Soigner les douleurs - Rose&Mia

Ce serait beaucoup plus agréable de dormir sans cette machine qui mesure mon rythme cardiaque qui fait un bip sonore à chaque battement. Les cauchemars étant horribles, j’en ai assez de me réveiller sur mon rythme cardiaque un peu trop élevé. Et dans ces moments-là, mon corps totalement tendu me fait un mal de chien. Je voudrais ne plus dormir, mais la morphine ne m’aide pas. Et pendant que je dors, j’ignore que mon frère prend le numéro de Rose dans mon téléphone portable. Probablement qu’il se doute que la voir me fera du bien. Elle était ma meilleure amie, après tout, même si je me suis éloignée d’elle. Elle était là à mes débuts avec Liam, toujours prête à m’écouter quand je me disputais avec lui. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis éloignée d’elle. Il appréciait très peu que je me confie à elle par rapport à lui. Du coup, pour éviter des ennuis à Rose, je me suis éloignée, arrêtant totalement de me confier à elle. Si ça se trouve, c’est à partir de là que mon état a dégénéré un peu, puisque je ne me confiais plus à personne.

Je suis seule dans ma chambre quand mon rêve devient cauchemar. Liam est en colère. Il ne voulait pas que je sorte pour aller voir mon père et mon frère. Il a pu me séparer de tout le monde, sauf d’eux, et il ne le supporte pas. Mon père, mon frère et moi sommes tricotés trop serrés pour que je puisse m’éloigner d’eux. Ainsi, quand j’ai décidé de ne pas annuler mon rendez-vous, il ne l’a pas supporté. Lui, il avait décidé que je resterais à la maison. Et je me demande maintenant s’il n’avait pas décidé que j’y resterais tout simplement. Il hurle, m’insulte, m’accuse de n’en avoir rien à faire de lui, me rappelle que je lui dois le respect, que je ne suis rien sans lui, et je sais qu’il a raison, et pourtant je refuse d’annuler. Si je ne suis rien sans lui, je ne suis encore moins que rien sans mon père et Tyler. Alors il me lance un objet, puis un autre. Il me blesse, me frappe. Je tombe, je hurle de douleur. Je le supplie de m’excuser et capitule. Je lui dis que je n’irai pas voir ma famille, mais le supplie d’arrêter. Pourtant, il n’y a plus rien qui puisse l’arrêter. Il est en colère et je ne peux rien changer. Alors je reçois les coups. Mon corps n’est que douleur. Dans ma chambre d’hôpital, je m’agite dans mon lit. Mes yeux pleurent et mon rythme cardiaque est rapide.

J’ai l’impression que je ne me réveillerai jamais. Au contraire, au fur et à mesure que je reçois ses coups, j’ai l’impression de m’enfoncer davantage dans le sommeil.

Depuis quelques jours, Rose avait une furieuse envie de voir Mia, sa meilleure amie. En fait, les deux jeunes femmes s’étaient éloignées avec le temps, surtout à cause du mari de la brune, Liam. Ce dernier n’était pas très tendre avec la jeune femme, Rose s’en était rendu compte assez rapidement lors des premières rencontres. Puis, les rencontres s’étaient espacées... La blonde était la confidante de Mia et voilà que presque du jour au lendemain, elle ne voyait plus sa meilleure amie. La vétérinaire n’osait pas envoyer un mail ou un sms à son amie de peur de la mettre encore plus en danger. Oh, Liam ne lui faisait pas peur, mais elle n’avait pas envie qu’à cause d’elle, Mia se retrouve dans une situation qui pourrait mal tourner... Et pourtant.

Ce jour là, Rose était à la clinique vétérinaire et allait finir sa journée de travail. Elle discuta cinq minutes avec sa collègue des derniers animaux qu’elles avaient soigné et guéris. C’était une fierté pour Rose de travailler avec les animaux. Elle avait toujours eu un don avec eux et faire un métier qui lui plaisait l’aider aussi à tenir dans sa vie. Oh n’allez pas croire qu’elle avait une vie compliquée, non non. Mais la jolie Rose rêvait du prince charmant depuis quelques années déjà. Ce qui l’avait freiné un peu, c’était la relation que Mia avait avec Liam. En fait, elle avait du mal à comprendre comment un homme pouvait avoir autant de pouvoir sur une femme... Rose secoua la tête. C’était une pensée qu’elle s’était toujours évitée d’avoir et voilà qu’elle y pensait à nouveau. Elle était en train de se changer lorsqu’elle entendit son portable vibré dans son sac. Personne ne lui avait envoyer de message depuis un moment. Elle ouvrit son sac et regarda le téléphone. Un numéro inconnu. Fronçant les sourcils, elle ouvrit le sms et se rendit compte que c’était Tyler, le frère de Mia qui lui envoya un message. Et le coeur de Rose ne fit qu’un bond dans sa poitrine au fur et à mesure qu’elle lisait le sms. Il avait donc décidé de passer à l’action. Les larmes aux yeux, la blonde s’excusa auprès de sa collègue en lui disant qu’elle devait se rendre à l’hopital pour une amie et se dépêcha de se changer. Elle sortie en courant de la clinique, grimpa dans sa voiture et se dirigea vers l’hôpital que lui avait indiqué Tyler. Rose était en colère. En colère contre elle même parce qu’elle aurait peut-être pu éviter ça. Elle aurait pu appeler Mia pour lui demander comment elle allait. Elle aurait pu passer la voir quitte a s’embrouiller avec Liam. Et voilà que sa meilleure amie était à l’hôpital, blessée à cause de cet abruti. Ses doigts serrés sur son volant, la jeune femme arriva sur les chapeaux de roues sur le parking de l’établissement de santé puis se dirigea vers l’accueil en s’identifiant. Tyler lui avait dit qu’elle pourrait passer sans soucis. Rose monta alors dans les étages et se retrouva devant la chambre de Mia. Est-ce que la jeune femme allait être contente de la voir ? Est-ce qu’elle allait accepté de la voir ? Rose poussa doucement la porte après avoir toquer et n’avoir eu aucune réponse... Son amie dormait. La jeune femme referma la porte et vient se poser sur la chaise à coté de la blessée. Pour l’instant, elle semblait paisible, mais bien vite, la machine qui mesurait les battements de son coeur s’emballa. Rose fronça les sourcils et posa une main sur le bras de Mia.

«Mia... Tu n’es pas toute seule... Je suis là.»

Elle avait murmuré les mots, incertaine de savoir si sa meilleure amie avait entendu tellement elle s’agitait dans son lit...

Je sombre, encore et encore, jusqu’à ce que je sente une main attraper mon bras. Je me réveille alors en sursaut dans ma chambre d’hôpital, m’assoyant, en panique et à bout de souffle. Mon corps me fait terriblement mal et je semble totalement perdue. Où est papa ? Où est Tyler ? Ma tête se tourne et je vois une blonde qui se tient près de moi, qui me dit que je ne suis pas seule. Les larmes coulent sur mon visage encore un peu marqué des coups que m’a donné Liam, mais bien moins que le reste de mon corps. « Rose ? » J’ai le souffle si court que ma voix est presque inaudible. Rose est ici. Papa et Tyler ne m’ont pas laissé seule. Mais si Rose est ici, c’est qu’elle sait ce que Liam m’a fait. Obligé. Comment a-t-elle pu savoir ? Papa ou Tyler l’auraient-ils prévenu ?

Je me sens alors mal, coupable. J’ai été une amie horrible en m’éloignant d’elle, depuis mes fiançailles il y a trois ans. Je ne sais même pas pourquoi elle se considèrerait encore comme mon amie maintenant, moi qui ne répondais même plus à ses messages pour ne pas mettre Liam en colère. Pourtant, si elle est là, c’est que je ne l’ai pas complètement perdue. Ainsi, j’éclate en sanglot et tend les bras pour qu’elle me serre contre elle. Elle ne pouvait pas tomber mieux. Si je m’étais réveillée seule, j’aurais probablement quitté ce lit. Et je me serais probablement blessée davantage, parce que mes jambes tremblent autant que le reste de mon corps.

Pendant un moment, je ne dis rien, en sanglot dans ses bras. Cette étreinte me rappelle les moments où elle me réconfortait avant, et c’est exactement ce dont j’ai besoin en ce moment. Ma famille était suffisante, mais du soutien de plus ne pouvais certainement pas me faire de tort. Et puis voir un nouveau visage ici, après une semaine à rester cloitrée dans ce lit, me fait réaliser que Liam ne m’a pas fait tout perdre. Pas complètement.

Je mets de longues minutes à me calmer, dans les bras de ma meilleure amie. Toujours en pleur en revanche, je tremble un peu, mais mon rythme cardiaque s’est calmé. « Comment tu as su ? »

Rose a posé une main sur le bras de Mia pour essayer de la calmer. Les larmes coulent sur les joues de son amie et le coeur de la blondinette se serre encore plus. La jeune femme s’approche un peu plus de la brunette. La vétérinaire entend la voix de son amie et lui dit :

«Je suis là...»

Elle voit bien que Mia se sent coupable de certaines choses. Comme de leur éloignement, mais Rose ne lui en veut pas. Elle comprend que la situation était compliquée pour elle et elle la voit éclater en sanglots et tendre les bras vers elle. La vétérinaire s’assoit sur le rebord du lit et prend doucement son amie dans ses bras et la berce dans ses bras. Elle est mal, elle le sent. Elle lui caresse doucement les cheveux et la laisse doucement pleurer contre elle. Pendant un moment, il n’y a que les sanglots de Mia et le bruit de la machine qui prend le battement de son coeur. Rose la serre dans ses bras un peu plus fort sans pour autant lui faire mal. Elle sait que Liam n’y est pas aller de mains morte. Puis Rose entend que le coeur de Mia se calme et elle lui demande alors comment elle l’a su. Rose sourit doucement pour elle même et lui dit :

«Tyler m’a envoyé un sms. Je pense qu’il a prit mon numéro dans ton téléphone.»

Et elle est contente qu’il l’ai fait parce qu’elle aurait eu du mal à regarder son amie en face si elle n’avait pas su la nouvelle. Rose continue de serrer sa meilleure amie dans ses bras et lui demande :

«Mia, pourquoi tu ne m’as pas appelé quand ça a commencé à tourner au vinaigre ? Tu sais que je suis toujours là pour toi, même si on s’est éloigné. Je ne t’en veux pas. C’est à cause de lui. Tout est à cause de lui.»

La vétérinaire tremble légèrement de colère. Elle en a toujours voulu à Liam pour ce qu’il faisait subir à Mia. Si elle avait pu lui mettre une raclée, elle l’aurait fait. Elle continue de serrer son amie dans ses bras et lui dit :

«Tu sais que je serais toujours là pour toi...»

J’arrive doucement à me détendre contre ma meilleure amie. Je lui demande ensuite comment elle a su que j’étais ici et, comme je le pensais, mon petit fouinard de frère lui a envoyé un sms. Je baisse les yeux, hochant la tête. Je souris même légèrement, presque invisible, le remerciant dans mon cœur. Toujours dans les bras de Rose, j’entends celle-ci me demander pourquoi je ne l’ai pas appelé. Elle ne comprend pas, évidemment. Elle ne peut pas comprendre. Une relation aussi poison que celle-ci, elle n’en a pas vécu. Elle ne peut pas savoir combien la peur peut me dominer maintenant. La Mia qu’elle connaissait a complètement disparu durant mes années d’isolement, où je n’ai vu presque personne, mis à part mon père et mon frère. Et même eux, je les voyais surtout au travail.

Toute trace de sourire a disparu de mon visage. Je continue de pleurer, entendant Rose pester contre mon fiancé, ou devrais-je dire ex-fiancé. Je m’éloigne d’elle, essuyant mes joues en vain puisque d’autres larmes viennent les mouiller. « Je ne voulais pas m’éloigner, mais je n’avais pas le choix… » Je baisse les yeux à nouveau. « Savoir que je me confiais à toi le mettais hors de lui Rose. Et… j’essayais de le contrarier le moins possible. » Je la regarde à nouveau, me remettant à trembler, des flashs de ses coups me revenant avec violence. J’en souffre dans tout mon corps. « Il est terrifiant, tu n’as pas idée à quel point. »

La petite couverture me semble invitante. Je la prends donc et la lève devant moi, comme si parler de lui était suffisant à réveiller mon instinct de protection. Je serre le drap contre mon cœur, comme un enfant avec un doudou. « Je ne te l’ai jamais dit, ni à personne, mais déjà avant que je ne coupe les ponts, il me lançait des objets, me serrait le bras. Il m’avait même giflé une fois. C’était ma faute, alors je ne disais rien. Mais le mal était déjà commencé… » Je la regarde à nouveau. « Les choses ont dégénérées dans les dernières années, et m’isoler des personnes que j’aime était parfait pour lui, j’imagine. »

Mon visage se crispe de tristesse et de peur. Je pleure un peu plus, le cœur tellement lourd que je ne comprends pas comment il ne peut pas écraser mes autres organes. « Je suis tellement désolée Rose. Je n’ai jamais voulu couper les ponts avec toi. Tu es ma meilleure amie. Je n’aurais pas fait une chose pareille si je n’avais pas eu le choix… »

Heureusement que Tyler lui avait envoyé un sms sinon Rose n’aurait jamais su que sa meilleure amie était à l’hopital. Elle remercia silencieusement le frère de Mia et se promit de faire quelque chose pour le jeune homme pour le remercier. Rose garda sa meilleure amie dans ses bras lorsqu’elle lui parla et tout. Peut-être qu’elle ne pouvait pas comprendre tous ce que Mia avait traversé, il est vrai... D’ailleurs, cette dernière s’éloigne doucement d’elle pour essuyer ses joues et lui dire qu’elle ne voulait pas s’éloigner, mais elle n’avait pas le choix. Rose sentit son coeur se serrer lorsque Mia baissa de nouveau les yeux. La brune lui dit alors que le fait de savoir qu’elle se confiait à la blonde le mettait hors de lui, qu’elle ne voulait pas le contrarier. Rose allait parler, mais Mia se mit de nouveau à trembler et lui dit alors que son ex fiancé était terrifiant.

«J’aurai été à tes cotés, il ne me fait pas peur...»

Téméraire Rose ? Sans doute. Pour protéger sa meilleure amie, elle aurait tout fait. Mia attrapa la petite couverture qui était devant elle et la serra contre elle, comme pour se protéger. Elle lui dit qu’elle n’avait jamais dit à elle et à personne, mais avant qu’elle ne coupe les ponts, il lui lançait déjà des objets dessus, serrait son bras. Rose serra les poings. C’était horrible. Mais elle ne parla pas. Elle resta silencieuse pour écouter ce que sa meilleure amie lui disait. Il l’avait même gifler une fois. Elle disait que c’était de sa faute, mais Rose n’en croyait pas un mot. Mia était la personne la plus douce qu’elle connaissait... Elle rajouta que les choses avaient dégénérées au court des années et qu’il l’isolait des personnes qui étaient importantes pour elle. Le visage de la brune se crispe et Rose se sent mal de lui faire revivre tout ça... Elle s’excusa d’avoir couper les ponts, qu’elle n’avait pas voulu le faire, mais elle n’avait pas le choix. Rose tendit la main vers le bras de Mia et lui dit doucement :

«Je ne t’en veux pas, je peux comprendre que ça n’a pas été facile... Il aurait été en face de moi, je crois que j’aurai été capable de lui sauter dessus et le frapper tellement j’ai la haine. Je m’en veux de ne pas avoir insister pour venir te voir... mais peut-être inconsciemment, je ne voulais pas qu’il te fasse plus de mal encore...»

La jeune femme regarda ses doigts contre le bras de la brune. Elle s’en voulait de ne pas l’avoir sortie de là, mais est-ce que les choses n’auraient pas été plus difficile pour Mia ?

« J’aurais été à tes côtés. Il ne me fait pas peur. » Elle ne comprend pas. Je n’ai pas fait ça pour la protéger elle. Je doute fort qu’il lui aurait fait quoi que ce soit puisqu’elle ne lui appartenait pas. Je l’ai fait pour moi. Mais je ne dis rien. J’ai peur qu’elle se referme face à mon égoïsme et je ne veux pas la perdre une deuxième fois, pas après le mal que s’est donné Tyler pour la contacter, et pas après avoir passé tant de temps sans pouvoir lui parler. Elle m’a terriblement manqué. En revanche, je lui confie de quoi avait l’air la situation, et je sens bien que ça la met en colère. Pas contre moi, mais contre Kevin. Pourtant, je n’aime pas la colère. J’ai peur de la colère. Cette émotion m’en a fait voir de toutes les couleurs durant les dernières années, et je la crains énormément désormais. C’est pareil pour la contrariété.

Je lui présente donc mes excuses d’avoir coupé les ponts. Elle me répond qu’elle ne m’en veut pas, qu’elle comprend que ma situation était difficile. Elle me dit alors qu’elle l’aurait sans doute frappé s’il avait été en face d’elle, des mots que je ne veux pas entendre. Tout le monde est en colère contre lui et ils ont raisons, mais ce genre de menaces en l’air sont les derniers mots que j’ai besoin d’entendre. Au fond de moi, je sais que j’ai envie de protéger Kevin, même si je ne veux plus souffrir. Au fond de moi, je confonds ma soumission avec de l’amour et je sais que je retournerais auprès de lui s’il revenait dans le décor. Au fond de moi, je sais que ce qu’il a fait est mal, et c’est la seule chose qui me retienne de le défendre. Parce que je le ferais, si je ne m’écoutais pas.

Elle peut me voir détourner les yeux à ces mots. Je l’écoute me dire qu’elle s’en veut de ne pas avoir insisté pour me voir. Je secoue alors la tête. « Tu as bien fait de ne pas insister. Les choses auraient été pires. C’était déjà difficile juste d’aller au bureau. » J’inspire profondément, essuyant mes larmes qui coulent encore sur mes joues. Cette grande respiration me fait mal aux côtes, et je pose une main sur mon flanc gauche. « C’est à cause de ça que j’ai coupé les ponts. Je n’essayais pas de vous protéger de lui. C’est moi que je protégeais. Et lui, dans un sens… Il m’a complètement brisée… Il m’a fait devenir dépendante de lui et… Même aujourd’hui… Je ne sais pas ce que je vais devenir… Je ne suis rien sans lui... » Mon visage se crispe et je cache mes yeux avec ma main, pleurant davantage. « Désolée… Je ne veux pas pleurer… » Pleurer… La chose qu’il détestait que je fasse. Je suis encore plus laide quand je pleure. Il voulait que je m’endurcisse, mais au fil des années, je suis devenue de plus en plus faible. J’étais forte avant. Maintenant, je ne suis qu’une pauvre et faible créature qui ne fonctionne plus correctement. Je suis endommagée, et je ne vaux pas mieux que la poubelle. C’est sans doute pour ça qu’il est parti. Il m’a jetée.

Rose s’en veut de ne pas avoir insister, mais peut-être que les choses auraient été pire si elle l’avait fait. Mia semblait vraiment être mal... La blonde regarda la brune qui avait les larmes qui lui coulaient sur les joues. Elle était tellement désolée pour elle qu’elle ne savait plus quoi lui dire. Mia lui dit alors qu’elle avait bien fait de ne pas insister car les choses auraient sans doute été pire. Rose soupire à la suite de son amie. Comment pouvait-on vivre ainsi ? Ça avait du être horrible... Et encore là, elle venait de payer le prix... La brune continua en lui disant que c’était pour ça qu’elle avait coupé les ponts. Ce n’était pas pour les protéger eux, mais pour se protéger elle. Les yeux de Rose s’écarquillèrent doucement. Elle le protégeait lui aussi dans un sens effectivement... Il l’avait complètement brisée et ça se voyait. Elle était dépendante et encore aujourd’hui, elle disait qu’elle ne savait pas ce qu’elle allait devenir, qu’elle n’était rien sans lui. Rose fronça les sourcils lorsqu’elle lui dit qu’elle ne voulait pas pleurer.

«Pleurer, c’est normal avec tout ce que tu as vécu.»

La main de Rose était toujours sur le bras de Mia et elle lui dit :

«Tu vas devenir une femme forte Mia. Tu n’es pas rien sans lui. Il t’a libéré. Tu t’es libérée ! Tu es libre maintenant et tu as toutes les personnes autour de toi qui pourront t’aider tu sais.»

Rose essaya de la faire sourire, mais ce n’était pas gagné encore. La jeune femme regarda son amie. Elle n’aurait jamais imaginer que quelqu’un qui lui était proche puisse vivre quelque chose comme ça... Elle n’avait jamais aimé le fiancé de Mia, mais de là à penser qu’il pouvait lui faire du mal, elle n’y avait pas pensé.

«Ecoute, lorsque tu seras mieux, je serais toujours là. Quand je serais en congé, je viendrais te voir. Quand tu seras en congé, tu viendras me voir. C’est pour ça que les amies sont là. Je ne te laisserais pas tomber cette fois-ci...»

Parce que clairement, Rose s’en voulait... Ce n’était pas de sa faute, mais elle s’en voulait énormément...

Libre ? Qu’est-ce que la liberté ? Je ne sais même plus ce que ce mot signifie. Je ne serai jamais libre. Ses mains sont encore sur moi. Ses lèvres aussi. Ses mots sont encore encrés dans ma tête, les gentils et les cruels. Je suis encore totalement sous son emprise. Je sais trop bien que s’il réapparait, s’il revient dans ma vie, je ferai exactement tout ce qu’il veut. S’il veut que nous revenions ensemble, j’accepterais. S’il veut que nous fuyions, je partirais avec lui. S’il m’ordonne de me mettre à genoux devant lui, je le ferais. Il n’y a aucun moyen pour que je lui refuse quoi que ce soit. Il a fait trop de dégâts dans ma tête. Il possède mon esprit. Il me possède moi.

Mais tout ça, je ne le dis pas. Personne dans mon entourage ne peut comprendre ce que je vis. Leurs mots, je commence à les connaître par cœur. À leurs yeux, je suis quelque chose d’extraordinaire, mais je n’arrive pas à me voir ainsi. J’apprécie la sollicitude de chacun de mes proches, mais je n’arrive pas à me chérir comme ils voudraient que je fasse.

Rose me promet d’être là à tout moment où j’en aurai besoin. Je l’écoute attentivement, incapable d’afficher le moindre sourire. Je me contente de hocher la tête tristement. Je la serre ensuite dans mes bras, touchée et toujours émotive. « J’ai de la chance de t’avoir Rose. Merci. » Je sais que j’aurai besoin d’elle pour aller mieux, que ce soit pour sortir de chez moi ou simplement pour parler. Voire même faire du shopping. Ça fait une éternité que je n’ai pas fait une bonne séance de shopping, toute seule ou avec quelqu’un, et nos séances à nous deux me manquent. « Dès que je sors d'ici, on va faire du shopping ? » Je repose les yeux sur elle. « Ça fait longtemps. Et j'aurai sans doute des vêtements à remplacer. »

Pour Rose, ce qui arriva à Mia la rendait triste et en colère. Elle était en colère parce qu’elle n’avait pas pu faire quelque chose. Et triste parce que sa meilleure amie ne méritait pas de vivre ce genre d’histoire. Pourquoi est-ce que ça arrivait encore tout ça ? Rose n’avait jamais aimé le fiancé de la brune, mais par respect pour sa meilleure amie, elle n’avait rien dit. C’était leur vie de couple, pas la sienne. Mais, elle s’était mise en tête d’être toujours là pour Mia et elle avait échoué même si ce n’était pas de sa faute... La jeune femme s’était éloignée pour se protéger elle-même. Rose ne savait sans doute pas la moitié des choses qui s’étaient passées dans sa vie.

A partir de maintenant, la blonde voulait toujours être là pour la Mitchell. Elle lui en fit part. Elle serait là et elle allait prendre de ses nouvelles aussi souvent que possible sans tomber dans le harcèlement non plus. Mia serra sa meilleure amie dans ses bras et lui dit qu’elle avait de la chance de l’avoir et la remercia.

«Tu n’as pas besoin de me remercier Mia, c’est normal. Tu es ma meilleure amie et je ne veux pas qu’il t’arrive un autre truc dans le genre. Je suis contente que Tyler m’est appelé pour que je vienne te voir.»

Pour se remettre de ce genre de traumatisme, Mia allait avoir besoin de son amie et elle allait être là pour elle. Puis, elle lui demanda alors si elle pouvait faire du shopping dès qu’elle sortirait de là, rajoutant que ça faisait longtemps et qu’elle allait sans doute avoir des vêtements à remplacer. Rose rigola légèrement et lui dit :

«Tu sais bien que je ne suis jamais contre une séance de shopping, surtout que j’ai aussi besoin de quelques vêtements !»

Rose regarda sa meilleure amie et vit la fatigue sur son visage. La pauvre venait de vivre tellement de choses en peu de temps. Elle se détacha légèrement de la jeune femme avant de lui dire :

«Je vais te laisser te reposer, tu dois en avoir besoin...»

Bien sûr, si Mia lui demandait de rester, elle le ferait. Elle était sa meilleure amie avant tout.

Rose me dit que je n’ai aucune raison de m’excuser, ce qui me paraît bizarre. Je n’ai plus l’habitude de ce genre de paroles bienveillantes et je hoche la tête faiblement quand elle me dit qu’elle est contente que Tyler l’ait prévenu. « Oui. Il a bien fait. Je suis contente aussi. » Malgré le fait que ce soit un petit fouineur. Il n’avait pas à prévenir Rose. J’aurais préféré reprendre contact avec elle de mon plein gré… Quoi que je doute que je l’aurais fait. Du coup, est-ce que je peux vraiment lui en vouloir ? Non. Pas vraiment.

Je propose à Rose de faire du shopping avec moi quand je sortirai et elle rigole. Je souris donc, comme si ce rire venait de réchauffer mon cœur. Ça m’avait manqué. C’est dingue comment un aussi petit détail avait pu me manquer. Elle accepte avec joie, me disant qu’elle a aussi besoin de vêtement, je hoche donc la tête. J’essuie ensuite mon œil avant de bailler. Rose se détache alors de moi et me dit qu’elle va me laisser me reposer. À nouveau, je hoche la tête. « Oui, je suis épuisée. Les anti-douleurs aussi me font dormir. La majorité du temps, je dors. » Je souris légèrement et me réinstalle confortablement.

« Je t’appelle demain. Et je te donne des nouvelles. » Je sais d’avance que Rose voudra en avoir, et vu comment j’ai coupé les ponts, elle croira peut-être que je ne le ferai pas. « Je te le promet. » Je regarde donc Rose se lever et nous nous disons au revoir. Quand elle s’en va, j’attrape mon téléphone et écrit à mon frère. « Petit fouinard… Merci pour Rose. Mais ne recommence pas. » Ce petit monstre. Je souris et repose mon téléphone avant de fermer les yeux. Je ne mets pas de temps à me rendormir.