Même dans ma bulle, je pense à toi [Mia]

Même dans ma bulle, je pense à toi

Mia & Henry

Si je fais ça en bougeant ce circuit là? Non ça fonctionnera pas et ça va créer une surcharge. C’est pas comme ça qu’il faut que je procède. Je dois m’occuper d’abord de ce système de détection avant de faire ça. Bon je reprends… Voilà à peu de choses près les pensées que j’avais à l’esprit depuis que j’étais arrivé au travail ce matin. Après avoir avaler un café, je retirais ma veste et retroussais les manche de ma chemise blanche. Puis j’allumais mes écouteurs bluetooth pour me mettre dans ma bulle pour travailler.

Aujourd’hui c’était prévu avec Mia, elle gérait la boîte et je retournais à mon activité de prédilection, le bricolage et l’innovation pour l’entreprise. Nous avions développés essentiellement des logiciels dernièrement. Mais en termes d’accessoires, nous n’étions plus les premiers internationaux et je me devais de remédier à la situation. Même si le groupe innovation de la boîte était également sur le coup, ils n’avaient pas mes idées en tête. Et pour les faire approuvées par le comité de direction, je me devais de présenter un prototype digne de ce nom. Avec le retour de Mia à son poste, je pouvais matérialiser tout cela. Et puis cela laissait le champ libre à Mia pour prendre plus d’indépendance dans l’entreprise. Dans un avenir pas si lointain je serais vieux et elle prendra ma place. Si elle n’avait pas mes idées, elle avait tout le talent nécessaire à une chef d’entreprise et je savais que je pourrais compter sur elle le moment venu. Pour l’heure, j’étais toujours présent mais j’avais besoin d’espace.

La musique classique se faisait entendre dans les oreilles depuis plusieurs heures maintenant et je dois bien avouer que je n’avais plus aucune notion du temps. Comme souvent d’ailleurs quand je travaillais sur un projet. Ne ressentant ni la faim, ni la fatigue, j’avais tout de même pris le temps de boire de l’eau de temps en temps. Avec les années, j’avais compris que le temps passait bien plus vite que je le pensais et j’avais parfois même souffert de légère déshydratation donc j’avais pris le pli que chaque fois que je réfléchissais, je prenais en main ma bouteille pour avoir l’automatisme de boire.
Mes écouteurs dans les oreilles, je réfléchissais sur mon projet en marmonnant à demi-mot ce que je devais penser ou faire. Tournant le dos à la porte d’entrée de mon atelier qui était adjacent à mon bureau, je ne voyais pas la personne qui entra dans mon espace privé. Et je sursauta fortement lorsque celle-ci posa la main sur mon épaule pour me sortir de ma bulle…

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Juin 2020

Après mon retour dans l’entreprise, j’ai prit le temps de reprendre mes marques. Déjà, j’ai dû mettre de l’ordre dans tout ce que Tyler a fait, et comprendre son système un peu bordélique de classement, mais j’avais fini par reprendre ma place, retrouver mon poste comme je l’avais laissé, contre ma volonté. Malheureusement, avec mon année d’absence, nous avons pris du retard sur la création de gadgets. Certes, nous avions eu notre traducteur universel dont nous avons fait le lancement il y a un an au Japon, mais rien qui n’existait pas déjà. C’est pourquoi papa a besoin de temps. De toute façon, en tant qu’assistante et adjointe, les employés et directeurs de départements savent qu’ils doivent s’adresser à moi avant lui. Ça en fait moins à gérer pour lui.

Donc aujourd’hui, c’est l’une de ces journées où papa travaille fort sur un prototype, et sa secrétaire a reçu la consigne de ne pas le déranger. C’est donc avec moi qu’elle a travaillé toute la journée. J’ai fait le tour des départements, fait beaucoup de gestion ici et là, passé également beaucoup de temps au téléphone avec des clients, j’ai rencontré l’un de nos fournisseurs et un futur distributeur de nos produits. Je n’ai pas chômé du coup. Si bien que plusieurs heures plus tard, la secrétaire revient avec la nourriture que je lui ai demandé d’aller chercher pour papa et moi. « Oh, tu es un amour. Nous serions perdus sans toi ! » Elle secoue la tête, modeste et me laisse. Je me lève donc de ma chaise et sort du bureau pour aller frapper à la porte, le sac contenant nos repas dans ma main.

Évidemment, on ne me répond pas.

J’ai l’habitude. J’avais l’habitude bien avant que je ne prenne une année sabbatique. Papa a sans doute ses écouteurs sur les oreilles et donc il est bien concentré. J’entre donc dans le bureau et constate avec un sourire que j’ai eu raison. Je m’approche donc doucement, bien droite, bien à l’aise, et pose ma main sur son épaule. Il sursaute alors, me faisant sursauter. Je rigole après, ma main sur mon cœur. Je lui fais signe d’enlever ses écouteurs. « Mia est venue te sauver. Pose ton cerveau de génie et sort de cette pièce avant que ton prototype ne t’avale tout cru. » Je lui montre le sac brun que je tiens dans les mains. « C’est l’heure de manger. On a besoin d’une pause tous les deux. » Je regarde son prototype. « Et on va manger dans la salle de pause. Pas question de rester enfermer dans un de nos bureaux. » Il n’y a pas de place à la discussion.

Au bureau, je suis la Mia que j’ai toujours été avant. Celle qui est forte. Celle que rien ne peut faire s’écrouler, sauf peut-être quelqu’un qui hausse le ton. De retour à la maison, je suis celle que Kevin a fait de moi, soit une femme brisée et insécure, une femme qui ne s’aime pas et qui tait tout le mal qu’elle vit. J’aime mieux celle que je suis au bureau, alors ce n’est pas vraiment étonnant que je puisse faire 12 heures à tous les jours sans m’épuiser. En même temps, j’étais déjà un bourreau de travail avant Kevin. Ce qui change à ce niveau, c’est que de l’être s’avère à être bénéfique pour moi. Mais même moi, je sais quand prendre une pause. Il faut bien que je prenne soin de papa. Et même de Tyler. Je l’ai toujours fait. Je n’arrêterai jamais de le faire.

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Mia & Henry

Être ainsi arraché à mes pensées ne me plaisait pas forcément sauf lorsqu’il s’agissait de mes enfants. En l'occurrence, c’était Mia, mon adorée qui venait me voir dans l’atelier. J’ai instantanément le sourire quand je la vois. Elle a visiblement eu peu de mon sursaut mais en rigole avant de me faire signe d’enlever mes écouteurs. Ce que je fais aussitôt. J’avais tendance à oublier que j’avais de la musique. Tout comme j’ai tendance à oublier une multitude de choses lorsque je travaille ainsi. Cela a toujours fasciné ma mère tout comme ma famille et mes amis mais dans le fond je suis comme je suis alors pourquoi je changerais. C’est peut-être aussi pour cela que j’arrive à comprendre Tyler, c’est parce qu’il est comme moi. Mais c’est Mia qui s’occupe le plus de moi. Elle ne devrait pas avoir à faire cela et je ne devrais pas la laisser faire. Pourtant je ne dis rien lorsqu’elle me demande de laisser mon cerveau et mon esprit prendre une pause pour manger en brandissant le sac qui semble contenir notre repas.

Je ris doucement en posant le tournevis que j’ai en main et en rangeant méticuleusement mes écouteurs et mon espace de travail. Je ne sais pas quitter une pièce si elle n’est pas un minimum en ordre. Cela me permet de ne pas trop penser à cela lorsque je ne suis pas dans la pièce. Mia me demande de sortir de toute façon pour que l’on mange dans un autre cadre, que l’on déconnecte du boulot le temps d’un repas.

“Bien madame. Je te suis princesse.”

Je réponds fièrement en me levant, rangeant au passage le téléphone dans ma poche. Ma princesse était parfois autoritaire et je savais que l’on qu’elle me disait de faire quelque chose je devais m’exécuter. Par moment, je repensais au fait qu’elle avait grandit trop vite, bien trop vite pour prendre soin de moi et de Tyler. Ce n’était pas son rôle mais elle l’avait pris quand même. J’étais tellement malheureux qu’à l’époque j’ai laissé faire à tort. Pourtant alors que nous nous dirigions vers la salle de pause de notre étage, je n'engagea pas ce sujet-ci:

“Alors ta matinée ma fille?”

Elle était devenue mon assistante et mon adjointe mais j’aimais bien garder un oeil sur le travail effectué. Non pas que je ne lui faisait pas confiance bien au contraire mais je voulais être au courant des actualités tout simplement. Nous entrâmes alors dans la salle de pause qui était déserte. Visiblement, les employés avaient d’ores et déjà mangés, nous serions donc seuls, ce qui m’allait parfaitement bien.

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Juin 2020

Quand il me dit qu’il me suit, je souris. Je suis satisfaite qu’il ne rouspète pas. Comme ça, ça nous évite d’avoir un argument. Il a beau être mon patron, il est également mon père et je tiens de lui le caractère autoritaire que j’ai quand je suis au travail. Après tout, c’est lui qui m’a tout apprit au niveau de l’éthique de travail, mais aussi comment vivre, à être organisée. Comme lui. Une fois que tout est en ordre dans la pièce, nous la quittons pour aller dans la salle de pause qui est vide. Nous sommes seuls. Je pose donc le sac sur une table et m’assois avec lui, détachant le bouton de mon veston pour laisser voir mon chemisier en dessous.

Alors que je commence à sortir la nourriture du sac, papa me questionne sur ma matinée. « Chargée, mais productive. J’ai discuté avec plusieurs clients par téléphone pour régler certaines commandes, j’ai également rencontré l’un de nos fournisseurs et un futur distributeur. J’ai fait le tour des départements et j’ai dû perdre 10 kilos en les parcourant tous. » Je souris à cette phrase. Je sais que je voulais nous sortir la tête du boulot, mais malheureusement on ne sort pas le bourreau de travail des Mitchell. C’est impossible ça. Même à la maison je trouve le moyen de me ramener du travail.

Devant papa, je pose son repas, poursuivant le récit de ma matinée chargée. « Je t’ai ajouté deux rendez-vous à ton agenda cette semaine. L’un d’eux est un ancien client qui envisage de revenir vers nous au lieu du compétiteur pour lequel il nous a laissé. C’est un client important et il préférait faire affaire avec toi directement. » Mon repas devant moi, je commence à le déballer, dévoilant mon sandwich qui a l’air appétissant, et beaucoup plus santé que celui de mon père. « L’autre rendez-vous est un nouveau client. Il vérifie ses options et je sais que tu préfères gérer les nouveaux clients toi-même. » Je prends une première bouchée et la savoure. J’ai une faim de loup, tellement que cette bouchée me fait du bien avant même d’atteindre mon estomac.

Puis je reprends, sans m’étourdir. S’il y a bien quelqu’un qui peut me suivre dans toutes ces histoires, c’est bien papa. « Je t’épargne les détails sur chacun d’eux. Je t’ai envoyé tout ça par courriel pour ne rien oublier. » Je souris à nouveau en le regardant. « Et toi ? Ça avance bien le nouveau projet ? »

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Mia & Henry

Etant donné que nous sommes tous les deux, nous nous installons sur la table la plus près de la vitre. Cela nous permets d’avoir une magnifique vue sur Central Park. A l’occasion il faudrait que je m’y promène de nuit. Je reviens à la réalité lorsque Mia commença à me parler de sa matinée. En effet c’était plutôt chargé. Tout en l'écoutant, je me relevais brièvement pour prendre deux verres et remplir une carafe d’eau. J'acquiesçais en me lui demandant tout de même le nom du distributeur, qu’elle me donna. J’étais satisfait que la rencontre fut enfin faite avec celui-ci. Il voulait absolument faire affaire à Mia. Vœu exaucé pour lui. Lorsqu’elle me parla des différents départements, je ris doucement en répondant :

“Ahah, je ferais le tour demain. Mais c’est vrai que cela donne facilement un coup de chaud de tous les faire.”

Faire le tour des différents services était une façon comme une autre de rester proche des employés. Je les connaissais quasiment tous. Après je n’avais pas dans la tête tous leurs CV mais grossièrement j’était capable de dire qui était dans quel service et faisait quelle tâche. Ce qui n’est pas donner à tous les patrons. J’aimais à penser que mes salariés se sentaient bien au travail comme nous nous y sentons bien à la diriger. Je me rassois à nouveau en face de Mia et lui sert un verre d’eau alors qu’en contrepartie, elle me sert un repas. En le déballant je devins que c’est Juliet qui a commandé pour nous. Notre secrétaire me connais tellement bien qu’elle m’a pris un de mes sandwich préféré, un italien avec plusieurs sortes de jambons et de la mozza. Un vrai délice. Je n’oublie cependant pas d’écouter ma fille qui me donne des informations importantes sur mon planning. Un client qui revient c’est toujours bien pour les affaires car cela veut dire qu’il a été déçu en voulant tester ailleurs et il revient aux sources. Je l’écoute en prenant une bouchée et en me posant dans le fond de la chaise.

“Parfait, c’est parfait tout ça.”

J’intégrais toutes les informations comme un ordinateur. Par moment, je ressemblais à un automate. C’était un parfait contraste avec la version de moi dans mon atelier où je n’entends personne. Mia précisa qu’elle m’avait envoyés les détails par mail :

“Je lirais ça tout à l'heure.”

Puis elle me demande des nouvelles de mon projet. Je souris à l’idée que tout le monde appelle cela le projet du patron. Personne ne sait ce que je fabrique dans mon atelier et cela me vas assez bien comme ça pour l’instant. Je n’aime pas trop en parler dès lors qu’il n’est pas suffisamment avancé. Cependant il s’agit de ma fille alors je peux bien lui lâcher deux trois informations:

“Oui, il avance bien mais j’ai fait un ou deux courts circuits ce matin, ce qui fait que je n’ai pas forcément avancer comme je l’aurais voulu et il me semble que j’ai un rendez-vous en extérieur demain matin donc je ne vais pas retourner tout de suite dans l’atelier, je vais d’abord étudier le dossier pour demain.”

Nous mangeons deux trois bouchées en silence, avant que le boulot ne reprenne le dessus … encore. Je regarde ma fille en réfléchissant en même temps que je lui parle:

“Avec les vacances d’été, est-ce que tous les plannings sont bouclés? Il me semblait qu’il y avait encore un soucis au département communication entre les deux designers il y a quelques jours.”

J’avais énormément de mal à décrocher du boulot. C’était bien simple je bossais tous les jours. Auparavant, je conservais mes week-ends pour les enfants mais dès qu’ils furent plus âgés, je travaillais même le dimanche. Et c’était encore pire dernièrement avec ce qui m'était arrivé avec Jessica. Cependant je regardais ma fille, j’étais fière d’elle, fière qu’elle se batte et qu’elle surmonte ses peurs. Je savais que ce n’était pas facile pour elle et qu’au travail elle avait trouvé le moyen de s'épanouir.

“En tout cas, le travail te réussit Mia. Ça fait plaisir de te voir ainsi mais si jamais tu as des soucis, tu m’en parle d’accord?”

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Juin 2020

Même si j’ai fait le tour des départements, papa tiens à faire le tour lui aussi demain. Je sais qu’il aime voir les visages de ses employés. Peut-être ne se souviendra-t-il pas de tous les noms, mais les visages, il saura les reconnaître et les associer au bon département. Après, c’est impossible de connaître tout le monde, mais ici, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. Papa ne veut pas être un dirigeant fantôme, et c’est tout à son honneur. Quand il nous donnera le flambeau, cet aspect de l’entreprise ne changera pas. Bref, je lui parle de tout ce qui s’est passé aujourd’hui, des détails que je lui ai envoyé par courriel et il me dit qu’il lira ça tout à l’heure. Évidemment, je ne m’attendais pas à moins de sa part, même si ces courriels peuvent attendre à demain matin.

Sandwich en main, je l’interroge sur son nouveau projet et bien que j’ignore totalement sur ce quoi il travaille, il accepte de me donner quelques détails. Quelques courts-circuits ont fait qu’il n’a pas avancé comme il aurait voulu, mais je ne m’inquiète pas pour lui. De toute façon, nous n’avons pas vraiment de date de prévu pour l’annonce d’un tout nouveau produit. C’est pourtant dommage qu’il ne puisse pas poursuivre son projet pour le reste de la journée à cause de ce dossier à étudier. Je sais qu’il aime travailler dans son atelier.

Il m’interroge alors sur les plannings alors que je finis ma bouchée de ce sandwich. « Aux dernières nouvelles, ils avaient enfin réussi à communiquer, mais je n’ai rien reçu encore. Ce matin, j’ai demandé à Juliet de leur dire que je voulais leur planning sur mon bureau avant la fin de la journée sans quoi j’irais le chercher moi-même. Je devrais avoir ça cet après-midi. » Et si je n’ai rien, je ferai leur planning à leur place et ils n’auront pas le choix de s’y plier.

Papa me complimente alors et je souris. Je hoche la tête. « Promis, je te le dirai. » Papa s’est toujours inquiété pour moi et Tyler, mais depuis mon histoire avec Kevin, il est encore plus attentif à mes besoins et à mes soucis. « Mais ne t’inquiètes pas. Tant que j’aurai du travail, tout ira bien pour moi. J’aime travailler. Je suis ta fille après tout. C’est quand je ne travaille pas que je trouve ça plus difficile, mais en général, je trouve toujours quelque chose pour me distraire. » Ce n'est plus un secret pour papa et Tyler. Quand je suis laissée seule avec moi-même, je réfléchis trop, et pas à des choses joyeuses. Je me rappelle des mauvais souvenirs avec Kevin, entre autres. En dehors des mes cauchemars que je fais encore parfois, ceux qui réveillent même mon père, je ne suis pas à l'abri de la dépression. Alors me garder occupée est ce qu'il y a de mieux pour moi.

« Justin ne me lâche pas d’une semelle, alors je peux sortir sans avoir peur d’être suivie ou observée. » Je préfère taire le fait que Justin et moi soyons de proches amis. Je ne sais pas trop de quel oeil il verrait cette amitié et je ne veux pas perdre Justin comme j'ai perdu Trevor. J'aimais beaucoup Trevor, comme un oncle. Je le connaissais depuis mes huit ans après tout. « Ou sinon, je travaille à la maison. Rien que l’autre soir, j'ai étudié un dossier pendant que toi tu étais ici à finir tard. » Je continue de manger mon sandwich, puis regarde mon père. « D’ailleurs, si tu veux continuer de travailler dans l’atelier cet après-midi, je peux l’étudier ton dossier. Je t’en ferai le topo plus tard. On habite la même adresse après tout. » Je lui souris, bienveillante. « Je sais comme tu aimes travailler sur tes inventions. Et ça me fait plaisir de te voir aussi passionné. »

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Mia & Henry

Partager un repas du midi avec ma fille était régulièrement synonyme de point sur l’entreprise et c’était tout à fait ce que nous étions en train de faire mais pour une fois je voudrais également évoquer avec elle le personnel. Je savais que j’y reviendrais plus tard alors je gardais cette idée dans un coin de ma tête. Pour l’heure, nous évoquions nos matinées respectives, les rendez-vous pris, les avancées sur mon projet. Je lui avais également demandé si tout était ok pour les congés d’été, il semblerait que oui, ce qui était parfait . J’aimais bien les choses soient planifiées pour l’entreprise donc si ce problème était résolus, nous pouvions passer un été tranquille. Les années précédentes Mia et moi ne prenions pas nos vacances en même temps afin qu’il y ait toujours quelqu’un de la direction. Sauf durant l'année sabbatique de Mia, je n’avais pas pris de vacances. Et, pour cette année, en toute honnêteté je n’avais pas très envie d’en prendre non plus. Si c’était pour ruminer et broyer du noir, je préférais être au travail.

Finalement j’abordais le sujet avec Mia comme quoi cela me faisait plaisir de la revoir au boulot. Mais le père protecteur n’était jamais loin, lui demandant de me prévenir si elle avait des soucis. Mia me sourit en réponse et m’en fit la promesse. Cela me rassura d’une certaine manière mais je n'arriverais jamais de m’en faire pour elle. Tout comme avec Tyler d’ailleurs. J’étais comme ça c’est tout… Et personne ne me changeras à cinquante ans passés. Mia me rassura davantage en précisant qu’il ne fallait pas que je m’inquiète. Je ne pus m’empêcher de sourire, bien sur que j’étais inquiet. Ce qu’elle avait vécu était très traumatisant, il était normal qu’elle en ait encore des séquelles. D’ailleurs je le savais très bien au travail, elle avait l’esprit occupé mais dès qu’elle était plus détendue, plus seule, les mauvaises pensées et les mauvaises souvenirs reprennaient le dessus. Finalement sur ce point aussi, elle était comme moi. On n’en avait pas mal bavés tous les deux et par la force des choses nous sommes devenus deux bourreaux de travail, deux accros du boulots, incapable de faire autre chose sans broyer du noir. Je baissa les yeux sur mon sandwich et répondit simplement avec une pointe de nostalgie:

“Je te comprends, jsuis pareil…”

A cette pensée, je retrouva aussitôt le sourire et ajouta:

“Tu es bien ma fille, cela ne fait aucun doute, tu me ressemble sur bien des points.”

Une façon comme une autre de détendre l’atmosphère. Après tout c’était la pause. Mia reprit la parole et je l’écoutais à présent parlé de Carter. Le garde du corps de Mia avait été briefé. Interdiction de la laisser seule. Il devait devenir son ombre. Surtout tant que Stanford n’était pas derrière les barreaux. De ce fait, j’étais ravi d’apprendre qu’il faisait parfaitement son travail. Même si Mia n’était pas ravie du départ de Trévor, elle semblait bien s’entendre avec Justin alors c’était bon à savoir. Mais bon Trevor était parti de son plein gré, même si je l’avais sévèrement réprimander, je n’avais pas prévu de le virer. Il avait démissionné. Je répondis donc à Mia à propos de Justin:

“Bien, au moins il fait correctement son travail, c’est bon à savoir. Je préfère qu’il te suive partout, je suis certain qu’il ne t’arriveras rien.”

Je reprend une bouchée de mon repas alors que Mia évoque le travail à la maison. Il est vrai que le télétravail n’est pas encore instauré dans l’entreprise mais parfois j’y pense.

“Si tu aimes travailler à la maison, pourquoi pas. D’ailleurs cela me fait penser que peut-être le télétravail serait une possibilité pour les employés. Il faudrait faire passer un sondage dans les différents service. Combien serait intéressés et combien de jour par semaine? Après on pourra étudier la question.”

Mia me proposa de travailler encore sur mon projet dans l’après midi et qu’elle étudie le dossier pour moi. Je n'étais pas contre mais je voulais étudier le dossier moi même avec Juliet. Je lui souris doucement et lui répondit :

“C’est gentil ma fille mais Juliet et moi avons prévus de l’étudier tous les deux et tu me connais j’aime bien voir tous les détails par moi-même avant un rendez-vous.”

En plus de ça, j’avais une secrétaire hors pair. Personne ne lui arrivait à la cheville. Heureusement que Juliet était là sur bien des points. En revanche, j’avais un nouveau défi pour Mia…

“D’ailleurs tu me fais penser après le repas, j’ai un nouveau dossier pour toi. Un client potentiel qui vient de s’installer, il va surement avoir besoin de nos services et je veux que cela soit toi qui t’en occupe, de A à Z, jusqu’à ce qu’il signe.”

Ce n’était pas la première fois que je confiais des dossiers à Mia mais un client comme celui-ci en revanche si. C’était une étoile montante, tout juste côté en bourse. Il fallait en profiter maintenant.

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Juin 2020

Malheureusement, je ne ressemble pas seulement à Papa au niveau du physique et du comportement. Certes, tous les deux nous avons tendance à nous enfermer dans le travail, mais nous avons tous les deux une raison de le faire. Lui, à cause des femmes qui ont brisé son cœur, et moi à cause de l’homme qui a brisé ma personne. Je voudrais bien lui dire de ne pas agir ainsi, mais je serais une belle hypocrite si je le faisais. Alors quand il me dit qu’il me comprend, qu’il est pareil, je hoche faiblement la tête. Il sait trop ce que c’est que de vouloir travailler pour oublier. Certains oublient dans la drogue ou l’alcool. Nous, c’est dans le travail qu’on trouve enfin la paix.

Je lui dis que Justin ne me lâche pas d’une semelle et que donc je ne suis jamais vraiment seule, et que je peux sortir comme je le veux pour prendre l’air, et papa est satisfait qu’il fasse son travail. Je baisse les yeux sur mon sandwich, prenant une bouchée. J’ai l’air de rien, mais en réalité, je pense à Trevor et à comment il nous a quitté. Ça me fait toujours du mal quand ça arrive. J’apprécie énormément Justin et je suis heureuse de l’avoir près de moi à toute heure du jour, mais j’aurais voulu que Trevor reste près de nous. Il était comme de la famille. Comme un oncle. Il a toujours été très présent pour moi, même émotionnellement. Ce n’était après tout pas facile tous les jours, même quand j’étais une enfant. Le départ de notre mère nous avait frappé fort, surtout Tyler, et j’ai un peu reprit le rôle de femme de la maison pour veiller sur notre famille. Pour une enfant, ce n’étais pas simple. C’est à peine si on peut dire que j’ai eu une crise d’adolescence en fait. Elle n’a pas vraiment paru pour papa et Tyler. C’est Trevor qui m’a supporté. Peut-être a-t-il raconté à papa comment je me sentais quand je me confiais à lui, mais Papa et moi n’en avons jamais parlé en tout cas.

Papa me parle alors de télétravail et je cherche à comprendre pourquoi, me rappelant alors que je lui ai dit que je me trouvais même du travail à la maison. « Je disais ça surtout pour moi en fait, dans le sens où je me cherche une distraction quand je suis à la maison. Mais on peut étudier ça si tu veux. Après, je me demande si nous ne prendrions pas le risque d’avoir un rendement moins efficace de la part des employés. À la maison, il y a les enfants, les animaux, la télévision, le conjoint ou la conjointe, les voisins… » Je hausse les épaules et boit une gorgée d’eau. « À toi de décider. C’est toi le patron. Mais dans mon cas, je préfère venir au bureau. Rester à la maison ne serait pas bénéfique pour moi. »

Je lui propose donc de m’occuper de son dossier à sa place s’il préfère travailler dans son atelier, mais il refuse gentiment, me disant qu’il avait déjà prévu bosser sur le sujet avec Juliet. Donc si Juliet bosse avec lui sur le dossier, je risque de devoir couvrir le téléphone. Bon à savoir. Je hoche donc la tête. Tant pis. Je trouverai bien le moyen de laisser papa travailler dans son atelier. De toute façon, en dehors des mises à jour des produits qu’on vend déjà, nous n’avons pas eu de nouveautés depuis un moment. Il faut donc le laisser travailler. Et alors je me dis que je devrais peut-être prendre quelques jours avec lui dans son atelier pour créer un peu. Mine de rien, quand il prendra sa retraite – sans doute dans cent ans, ce qui ferait mon affaire parce que je ne suis pas prête à le laisser partir – je devrai sans doute assurer avec Tyler cet aspect de l’entreprise, ou du moins savoir comment superviser le travail du personnel qu’on engagera.

Avant que je n’en parle à papa, celui-ci me surprend en me disant que j’ai en fait un autre dossier à étudier pour un futur client. Je ne cache aucunement ma surprise. « T-tu es sûr ? Normalement, tu préfères t’occuper des nouveaux clients. J’avoue que tu me surprends… »

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Mia & Henry

L'idée de savoir Mia en sécurité me retire une épine du pied. Avec ce qui s’était passé par le passé, je suis peut-être devenu un peu trop parano ou alors juste méfiant envers tout le monde. Mais dans le fond, j’étais rassuré et Mia savait que c’était le principal. D’ailleurs à la base les gardes du corps de mes enfants étaient avant tout présents pour me rassurer et les savoir en sécurité en toutes circonstances. Même si le départ de Trévor m’avait pas mal affecté. Autant, j’avais changé plusieurs fois de gardes du corps pour ma part, autant les gardes du corps de mes enfants étaient restés longtemps. Arthur pour Tyler était toujours là et Trevor était devenu un très bon ami avec le temps. Son départ m'avait attristé mais j’avais gardé contact avec lui et même s’il avait pris mon poing dans le figure, il ne m’en tenait pas rigueur pour autant. Peut-être qu’un jour nous retravaillerons ensemble mais Mia semble bien s’entendre avec Justin et je ne veux pas perturber davantage donc je verrais comment les choses évoluent sur le long terme. Pour l’heure, Carter était là et il faisait son taf, alors pour l’instant je n’avais pas à m’en mêler.

Le sujet du télétravail vint dans la conversation. Mia pensait à cette idée pour elle car même à la maison, elle a besoin de s’occuper mais il fallait qu’elle décroche. elle ne devait pas devenir comme moi. Comment ça c’était trop tard? Non ma fille devait profiter de la vie.

“Ouais le télétravail peut être une idée pour ceux qui habitent assez loin ou autre. Avoir sur le moyen terme, si la production est affectée ou entravée mais on peut toujours faire des essais. Juste une journée ou deux par semaine. Il faudrait étudier dans quels services le système est possible et dans quelles mesures. Faudra l’ajouter à l’ordre pour la réunion hebdomadaire de la semaine prochaine.”
Puis j’avala rapidement une bouchée de mon sandwich avant de poursuivre.
“En ce qui te concerne, je doute que ramener du travail à la maison comme je le fais soit bon pour toi. Ne fais pas les mêmes erreurs que moi Mia. Profites de la vie… quand tu sors d’ici il faut que tu te vides l’esprit.”

Ça y est le côté papa poule protecteur le retour. Décidément, je n’étais clairement pas objectif avec mes enfants. C’était indéniable. Je voulais le meilleur pour eux souvent j’avais l’impression que j’avais échoué. Mia avait été agressée et elle subissait encore le contre coups et Tyler lui n’arrivait pas à se stabiliser. Quand je doutais ainsi, il n’y avait qu’une personne qui pourrait me raisonner mais j’avais bien trop à faire pour lui en parler alors cela serait pour plus tard. Finalement le sujet dévia sur le programme de l’après-midi. J’avais prévu de revoir les prochains dossiers des clients avec Juliet et du coup je laisserais Mia gérer le téléphone mais de manière générale, cela ne dure jamais bien longtemps car au final, je me retrouvais seul et Juliet retournais à son poste.

Par contre je dévoilais mon projet à Mia pour le prochain gros client. Je voulais lui laisser le dossier de A à Z. Une première pour elle pour un client de cet envergure mais j’avais pleinement confiance en ma fille et je voulais qu’elle prenne conscience de son talent également. C’était le meilleur moyen d’y parvenir. Pour je sentais son hésitation et sa surprise dans sa réponse. J’eus un petit rire doux envers elle. Rien de moqueur non c’était plus par boutade qu’autre chose.

“Ahah. Mais t’en fais ça va aller Mia. Pas de pression, je sais que tu en es largement capable. Je voudrais que tu le gères complètement et si besoin, je serais là. Mais je dois avouer que je doute que ais besoin de ton vieux père…. De ce que j’observe tu t’en sors parfaitement bien.”

Je me devais de lui dire tout ce que je pensais d’elle. Même si elle le savait, je devais avouer que je n'étais pas le plus expressif à ce sujet. Pour une fois, autant tout lui dire:

“Tu sais Mia, même si je suis dans ma bulle, je pense à toi, je te vois et je vois ce que tu accomplis. Tu seras la parfaite repreneuse de l’entreprise. Il arrivera bien un moment où je devrais tirer ma révérence et même si je te rassure ce n’est pas pour tout de suite, je sais d’ores et déjà que tu seras à la hauteur.”

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Juin 2020

Nous discutons du télétravail et je hoche la tête quand il dit que nous devrons en parler dans notre prochaine réunion hebdomadaire. Dans un coin de ma tête, je note le tout, me disant que je pourrai essayer de penser à un système qu’on pourra proposer en réunion, question de ne pas arriver les mains vides. Papa me fait alors la leçon, me disant que je ne devrais pas me ramener du travail à la maison, faire les mêmes erreurs que lui. Je souris, pour ne pas rouler les yeux. « J’essaie de profiter de la vie. Je prends des marches avec Justin, je vois Rose quand on le peut. Je suis allée au zoo dernièrement aussi. Mais tu sais… Je suis une Mitchell. J’ai toujours quelque chose en tête. Et comme mon père, je suis un bourreau de travail. » Je hausse les épaules, prenant un air innocent. Justin me dit souvent la même chose en fait. Il sait, lui aussi, que je me cache dans le travail pour ne pas penser à mon passé avec Kevin.

Parce que ce passé me hante encore. On me dira peut-être que ça fait déjà quatre ans et que je dois passer à autre chose, mais pour moi, ça fait justement quatre ans que je vis avec. Quand je ne suis pas occupée, j’ai beaucoup de mal à ne pas y penser. Parfois, j’ai encore l’impression que Kevin entrera dans ma chambre à coucher pour me rejoindre sous les draps. Parfois, j’ai l’impression d’apercevoir Kevin sur la rue, puis l’instant d’après je ne le vois plus. Il continue de hanter ma vie, et il le fera probablement jusqu’à ma mort.

Nous en venons de parler à parler d’un dossier dont papa veut que je m’occupe. Je suis surprise, car normalement, il tient à s’occuper des nouveaux clients lui-même. Je lui demande donc s’il est certain. Je ne doute pas que j’y arriverais. La Mia du travail a plus d’assurance que la Mia à la maison après tout, mais je suis surprise. Il me rassure en me disant qu’il n’a aucun doute que j’y arriverai, ce qui me donne un peu plus confiance malgré tout. Je souris en l’écoutant dire qu’il sera là si besoin, mais qu’il doute que ce sera le cas. Il dit ça, mais en tant que mon père, mon héros, j’aurai toujours besoin de lui, dans toutes les situations. « D’accord alors. J’étudierai le dossier cet après-midi et je te ferai signe si j'ai besoin. »

Je continue de manger alors qu’il reprend la parole. Dans ses mots, j’entends sa fierté et ça me fait énormément plaisir. Ça gonfle ma confiance en moi et Dieu sait que j’en ai besoin. Je fais une moue cachée d’un sourire. Quand il mentionne en revanche qu’il devra tirer sa révérence, je lui jette un regard l’air de dire qu’il n’a pas intérêt à partir bientôt. Aussitôt, il dit que ce n’est pas près d’arriver. Je prends sa main. Si nous n’étions pas à table, c’est un câlin que je lui aurais réclamé. « Merci papa. Ça me fait plaisir de te savoir aussi fier de moi. » Je serre sa main, comme pour lui montrer mon amour et ma gratitude. « J’essaierai au possible de t’arriver à la cheville. » Heureusement que j’aime mon travail en fait, car la pression qui repose sur mes épaules serait plus grande après ce qu’il vient de me dire. Mais il n’en est rien. Certes, j’ai toujours eu beaucoup de pression, depuis le départ de ma mère en fait. Quand elle nous a abandonnée, je suis devenue la femme de la famille, celle qui s’est occupée de veiller sur papa et Tyler. Et derrière moi, il y avait Trevor qui me soutenait. Malgré cela et le travail qui s’est ajouté, je n’ai jamais senti que tout ce poids était de trop. J’aime ma famille, plus que tout au monde, et j’aime mon travail, presque autant. Je ferais absolument tout pour protéger tout ce que j’ai, tout ce que papa m’a transmis, son héritage, sa passion.

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ஃ I didn't have it in myself to go with grace, and you're the hero flying around saving face. And if I'm dead to you why are you at the wake cursing my name, wishing I stayed ? Look at how my tears ricochet. ஃ

Même dans ma bulle, je pense à toi

Mia & Henry

Elle me fait sourire. Je trouve ça bien qu’elle prenne le temps de profiter un peu. Marcher avec Carter est une chose mais il reste son garde du corps ce n’est pas une sortie entre amis. Quoi qu’ils ont le même âge, c’est normal qu’ils sympathisent. Une petite voix me dit qu’ils pourraient être plus que des amis. Je réfute en vitesse cette petite voix car je n’imagine pas ma fille retombée dans les bras d’un homme de sitôt et je ne sais même pas comment je pourrais réagir. Elle évoque Rose aussi. C’est bien qu’elle puisse se faire des “sorties entre filles”. C’est important. Elle est encore jeune il faut qu’elle profite. Et je veux qu’elle profite. Je veux qu’elle soit heureuse. C’est mon souhait le plus cher. Mais finalement Mia était comme moi. Une part de moi était fier que mes enfants soient des copies de moi-même. C’est que finalement je n’étais pas un mauvais exemple. Cependant je sais que je dois veiller sur Mia. Elle se noye dans le travail comme je l’ai fait pour oublier ses soucis personnels. Et le travail est comme une drogue, en se perdant dedans, on s’écarte de notre vie sociale et cela n’as rien de bon.

Finalement la conversation dévie sur le dossier que je souhaite lui confier. Mia est surprise mais je sais qu’elle sera à la hauteur. J’acquiesce d’un simple signe de tête satisfait lorsqu’elle me dit qu’elle étudiera le dossier dans l’après-midi. Finalement je lui montre la fierté que j’éprouve pour elle. Mia me comprend et je la vois sourire à mes compliments, avoir une moue insatisfaite quand je parle de retraite et finalement une profonde reconnaissance dans ses yeux lorsque je lui qu’elle sera à la hauteur. Ma fille, je lui ai tout appris. Si elle est devenue la femme qu’elle est actuellement c’est à cause de moi mais aussi grâce à moi. Je sais qu’elle arrivera là que je ne suis jamais arrivé et pourtant elle me remercie et espère m’arriver à la cheville.

“Je n’en doute absolument pas Mia.”

Si elle savait ce que j’ai en tête pour elle. Mia sera une bien plus grande chef d’entreprise que je ne l’ai jamais été et je le sais déjà. Mais je ne veux pas lui dire. Elle a déjà suffisamment de pression alors je ne souhaite pas en rajouter. J’ai déjà mis assez de pression sur ses épaules pour ce repas. Alors je pars sur un autre sujet alors que je termine mon sandwich. Mine de rien, la pause est presque terminée. Alors autant détendre l’atmosphère avant de retourner travailler :

“Dis-moi tu prends des vacances toi cet été ? Je ne me souviens plus je t’avoue.”

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Juin 2020

Je doute être capable d’arriver à la cheville de papa un jour. Ses chaussures sont grandes à remplir. À côté de lui, je me sens encore comme une gamine, mais sa fierté me donne un peu d’assurance et je lui dis que j’essaierai de lui arriver à la cheville. En même temps, cette entreprise, c’est toute notre vie et je ferais absolument tout pour qu’elle vive longtemps, plus longtemps que nous. C’est un héritage familial maintenant. Enfin… Ce serait bien qu’elle le reste, mais je ne suis pas prête à avoir des enfants, partie comme je le suis, et je doute que Tyler en ait un jour, à moins d’adopter. Remarque, je peux toujours adopter aussi. Il n’est plus nécessaire d’avoir deux parents pour ça, non ? Oh et puis je ne suis pas prête maintenant à avoir un enfant. Un chien peut-être ?

Papa me dit qu’il n’en doute pas du tout et je me contente de sourire, terminant mon sandwich. La pause est presque terminée. On va devoir se remettre au boulot. Il va devoir m’envoyer ce dossier que je dois étudier. Avant, pendant que je prends une gorgée d’eau, papa me demande si je compte prendre des vacances cet été. Je pensais lui en parler seulement demain vu comme nous sommes occupés, mais comme le sujet est sur la table, autant en profiter. « En fait, même si ça contredit totalement ce que je disais plus tôt, je pensais prendre quelques jours en effet, voire une semaine, dépendant de ce qui me sera permis de prendre selon le travail. Ce n’était pas prévu, mais je pense que j’ai envie de faire un petit voyage. Évidemment, je voulais t’en parler avant, voir avec toi quand ce sera possible. »

Je m’apprête à prendre une nouvelle gorgée. « Oh, et je voulais te parler d’un autre projet personnel que j’ai. » Je regarde ma montre. On a encore quelques minutes pour discuter, ce qui est bien assez, sinon on pourra toujours en discuter à la maison ce soir, quand il aura fini de travailler avec Juliet. « En fait, je me promenais dans Central Park quand j’ai réalisé qu’un peu de nature me ferait du bien. Du coup, j’ai pensé à m’offrir un chalet en forêt, quelque part hors de la ville. Un peu comme un endroit où je pourrais me réfugier pour recharger mes batteries. Respirer un peu d’air frais. »

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Mia & Henry

Mia n’avait pas vraiment l’habitude de prendre des vacances. Moi non plus d’ailleurs. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai le sentiment que cette année, des vacances seraient nécessaires. Alors je me permets de demander ou même redemander si Mia part en vacances. Elle aurait raison de toute manière et quoi qu’elle décide, je la soutiendrais toujours. Je souris alors en rangeant les papiers et en terminant mon verre d’eau alors qu’elle m’explique qu’elle pensait prendre une semaine de vacances. J’acquiesce d’un hochement de tête.

“Quand tu veux Mia, quand tu veux. Tu libères ton agenda, préviens les clients qu’ils peuvent me contacter moi et file prendre un avion. Ma seule condition c’est que Carter vienne avec toi. Je ne te laisse pas partir seule.”

Je me lève pour ranger la table alors qu’elle m’interpelle. Un projet personnel ? J’aime quand ma fille prend ce genre de devants. Je la regarde avec le sourire en attendant son idée. Un chalet ou une sorte de refuge dans la nature à côté de NY. En soit c’était une très bonne idée. Un bon moyen de décompresser après une dure semaine de travail ou en cas de problèmes. Je songeais alors à ce que cet endroit pourrait être aussi pour Mia, une sorte de cachette pour vivre comme elle l’entendait. Et cette idée de la voir loin de moi me fit soudain peur. C’est vrai que vivre avec ma fille alors qu’elle était adulte pouvait paraître étrange mais l’avoir près de moi pouvait me permettre de garder un œil sur elle. Alors finalement j’eus pour elle un regard où douceur, inquiétude et attention en même temps :

“Avoir un endroit, un refuge pour toi c’est une très bonne idée.”

Je m’approchai alors d’elle et m’accroupit pour être à ses côtés prenant ses mains dans les miennes et plongeant mon regard dans le sien :

“Mais si tu ressens le besoin de me parler je suis là tu sais… Je sais que je peux être un peu protecteur et envahissant et j’aime notre petite vie tous les deux mais si tu veux ton indépendance, je peux le comprendre tu sais…”

Mes mots lui disaient de faire ce qu’elle voulait mais mes yeux hurlaient de rester auprès de moi. J’aime ma fille et après ce qui lui ait arrivé et même si c’était il y a quatre ans maintenant, pour moi c’était comme si c’était hier.
Juliet arriva derrière moi en m’appelant, je me relevais aussitôt lâchant les mains de Mia et reprenant ma position de PDG.

“Monsieur Mitchell
- Oui Juliet ?
- Je voulais savoir si je pouvais m’installer dans votre bureau pour préparer notre entretien.
- Bien sûr j’arrive tout de suite.
- Merci Monsieur.”

Je me tournai alors vers Mia et posa une main sur son épaule en me baissant légèrement pour lui faire un bisou sur le front.

“J’y vais ma fille, on en reparle mais j’aime bien ton idée de chalet, beaucoup même. Fais toi plaisir, tu le mérites. Merci pour la pause. A plus tard”

Puis j’eus un dernier regard bienveillant, un dernier sourire pour elle avant de m'éclipser pour retourner au boulot…. Je passerais le reste de l’après-midi dans mon bureau, ne trouvant finalement pas le temps de retourner dans l’atelier car j’enchainai les appels et les contacts clients et les rendez-vous imprévus.

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Même dans ma bulle, je pense à toi

Juin 2020

Pour les vacances, c’est réglé. Papa n’a aucun problème à ce que je parte en vacance. D’après sa réponse, je comprends que je peux partir quand je veux tant que mon agenda est vide et que je fais bien les choses. Évidemment, je n’oserais jamais partir sans avoir tout prévu pour ne laisser personne dans l’embarras. Je préfère aussi que Juliet soit au courant d’avance, qu’elle puisse se préparer aussi. La seule condition pour que je parte, c’est que Carter m’accompagne, et je hoche la tête. C’était l’idée de Carter que nous partions en vacances, alors ce ne sera pas un problème. « Je n’oserais pas partir seule de toute façon. »

La force de l’habitude nous fait souvent passer à côté de choses importantes. Aujourd’hui, j’annonce à mon père que je veux m’offrir un chalet, et bien sûr il est d’accord. Il n’a pas vraiment le droit de me le refuser de toute façon, puisque ce sera mon achat personnel. Mais il ne s’arrête pas seulement à me dire oui. Dans ses yeux, il y a un étrange mélange d’émotion. Il s’accroupit devant moi et prends mes mains et je le sens inquiet. J’arrête de sourire quelques secondes pour l’écouter. Il me rappelle encore une fois qu’il est là si j’ai besoin de parler. Quand il dit qu’il est sans doute un peu protecteur et envahissant, je souris à nouveau. Certes, il l’est, mais j’imagine que c’est ainsi qu’un père se doit d’être avec ses enfants. C’est normal. Il me dit qu’il comprendrait si je voulais mon indépendance, même s’il aime notre petite vie à deux. « Je sais. Un chalet d’abord. Je ne suis pas prête à te laisser tout seul dans notre si grand condo. » Je ne suis pas prête à partir en fait. J’aime notre petite vie, moi aussi.

Juliet vient nous interrompre et papa se relève. Je range alors ma table en attendant. Avant de partir, papa m’embrasse sur le front et approuve une dernière fois mon idée de chalet. Il part ensuite après avoir embrassé mon front et alors je cesse de sourire. C’est la première fois qu’on parle de la possibilité que je parte de la maison une nouvelle fois, et même si ce n’est pas ce que j’ai prévu, l’idée m’effraie. Je sais que ça devra arriver un jour. Je crois du moins ? Je soupire et nettoie ma table avant de retourner dans mon bureau. Papa m’a envoyé les informations du dossier à étudier, comme prévu, et donc je passe mon après-midi à l’étudier. Ce soir, je chercherai un chalet. Ce sera ma distraction de la soirée.

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