Des retrouvailles, et des révélations [ft. Simon]

Un lion en cage oui, c’est exactement ça. Je suis un putain de lion en cage qui se retiens de cogner son frère, ce qu’il semble chercher d’ailleurs mais il peut toujours courir. C’est mon frère, malgré le temps passé sans nouvelles et le fait qu’on ait jamais été proche, c’est ma famille, alors hors de question de rajouter du mal au mal-être ! Il pouvait bien m’énerver tout ce qu’il voulait, une famille ça se sert les coudes même si on a un grand frère qui l’avait visiblement oublié depuis bien longtemps ça ! Moi en tout cas, ma famille n’était pas le genre à me balancer aux flics pour tous mes actes totalement illégaux, et m’avait plus d’une fois sorti de garde à vue alors que j’aurais peut-être mérité d’y rester. Sauf que là, il mettait vraiment mes nerfs à rudes épreuve. Il voulait vraiment jouer à ce p’tit jeu là avec moi ? Il pensait vraiment avoir le dernier mot en gueulant plus fort que moi ? Je le tenais toujours par le col lorsqu’il me traitait plusieurs fois de gros con, me provoquant. Je voyais rouge et mon regard était rempli de fureur et de colère et je prenais vraiment sur moi pour ne pas lui foutre mon poing dans la gueule. « FERME TA PUTAIN DE GUEULE ! » Lâchais-je alors, libérant enfin un peu ma colère. Non mais il s’était regardé franchement ! C’était une brindille à côté de moi, il était chez moi et j’étais encore son grand frère malgré tout !

Il enchaînait alors en reparlant du tiroir que je lui avais ouvert un peu plus tôt et où je l’avais autorisé à se servir sauf que là, il se fourrait le doigts dans l’œil et bien profond. « Je t’ai autorisé à ce moment là et uniquement ce moment-là ! Tu apprendras que dans ce business, ce sera jamais toi qui dictera les règles du jeu ! » Moi aussi j’en étais dépendant de tout ce système, et maintenant qu’il avait foutu les pieds dedans c’était trop tard pour reculer ! « Mais si tu arrêtes de te comporter comme un parfait crétin et que tu réponds à mes questions, t’auras peut-être un cacheton en plus. » Visiblement, c’était ça le seul moyen de le tenir. Alors je n’allais pas me laisser prier et tant pis pour lui ! Il l’avait cherché ! Je continuais d’essayer de contenir ma colère néanmoins, ma colère envers lui, mais ma colère surtout vers ce qu’il s’était passé avec Sienna et qui me rendait complètement fou. Je le regardais du coin de l’œil s’asseoir contre le mur et il passa alors à table, répondant finalement à ma question. Je m’arrête alors, le regardant pour l’écouter. Je fronçais légèrement les sourcils avant de lui poser ces questions. « Simon. Est-ce que tu as violé Sienna ? Est-ce que tu as demandé à quelqu’un de le faire ? » Je connaissais évidemment les réponses à ces questions, mais ce que je voulais c’est que lui me les donne de vive voix, que ces réponses sortent de sa putain de bouche pour qu’il comprenne que dans l’affaire, malgré la culpabilité qu’il ressentait ce n’était pas lui qui avait fait quelque chose de mal. Et ça, je n’avais pas besoin d’insister pour en être sur car même loin d’eux, je savais qu’ils restaient Sienna et Simon, les jumeaux, inséparables.

J’avais donc vu juste c’était bien par ces cachetons que je pouvais le tenir. Même en tant que dealer, je devais avouer que c’était un peu triste à voir et si j’aurais pu être content de le voir céder quasi suppliant, je sentais surtout un petit déchirement au cœur. Il était vraiment tomber bien bas et je n’avais aucune idée de ce que je devais faire pour le sortir de ça. Enfin j’avais bien prévu d’essayer, mais je ne savais même pas si je faisais bien et si je n’allais pas aggraver les choses me connaissant. Toujours est-il que si je voulais attirer sa confiance, je devais lui donner quelque chose en retour. Il devait comprendre que j’étais réglo. Je lui avais promis un cacheton après mes questions s’il y répondait et j’avais bien prévu de tenir parole. Un cacheton seulement, c’est pas ça qui allait être dangereux pour lui quand même ? « Je n’ai qu’une parole. » Lâchais-je alors très sérieusement pour réponse. Je le regardais toujours et là, je vis les larmes couler sur son visage. Bordel, il me faisait vraiment de la peine là. Comment un grand frère est censé réagir ? Surtout quand le p’tit frère est complètement défoncé et rempli de culpabilité.

Je lui avais alors posé ces questions, dans le seul but de le provoquer, et visiblement ça marchait. Je le regardais alors qu’il était toujours assis par terre, me cracher ses réponses à la figure sans à aucun moment comprendre que jamais je n’avais pu penser une telle chose. Mais ça sortait. Et il le fallait. Il fallait qu’il mette des mots sur tout ça même s’il se plantait encore et toujours. Il s’était levé en même temps qu’il vidait son sac et cette fois, c’était lui le lion en cage à faire les cents pas. Sauf que quand il passa à côté de moi, je tendais le bras pour l’arrêter net sans le regarder au début. Je ne tournais là tête qu’à ce moment là, et un petit sourire s’affichait sur mes lèvres. « T’es vraiment un crétin Simon Parker. » Mais venant de moi, il devait le prendre comme une marque d’affection. « Jamais je n’ai pensé que tu avais fais quoi que ce soit avec Sien’ putain ! C’est ta sœur, ta jumelle, vous avez toujours été inséparables, ça s’est toujours vu même avant que je parte de la maison ! Tu l’as juste emmené à un putain de soirée. Une putain de soirée ! Le responsable, c’est ce gros connard qui a osé poser … » Je n’arrivais même pas à finir ma phrase. J’avais vraiment des envies de meurtre, comme jamais avant ! Et finalement, contre toute attente, je fis quelque chose que Simon lui même n’aurait sans doute jamais imaginé. Je prenais mon frère dans mes bras. « Je t’abandonnerai pas Sim’ ! T’entends, je t’abandonnerai pas, jamais ! Tu n’es pas un monstre, juste un frère qui a voulu emmener sa sœur à une soirée, pour s’amuser. » Il faudrait sans doute plus que ça pour le lui faire accepter, mais mes frangins savaient à quel point je pouvais être têtu et franchement borné.

C’était le pire remerciement que j’avais entendu. D’habitude j’étais plutôt satisfait, aussi cruel soit-il, qu’on vienne me réclamer de la came, limite suppliant. Ça me donnait sans doute une sensation de toute puissance, de contrôle absolu … mais je n’aimais pas que cela se produise avec mon propre frère. Je devais le protéger avant tout, pas abuser de sa dépendance et de sa fragilité, j’étais vraiment un mauvais frère ! Et pourtant il me remerciait, parce que j’avais accepter de lui donner son cachet après tout ça … Je sentais un petit déchirement se faire dans mon cœur mais pour l’instant il fallait que je tienne, pour lui. Cette fois il avait sans doute raison, tout ceci n’avait rien d’amusant. J’avais sans doute plus souris pour essayer de l’apaiser mais ça avait l’effet inverse. Comme je l’imaginais, il restait totalement braqué mais ce n’était pas étonnant. C’était un vrai traumatisme et je n’imaginais pas l’état de Sien’ non plus. J’avais l’impression de les avoir vraiment abandonné alors qu’ils avaient besoin de moi. Mais pour le moment j’étais avec Simon et si je n’étais pas le plus doué des frangin, que je n’étais pas psy ou ce genre de chose, il devrait se contenter de moi. Ses mots étaient si forts et me faisait tellement de peine. Sur le moment je n’osais rien dire et je l’avais donc pris dans mes bras alors qu’il s’y effondrait en pleurant. Il voulait que je le relâche mais ses gestes trahissaient le contraire. Je sentais ses larmes inonder mon tee-shirt mais je n’en avais que faire à cet instant. « Ce serait mentir que de dire que je comprends ce que tu ressens Sim’. Je n’ai sans doute pas la moindre idée de la culpabilité que tu ressens, mais je sais que tu n’es pas coupable, ça j’en suis sur. Et je suis sur que Sien’ le sait aussi. Il faut juste que tu lui laisses du temps pour accepter tout ça … Vous avez le droit d’être mal tous les deux, à votre manière ... » J’essayais de doucement le bercer dans mes bras. Ça m’aurait vraiment paru bizarre en début de soirée, mais là c’était presque naturel. Sa situation, ses larmes ses mots, ils rendaient même mon regard vitreux alors que je n’étais pas ce genre d’homme. « J’irai m’occuper de Sienna, mais pour l’instant c’est toi qui est là. Laisse-moi t’aider … Laisse-moi t’aider p’tit frère. » Il n’y avait plus de frangin, de crétin et de tous ces autres surnoms affectueux en temps normal mais qui n’était pas de circonstances. C’était mon petit frère là, et je ne comptais pas le lâcher.


Il me redemandait alors sa dose. Je n’avais vraiment pas envie de lui donner sauf que cette fois, c’est lui qui me tenait. Je lui avais donné ma parole et il avait accepté de me parler à cette condition. Si je voulais pouvoir l’aider, il fallait qu’il me fasse confiance et ne rien lui donnerait, ce serait rompre dès maintenant cette confiance. Je soupirais légèrement avant de me détacher de lui et d’aller vers le tiroir. Je l’ouvrais, prenant le cachet sur lequel il lorgnait un peu plus tôt avant de revenir vers lui. Je lui mettais dans la main tout en le regardant, sérieusement et sans lâcher sa main pour qu’il ne puisse pas l’avaler tout de suite. « Tu n’es pas obligé de le prendre Simon. Il y a d’autres solutions, et je suis là moi. » C’était sans doute trop peu, de la part d’un frère absent pendant toute sa vie, mais j’essayais, tant bien que mal. Doucement je desserrais alors son emprise sur sa main pour le laisser faire son choix.

Ça allait vraiment être compliqué de tirer quoi que ce soit de Simon ce soir. Je mesurais à ses mots, à son comportement, à quel point sa culpabilité était grande. J’aurais du m’en rendre compte plus tôt. J’aurais du comprendre que quelque chose n’allait pas, je n’aurais pas du le laisser ainsi s’enfoncer. Mais pour l’instant je devais absolument repousser ma propre culpabilité à moi car nous avions déjà bien assez avec mon petit frère à gérer. J’avais beau dire n’importe quoi il me redisait encore et toujours les mêmes conneries et c’est un travail de fond qu’il allait falloir avec lui pour réussir à lui faire comprendre la réalité des choses. Ce dont il aurait sans doute eu besoin c’est de voir un psy mais ce n’est pas moi qui allait lui conseiller une telle chose. De toute façon, qui en avait les moyens dans notre famille ? Du moins, dans ceux qui voulait bien prendre de nos nouvelles ? Et puis Simon lui n’en était pas là, même si toutes les planètes étaient alignées, il fallait que lui ait envie de s’en sortir pour entreprendre quelque chose.

Je soupirais longuement à ses mots, me disant que lui répondre revenait à tourner en rond. Alors à la place, j’avais été chercher ce précieux cachet que j’avais glissé dans sa main sans lui laisser le prendre tout de suite. Ses choix, ses décisions, mais je voulais qu’il connaisse mon point de vu à moi sur la question. Sauf qu’il était déjà tellement défoncé que je ne savais pas si ça changerait quoi que ce soit. Il continuait de s’accabler et dès que je lui en laissais la possibilité il avalait ce cachet me laissant là, accroupi face à lui, rempli d’une peine immense. Il avait attrapé la bouteille pour faire passer et après l’avoir laissé en prendre une gorgée, je la reprenais de ses mains tout en lâchant un nouveau soupir de désespoir et en la redéposant sur la table. « Pour l’instant t’as besoin de dormir frangin. » Et tout en disant ça, je l’aidais à se relever qu’il le veuille ou non pour le faire s’allonger sur le lit toujours déplier. Tant pis pour moi, c’est moi qui dormirai sur la moquette ce soir. Je m’asseyais cependant sur le rebord du lit tout en le regardant. « Tu te trompes Sim’. Sur toute la ligne. Mais un jour tu comprendras et tu t’en sortiras je le sais. Et j’te lâcherai pas ... » Je ne sais même pas vraiment s’il allait percuter ce que je venais de dire, ni même s’il s’en souviendrait demain mais j’avais besoin de lui dire quand même. Alors cette fois, c’est moi qui attrapait la bouteille pour me servir dedans. C’était vraiment une sale soirée, soirée qui avait pourtant si bien démarrée.

J’étais vraiment profondément touché par la situation de mon petit frère. Moi je pensais que tout allait bien à la maison. Du moins, aussi bien que possible pour notre famille. Jamais je n’aurais pu imaginer un tel drame et je me détestais franchement de n’avoir rien vu et continué ma vie comme si de rien était. Pourtant il allait vite falloir passer à autre chose car désormais ma famille comptait sur moi et je devais enfin me comportant en grand frère responsable, ce que je n’avais jamais été jusqu’à présent. Je m’étais assis sur le bord du lit déplié après l’avoir couché, espérant qu’il ne fasse pas de vagues car il avait bien besoin de repos et de mettre un terme à cette soirée cauchemardesque pour nous deux. J’avais attrapé la bouteille, buvant directement au goulot moi aussi. J’avais besoin de boire pour apaiser un peu tout ça, peut-être pour dormir moi aussi même si je doutais que ce soit suffisant. Seulement comme je l’imaginais, il ne voulait pas dormir non plus. Bordel, qu’est-ce que je devais faire moi au juste … Il me disait que ça allait revenir, déformé, et pas besoin de me faire un dessin pour comprendre de quoi il parlait. « Sim’ … Y a pas le choix, va bien falloir que tu fermes l’œil … Si je pouvais enlever cette douleur en tout, prendre tes cauchemars pour toi … » Mais je ne pouvais pas alors il allait devoir faire avec et surtout, essayer de remonter une pente qu’il semblait plutôt continuer de descendre.

Ses nouvelles paroles furent comme une décharge électrique pour moi. Est-ce qu’il était sérieux à dire ce genre de choses ? J’avais envie de l’engueuler, de lui dire d’arrêter d’être égoïste et de penser aux gens qu’il aime, à la famille, mais à quoi bon ? Pour qu’il me ressorte en boucle qu’il était un monstre, qu’il avait perdu Sien’, qu’il était coupable et méritait son sort ? C’était mettre un coup d’épée dans l’eau ni plus ni moins. En disant ça il s’était redressé, glissant ses bras autour de ma taille et je pouvais sentir sa tête dans mon dos. Vraiment, je n’étais pas à l’aise avec ça, je n’avais jamais été très proche de ma famille mais encore moins de cette manière. Je le laissais cependant faire, légèrement crispé tout en reprenant un gorgée de vodka qui me brûlait la gorge. Je ne pouvais quand même pas le laisser dire tout ça sans réagir alors finalement je lâchais. « Arrête de dire des conneries maintenant ! T’as pas le droit de dire ça, c’est injuste pour moi, pour le reste de notre famille. » Je n’avais volontairement pas donné le nom de sa jumelle, mais de toute façon il n’y avait pas qu’elle. Il y avait moi, Wyatt et même Lesly, Esther ou nos plus jeunes frères et sœurs. Mais comment lui faire comprendre. J’étais perdu face à tout ça, et à cet instant j’aurais bien eu envie d’une épaule sur laquelle me reposer moi aussi.

Si j’avais su que pousser Simon à dealer allait me mettre dans une telle galère … Bon s, bien sûr que je l’aurais fait, car c’est au final la raison qui faisait qu’aujourd’hui il avait quelqu’un pour l’aider, mais ça allait être sport ! Je ne pouvais pas prendre sa peine et ses cauchemars non, pourtant j’aurais vraiment était prêt à tout pour lui donner un peu de répit. Il me disait que je ne le supporterais pas, qu’il ne me le souhaitait pas. Je n’avais même pas la force de protester avec mon habituelle fierté. C’était trop pour ce soir, pour moi aussi. J’avais juste envie qu’il se couche, dorme, et me laisse avec mes putains de pensées à moi aussi. J’aimais mon frère, je voulais qu’il reste pour avoir quelqu’un sur qui compter, pour le protéger … mais je me souvenais aussi d’à quel point j’avais eu besoin à l’époque de prendre mon indépendance. Mon studio n’était peut-être pas bien grand, délabré, en bordel … mais il était surtout un vrai refuge pour moi. Il s’excusait de me faire vivre ça … « J’suis ton frère Sim’ … t’as pas à t’excuser d’avoir besoin d’aide … jamais. » C’était sincère. J’étais prêt à me mettre dans les pires galères pour eux, peu importe les conséquences pour moi.

Seulement après ça, il bouge de position pour se rapprocher encore un peu plus de moi. Il pose sa tête sur mes genoux, la joue contre mon torse, ses bras se ressèrent autour de ma taille. Je me sentais tellement mal à l’aise. C’était peut-être naturel pour lui cette proximité, mais pas pour moi. Je n’étais aussi proche de quelqu’un que lors d’une relation avec un partenaire ce qu’il n’était absolument pas. Le prendre un instant dans mes bras un peu plus tôt avait déjà été un effort immense pour moi ! Allez Jared, comporte-toi en grand frère … Je le laissais faire, totalement crispé. Il continuait alors de raconter ses conneries car malgré ce qu’il disait, s’en était belle et bien ! « Sim’ ! Arrête putain ! Moi je te regarde pas différemment. A la limite si, je suis triste de te voir aussi mal car malgré ce que tu penses, tu ne le mérites pas ! Et si les autres l’apprenaient, alors ce serait exactement pareil ! » Actuellement, c’était lui qui créait son malheur et le miens avec. Il ne pouvait peut-être pas effacer ce qu’il s’était passé, mais il pouvait au moins essayer de le réparer un peu, ou au moins de ne pas plus le détruire. « Moi j’ai besoin de toi p’tit frère. Pas pour vendre ma came, j’ai besoin de savoir que tu vas bien car si tu vas mal, alors je vais mal aussi. » Je tentais tout, vraiment tout ce que je pouvais.

Il voulait absolument que je dorme avec lui, il me soûlait. Il ne voulait pas comprendre que je n’étais pas ce genre de frère moi. « Mais je suis là frangin, je m’en vais nul part ! Alors maintenant dors et ferme ta grande gueule ! » Après tout, j’avais essayé de lui parler poliment, un langage que je ne tenais pas vraiment en temps normal, alors peut-être qu’en reprenant mon vrai langage il comprendrai mieux et me foutrait la paix. Mais non, il reste là, se calant un peu plus contre moi. Fait chier putain. Je n’osais pas bouger, crispé, et je buvais une nouvelle gorgée de vodka dans la bouteille pour essayer de m’aider à accepter tout ça. Putain de vie de merde.

Bien sûr que j’avais besoin de lui et pour autre chose que de la vente de came. Ce n’est pas parce que je n’avais jamais vraiment pris de nouvelles que son bien être ne m’intéressais pas, comme pour le reste de ma famille. Le seul qui pourrait se prendre mon poing dans la tronche serait peut-être Peter vu ce qu’il était devenu, mais ce n’était pas le moment de penser à lui. Pour l’instant, je me concentrais sur mon petit frère et uniquement sur lui. Même Sienna, il faudrait que je m’occupe d’elle mais pas maintenant. Car c’est Simon qui était là, c’est lui qui manifestait de l’aide sans même s’en rendre compte par ses mots, ses actes. Je ne m’attendais cependant pas à ça. Il se redressa dans mon dos, explosant de rire, et après … après c’est une accumulation d’accusations que me touchent bien plus que je ne l’aurais imaginé. Je ne suis pas du genre d’habitude à être blessé par des mots. Du moins, je suis quelqu’un d’impulsif, je réagis par les poings, ça oui. Mais là, c’est différent ce que je ressens. Il me traitait notamment de menteur, me rappelait que je ne prenais jamais de nouvelles, m’accusant de jouer en jeu en faisant le grand frère. Je le regardais alors se lever et aller s’enfermer dans la salle de bain. Je l’entendais taper la tête contre la porte, ajouter qu’il me détestait … il me détestait …

Je posais enfin la bouteille sur la table. Je ne sais pas si je m’étais déjà senti aussi mal de toute ma vie. C’était peut-être ça la vraie preuve d’amour fraternel, être touché comme jamais avant par les mots de mon petit frère. Je posais mes coudes sur mes genoux, laissant mes mains glisser dans mes cheveux. Il avait raison, j’étais vraiment un grand frère de merde ! Totalement inutile, profiteur, absent … Mais moi je ne savais pas … on ne m’avait jamais appris … Et puis subitement, je laissais éclater mes émotions comme j’en avais beaucoup plus l’habitude. J’attrapais un des shooters avant de l’envoyer contre le mur où il explosa. « Merde ! Putain de merde ! » Je me levais alors, balançant le second shooter et venant frapper du pied dans cette fameuse commode contenant la drogue. J’avais besoin de passer mes nerfs, passer ma colère sur quelques chose, de la laisser sortir. « Fais chier putain ! » Je criais dans le studio, j’avais vraiment mal. Ça avait duré plusieurs minutes, en continu, et après ça mon studio était dans un état encore plus lamentable. Je me calmais finalement, allant vers la salle de bain et me laissant glisser contre la porte, de l’autre côté de Simon. « J’suis désolé d’être un grand frère minable ... » Lâchais-je sobrement en me reprenant la tête dans les mains, le regard vitreux. Après tout, il l’avait dit et il avait sans doute raison. Il avait sûrement besoin d’aide oui, mais sans doute pas de moi. Qui étais-je pour lui faire la leçon ?

Je m’étais laissé glisser là, contre la porte de la salle de bain. Je m’étais excusé d’être un grand frère minable et je l’étais sans doute vraiment, car je n’avais pas eu de réponse et pourtant j’étais resté là. Je n’avais pas été voir si ça allait, j’avais préféré lui laisser son espace, sans m’inquiéter pour ce qui aurait pu lui arriver. J’entendais ses mots en boucle dans ma tête. Il me détestait, je n’en avais rien à foutre de lui, j’étais un menteur. Je me torturais l’esprit avec tout ça. Je savais pourtant qu’il avait ingéré beaucoup de came, n’était sûrement pas dans son état normal, mais j’étais vraiment un frère blessé à cet instant, et je me demandais pourquoi le destin avait décidé de me faire naître dans une famille nombreuse alors que j’étais aussi nul comme frère. Le temps était passé, lentement, et j’étais resté là tout du long, continuant de me torturer l’esprit, laissant même échapper quelques larmes à l’abri des regards. Je redoutais le moment où il sortirait de la salle de bain et se casserait avant de ne plus le revoir. Le début de soirée avait pourtant été si cool. Je pourrais toujours dire que j’avais eu la chance d’avoir un frère pendant une heure ou deux … Je l’entendais parfois s’agiter de l’autre côté de la porte, et au fond ça me rassurait un peu. Moi je n’avais pas dormi, impossible dans ces conditions. J’avais pourtant des cernes de dix kilomètres sous les yeux et des relents de vodkas par moment, mais impossible tant physiquement que psychologiquement pour moi de rejoindre mon lit et de dormir comme si de rien n’était.

Et puis finalement, je l’entends s’agiter beaucoup plus de l’autre côté, comprenant qu’il vient de vomir. J’entends le robinet couler, il est debout, mais moi je reste là, totalement amorphe. Finalement, la porte s’ouvre et je manque de tomber, me rattrapant en m’appuyant contre le mur d’à côté. Il ne se souvient pas … de rien. Et moi je n’ai pas la force de repartir pour un second round, mais j’ai tellement mal. La fatigue sans doute, et mon état pas tout à fait sobre alors qu’il fait encore nuit dehors, je finis par lâcher ce que j’ai sur le cœur. « T’as demandé de la came à ton minable de frère et il te l’a donné car il ne sait faire que ça. » J’avais dis ça tout en continuant de regarder dans le vide, en face de moi. S’il ne se souvenait pas de toute façon … j’veux dire, je n’avais jamais été un vrai frère de toute façon pour lui alors ça ne devrait pas tellement le choquer. Je n’avais vraiment pas les idées claires, je ne savais même plus ce que je voulais à l’heure actuelle. La voir partir pour accuser encore plus le coup tout seul ? Qu’il reste et me voit dans cet état ou en rajoute même une couche ? Ah ça, je n’étais pas bien non, vraiment pas bien.

Il ne se souvenait de rien … putain il ne se souvenait de rien ! J’étais déjà mal avec tout ce qu’il m’avait balancé, mais là c’était la double peine. J’allais devoir lui annoncer que je savais, peut-être même lui rappeler les mots qu’il avait prononcé pour parler de moi … Une chose était sure, je ne pouvais pas lui cacher. C’est visiblement ce que Sienna lui avait reproché à lui, d’avoir gardé pour lui, alors je ne pouvais pas faire la même connerie. Mais je comprenais aussi à quel point ça avait du être dur pour lui tout ce temps. Tiraillé entre la protéger en ne disant rien, mais nier une vérité bien présente et qui une fois découverte ferait encore plus mal. Quand il se baisse à ma hauteur pour m’enlacer et me dire c’est mots gentils … Je n’arrive pas à les accepter. Pas après tout ce qu’il m’a dit quelques heures plus tôt. Pourtant sur le moment je ne dis rien, je ne réagis pas, et je le laisse faire. Comme un grand con ouais. Pour lui, c’est comme si de rien était, comme si on avait juste un peu trop fait la fête. Mais putain Simon ouvre les yeux, quel intérêt j’aurais eu à foutre mon appartement dans un bordel pareil, même torché ? A foutre mon fond de commerce par terre ? A aucun moment il ne s’est dit que si je ne vendais pas toute cette came étalé sur mon sol, j’étais sacrément dans la merde ? Je me risquais cependant à une phrase, toute simple. « Non, c’est pas toi ... » Pour le sacré bazar en tout cas. C’est moi qui avait explosé les shooters, renversé la commode et tout ce que je pouvais trouver sur mon passage. Il avait certes provoqué ça par ses mots qui m’avaient plus que piqués, mais c’est moi qui avait eu cet excès de violence.

Je le regarde commencer à ranger ce qu’il peut, et notamment ma came dans le tiroir dont visiblement il se souvient. Ma tête est toujours posée contre le mur elle, elle me semble si lourde. Il commence alors à me mitrailler de questions qui me mettent toutes encore un peu plus mal qu’avant. « Alors tu ne te souviens pas … Vraiment pas ? » Là, c’était presque en l’implorant que j’avais lâché ces mots. Pourtant il n’y était pour rien dans le coup dans le fait de ne se souvenir de rien. Enfin, peut-être qu’il se douterait que ça arriverait en consommant autant mais … bref, je continuais de me torturer l’esprit. Je baissais doucement la tête, n’osant pas affronter son regard. J’inspirais un grand coup pour me donner du courage, alors que j’étais toujours assis sur le sol. « Je sais tout … tu m’as tout raconté hier … Et j’ai essayé … enfin j’ai essayé de te soutenir … mais je crois que j’ai pas réussi … parce que je suis nul comme grand frère ... » ça y est … c’était lâché … et je n’osais même pas regarder Simon de peur de sa réaction à présent. C’était comme revivre une seconde fois cette soirée, sauf que cette fois la nuit était avancée, que j’étais crevé, mal en point, alcoolisé

J’en avais connu des situations compliquées à vivre, mais alors celle-là … J’avais l’impression que peu importe comment je lui dirais, ce serait forcément la catastrophe. La seule chose dont j’étais sur par contre, c’est que je devais lui dire, pour ne pas répéter l’erreur que lui-même avait fait. Son comportement était tellement éloigné de ce qu’il avait été un peu plus tôt. Il semblait même être une autre personne là. Il mettait toute la faute sur lui sans savoir, voulais tout ramasser, et moi je restais assis à le regarder faire alors qu’intérieurement, j’étais tiraillé. Mais je ne pouvais pas rester les bras croisés alors j’avais finis par lui dire. Enfin j’avais commencé par lui demander si vraiment il ne se souvenait de rien, et c’était en effet le cas. Il ne se souvenait que du tout début de soirée, quand tout allait encore bien. Alors j’avais craché le morceau, ne sachant pas vraiment comment le formuler. Je n’étais pas sur qu’il y ait une bonne manière de toute façon. Son regard avait changé, son attitude avec … Il était paniqué … Je pouvais le comprendre, il tenait ce secret depuis de nombreuses années et là, je venais il apprenait que ce secret n’était plus avec moi. Mais ce n’était encore rien par rapport à son affolement d’après. Il paniquait totalement, me sortait des propos absolument incohérents jusqu’à me dire qu’il avait menti mais je savais très bien qu’il ne l’avait pas fait. Il me fendait le cœur. Et s’il mentait sur quelque chose, c’était peut-être plus sur le fait que j’étais nul comme grande frère.

Mais pour le moment, il semble d’avantage dans un état de fuite. Je le vois plonger sa main dans le tiroir, il me parle de cette came qu’il va vendre pour moi, mais c’est le cadet de mes soucis actuel. Alors je me décide enfin à me relever, tanguant encore un peu à cause de l’alcool, mais ça aussi c’est le dernier de mes soucis. Cette fois j’ai remonté le regard sur lui, je le regarde et même si j’ai mal je me rapproche car j’ai besoin de lui dire ces quelques mots. « Simon. Ça change rien pour moi que je sache. Enfin, j’suis toujours là, je compte pas partir, et ça ne fait pas de toi une mauvaise personne à mes yeux, je te jure. J’suis pas l’un de ces frères qui va te faire la morale ou quoi que ce soit … j’sais que j’suis nul pour ça … mais ne m’écarte pas, s’il te plaît ... » J’avais dis ça sur un ton presque suppliant. Je n’étais pas sur de m’en remettre s’il partait sans donner de nouvelles. Ne pas en avoir alors que je pensais qu’il allait bien était une chose, mais savoir qu’il allait mal sans pouvoir l’aider rien que moralement, s’en était une toute autre. Et puis, il ne pouvait pas partir maintenant … Il faisait encore nuit noire dehors et les effets de ce qu’il avait ingérés étaient sûrement toujours là même s’ils avaient drastiquement diminués. Je m’inquiétais pour lui, et c’était vraiment un sentiment nouveau chez moi, de m’inquiéter à ce point pour l’un de mes proches.

Il racontait toujours les même conneries. Ce n’était plus les même que plus tôt dans la soirée, mais c’était toujours des conneries quand même. Et j’avais beau dire ce que je voulais, ça ne changeait rien, comme un vieux disque rayé qui tourne en boucle. Je ne pouvais même pas me dire que j’aimerai que tout redevienne comme avant, car nous n’avions goûté qu’à quoi ? Une heure, deux heures de bonheur, à déconner entre frangins comme nous aurions dû le faire depuis le début. Il me disait qu’il devait rentrer … Non, il voulait rentrer ce n’était pas pareil. Moi je lui ouvrais grand les bras, peut-être pas physiquement mais c’était tout comme. Et il ne voulait pas de mon aide, pas même de mes mots de réconfort. Il avait beau me dire que je n’étais pas nul, qu’il ne m’écartait pas … son corps lui, disait le contraire. J’aurais pu être heureux qu’il me dise je t’aime, que j’étais un super frère, mais avec tout ce qu’il m’avait dit cette nuit ça sonnait faux dans sa bouche. Il fuit alors, à toute vitesse, laissant la porte ouverte et dévalant les escaliers. J’ai juste le temps de voir le haut de son crane en me penchant au dessus du vide, appuyé à la rambarde de l’escalier, mais il a déjà quitté l’immeuble. Mon cœur de frère est vraiment meurtri …

J’étais resté là un petit moment. Je ne risquais pas de croiser qui que ce soit à cette heure-ci de toute façon alors j’étais resté un moment sur le palier, seul avec moi-même, avant de rentrer. Simon avait eu beau ranger un peu, c’était toujours un sacré bordel. Je refermais alors la porte derrière moi avant de me laisser glisser contre, recroquevillant mes genoux contre mon torse. Et s’il lui arrivait un truc ? J’avais laissé mon petite frère se barrer de chez moi en pleine nuit, rempli de culpabilité, toujours pas très frais de cette soirée où drogue et alcool faisaient toujours effet. Pourtant quelques temps après, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche et je reçois ce message. Il va bien. Et me demande de tout oublier. Des conneries encore. Non il n’allait pas bien. Et non je ne pouvais pas oublier car je savais que c’était bel et bien la vérité ! Alors j’étais resté là un moment à me torturer l’esprit et quand enfin la lueur du soleil commençait à pointer le bout de son nez par la fenêtre, moi j’avais fini par m’écrouler sur le sol, tombant littéralement de fatigue et dans un sommeil remplis de cauchemars reprenant pour la plupart les évènements qui venaient de se passer.