'empêcher de sourire comme un idiot face à sa réponse, bien trop content de la voir accepter au lieu de le rembarrer direct. « Ça doit pouvoir se faire oui, en effet. Je demanderais à Stew de faire la fermeture pour une fois. » Oh il le ferait même avec plaisir quand il apprendrait que son meilleur ami et co-gérant avait enfin décrocher un rencard avec quelqu'un. Et son sourire s’agrandit encore plus avec ce qu'elle lui dit ensuite. « Très bien, Jo. » dit-il en acquiesçant sans pouvoir se défaire de ce sourire idiot qui laisse transparaître sa joie. « Par contre, est-ce que vous préférez aller au restaurant ou est-ce que vous êtes assez courageuse pour me laisser cuisiner pour vous ? » Mais c'est qu'il se sent pousser des ailes notre petit nerd dis donc... Mais bon, il sait que ça peut lui faire marquer des points. Il a ptet un boulot un peu spécial, mais il pouvait compenser avec ses talents derrière un fourneau.

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Je lui parle de ma vision du travail, de mon perfectionnisme, de la satisfaction que je tire de faire bien les choses. Manière de faire la conversation quoi. Pas que je ne le pense pas, mais je me dis aussi que ça n’intéresse sans doute pas beaucoup mon interlocuteur. Sauf que contre toute attente, il relance, parlant même de cette magnifique citation de Mandela que je connais très bien. « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. » Je lui fais un petit sourire, pour bien lui faire comprendre que je sais de quoi il parle, et que ça m’intéresse. Après tout on me l’a souvent répété cette citation, surtout lorsque je voyais encore ma psy, après ma tentative de suicide quand j’étais ado, puis après à ma rupture avec Arthur. Jamais facile d’apprendre de ses erreurs, mais il le faut c’est indispensable. Cela me plaît beaucoup en tout cas, de voir que l’homme en face de moi a ce genre de référence. C’est vrai, quand on le voit ici, au milieu de son magasin rempli de truc très geek, on ne s’attend pas forcément à ça. L’habit ne fait pas le moine, en voilà un autre d’expression, tout à fait adaptée à la situation il me semble. Je ne peux m’empêcher de lâcher un petit rire quand il parle de sa série de victoire, avant qu’il ne reprenne sur son perfectionnisme à lui. « Si c’était la cas ça ne serait pas très grave. Vous apprendriez. » Moi aussi je peux faire des référence à ce qui se dit avant. D’ailleurs, confiante sur le coup, je lui fait même un petit clin d’œil taquin avant de bien vite me demander ce qui m’a pris !

Mais vint alors le moment où il m’invite carrément à un rencard. J’avoue, je m’étais posé quelques questions de mon côté, que j’avais bien vite balayées vu mes antécédents dans le domaine. Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il se soit posé le même genre de questions et prenne même cette initiative. Oui, je suis surtout surprise, mais j’ai réussi a baragouiner une réponse qui semble potable. En fait, je lui ai même carrément déjà dit quand je suis dispo ! Et il me dit que ça doit pouvoir se faire. Je sens des petits papillons dans mon ventre, comme une ado qui viendrait d’avoir un rendez-vous avec son crush. Je ne sais pas trop ce que je suis en train de faire, est-ce que je ne devrais pas réfléchir u peu plus ? J’ai les joues toujours toute rouges quand il accepte de m’appeler par mon surnom. En réalité, peu de monde m’appelle Josephine. Je suis d’avantage Madame Coleman pour mes élèves, ou Jo pour mes proches. Et c’est alors qu’il me fait une autre proposition. Il veut cuisiner pour moi. Ça alors … je ne peux m’empêcher de comparer avec Arthur et jamais il n’a cuisiner pour moi, pas même au début de notre relation. C’était toujours a moi de faire ce genre de choses, il ne manifestait pas vraiment ce genre d’attention pour moi. Entendre ça me rempli de joie, alors même que nous ne sommes absolument pas ensemble avec Seymour et que je ne comprends toujours pas pourquoi j’accepte tout ça, au risque d’une grande déception si les choses ne se passaient pas comme je le voulais. « J’aimerais beaucoup goûter votre cuisine Seymour. » Lui répondais-je alors avec un petit sourire timide. Je suis bonne pour stresser maintenant jusqu’à ce que ce rencard se fasse c’est clair ! Mais d’ailleurs, il faudra bien poser une date pour ce rencard. Sans rien dire, j’ouvre donc mon sac à main pour en sortir un bout de papier et un crayon. M’appuyant sur une des étagères du magasin, j’y écris mon numéro de téléphone. Il n’aura même pas besoin de demander, pas mal non ? Je lui tends alors. « Comme ça vous pourrez m’appeler, ou m’envoyer un message. Pour convenir d’une date. » Et disons le clairement, je ne suis pas le genre à donner mon numéro au premier venu. Mais cet homme … il a quelque chose de spécial.

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Seymour s'intéressait toujours à tout, ou presque en tout cas. C'était son truc, apprendre tout et n'importe quoi parce que qui savait si un jour, ça ne lui servirait pas dans la vie. Bon, y a clairement des trucs qui ne servaient à rien dans ce qu'il avait appris, mais il était curieux de nature et essayait de vivre selon une citation -encore une oui- de Gandhi qui dit: Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre pour toujours. Un principe de vie qui lui avait plutôt bien rendu service jusqu'à présent, alors il s'y tenait. Puis il y a tellement de choses à découvrir ici bas, qu'en effet, une vie ne pouvait pas être suffisante pour tout savoir. Alors forcément, quand elle lui retourne la citation, il sourit amusé, content de voir qu'elle saisissait très bien de quoi il voulait parler. « J'aurais du me douter qu'une prof connaîtrait cette citation. » lance-t-il en souriant, c'était après tout une superbe allégorie. Quant au perfectionnisme de la jeune femme, il ne pouvait pas la blâmer de l'être vu qu'il devait l'être autant quand ça touchait à son boulot. Ce qui se vérifiait à la phrase qu'il lui sort alors, puisqu'il comptait bien en effet, continuer à viser juste dans ses choix. Même si il n'irait pas non plus perdre le sommeil si jamais elle lui disait le contraire un jour. « Exact. » acquiesce-t-il de la tête, pointant son index vers elle avec un sourire amusé coincé sur le visage. Elle avait du répondant, il aimait ça. De quoi le faire tomber sous le charme encore un peu plus d'ailleurs...

Et c'est sans doute ce petit déclic là qui lui permet de se lancer et de l'inviter à dîner. Oui, il a osé et il ne sait pas lui-même où il a été cherché autant d'audace mais il est soulagé de l'entendre répondre par la positive au lieu de lui faire comprendre qu'il avait visé au-dessus de ses capacités. Ce qui aurait pu être le cas, il s'était presque préparé à cette réponse là en fait mais il est bien plus heureux d'avoir eu la réponse opposée. Surtout que la jeune femme lui demande alors de l'appeler Jo et non plus Josephine, ce qui indique mine de -s'il ne se goure pas totalement-, qu'elle est suffisamment en confiance avec lui pour qu'il utilise un surnom. Puis il se sent même pousser des ailes le bougre, au point qu'il propose même de cuisiner pour elle si elle lui permet de le faire. Il aimait ça, il aurait sans doute pu faire carrière dans un restau si sa passion des comics n'était pas aussi forte. Ce qui au passage, énervait sa mère qui lui rabattait sans cesse qu'un fils pareil était bon à marier. Lui demandait pas mieux hein, mais bon, encore fallait-il trouver la bonne personne pour ça...

Et là encore, en l'entendant lui répondre par la positive, son visage s'illumine d'un large sourire qu'il ne peut contenir. « Super ! Je sais déjà ce que je vais préparer, vous m'en direz des nouvelle. » s'éclame-t-il plein d'enthousiasme. Oh oui il sait déjà ce qu'il va choisir de cuisiner, son plat "signature" si on peut dire. Un classique, rien de trop extravagant ou de révolutionnaire mais qui avait fait ses preuves. Il l'observe chercher quelque chose dans son sac et il esquisse un sourire quand il comprend ce qu'elle est en train de faire. Oui, il n'aura même pas à le lui demander au final, son précieux numéro. Il attrape le bout de papier qu'elle lui tend alors, touchant le bout de ses doigts au passage dans un moment d'égarement ou d'excitation, au choix. « J'en ferais bon usage, ne vous en faites pas. » lance-t-il en souriant doucement. Oh ça oui, et il allait aussi devoir s'empêcher de lui envoyer un message niais après la date fixée pour leur rencard, ça il le savait déjà. Il se connaissait, ça le démangerait. « Allons à la caisse, je ne voudrais pas vous retenir ici plus longtemps. On pourrait s'imaginer des choses sur nous sinon. » Petit rire nerveux de sa part mais il ne ment même pas en fait, en général, les filles ici ne restaient pas aussi longtemps à parler comme ça, pas celles comme Josephine en tout cas. Il l'invita donc à le suivre jusqu'à la caisse pour qu'ils finalisent son nouvel achat au lieu de rester plantés tous les deux en plein milieu de la boutique comme s'ils étaient en pleine scène d'une comédie romantique. Ah quand l'art imite la vie...

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Peut-être qu’en effet, être prof aidait à connaître ce genre de citations. Peut-être que de venir d’une famille de profs aidait encore plus. Après tout, en dehors de Samuel nous étions tous profs. Bon Chris étant prof de sciences, ça n’avait pas grand-chose à voir, mais maman prof d’histoire connaissait forcément ce genre de citation d’un grand homme comme Mandela. Quand à papa, il est prof de lettres comme moi. Ou c’est plutôt moi qui le suit comme lui. C’est lui qui m’a filé le virus de la lecture ! Je souris en tout cas à sa remarque. Je ne sais pas si c’est le fait d’être professeur pour le coup, mais il est vrai que je suis toujours avide d’apprendre de nouvelles choses, de me cultiver sur tout un tas de sujets. Et tout ça, j’aime en parler avec les autres. Je suis le genre de personne qui peut avoir des discussions passionnées sur tout un tas de sujet alors si Seymour commence à manifester ce genre de possibilités, nous risquons de bien nous entendre. Après tout, la passion ça se partage. Dans tous les sens du terme.

J’ai donc ensuite accepté ce rencard. Je ne sais pas trop ce qui m’a prit. Finalement, nous ne nous connaissons pas vraiment avec cet homme, est-ce que je ne suis pas en train de faire une bêtise ? Et si finalement ça ne colle pas entre nous ? Serais-je capable de supporter la déception. Oui, même si cela fait quelques années maintenant, la douleur a été si vive avec Arthur que j’en suis à anticiper quelque chose qui n’a pas lieu d’être. Il semble vraiment ravi en tout cas que j’accepte son invitation à manger, et je me sens frémir de le voir si enthousiaste ! C’est agréable, de voir qu’une si petite attention peut rendre aussi heureux ! « Et bien, j’ai hâte de goûter ça alors ! » Lui répondais-je moi aussi avec enthousiasme. Je sors alors de quoi lui donner mon numéro et lui tend le papier qu’il attrape, effleurant mes doigts au passage. Je me force à cacher un petit frisson qui vient de me parcourir à ce contact. Je me mord légèrement l’intérieur de la lèvre pour essayer de me reprendre, alors qu’il me dit qu’il en fera bon usage. Bizarrement, je n’en doute pas trop. Je ne sais pourquoi mais, je lui fais confiance. C’est d’ailleurs bien pour ça que j’ai accepté le rencard et de lui donner mon précieux numéro.

Il me propose alors d’aller à la caisse et je lâche un nouveau petit rire lorsqu’il dit que l’on pourrait s’imaginer des choses. En effet. Mais est-ce vraiment de l’imagination ou la réalité ? La frontière est assez difficile à distingué à ce point. Je le suis alors, réglant la note avant de la regarder une dernière fois. « A bientôt Seymour. » Dernier sourire, et finalement je recule avant de me retourner pour passer le pas de la porte. Et je ne sors pas qu’avec cette bande dessinée, je sors avec bien plus. Un rencard. Si on m’avait dit ça, la première fois que j’ai franchi cette porte !