Promis juré, cette fois je suis innocent ! [ft Laura]

Nous prenions nos marques au garage avec Gabriel. Et plus si affinité. Cela faisait déjà quelques jours que nous formions ce binôme et si la situation était plus qu’ambiguë entre nous, on ne pouvait pas dire que cela ne fonctionnait pas professionnellement. Ça me soulageait d’ailleurs beaucoup de savoir que je n’étais plus seul à gérer ce garage, que je pouvais me reposer sur quelqu’un, et me donnait même confiance pour affronter les dossiers épineux que peut avoir un garage comme le mieux. Ce dossier épineux, c’était un impayé de la part d’un client qui était venu pour la première fois. Une lourde facture dont j’avais vraiment besoin de récupérer le montant. Sauf que le gars ne voulait pas payer, me disant ne pas en avoir les moyens et nous avions même eu une discussion musclée lorsqu’il était venu au garage, repartant en grognant, mais sans sa voiture. Hors de question de lui rendre les clefs tant qu’il n’aurait pas payé. Je n’avais pas eu de nouvelles pendant les jours qui avaient suivi et si au début cela m’inquiétait un peu, j’avais fini par me dire qu’il cherchait peut-être tout simplement à réunir l’argent nécessaire. J’avais d’ailleurs été surpris de recevoir un appel de sa part ce soir-là. J’étais tout seul au garage, Gabriel étant déjà parti, sûrement à la salle de boxe. Il me disait qu’il avait l’argent mais n’était pas dans le Bronx en ce moment, me demandant si je pouvais le rejoindre à Manhattan et qu’il filerait la clef à un proche qui viendrait chercher sa voiture. J’aurais du me douter que c’était un coup foireux. J’aurais du le sentir venir à des kilomètres. Mais non, j’étais Jared Parker, peut-être un dur à cuir mais aussi un peu trop naïf et malléable.

Sans réfléchir, j’avais donc fermé le garage et j’étais sorti direction le métro. Il faisait froid en ce moment et je me frictionnais les bras pour tenter de me réchauffer. J’arrivais finalement au point de rendez-vous … C’était une ruelle sombre, éclairée pas un lampadaire qui faisait un peu la tronche. Là aussi, ça aurait du me mettre la puce à l’oreille. Après tout, je n’étais pas là pour du trafic, juste pour récupérer de l’argent que j’avais gagné tout à fait légalement. J’attendais, me demandant ce qu’il pouvait bien foutre. Je n’avais pas que ça à faire. Je soufflais, faisant de la fumée à cause du froid. Et finalement il apparu. Mais pas tout seul. Là j’avais compris. Trop tard. Il me demandait de lui donner les clefs de sa voiture et moi, j’étais nerveux mais pas encore résigné. « Donne moi le cash avant. » Lâchais-je plus du tout naïvement, mais uniquement car il était hors de question de flancher. Le gars regarda ses potes et se mit à rigoler. « Qu’il est con, il a toujours pas compris. Tant pis pour toi, je les récupérerai d’une manière ou d’une autre. Allez occupez-vous de lui. » Je levais alors les poings, prêt à me battre malgré cet affrontement plus que déséquilibré. Ils étaient quatre en face de moi, et moi j’étais tout seul.

Il ne leur fallu pas longtemps pour me mettre à terre, les coups s’abattaient sur mon visage et je sentais le sang couler le long de mon arcade, de ma lèvre. J’avais ce goût métallique dans la bouche. Et puis il y avait aussi les coups de pieds dans les cotes qui me paralysaient de douleur. C’est à ce moment-là qu’ils s’arrêtèrent et que le premier gars revint à côté de moi. Il se pencha pour aller fouiller dans la poche de ma vieille veste de travail dégueulasse, prenant ses clefs mais pas que. Je n’avais pas compris mais il y avait placé des documents. Du moins, de faux documents de fraude à l’assurance concernant mon garage. Il ne voulait pas seulement récupérer son du, il voulait se venger. Il déposa finalement un flingue non loin de moi, et deux douilles, alors que l’un de ses potes appelait les flics pour signaler des coups de feu. De faux coup de feu évidemment. Il ne fallait pas que je reste ici, je n’avais rien fait de mal mais avec mon casier les flics n’iraient sans doute pas chercher plus loin. J’allais me relever, mais le gars avait une dernière chose à faire. Il donna un coup de pied bien placé, là où il savait que je ne pourrais pas me relever dans l’immédiat et je me tordais de douleur sur le sol froid et humide de la ruelle alors qu’ils se barraient en courant. Il fallait que je prenne sur moi. Je devais me barrer d’ici à tout prix et ce malgré la douleur. Je me redressais alors difficilement mais j’avais bien du mal à me mettre sur mes jambes, genou au sol. Et c’était déjà trop tard, car j’entendais les pas pressants derrière moi.

Laura se frotta les yeux. Elle avait sommeil, mais elle devait finir ses rapports avant de partir. Adrien n’était sans doute pas encore rentrer alors elle avait encore du temps. La jeune femme continua de taper sur le clavier de son ordinateur pendant un moment avant de décider à partir. Il était déjà tard, elle devait rentrer surtout que le lendemain, la jeune femme devait être au commissariat assez tot. Elle attrapa son manteau et descendit dans le hall de l’entrée pour pointer et dire à l’agent en place qu’elle rentrait chez elle. C’est alors que l’agent reçu un coup de téléphone disant qu’il y avait des coups de feu à quelques rues de là. Laura fronça les sourcils. L’agent la regarda avant de lui dire :

« Je n’ai personne de plus près que vous lieutenant. Il y a aussi Smith qui n’est pas très loin, il pourra vous rejoindre. Ce n’est sans doute pas grand chose, mais il faut que vous soyez prudent. Je vous conseille d’avoir votre gilet par balles… »

Décidément, les sous effectifs commençaient à affecter le commissariat où Laura travaillait aussi. Ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait. De faire des heures supplémentaires. Mais cette fois, elle était fatiguée, mais elle n’allait pas être toute seule, Smith sera là. D’ailleurs, le jeune homme était revenu au commissariat au bon moment. Laura l’interpella et lui dit :

« Smith ! On vient d’avoir un appel pour coup de feu à quelques rues d’ici. Prenez votre gilet par balle, on est les seuls qui puisse y aller pour l’instant. Venez »

Après s’être équiper et avoir récupérer son arme de service et une radio, Laura avertit le central qu’ils allaient se déplacer à pied. Pas la peine de sortir la voiture, c’était seulement à quelques rues. Inutile de sortir leurs armes dans la rue, ça ferait paniquer le peu de gens qu’il y avait dans les rues ce soir. Laura marcha rapidement suivit par Smith. Ils arrivèrent vers la rue qui était en fait une ruelle mal éclairée. C’était bizarre cette histoire. Pas d’odeur de poudre dans l’air et personne qui semblait être paniquer dans les environs. Est-ce que c’était un piège ? Est-ce que quelqu’un se jouait des policiers de New-York ? Ce ne serait pas la première fois. Laura sortit son arme et fit un geste pour que Smith fasse la même chose. Le stress et la nervosité étaient énorme, mais Laura savait qu’elle pouvait compter sur son jeune collègue. Ils avancèrent doucement mais sûrement jusqu’à trouver une personne au sol. Peut-être que l’appel n’était pas faux finalement. La jeune femme se déplaça de façon à avoir toujours la victime en vue et pouvoir réagir si d’éventuels agresseurs étaient toujours dans le coin. Elle avait l’impression de connaitre la silhouette qui était au sol… Laura s’approcha doucement et son coeur fit un bond. Jared. Dans quoi s’était-ils fourrer encore ?! Elle l’avait laissé quelques jours plus tôt et le voilà, au sol, en sang, au milieu de cette ruelle froide et sinistre. Elle s’agenouilla près de lui et posa doucement une main sur son épaule, car elle voyait qu’il respirait mais difficilement.

« Je vais commencer à croire que vous faites exprès Parker… Est-ce que ça va ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

En attendant la réponse de Jared, elle regarda Smith qui était sur ses gardes. Il ne comprenait pas la relation que son lieutenant avait avec cet homme, mais il était un bon policier et il était là pour soutenir Laura.

J’étais vraiment dans une sacrée merde. Et cette fois, je n’avais pourtant rien cherché du tout. Pas de bagarre dans un bar, pas de sale histoire de trafic qui tourne mal … Non, juste un vol pur et simple de mon travail, travail légal et pour lequel j’avais donné de mon temps, de ma sueur, de mon argent aussi. Je me retrouvais dans cette sale situation parce que j’avais bien voulu aider un parfait ingrat … Mais pour le moment je n’avais pas vraiment le temps de philosopher sur le sujet car il fallait surtout que je me tire de là à tout prix. J’avais déjà un casier long comme le bras et si mes derniers agissements n’étaient pas suffisant pour faire basculer ce qui me pendait de plus en plus au nez, je pouvais très bien me retrouver au taule dès aujourd’hui pour un foutu piège dans lequel j’étais tombé. J’avais le visage en sang, il me paraissait gonflé de partout, mes cotes me faisaient mal et je ne parlais pas de plus bas. C’est d’ailleurs là que j’avais posé ma main, comme si ça aiderait à atténuer la douleur et j’essayais de me relever, un genou au sol tout comme mon autre main qui m’aidait à me soutenir. Allez Jared, encore un effort ! Mais trop tard car déjà du monde arrivait prêt de moi et il ne fallait pas être devint pour comprendre qu’il s’agissait des flics. J’étais bon cette fois.

A aucun moment je n’avais réalisé que j’étais dans le même secteur que le bar de l’autre fois. Alors à aucun moment non plus je n’avais pensé au fait que ce soit le Lieutenant Harris qui débarque. Je ne l’avais même pas reconnu au début, me contentant de regarder devant moi sans geste brusque pour ne pas aggraver les choses. Après tout, le mec avait appelé pour des coups de feu alors ils devaient sûrement être vigilants. Mais lorsque je sentis cette main sur mon épaule et surtout que j’entendis ses mots … Il n’y avait qu’une seule flic pour me parler de cette manière. Je tournais doucement les yeux vers elle, le regard fuyant tout de même. Elle me demandait si ça allait, ce qu’il s’était passé. Moi, je lâchais alors la première chose qui me passait par la tête. « J’vous jure que j’ai rien fait c’est pas moi ... » Putain mais c’était encore plus suspect ça. Mais je n’étais pas du genre à réaliser tout ce que je pouvais dire. « Et ça c’est pas à moi, j’y ai pas touché ... » Dis-je en montrant du regard le revolver en face de nous. Ce n’était que pure vérité mais comment être sur qu’elle me croirait ? J’étais le premier à raconter des mensonges pour essayer de me tirer de situations mal embarquées. Finalement, toujours au sol, je retournais mes poignets comme résigné. « Vous allez m’embarquer, n’est-ce pas ? Après tout, vous aimez ça me passer les menottes non Lieutenant Harris ? » Mais dans le situation actuelle, même ce trait d’humour que j’avais déjà eu avec elle sonnait faux.

Laura n’était pas très bien d’aller vers cet endroit, mais pas le choix, il n’y avait pas assez d’effectif dans le secteur. Heureusement, elle n’était pas toute seule. Smith était toujours là. C’était presque bizarre qu’ils soient toujours là. Mais dans un sens, ce n’était pas plus mal. Elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Les voilà tous les deux dans les rues de Manhattan et ils n’étaient pas rassurés. S’il avait vraiment eu des coups de feu, il fallait qu’ils soient prudent. La jeune femme n’avait pas envie de se reprendre une balle dans le corps. Ils arrivèrent au niveau de l’adresse donnée et c’était une petite ruelle mal éclairée. Tout semblait être calme. Trop calme. Laura vit le corps au sol et elle regarda Smith qui hocha doucement la tête. Ils se comprenaient. Le lieutenant avança rapidement et elle se rendit compte qu’elle connaissait la personne au sol. Jared. Dans quelle merde s’était-il mit ? Elle regarda autour de lui et vit une arme. Est-ce que c’était à lui ? Il suffisait de vérifier les empruntes… Lorsqu’elle lui demanda si ça allait, la première chose qu’il lui dit, c’était que ce n’était pas lui qu’il n’avait rien fait. Laura fronce les sourcils. Quelque chose n’allait pas. Il lui montra du regard le revolver en lui disant que ce n’était pas à lui, qu’il n’y avait pas touché. Laura s’approcha de l’arme et sortit un mouchoir de sa poche pour l’attraper. Il y avait des balles à coté, mais ces dernières ne semblaient pas avoir été tirer. Seulement poser ? Pourquoi ? Pour faire croire à une fusillade ? La personne qui avait fait ça n’était pas très intelligente… Elle regarda Smith un peu plus loin et lui montra sa radio. Il appela une ambulance et d’autres collègues pour baliser la zone. Avec de la chance, ils allaient trouver quelque chose ou pas… Pendant que Laura cherchait un indice, son regard tomba de nouveau sur Jared qui lui montrait ses poignets avant de lui dire qu’ils allaient l’embarquer, rajoutant qu’elle aimait lui passer les menottes… Elle leva les yeux au ciel avant de sortir les menottes qu’elle avait dans sa poche arrière.

« Je doute que vous puissiez aller où que ce soit dans l’état dans lequel vous êtes. Je vous passe les menottes seulement pour éviter que vous partiez. J’ai besoin de temps pour comprendre ce qui s’est passé ici… Et j’ai besoin que vous m’expliquez tout. Parce que je me doute que cette arme n’est pas à vous. D’aussi loin que je me souvienne, vous n’avez jamais utiliser une arme n’est-ce pas ? Bref, ce n’est pas la question. J’ai besoin de vous voir et on va se rendre au poste. »

Le son de l’ambulance arriva derrière eux. Les médecins se présentèrent au niveau de Laura et elle leur indiqua Jared.

« Je veux savoir s’il est en état pour avoir un interrogatoire. »

Le médecin s’approcha de Jared et soigna les premières blessures au niveau du visage. Rien de bien méchant. Les cotes allaient être douloureuses pendant quelques temps. C’était sans doute son amour propre qui avait prit un grand coup. Lorsqu’il eut terminer, il assura Laura qu’elle pouvait l’emmener.

« Allez Parker, on y va. Vous allez tout m’expliquer au poste. »

Pendant que Smith lui tenait le bras, Laura prit son téléphone et fit quelques photos de la scène avant que ses collègues arrivent. Elle les vit arriver au moment où ils allaient partir. Elle leur donna l’arme qu’elle avait conservée dans un mouchoir et leur dit qu’elle allait au poste. Ils la regardèrent partir avec le suspect et Smith. Ils arrivèrent au niveau du poste et Laura emmena Jared dans la salle d’interogation. Elle lui retira les menottes et lui dit :

« Videz vos poches sur la table s’il vous plait. Et vous allez me raconter ce qui s’est passé pendant ce temps. Je vous rappelle que l’interrogatoire est filmé et enregistré. »

Je me voyais déjà derrière les barreaux. Cette fois c’était fini, je n’allais pas y échapper c’était sur … Quelle douce ironie de finir en taule pour la seule fois où j’étais innocent … J’avais essayé de faire un trais d’humour, d’être moi, car habituellement je devais bien avouer que j’aimais ce petit jeu avec elle. Je savais que que ça l’exaspérait légèrement mais ce n’était pas méchant, juste drôle. Alors oui, j’essayais d’être moi, sauf qu’il n’y avait rien de moi dans cette situation qui ne ressemblait absolument pas aux autres. Je la vis lever les yeux au ciel et ça ne me fit même pas sourire, pas même une esquisse … Elle sorti les menottes pour me les mettre mais elle avait raison, je ne pourrais pas aller bien loin comme ça. J’avais même de la peine à me relever alors … Elle continuait de parler, m’expliquant qu’elle avait besoin de temps pour comprendre, reparlant de cette arme que j’avais montré du regard. A sa question, je faisais non de la tête. J’avais bien des défauts et j’en avais fais des conneries, mais je n’avais jamais touché une arme de ma vie et je ne comptais pas le faire. Je n’étais pas un assassin moi … Un dealer de bonheur pour qui cela dérapait pour des personnes peu prévoyantes à la limite mais pas plus. Je soupirais légèrement en l’entendant me dire que nous allions nous rendre au poste. Ce n’était pas vraiment une surprise mais là, j’étais exténué et j’avais juste envie de m’allonger dans mon lit. Je ne voulais voir personne, je ne voulais pas vraiment parler … Le son de l’ambulance se fit entendre mais moi j’avais le regard dans le vide, repensant à ce qu’il venait de se passer et aux conséquences. Finalement on m’envoya un médecin et je restais assez passif, grimaçant par moment lorsqu’il s’occupait des endroits les plus touchés. Une fois terminé il nous laissa et j’eus toutes les peines du monde à me relever. Je n’avais toujours pas décroché un mot et je me laissais traîner vers le poste par ce policier, l’Agent Smith il me semble mais je n’étais pas sur. Ce n’était pas forcément de la mauvaise volonté mais j’avais du mal à marcher rapidement. L’amour propre oui, c’était bien ça.

Une fois au commissariat, je ne fus pas emmené en cellule cette fois mais en salle d’interrogatoire. Ça plantait le décors tout de suite, il n’était pas juste question de prendre une déposition comme la dernière fois, c’était plus grave. Je m’assis sur la chaise alors que le Lieutenant Harris m’enlevait les menottes. Je me frottais légèrement les poignets avant de les poser sur mes jambes. Seulement elle me demandait déjà de vider mes poches sur la table, me demandant de tout lui raconter et me rappelant que l’interrogatoire était filmé et enregistré. Je soupirais un instant avant de glisser mes mains dans mes poches de pantalon d’abord, sortant mon portable que je posais sur la table. Je n’avais rien dans l’autre. En même temps, je me mettais alors à m’expliquer comme elle me l’avais demandé. « J’ai fait une réparation la semaine dernière dans mon garage, un gros truc, assez lourd et donc grosse facture … Et le client a pas voulu payer. Alors je lui ai pas rendu ses clefs car j’ai besoin de cet argent moi, on a déjà du mal à se sortir un salaire décent tous les mois ... » Pendant ce temps-là ce fut alors le tour de ma veste de travail et je sortais de la première poche un énorme trousseau de clef. Il y avait dessus mes clefs de maison, clefs de garage, de la dépanneuse aussi, bref tout ce que je pouvais avoir de clefs. J’en sortais aussi un joint déjà roulé et c’était sans doute la seule chose qui pouvait vraiment m’être reprochée aujourd’hui. Il y avait également un briquet évidemment avec. Dans l’autre poche j’en extirpais mon porte-feuille, je n’avais que ça dans cette poche. Du moins c’est ce que je croyais car en le posant je me rendis compte que j’avais une papier plié contre le porte feuille. Je n’avais absolument pas remarqué moi qu’il avait glissé quelque chose dans ma poche à ce moment-là, je pensais simplement qu’il avait récupéré ses clefs. Peut-être un vieux bon de commande qui était resté là. Non, en réalité il s’agissait de faux mails imprimés expliquant comment j’avais détourné des fonds d’assurance en faisant croire à un cambriolage qui n’avait jamais eu lieu. Mais je ne m’en inquiétais pas pour le moment car j’étais loin de penser à une telle chose. « Ce soir il m’a appelé pour me dire qu’il avait l’argent mais que je devais le rejoindre ici, qu’il donnerait les clefs a quelqu’un pour aller chercher la voiture et … putain j’aurais du me douter que c’était pas normal ... » J’avais gardé la tête baissée tout du long. C’était dur d’encaisser que je me sois fait berné et que j’avais tout perdu. Je ne verrai jamais l’argent de cette réparation, je m’étais fais passer à tabac, et je risquais en plus de prendre cher pour ça … c’était injuste, tellement injuste ...

Cette histoire était bizarre. Quelque chose n’allait pas du tout. Pourquoi est-ce qu’on venait de retrouver un revolver et deux belles qui n’étaient pas tirer à coté de Jared ? La personne qui avait fait n’était pas très intelligente. Il aurait été plus simple de tirer les balles et ensuite de les déposer à coté du jeune homme non ? Laura voyait bien que les choses n’étaient pas totalement en place… Il y avait anguille sous roche. Bon, pour l’instant, elle ne pouvait faire que son travail, emmener Jared au poste de police pour l’interroger. Ce n’était pas parce qu’elle le connaissait, pas personnellement, mais juste assez qu’elle devait passer à coté des choses. La jeune femme fit venir un médecin qui examina le jeune homme avant qu’on lui dise que c’était bon. Il allait sans doute avoir mal pendant quelques temps, mais ce n’était pas grave. Pendant tout ce temps, Jared ne parla pas. C’était… bizarre. Laura demanda à Smith d’emmener Jared pendant qu’elle donna l’arme du crime aux autres collègues et rattrapa le duo devant elle. Une fois sur place, elle se chargea du rester. Elle emmena Jared dans une salle d’interrogatoire. Ce soir, elle n’allait pas rentrer tot. Elle prit deux secondes pour envoyer un sms à Adrien, lui disant qu’elle allait être en retard, voyant au passage qu’elle avait encore un autre mail de ce taré qui n’arrêtait pas depuis quelques temps. Elle essaya de ne pas y prêter attention et se dirigea devant Jared pour lui retirer les menottes. Il n’était pas un danger pour elle. Elle lui demanda de retirer tout ce qu’il avait dans ses poches. Il commença par le téléphone portable qui avait miraculeusement survécu. Jared lui expliqua en même temps que la semaine dernière, il avait une réparation à faire sur une voiture, un gros truc avec une grosse facture. Le client ne voulait pas payer alors il a gardé la voiture et les clés, il avait besoin d’argent. Cela se comprenait. Laura le regarda sortir un trousseau de clés de sa poche, sans doute celle de chez lui, du garage où il travaille et de certains véhicules. Puis, un joint roulé. Laura secoua la tête, mais ne dit rien. Il était là pour cette histoire de passage à tabac et de voiture, le reste, ça pouvait attendre. Un briquet rejoint le joint roulé avant de passer à l’autre poche qui contenait son porte feuille et un papier plié. Jared continua en lui disant qu’il avait été appelé par ce client lui disant qu’il avait l’argent, qu’il devait le rejoindre à l’endroit où les policiers l’avaient trouvé. Déjà l’histoire n’était pas nette. Jared n’avait pas regardé Laura depuis qu’il était là, ce qui n’était pas normal. Laura regarda le porte feuille du jeune homme, ne trouvant que ses papiers d’identités, son permis de conduire. Puis, elle regarda cette feuille pliée. Elle commença à lire et fronça les sourcils de plus en plus à mesure que sa lecture se déroula. Elle ne dit rien pendant un moment.

« Lorsque ce client vous a dit de le rejoindre à l’endroit où je vous ai trouvé, pourquoi ne pas avoir demander à quelqu’un de venir avec vous ? Vous avez des employés dans votre garage ? Ou un ami de confiance ? Vous auriez pu trouver quelqu’un pour venir avec vous… »

Laura marcha doucement dans la salle d’interrogatoire en lisant de nouveau le papier. C’était un échange entre deux personnes disant que Jared aurait détourné les fonds de l’assurance pour un cambriolage qui n’avait jamais eu lieu. Laura s’arrêta de marcher avant de regarder de nouveau le jeune homme qui n’avait pas levé la tête.

« Vous avez été victime d’un cambriolage dernièrement ? »

Ce n’était pas dans mes habitudes mais là, j’étais quasiment résigné. C’était la bonne, j’allais rejoindre mon père derrière des barreaux et alors que je n’avais rien fait de mal cette fois. J’aurais pu me défendre, de manière plus virulente évidemment, mais tout ça m’avait secoué autant physiquement que mentalement. J’avais l’impression d’avoir mal à chacun de mes mouvements et si je n’avais pas eu l’occasion de voir mon visage, je pouvais me douter qu’il était dans un triste état. J’avais l’impression qu’il était gonflé de partout c’était vraiment atroce. Elle me posa alors des questions et je gardais la tête bien basse. « Un seul employé, depuis peu ... » Je venais seulement d’embaucher Gabriel suite à la perte de mon ancien boss et si nous avions partagé des moments intimes ensemble, on ne pouvait pas encore dire que nous étions amis. Des amis, je n’en avais pas vraiment, j’avais toujours été assez solitaire. Pas le genre d’amis qu’on voit toutes les semaines en tout cas. Mais je soupirais surtout avant d’ajouter quelques mots lorsqu’elle me dit que j’aurais pu trouver quelqu’un pour venir avec moi. « J’ai pas réfléchis à ça … Je pensais juste venir récupérer l’argent et rentrer … j’pensais pas que j’avais à m’inquiéter, j’ai l’habitude de gérer seul ... » Je l’avais toujours fais pour tout, à commencer par mon petit commerce illégal. D’ailleurs, c’est bien depuis que je faisais bosser Simon pour moi que je cumulais un peu trop les problèmes de ce côté là. Mais j’avais surtout la tête bien basse car j’étais frustré et honteux et m’être fait avoir de la sorte. Et d’avoir à peine su me défendre contre eux alors que je savais quand même un peu me servir de mes poings.

Elle avait en tout cas déjà inspecté mon porte feuille mais il n’y avait vraiment rien à trouver dedans. Mes papiers, mon permis de conduire, quelques billets et peut-être de vieux tickets de caisse tout au plus. Elle avait alors attrapé le papier pour le lire en même temps que je lui donnais des explications et je me demandais ce qu’elle pouvait bien y trouver, toujours persuadé qu’il s’agissait d’un simple bon de commande du garage. J’arquais cependant un sourcil en relevant le regard vers elle lorsqu’elle me parla de cambriolage. Je ne comprenais pas du tout d’où ça venait ça. « Non pas de cambriolages … j’ai déjà eu assez de problèmes à gérer dernièrement sans devoir gérer ça en plus ... » Je grimaçais légèrement en disant ça. Si j’avais du affronter un tel évènement en plus, je crois que je n’aurais plus réussis à m’accrocher et aurait directement mis la clef sous la porte malgré le fait que mon défunt boss tenait vraiment à ce garage. Je regardais alors un peu plus le papier qu’elle tenait dans les mains. Ça ne ressemblait quand même vraiment pas à un bon de commande ou n’importe quel autre papier du garage ça. « Attendez, c’est quoi ce papier ? » Je venais de le poser moi-même si la table, j’aurais du savoir et pourtant … il y avait quelque chose qui n’allait pas.

Laura n’avait pas pour habitude d’être tendre avec les personnes qu’elle interrogeait, mais cette voix, il y avait quelque chose qui faisait qu’elle ne voulait pas enfoncer Jared plus que de raison. Le lieutenant avait prit sous son aile Sienna et elle lui devait bien ça. Son frère était peut-être un petit voleur, mais il ne méritait pas de se retrouver en taule pour quelque chose qu’il n’avait pas fait et clairement, ce soir, il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Laura demanda alors à son prévenu s’il avait des employés dans son garage dernièrement et pourquoi il n’avait pas demandé à être accompagné. Jared lui répondit qu’il avait engagé quelqu’un dernièrement et qu’il n’avait pas réfléchi au fait qu’il aurait pu tomber dans une embuscade. Il était habitué à gérer ses affaires tout seul. La jeune femme le regarda pendant un instant avant de dire :

« Je comprends, mais la prochaine fois, si vous ne le sentez pas, n’y allez pas tout seul… »

Le téléphone de Laura vibra dans sa poche mais elle essaya de ne pas y prêter attention. C’était sans doute encore ce tordu qui lui envoyait des mails trop souvent. Ça commençait à être pénible, elle se demandait même si elle n’allait pas changer de téléphone. Secouant la tête, elle revient à Jared qui avait sortit son porte feuille qui contenait sa carte d’identité, son permis de conduire, quelques billets, tout de ce qui avait de plus normal. Puis, ce papier. Laura le lu rapidement et elle fronça les sourcils. Qu’est-ce que c’était cette histoire encore ? Elle regarda Jared en lui demandant s’il n’avait pas été victime d’un cambriolage dernièrement et elle le vit réagir. Il releva la tête vers elle en lui disant qu’il n’y avait pas eu de cambriolage, qu’il avait assez de problèmes comme ça ces derniers temps sans devoir gérer ça en plus. Son regard tomba sur le papier que Laura tenait dans ses mains. Il lui demanda alors ce que c’était. La jeune femme se rendit compte qu’il ne savait pas du tout dans quoi il venait de tomber… C’était sans doute une personne mal intentionnée qui avait mit ce papier dans ses poches, mais qui ? Et pourquoi ? Laura fit glissé le papier vers Jared.

« C’est un papier contenant des échanges de mail comme quoi vous auriez détourner l’argent de votre assurance en faisant croire que vous avez été victime d’un cambriolage… »

En le voyant changer de couleur presque, Laura savait que Jared n’était en aucun cas mêlé à tout ça. Si la personne était allé vraiment loin dans son histoire, peut-être qu’elle allait trouvé une plainte dans les dossiers de la police ou une déclaration de vol de véhicule dans les fichiers, mais elle n’en était pas certaine. Cette ou ces personnes avaient fait les choses à la va vite au vu du pistolet qu’ils avaient laissé sur place… Laura prit place sur la chaise en face de Jared.

« Je vous donne le bénéfice du doute Jared, parce que au vu de votre tête, ce genre de chose n’était pas prévu. On va regarder dans les fichiers si vous n’avez pas réparer un véhicule qui serait maintenant déclarer volé. Si la personne qui vous a fait ça est aller aussi loin, j’ai peur que ça prenne du temps… mais ils n’ont pas été très intelligents quand ils ont laissé le révolver avec deux balles non tirées pour faire croire à une fusillade. C’est à croire qu’ils nous prennent pour des débutants. »

Son téléphone vibra encore une fois et Laura le sortit de sa poche pour l’éteindre.

« Excusez moi, quelqu’un s’amuse à m’envoyer des mails toute la journée, ça devient pénible… Revenons à notre affaire. Je vais avoir besoin de vos dossiers concernant les réparations de véhicules. On ira les chercher ensemble s’il le faut. »

C’était bien ça tout le problème, à aucun moment je ne l’avais pas senti. J’y avais été, tête baissée, tombant totalement dans la panneau, et je m’en voulais pour ça, je me sentais honteux d’avoir été aussi naïf. Ça avait pourtant tout du traquenard cette histoire, après coup c’était presque si on m’avait mit un panneau devant les yeux pour me prévenir du danger mais que je l’avais évité tellement j’avais été aveuglé par le fait de mettre un terme à cette histoire qui pourtant ne faisait que commencer. Je n’ajoutais rien cependant, ça ne servait pas à grand-chose d’épiloguer sur la question. Elle m’avait alors posé des questions sur un éventuel cambriolage et je ne comprenais pas du tout cette question jusqu’à ce que je tombe sur ce papier qu’elle tenait et que j’avais moi-même posée sur la table quelques instants avant. C’était sûrement bizarre de lui poser une telle question à propos de quelque chose qui se trouvait dans ma poche mais elle finit par me le faire glisser tout en m’expliquant. Je prenais le papier entre mes doigts, parcourant les lignes avec stupeur. Ils allaient vraiment loin. « Les enfoirés … » Soufflais-je avant de relever le regard sur elle en montrant le papier. « J’vous jure que j’ai jamais écris ces mails ! Regardez dans mon téléphone si vous voulez, vous verrez que ces mails n’existent pas ! » Bon en réalité c’était facile d’effacer des mails mais là, je paniquais légèrement. Ce garage était vraiment important pour moi. Si je finissais en taule, ce serait sans doute terminé. Si je tombais pour cette obscure raison, c’était sur qu’il serait définitivement fermé.

Je le regarde alors s’asseoir en face de moi tout en reposant le document sur la table. Je n’étais vraiment pas serein mais un soulagement m’envahit lorsqu’elle m’annonça me donner le bénéfice du doute. Bon pas trop quand même car elle m’annonçait que tout cela risquait d’être long. Je ne savais pas trop comment j’étais considéré pendant ce temps là. Suspect, victime ? C’était assez flou en réalité. Moi je le savais, mais ces enflures avaient tout fait pour qu’on pense de moi l’inverse. J’arrivais néanmoins à retrouver un peu contenance malgré mon état, surtout lorsqu’elle me dit qu’elle viendrait avec moi chercher les dossiers des véhicules. J’acquiesçais de la tête, j’étais clean alors je ne m’inquiétais pas de ce côté là. Et heureusement pour moi, j’avais recruté Gabriel qui avait sacrément remis de l’ordre dans tout ça. Dans mon malheur, j’avais la chance que ça ne soit pas arrivé un peu plus tôt, quand j’étais tout seul à tenir ce garage à bout de bras et que les papiers s’accumulaient sans que je n’y comprenne rien. Alors retrouvant contenance, je me risquais même à un petit trais d’humour à propos de ces mails dont moi je ne pouvais pas savoir la gravité. « Vous avez un admirateur secret Lieutenant Harris ? Au moins vous savez que ce n’est pas moi, mon téléphone est sur la table. » J’avais dis ça en levant les mains devant moi en signe de non culpabilité et avec un petit sourire, léger malgré tout vu la situation.

Il fallait qu’elle pose les questions, pour se faire une idée de ce qui pourrait s’être passer ou ce qui ne s’était pas passé. Sur place, elle avait trouvé un revolver et deux balles non utilisées, mais elle était loin d’imaginer que ses collègues allaient trouvé deux autres douilles, utilisées celles-ci et qui allaient parfaitement dans le revolver. Et qu’il y aurait les empruntes de Jared sur l’arme… Pour l’instant, la jeune femme se contenta de regarder la réaction de Jared concernant le mail. Il lui jura qu’il n’avait jamais écrit ces mails, qu’elle pouvait regarder dans son téléphone, elle n’aurait pas de traces de ces mails. Mais, c’était facile à dire. On pouvait effacer les mails, elle en savait quelque chose. Elle regarda le téléphone de Jared et lui dit :

« Nous allons vérifier bien sûr… mais je vous laisse le bénéfice du doute… »

Elle prit place en face de Jared et lui dit que ça risquait d’être long pour trouver des preuves de son inoncence. C’était déjà compliqué en temps normal de trouver des preuves même lorsqu’on avait le suspect… La jeune femme continua en disant qu’elle allait vérifier dans les fichiers de la police concernant les véhicules qu’il avait réparé dernièrement. Il allait peut-être falloir faire venir ce nouvel employé qui était dans son garage, mais ce n’était pas un suspect. Le coup était trop énorme pour que ce soit monter en quelques jours seulement. Laura regarda son téléphone qui n’arrêtait pas de sonner et le coupa en s’excusant auprès de Jared. Ce dernier ne pu s’empêcher de faire de l’humour en lui demandant si elle n’avait pas un admirateur secret. Elle pourrait être certaine que ce n’était pas lui parce que son téléphone était sur la table. Laura secoua la tête avant de lui dire :

« Vous savez maintenant qu’on peut programmer des envois de mail ? Je doute que mon admirateur secret soit du genre à rester devant son ordinateur toute la journée… Mais non, je dirais que ce n’est pas un admirateur secret, mais quelqu’un de très…intrusif. Mais passons ce n’est pas le sujet de l’interrogatoire. »

Elle devait reprendre le cours de la discussion. C’est alors qu’on toqua à la porte et Smith entra dans la salle. Il avait le revolver dans un sac, ce qui semblait être des balles dans un autre puis une autre sac avec des douilles. Des douilles ? Elle n’avait pas vu ça sur la scène de crime ! Le plus jeune s’approcha et posa le tout sur la table et dit d’un air grave :

« Lieutenant. Le revolver et les balles que vous avez trouver ne sont pas compatibles. Par contre, la scientifique a trouvé d’autres douilles qui correspondent à l’arme… Et… »

Le jeune homme regarda Jared avant de rajouter :

« Il y a les empreintes de Monsieur Parker. »

Laura regarda Smith sans rien dire avant de regarder Jared qui ne semblait pas comprendre ce qui se passait aussi. Le lieutenant lui dit :

« Parker… Je pensais que vous ne touchiez pas à une arme ? »

J’étais vraiment en train de reprendre espoir, de reprendre contenance, et en définitive de redevenir moi-même. Elle me croyait, et au final j’avais vraiment de la chance que ce soit elle qui ait investi les lieux après l’appel de ces enfoirés. Elle me connaissait, elle savait que je n’étais pas ce genre de gars. J’en avais fais des conneries, mais au final on parlait de petits vols, de possession de drogue, de bagarres … rien à voir avec ce qu’il se passait aujourd’hui. On voulait me faire porter le chapeau pour des faits bien plus graves et qui ne me ressemblaient pas. Tout mon corps semblait d’ailleurs dire que quelque chose n’allait pas jusqu’à présent mais là, je commençais enfin à me détendre un peu, à me dire que peut-être que j’allais vite sortir d’ici et que tout ça serait derrière moi même si l’enquête risquait d’être longue selon les propos du Lieutenant. Tant que je pouvais aller bosser demain au garage, tout irait bien. Je souris alors timidement quand elle me redit qu’elle me laissait le bénéfice du doute par rapport à ces faux mails que je n’avais jamais écrit. Bon bien sûr que c’était plus compliqué que simplement checker ma boite mail sur mon portable, mais bon je n’étais pas non plus du genre à utiliser ma boîte mail tous les jours alors j’en savais foutrement rien moi. Elle s’était installée en face de moi et je ne pu m’empêcher ce trais d’humour, redevenant petit à petit moi-même, le Jared qu’elle connaissait, celui qu’elle avait elle-même mit en cellule quelque jours auparavant. A sa réponse je me sentis un peu con je devais l’admettre. « Ah ouais on peut programmer des mails vraiment ? Cool ! » J’étais sérieux en disant ça ce qui me rendait sans doute encore un peu plus crétin à ses yeux, mais tant pis.

Sauf que ce qui se passa ensuite, ça je ne l’avais absolument pas vu venir. On toqua à la porte et je vis l’Agent Smith entrer, celui-là même qui m’avait fait venir jusqu’au poste auparavant accompagné du Lieutenant Harris. Il avait le fameux revolver dans les mains, du moins dans un sac. Le premier truc auquel je pensais, c’est que c’était fou c’était comme dans les films. Non je n’avais pas encore mesuré ce qui était sur le point de me tomber sur la tête. Je n’avais pas vraiment fait gaffe au reste. Après tout, je ne connaissais rien aux armes alors balles ou douille, je ne connaissais pas trop. Il prit la parole et là … Là ça sentait vraiment mauvais. Des douilles correspondant à l’arme ? Comment ça, je n’avais rien vu du tout moi. Ils avaient sûrement fait ça dans mon dos. Mais la douche froide, ce fut le moment où le jeune homme annonça que mes empreintes avaient été retrouvées sur l’arme. Je crois que mon visage avait du se décomposer à ce moment-là. Comment était-ce possible ? Mes espoirs s’étaient envolés d’un coup, mais sur l’instant j’étais juste resté bouche bée. Jusqu’à la question du Lieutenant où je tournais les yeux vers elle. « Je … je vous jure que j’ai jamais touché à une arme, ni à celle-ci ni à aucune autre. » Comment pouvait-elle me croire alors que mes empreintes avaient été retrouvées dessus ? « Je comprends pas … » C’était la panique en moi à ce moment-là et je comprenais qu’il ne s’agissait pas juste de petits enfoirés mais qu’ils étaient bien plus doués que ce qu’ils avaient pu laisser imaginer

Laura essayait de faire du mieux qu’elle pouvait pour comprendre ce qui se passait dans cette histoire. Quelque chose n’allait pas, mais elle n’arrivait pas à mettre la main dessus. Bien sûr, elle pouvait croire Jared lorsqu’il lui disait qu’il ne touchait pas une arme, jamais de sa vie. Lorsqu’il avait été arrêté à de nombreuses reprises, il n’avait jamais eu d’armes à feu sur lui, pourquoi commencé aujourd’hui ? C’était une question qui tournait. En attendant d’avoir le retour des empreintes sur l’arme, elle lui laissait le bénéfice du doute. Puis, elle sentit sur Jared commençait à se détendre lorsqu’elle lui dit que pour l’instant, aucune preuve n’était présente de cette affaire, mais c’était sans compte sur l’agent Smith qui arriva quelques minutes plus tard. Avant ça, Laura avait coupé son téléphone, expliquant à Jared qu’elle avait quelqu’un qui n’arrêtait pas de lui envoyer des mails. Bien sûr, elle lui expliqua aussi qu’il était possible de programmer l’envoi de mail ce à quoi Jared lui dit que c’était cool. Sans doute n’avait-il jamais eu l’information ? Laura secoua doucement la tête avant de voir l’agent Smith entré dans la pièce. Et à partir de ce moment là, les choses changèrent.

Smith entra avec le revolver et deux autres sacs. Le premier sac contenait des balles qui n’avaient pas été utiliser et qui n’étaient pas compatibles avec le revolver. C’était ce que Laura avait trouvé sur la scène du crime. Dans l’autre sac, il y avait deux autres balles, utilisées cette fois et qui correspondaient à l’arme. Une autre chose tomba alors. Il y avait des empruntes sur le flingue et pas n’importe lesquelles : Celles de Jared Parker. Et à ce moment, Laura sentit son coeur descendre dans tout son corps. Elle était persuadée de l’innocence de Jared, mais maintenant qu’il y avait ses empreintes, comment prouver qu’il n’était pas impliqué. Alors, elle fut froide, un peu plus distante et Jared avait du le ressentir. Elle lui demanda encore une fois s’il touchait à une arme. Au vu de son visage décomposé, elle avait envie de croire que ce n’était pas lui, mais les empreintes ? Bien sûr quelqu’un d’assez doué pouvait les mettre sur l’arme… Jared ne semblait pas comprendre ce qui se passait non plus. Il lui dit qu’il n’avait jamais touché une arme de sa vie, ni celle ci, ni une autre. La panique se lisait sur son visage et il rajouta qu’il ne comprenait pas. Smith regarda le jeune homme et dit doucement :

« Peut-être que vous n’avez pas toucher cette arme, mais il y a vos empreintes. Si on essaye de vous piégez, la personne est vraiment, vraiment déterminée. »

Laura ne savait plus quoi dire. Elle voulait croire Jared, mais elle savait qu’au vue de son casier judiciaire, il n’était pas du tout gagnant. Il fallait mener l’enquête. Impossible de trouver l’origine des mails avec des preuves sur papier. Et l’adresse mail ? Est-ce que c’était la même adresse mail que Jared ? Est-ce que ces personnes avaient vraiment l’intention de nuire Jared ou c’était parce qu’il avait besoin d’une personne quelconque ? Il y avait tant de questions dans la tête de Laura et il était déjà si tard dans la nuit… Elle se frotta les tempes pendant un moment avant de se lever et d’aller vers la porte de sortie.

« Smith, mettez Parker en cellule pour la nuit. J’ai besoin de sommeil, j’ai fini depuis un moment déjà et vous aussi. On donne les instructions pour l’équipe de nuit et on rentre se reposer. Demain matin, on y verra peut-être plus clair. Je vous laisse gérer, il faut vraiment que je parte… »

Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’elle puisse sortir Jared de ce mauvais pas parce que sinon, s’en était fini de lui…

C’était une vraie douche froide. Moi qui pensait que petit à petit la situation s’améliorait, elle venait de s’aggraver à la place. Comment mes empreintes avaient-elles pu se retrouver sur ce revolver ? Je n’y avais pas touché, ils ne m’avaient pas poussé à le faire … à moins que mon cerveau ait des pertes de mémoire suite au traumatisme mais quand même, j’avais l’impression de me souvenir de tout. J’étais foutu, j’allais finir en taule. Alors qu’aujourd’hui j’étais la victime … quelle douce ironie quand on y pense. Mon visage était totalement défait. Il était déjà dans un triste état avec ce que j’avais ramassé dans la ruelle mais là, il était également marqué par mon incompréhension et ma stupeur. Je tournais le regard vers l’agent Smith et un mince espoir réapparu en moi lorsqu’il parla du fait qu’on puisse essayer de me piéger. Est-ce qu’il croyait vraiment à ce qu’il disait ? Je ne sais pas, mais en tout cas il y avait pensé et chaque petit encouragement était bon à prendre tellement j’étais dans la merde actuellement. Le Lieutenant Harris, elle, ne disait rien par contre. Elle semblait perdue dans ses pensées, je crois que j’aurais presque pu voir son cerveau fumer. Ce n’était pas une mauvaise personne malgré nos rencontres ici-même qui n’étaient pas forcément de bon souvenirs pour moi, je devais le reconnaître.

C’est alors que je la vis se lever et aller vers la porte avant de prendre la parole. J’allais passer la nuit en cellule, merde ce n’était pas prévu ça ! Déjà parce que ça n’avait rien d’agréable, mais aussi parce que j’avais un garage à faire tourner à la première heure moi. Je me levais alors tout en restant sur place et la regardant. « Lieutenant Harris, s’il vous plaît laissez-moi passer un coup de fil. Je devais ouvrir le garage demain dès l’aube … Je crois que je ne pourrais probablement pas le faire … laissez-moi appeler mon employé pour qu’il puisse prendre le relai ... » Je n’avais vraiment pas envie que Gabriel se pointe et trouve porte clause. Du moins c’est ce qu’il se passerai fatalement, mais s’il savait que j’avais une clef bien cachée pour ouvrir le garage au moins il pourrait faire son travail même si j’étais désolé de l’abandonner ainsi. Il s’inquiéterait sûrement moins de ne pas me voir arriver aussi si je l’avais prévenu avant … même si ça resterait sans doute bizarre. Et puis au moins, le garage serait ouvert et nous en avions bien besoin vu comment nous étions dans le rouge et en particulier depuis le décès de mon boss. Alors je la regardais avec insistance, espérant qu’elle me laisse faire. Jusqu’ici j’avais toujours été relâché vite, alors je n’en avais jamais vraiment eu besoin, mais j’avais le droit de passer un coup de fil non ? C’est ce qu’ils faisaient dans les films en tout cas.

Laura n’arrivait plus vraiment à réfléchir. Elle devrait être chez Adrien, dans son bain à profiter d’un verre de vin et d’un délicieux diner. Mais non, elle était encore là, à faire des heures supplémentaires qui n’allaient sans doute pas être payer et en plus, elle était au prise avec une enquête qui semblait être plus compliquer que prévu. Elle voulait croire Jared lorsqu’il lui disait qu’il n’avait jamais toucher une arme de sa vie, mais le revolver disait tout le contraire. Et ça, c’était difficile de dire que ce n’était pas lui. Pourtant, Smith dit à Jared qu’il y avait peut-être un petit espoir, quelqu’un avait peut-être organiser tout ça, qu’il était prit au piège tout simplement. Il allait falloir trouver rapidement la solution… Alors, avant de se perdre de nouveau dans ses pensées, Laura demanda a l’officier Smith de mettre Jared sous les verrous pour la nuit et ils reprendraient le lendemain matin. C’est alors que le jeune homme se leva à son tour, sans pour autant bouger de sa place en lui demandant s’il pouvait passer un coup de fils. Il devait être d’ouverture du garage le lendemain matin, mais il n’allait pas pouvoir le faire. Il voulait appeler son employé. Laura passa une main contre son visage avant de répondre :

« C’est d’accord. Mais interdiction de rendre les voitures qui sont dans votre garage tant que la scientifique n’est pas passé. On va devoir regarder dans votre garage certaine chose. Je veux bien que votre employé travaille, mais il ne doit pas rendre les voitures tout de suite. Je pense qu’on devrait pouvoir y être dès sept heures trente demain matin, c’est possible pour lui d’être présent ? »

Laura devait vérifier si l’une de ces voitures n’étaient pas volé ou si quelqu’un n’avait pas quelque chose contre Jared, parce que là, cette histoire allait vraiment trop loin. Laura revient vers la table et poussa le téléphone de Jared vers lui.

« Vous pouvez l’appeler et vous le mettez sur haut parleur s’il vous plait. »

Laura croisa les bras et attendit que Jared finisse son appel. Comment cette histoire pouvait-elle allait si loin ? Quelqu’un voulait vraiment faire tomber le jeune homme, mais qui ?

Il fallait que je passe ce coup de fil. Je ne voulais pas faire de coup foireux ou quoi que ce soit, je voulais juste m’assurer que tout irait bien demain au garage, ne pas inquiéter Gabriel … Alors j’espérais vraiment qu’elle accepterait ma demande. Il me semblait que légalement elle n’avait pas le droit, mais moi et le droit nous n’étions pas vraiment copains alors en réalité je n’en savais pas grand-chose. Je la regardais de passer la main sur le visage, elle devait sans doute vouloir rentrer chez elle et je m’en voulais un peu de la déranger, mais il le fallait. Je sentis un petit soulagement m’envahir lorsqu’elle me dit que c’était d’accord mais elle fit plusieurs précisions. J’écoutais attentivement essayant de bien retenir tout ce qu’elle m’avait dit. Si je voulais m’en tirer, je devais coopérer. Ça me faisait mal de l’admettre mais aujourd’hui les flics étaient devenus mes meilleurs amis pour espérer que ma vie ne soit pas totalement foutue. « Je pense que oui, normalement nous commençons tôt tous les deux. Je vais lui dire. » Répondais-je en signe de bonne fois et de coopération. Ça risquait de ne pas être très sympa pour lui et il allait sûrement se demander dans quoi il venait de mettre les pieds en acceptant d’être embauché. C’était aussi sans compter sur les répercussions que nous pourrions avoir au garage avec la visite de la police scientifique, le fait de ne pas pouvoir rendre leur voiture aux client dans l’immédiat … mais c’était ça ou rien, alors il fallait au moins limiter la casse.

Elle revint vers moi pour me pousser mon propre téléphone, me demandant de le mettre sur haut-parleur et je déglutissais difficilement, presque gêné. Pas parce que je cachais quelque chose non, mais parce que Gabriel était plus que mon simple employé et que même si nous n’étions pas le genre à nous passer des appels coquins, j’avais une petite angoisse en moi quand même de savoir que du monde ici présent nous entendrait. Je me rasseyais alors, cherchant rapidement le contact dans mon téléphone avant d’appeler, mettant le haut parleur et le posant sur la table. C’était bien ma veine ça, répondeur. A cette heure-là, il devait sûrement encore être en train de frapper dans un sac dans la salle où un jour je devais le rejoindre. « Gabriel, c’est Jared. Je sais que t’attendais pas d’appel de ma part ce soir, c’est à propos du garage. Demain je vais pas pouvoir être là à l’ouverture, et … enfin je pourrais pas non plus passer ce soir … pour te donner les clefs. » J’avais dis ça légèrement gêné, pensant à ce que nous aurions pu faire ensemble si j’avais pu passer mais j’étais le seul ici à pouvoir penser à ça. « Si tu pouvais être là avant sept heure trente demain, tu me rendrai un sacré service. Tu trouveras une clé sous une pierre, derrière les vieux pneus usagés. Tu peux la garder d’ailleurs. Tu vas avoir la visite de ... » Je laissais un petit blanc tout en regardant le Lieutenant Harris avant de continuer. « De la police scientifique. Ne panique pas … Tout va bien. Il faut juste qu’ils regardent quelques trucs … Ne rend pas de voitures au clients tant qu’ils en sont pas passés surtout. Je ne vais pas pouvoir te rappeler ce soir Gabriel … je suis désolé de t’infliger tout ça ... » J’avais laissé un petit silence et finalement, j’avais appuyé sur le bouton pour raccrocher avant de repousser légèrement le téléphone. Même si j’aurais sûrement été un peu gêné, j’aurais vraiment aimé entendre Gabriel au téléphone, et être un peu rassurer … mais à l’inverse, j’avais aussi sans doute évité une foule de question supplémentaires de sa part et ce n’était peut-être pas si mal aussi.

Bien sûr, Laura n’avait pas le droit de laisser Jared passer ce coup de fil, mais là, ce n’était pas n’importe quoi. Il fallait qu’il y est quelqu’un au garage le lendemain matin. Si le jeune homme n’y était pas, qui pourrait l’être ? Son employé. Loin de se douter qu’il était plus que l’employé de Jared, Laura poussa le téléphone du jeune homme vers lui en lui disant de laisser sur haut parleur. Comme tout était enregistrer, au moins, les preuves seront là. Smith regarda Laura pendant que Jared passa son coup de téléphone, mais tomba sur la messagerie de son employé. Il lui expliqua la situation, certaines phrases étaient réfléchies, d’autres pouvaient avoir un double sens, mais Laura n’y prêta pas attention. Jared pouvait avoir sa vie privée aussi, ce n’était pas parce qu’il était en cellule ce soir qu’il n’avait pas le droit à son intimité. Laura l’écouta finir la conversation avant de couper le téléphone. La jeune femme l’attrapa et l’éteignit pour éviter que la batterie ne se vide pendant le séjour de Jared en prison. Parce qu’elle avait clairement l’impression que ça allait être long cette histoire. Le lieutenant repose le téléphone avant de faire signe à Smith de venir remettre les menottes à Jared pour l’emmener en cellule.

« Je serais sur place demain pour le bon déroulé de l’enquête. Ne vous en faites pas, je ne vais pas vous laisser tomber Jared. »

Lorsqu’il passa près d’elle, elle posa doucement un main sur son épaule avant de la retirer et de regarder Smith partir avec le jeune homme. Elle rassembla les affaires sur la table, coupa la vidéo et l’enregistrement vocal avant de pendre les pièces à conviction et les affaires de Jared pour les mettre dans le coffre de la police et les pièces à conviction sous sellés. Dans sa tête, Laura était sure et certaine que le jeune homme était innocent, mais il y avait des preuves et elle devait tout faire pour trouver les bons arguments et surtout, pour innocenter le jeune Parker. La famille n’avait pas besoin de cela. Après avoir ranger toutes les affaires, Laura alluma de nouveau son téléphone et envoya un sms à Adrien pour lui dire qu’elle était en route… Elle n’allait pas faire long feu ce soir, le lendemain, elle devait être au garage pour coordonner la police scientifique.

J’avais raccroché le téléphone après avoir terminé mon appel, du moins après avoir fini de laisser le long message sur son répondeur. J’étais vraiment désolé de lui infligé tout ça alors qu’il venait seulement d’arriver, et aussi parce qu’il était déjà plus qu’un simple employé pour moi même si tout était encore très ambiguë. J’aurais quand même aimé entendre sa voix rassurante au téléphone … du moins je pense que c’est ce qu’il se serait passé … difficile de savoir. Mais pour le moment, je regardais le Lieutenant Harris attraper mon téléphone et l’éteindre. Je soupirais légèrement. C’était logique, mais c’était aussi la concrétisation que j’allais vraiment être seul avec moi-même pour un certain temps. Elle fit un signe de tête au jeune policier et il me remit les menottes pour sortir de la salle d’interrogatoire. Dans combien de temps pourrais-je à nouveau me déplacer librement sans avoir les fers aux poignets ? Ça me trottait dans la tête. Je me levais alors en grimaçant tellement j’avais mal partout et je relevais le regard sur elle lorsqu’elle parla. Elle serait elle-même sur place pour l’enquête, elle disait qu’elle ne m’abandonnait pas … c’était déjà ça. « Merci Lieutenant Harris. » Lui lâchais-je alors avec une extrême sincérité. Elle avait même posé un instant sa main sur mon épaule, sans doute pour témoigner de son engagement auprès de moi. Elle l’avait fait aussi la dernière fois avant de me relâcher mais cette fois je ne sortais pas de cellule, j’y allais tout droit, et je n’avais plus le cœur à rire et essayer de l’embêter.

Je fus alors emmené par l’Agent Smith dans ce qui était presque ma deuxième maison, une cellule du commissariat de police. Il m’enleva les menottes une fois à l’intérieur et comme d’habitude je me laissais glisser le long du mur. Il était tard mais moi, je n’avais aucune envie de dormir. Je me sentais mal de me retrouver dans cette situation alors que j’étais innocent et j’étais en train de toute remettre en question dans ma vie. Alors j’avais finis par me recroqueviller légèrement sur moi, ramenant mes genoux contre ma poitrine, seul avec mes pensées. Ce n’est qu’une fois la nuit bien avancée que j’avais finis par m’endormir dans cette position, mais avec des cauchemars pleins la tête. Des cauchemars qui m’envoyaient à chaque fois tous au même endroit, en prison avec mon père.

Avoir laisser Jared tout seul dans la cellule du commissariat en sachant pertinemment qu’il n’y était pour rien dans cette histoire laissait Laura mal à l’aise et inquiète. Parce qu’elle n’avait aucune idée de la personne qui voulait du mal à Jared, mais peut-être que cela n’avait rien à voir avec lui. C’était peut-être une personne qui passait dans le coin et qui avait pour habitude de faire ce genre de combine ? Elle ne savait pas et c’était la tête plein d’idées plus folle les unes que les autres qu’elle rentra chez elle. Elle ne dormit pas beaucoup et elle devait être présente au garage avant la police scientifique. Elle voulait parler à l’employé de Jared.

Laura avait enfin expliquer à Gabriel ce qui s’était passé. Ce n’avait pas été très bien au départ parce que le lieutenant n’arrêtait pas de mélanger les informations, mais ils avaient fini par se comprendre. La jeune femme avait aussi compris que Gabriel n’était pas qu’un simple employé pour Jared, au vu de l’inquiétude qui se dessinait sur son visage au fur et à mesure qu’elle parlait. Non, il y avait bien plus entre eux, mais elle décida de ne pas le souligner. Elle le gardait dans un coin de sa tête. Elle était certaine que Gabriel allait aider Jared à retrouver le bon chemin. Pendant qu’elle était au garage, elle avait finalement trouvé la personne qui correspondait à ce qu’elle recherchait et en plus de cela, sa voiture n’était plus au garage alors qu’elle aurait du s’y trouver encore. Jared n’étant pas revenu au garage depuis la veille, il n’avait pas eu le temps de mettre à jour le dossier. De toute façon, l’homme propriétaire de la voiture n’avait sans doute jamais eu l’intention de payer les réparations. Dommage pour lui, l’Agent Smith venait de le retrouver dans un petit café dans le Bronx. D’ailleurs, c’était bizarre parce qu’il n’avait pas chercher à se cacher, tellement sur de ses histoires. Smith l’emmena dans le commissariat. Mais Laura était déjà arrivée depuis un moment après avoir dit à Gabriel de venir après que la police scientifique ai quitter le garage, ce qui n’allait pas tarder sans doute. Laura entra dans le hall du bâtiment et se dirigea vers les cellules. Elle vit alors une scène qui lui déchira le coeur : Jared était recroqueviller sur lui même, sans doute un peu endormi. Il était encore tôt. Elle le regarda un instant avant de murmurer :

« Parker. »

Elle avait failli l’appeler par son prénom, mais elle voulait quand même garder une certaine distance entre eux, même si elle commençait à bien l’aimer. Sans doute qu’elle aimerait bien les Parker en général. Elle se doutait qu’ils n’avaient pas eu la vie facile avec un père en prison et une mère qui semblait tenir le coup mais sans vraiment tenir le coup… Laura laissa le temps à Jared de se réveiller et de lui dire :

« J’ai trouvé la personne qui vous a fait ça et malheureusement, il n’en ai pas à son premier coup. Vous êtes juste tomber dans le panneau… Mais ça va aller, Smith l’a retrouvé et le pire, c’est qu’il ne se cachait même pas… On va l’interroger, mais avant toute chose, je vais avoir besoin de vous. Nous confirmer que c’est bien lui qui vous a frapper… vous pouvez faire ça ? »

En attendant sa réponse, Laura rajouta :

« J’aime beaucoup votre employé. Je pense qu’il va vous aider à revenir dans le droit chemin. »

Elle lui fit un clin d’oeil et attendit sa réponse pour la première question.

La nuit avait vraiment été longue et pénible. J’avais l’impression de ne jamais avoir été aussi mal de toute ma vie. Les douleurs étaient nombreuses, d’abord physiques car même si je n’avais rien de grave, le passage à tabac avait été réel. J’avais l’impression d’avoir mal partout à chaque instant, mon visage me paraissait gonflé et tendu … mais les douleurs psychologiques ça c’était sûrement pire encore. J’en avais connu des bagarres, mais jamais d’aussi déloyales et injustes. J’étais seul face à ces brutes et je n’avais rien pu faire pour me défendre, j’avais du me contenter de subir, et pourquoi ? Parce que j’avais fait quelque chose d’honnête ? C’était carrément injuste. J’avais aidé en passant des heures sur cette voiture, en faisant une facture qui aurait valu quatre fois plus cher dans n’importe quel garage de New York, et j’étais remercié ainsi. Je remettais tout en question, me demandant pourquoi je persistais avec cette générosité pour récolter ça ensuite. Peut-être que je devrais abandonner le garage, me mettre juste à vendre de la drogue … Et puis même ça, c’était tout aussi dangereux, même plus encore … j’étais marqué par la situation et au final cela me menait toujours à la même conclusion : Dans les jours qui allaient suivre, je serais obligé d’arrêter tout ça contre mon gré car je serais certainement envoyé un prison pour quelque chose que je n’avais pas commis. Est-ce que j’allais croiser mon père là-bas ? Serais-je même envoyé dans le même centre pénitencier après tout ? Et comment cela se passerait-il là-bas, allais-je y survivre ? Combien de temps cela allait-il durer ? Les questions fusaient et m’empêchaient de trouver sommeil. Je n’allais pas bien alors j’avais finis par ramener mes genoux contre ma poitrine, pour me tenir chaud aussi. J’avais ma vieille veste de boulot sur les épaules, mais la fatigue et la douleur ne jouait sûrement pas et là j’avais froid. J’avais vraiment l’impression d’être pitoyable ainsi, assis par terre et adossé au mur de la cellule où je me trouvais. Mais finalement j’étais tombé de fatigue, dormais d’un sommeil léger et agité, toujours dans la même position.

Combien de temps étais-je resté comme ça ? Je ne savais pas dire, mais ce simple murmure me fit revenir à la réalité et quitter mes sombres cauchemars. Je tournais la tête, les yeux entre-ouverts et mon regard tomba sur le Lieutenant Harris. Une boule se forma instantanément dans mon estomac. Je n’avais aucune idée moi de ce qu’il s’était passé en mon absence. Enfin, pendant le temps où j’étais enfermé ici. Ça aurait du être une libération d’entendre son discours, j’aurais du tout d’un coup me sentir mieux, retrouver espoir, mais j’avais aussi peur de me faire une fausse illusion comme la vieille. J’avais cru être tiré d’affaire et finalement, l’Agent Smith était entré en salle d’interrogatoire avec deux douilles et mes empreintes sur le revolver. Elle me demandait cependant si je pouvais identifier cette personne qui m’avait agresser et je hochais doucement la tête pour lui répondre par l’affirmative. Je n’étais pas vraiment sur de vouloir le voir à nouveau. Le simple fait d’en reparler, je pouvais revoir son visage dans cette ruelle mal éclairée, aussi froid que cynique … Mais elle ajouta alors quelque chose qui fit faire un bond à mon cœur dans ma poitrine. J’étais resté quelques secondes figé, surtout après se clin d’œil de sa part. « Je … hein que quoi ? » Bafouillais-je enfin pour première paroles de la journée. Elle ne pouvait pas savoir ce qu’il y avait entre nous ! D’ailleurs … je ne savais même pas vraiment moi-même ce qu’il y avait entre nous. Je passais vraiment par toutes les émotions là, mais vu mon niveau de fatigue ce n’était pas vraiment étonnant.

Laura avait passé une partie de la nuit à réfléchir à ce qu’elle ferait ce jour là. Parce qu’elle ne voulait pas que Parker aille en prison et encore moins qu’il aille retrouver son père. Parce que ce dernier payait le prix de ses conneries, Laura n’avait pas encore de voir les enfants en faire autant même si, Jared faisait plusieurs conneries. Non là, ce n’était pas la même chose. Il n’y était pour rien du tout. Il fallait qu’il sorte de là et elle avait finalement trouver l’indice qui lui manquait dans les papiers du garage avec l’aide de Gabriel Furey, l’employé de Jared. Le jeune homme avait tellement paniqué quand il avait entendu que son patron était en cellule que le lieutenant avait tout de suite compris qu’il y avait une relation un peu plus pousser qu’une relation entre employé et patron. Elle n’avait rien dit parce que ce la ne la regardait pas, mais elle était presque certaine que Gabriel pouvait aider Jared a retrouvé le bon chemin. Et ça lui faisait plaisir.

Après avoir fait cette découverte eta voir trouver la personne qui avait causé tout ce tord à Jared, Laura avait envoyé Smith chercher ce suspect et elle était retournée au commissariat. Smith n’allait pas tarder et elle voulait parler à Jared avant, lui demander de l’aider à identifier la personne. Elle le trouva dans une position qui lui faisait mal au coeur. Bientôt, il allait sortir. Et il n’allait pas être seul. Laura avait demandé à ce que Gabriel passe après que la police scientifique soit partie, ce qui devait être le cas maintenant. Laura réveilla doucement Jared avant de lui dire qu’ils avaient trouvé le suspect et qu’elle voudrait bien qu’il l’aide à l’identifier. Il accepta bien sûr, mais il tiqua sur la dernière phrase de Laura. Elle avait dit qu’elle aimait bien son employé et qu’elle était certaine qu’il allait l’aider à revenir sur le droit chemin. Laura leva les yeux vers lui avant de sortir la clé de la porte de la cellule pour l’emmener vers la salle d’interrogatoire.

« Je l’aime bien Gabriel. »

Elle ne répéta que ça parce qu’elle savait parfaitement qu’il avait entendu le rester de la phrase. Elle ouvrit la porte de la cellule et ne lui passa pas les menottes. Ça ne servait à rien. Elle l’emmena vers les salles d’interrogatoires mais pas du coté où Jared avait l’habitude, mais celui où les policiers regardaient les interrogatoires derrière une vitre sans teint. Le suspect était assit devant la table, les mains sur la table, menotté. Il ne semblait pas être plus stresser que cela, comme s’il avait l’habitude de ce genre de choses. Il pensait sans doute qu’il allait s’en sortir, mais Laura n’avait pas l’intention de le laisser partir. Elle prit son téléphone et envoya un texto à Smith pour lui demander de regarder dans le téléphone du suspect. Peut-être qu’il y avait des indices encore ? Elle se tourna alors vers Jared et lui dit :

« C’est l’un des hommes qui vous a agresser ? »

Mon cœur s’était subitement mis à tambouriner très fort dans ma poitrine. Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait sous-entendre, ou alors j’avais surtout peur de comprendre ce qu’elle voulait sous-entendre. Qu’est-ce qu’il s’était passé dans mon garage pendant que j’étais enfermé ici au juste ? Nous ne savions même pas vraiment nous même avec Gabriel ce que nous étions alors comment elle pourrait le savoir ? Tout ceci était carrément insensé. Je crois que nous sous-estimions l’un et l’autre nos sentiments et surtout nos réactions à ces sentiments vis-à-vis de l’un et l’autre. Car oui c’était très tôt pour parler de sentiments et pour nous, nous n’en étions encore qu’à l’étape du : Allez, une dernière fois et on arrête. La réalité c’est que nous ressentions des choses bien plus fortes et que nous ne pouvions nous empêcher de craquer, tout le temps, car il y avait quelque chose entre nous d’absolument impossible à nier. J’avais réagis de façon assez brusque et bégayante, parce que j’étais surpris, mais elle ne me répondit pas tout de suite. Elle se contenta d’ouvrir la porte et je me relevais en grimaçant ayant toujours mal partout. Je ne devais pas être beau à voir mais impossible de le savoir, la police n’ayant pas eu la bonne idée de mettre des miroirs dans ses cellules. Je la suivais alors, cette fois sans menottes, et elle répéta finalement, ajoutant même le prénom de Gabriel cette fois. Il fallait vraiment que je me retienne pour ne pas laisser le rouge me monter aux joues. « Euh oui … il fait du super travail oui. » Répondais-je toujours en bafouillant et un peu gêné, niant une vérité qui se voyait pourtant comme le nez au milieu de la figure. C’était quand même incroyable le pouvoir qu’il avait sur moi, cet homme me transformait, complètement.

Nous marchions alors jusqu’aux salles interrogatoire mais cette fois, je ne rentrais pas du même côté que ce dont j’avais l’habitude. Je n’avais jamais su réellement ce qui se trouvait derrière cette énorme vitre. Du moins pas plus que ce que l’on peut voir dans les films. C’était chose faite désormais même si au final, je m’en serais bien passé. Mais surtout, je pu voir l’intérieur de la salle d’interrogatoire et elle n’eut pas vraiment besoin de me poser la question pour que je le reconnaisse. Il était là, à quelques mètres à peine de moi. Les images revinrent immédiatement en tête et je pouvais voir son sourire plein de cynisme dans cette ruelle avant de lâcher ses chiens de garde sur moi. Et puis je ressentais à nouveau les coups et sans même m’en rendre compte je serais mes bras contre mon corps comme si je cherchais inconsciemment à me protéger. Il était là, en face de moi derrière cette vitre et une foule d’émotions me traversaient actuellement. Des émotions très diverses et qu’avec ma petite nuit j’avais bien du mal à contrôler. Je sentais d’ailleurs mes poings se crisper légèrement. Je ne la regardais absolument pas pianoter sur son téléphone, je n’arrivais pas à lâcher ce type du regard. Il fallu qu’elle me pose cette question pour que je réagisse enfin. Je ne bougeais pas mais je soufflais ma réponse entre mes dents. « Oui, c’est lui ... » J’étais de plus en plus crispé en voyant son air parfaitement détendu et je la sentais venir … oh oui je la sentais venir la connerie clairement ! Après tout, je m’appelle Jared Parker non ? Je suis doué pour ça ? Alors sans crier gare, je me jetais sur la porte entre les deux parties de la salle d’interrogatoire. Pour entrer et me retrouver dans son champ de vision. Mais je ne m’arrêtais pas car je savais que si je le faisais ce serait trop tard. Je me jetais sur ce type pour lui filer une droite tant que je le pouvais encore et vu qu’il était menotté, c’était même encore plus facile. « Espèce de connard ! J’vais te faire regretter ce que t’as fait sale fils de pute ! » C’était un cri plein de rage et aussi plein de désespoir, qui trahissait à quel point il m’avait fait mal hier soir. J’avais envie de faire justice moi-même et ce n’était sans doute pas la bonne solution, mais c’est tout ce que j'avais trouvé à cet instant.

Bien sûr que Laura avait vu qu’il y avait quelque chose entre Gabriel et Jared, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Elle eut un petit sourire lorsqu’elle l’entendit lui dire qu’il faisait du super travail. Non mais vraiment, les hommes, ils n’étaient pas très discret. Laura emmena Jared vers les salles d’interrogatoire mais de l’autre coté de la vitre sans teint. C’était sans doute la première fois qu’il se trouvait de ce coté. Et c’est à ce moment qu’il vit son agresseur et Laura sentit tout de suite le changement d’ambiance. C’était électrique même. La jeune femme posa la question alors qu’elle savait déjà la réponse. Il avait serré les mains, il avait soufflé sa réponse entre ses dents. Laura envoya un sms a Smith avant de se concentrer sur Jared qui semblait être sur le point d’exploser. Puis, ce qui se passa fut rapide. Laura n’eut pas le temps de retenir Jared, qu’il s’était déjà précipité sur la porte qui menait à la salle d’interrogatoire et qu’il était déjà sur le mec qui était menotté. Il le frappa une première fois, criant qu’il allait lui faire regretter. Laura se précipita dans la salle d’interrogatoire en criant :

« Parker ! »

Elle le ceintura à la taille pour l’entrainer plus loin. C’était qu’elle avait de la force Laura, mais Jared aussi et il avait la force de la colère. Smith vient aidé sa supérieur. A deux, ils réussirent a sortir Jared de la salle d’interrogatoire, mais pas question de retourner derrière la fenêtre sans teint. Elle l’emmena dans l’autre salle d’interrogatoire et le poussa dans la pièce, la colère montant en elle.

« Qu’est-ce qui s’est passé dans votre tête Parker ? Vous en prendre à un suspect ! Vous auriez de la chance s’il ne dépose pas plainte après ça ! Qu’est-ce qui vous a prit ? »

Smith resta quelques secondes avant de retourner voir leur suspect. Ce dernier allait avoir de bons bleus, mais ce n’était pas grand chose. Ce n’était rien comparativement à ce qu’il avait fait subir à Jared. Smith regarda l’homme et repartir de la salle d’interrogatoire. De toute façon, il allait le faire attendre un peu. De son côté, Laura ne décolérait pas.

« Je ne vais pas pouvoir vous protégez pour ça Jared. S’il porte plainte, vous allez l’avoir sur le dos cette plainte. Je ne vais pas l’effacer de votre dossier ou convaincre l’autre mec de l’enlever. Ça vous fera les pieds. »

Laura marcha de long en large dans la salle d’interrogatoire, le temps de se calmer. Elle pouvait comprendre la réaction de Jared, mais ce n’était pas la meilleure des façons d’agir. Ils allaient avoir de la chance si le mec ne portait pas plainte. Peut-être que Smith allait le convaincre de ne pas porter plainte ? Laura secoua la tête. Non, il ne fallait pas intervenir dans les affaires et clairement là, c’était la faute de Jared. Qu’il se débrouille ! C’était comme ça qu’il la remercia et bien tant pis !

« Vous voulez faire quoi Parker maintenant ? Continuer de lui taper dessus ? »

J’étais fou de rage. Il le fallait, pour les besoins de l’enquête il fallait que j’identifie cet homme et pourtant … c’était sans doute la dernière chose à faire dans mon état. Parce que j’étais profondément marqué parce qu’il s’était passé la veille dans cette ruelle où je n’avais rien pu faire, que l’affrontement avait totalement inéquitable et pour en plus dérober le fruit d’un travail acharné que je faisais avant tout pour aider les gens. Je n’étais pas qu’un mauvais mec qui se retrouve toujours dans les sales coups par sa faute. Je l’étais en parti oui, mais j’étais plus que ça. Ce que je faisais au garage, j’avais l’impression de faire quelque chose de bien et là ils s’étaient pris à ce qui était peut-être la plus grande fierté de toute ma vie. Le vieux Dion comptait sur moi pour tenir cette affaire qu’il avait monté à la sueur de son front, je n’avais pas le droit de le décevoir et encore moins dès mes premières semaines. Alors oui, j’étais rempli de rage et une fois parti je ne m’étais plus posé de questions. Mon poing avait été s’abattre sur son visage avec force tandis que mon autre main l’avait attrapé par le col. Je voulais qu’il ait mal comme moi j’avais eu mal, je voulais lui faire regretter ses agissements et son cynisme lorsqu’il avait fait tout ça. Je n’entendais même pas crier mon nom tant j’étais hors de contrôle. On me ceintura pour me tirer en arrière mais j’eus le temps de mettre deux autres coups avant qu’à deux ils n’arrivent à me détacher de ce sombre type. Je lâchais alors l’affaire, relâchant légèrement la pression sans pour autant le lâcher de mon regard furieux, jusqu’à ce qu’il ne soit plus dans mon champ de vision.

J’avais été emmené dans une autre salle d’interrogatoire où l’on m’avait relâché et j’étais parti directement de l’autre côté de la salle, restant debout et toujours aussi nerveux. Mes poings étaient restés crispés et je tremblais presque de colère par moment. Le Lieutenant Harris ne semblait pas particulièrement calme non plus et déjà elle me demandait ce qui m’était passé par la tête, ce qui m’avait prit de m’en prendre à un suspect. « Il n’a eu que ce qu’il méritait ! Et ce n’est même pas assez ! » J’avais lâché ça sans la regarder. Elle faisait les cents pas et moi j’avais bien du mal également à tenir en place. Comme deux lions en cages. Et dans la même cage. Elle continuait de parler, me disant qu’elle ne pourrait pas me protéger s’il portait plainte et terminant même en disant que ça me ferait les pieds. « J’en ai rien à foutre de sa plainte ! Qu’il le fasse j’en ai rien à foutre ! Après tout c’est ce que je suis non, un p’tit délinquant ? Ça ne fera qu’une de plus ! » Je ne réfléchissais absolument pas à tout ce que j’étais en train de déblatérer. J’aurais du m’asseoir, me calmer, ne rien dire et me contenter d’encaisser ce qu’il disait comme un enfant car j’avais clairement fait une connerie là, mais j’avais bien trop de colère et de fierté en moi pour le faire. Et putain je ressentais tout mon corps me faire mal, sous le coup de l’adrénaline ça avait été mais là … Je me repliais légèrement sur moi sans même m’en rendre compte à nouveau, glissant mes mains sur mes côtes. Ma respiration était toujours assez forte sous le coup de cette adrénaline qui ne commençait que doucement à redescendre, mais j’essayais de me calmer. Et c’est d’ailleurs plus calmement que je répondais à ses dernières questions. Oh oui j’avais très envie de lui taper dessus encore, mais je savais que ce n’est pas cette réponse qu’elle attendait. « C’est comme ça qu’on règle les choses par chez moi. » Ce n’était pas vrai, tout le monde ne faisait pas ça même dans le Bronx, mais la proportion était peut-être plus grande qu’ailleurs quand même. Pour moi, elle ne pouvait pas comprendre car elle ne connaissait pas mon milieu. Nous étions à Manhattan ici, au milieu des beaux quartiers, ça n’avait rien à voir avec moi où je vivais depuis toutes ces années.

Laura n’arrivait pas à se calmer non plus. Parce qu’elle venait de risquer pas mal de choses pour Jared et là, il voulait tout foutre en l’air en tapant celui qui en avait fait autant la veille ? Non mais parfois, elle se demandait ce qui se passait dans la tête des mecs parfois. C’était comme si leur cerveau déconnectait. C’était sans doute le cas. Furieuse envie de le frapper aussi. Laura n’est pas du genre à s’en prendre à ses suspects ou à ceux qu’elle interroge, mais là, elle en avait vraiment envie. Il n’écoutait pas ce qu’elle lui disait. Après avoir réussi à le séparer de son agresseur, Laura emmena Jared dans une autre salle et poussa presque le jeune homme dans la salle. Tous les deux tournaient en rond dans cette salle, Jared se justifiant qu’il n’avait que ce qu’il méritait et que ce n’était pas assez. Laura s’arrêta d’un coup de marcher et regarda Jared :

« Pardon ? Il n’a eu que ce qu’il méritait ? Putain Parker, mais vous avez quoi dans la tête ? »

La jeune femme le regarda alors que lui même ne la regardait pas. Elle ne savait plus quoi lui dire pour le faire réagir. Elle lui dit qu’il pourrait porter plainte et qu’elle ne pourrait pas faire grand chose. Il lui dit qu’il en avait rien à foutre de sa plainte, qu’il en avait rien a faire. Qu’il n’était qu’un petit délinquant et que ça ne fera qu’une plainte de plus. Laura secoua la tête en plaçant sa main contre son visage.

« Mais vous avez quoi dans la tête sérieusement ? Le fait que vous soyez un petit délinquant ou un grand ça n’a rien à voir. Vous voyez pas que j’essaye de vous aider ? Vous êtes trop centrer sur vous même. »

Laura avait les poings serrés, elle n’avait qu’une envie, c’était de taper sur la table pour le faire réagir. Mais il semblait qu’il commençait à se calmer tout seul. Il lui dit que c’était comme ça qu’ils réglaient les soucis par chez lui. Oui elle le savait que trop bien. Elle le regarda pendant un instant.

« Je le sais. Ce n’est pas parce que je n’ai pas grandi dans le Bronx que j’en connais pas les traditions Parker. »

Laura prit place sur la chaise qui se trouvait près de la table. La jeune femme passa une main fatiguée contre son visage. Elle était fatiguée de tout ce qui se passait dans sa vie et maintenant cette affaire. Elle avait bon espoir qu’elle se finisse bientôt. Ils avaient leur suspect, Jared allait sortir et Gabriel n’allait sans doute pas tarder à arriver.

« On fait quoi maintenant ? »

C’était sans doute ça ce qu’il se passait dans ma tête oui, tout d’un coup je déconnectais. Ou deux fils qui se touchent tout d’un coup. Belle métaphore pour le mécanicien que je suis. Toujours est-il que c’est bien ce qu’il venait de se passer. Je venais de faire une connerie et une belle, ne suivant que mon instinct primaire et la rage qui m’avait envahi. Je voulais faire du mal à cet homme comme lui m’en avait fait et sans aucun scrupule. Il avait voulu détruire ma vie en me détruisant moi, mon garage, alors que j’avais juste voulu l’aider alors cette rage risquait de rester en moi un bon moment. Heureusement pour lui, une fois hors de ce poste je n’avais aucun moyen de le retrouver et je n’étais pas ce genre de personne. J’étais peut-être originaire du Bronx mais je m’étais toujours tenu éloigné des gangs et de ce genre de choses un peu trop sombres pour le coup pour moi. Du moins, ils m’étaient déjà tombé dessus pour des histoires de vente de came, mais jamais je n’avais cherché à en intégrer un moi. Je restais un loup solitaire, qui gérait tout tout seul, même si ce n’était pas toujours de la bonne manière. Mais pour le moment, elle m’avait poussé dans cette salle d’interrogatoire et je pouvais voir à quel point elle aussi était en colère. Ses questions trahissaient sa colère lorsqu’elle me demandait pardon, répétait mes propres mots avant de me demander ce que j’avais dans la tête. Je ne répondais rien, gardant la tête baisser tel un enfant pris en flagrant délit. Bien sûr qu’elle avait raison de me mettre devant mes conneries mais … foutu orgueil quoi ! Alors je ne disais rien, la laissant continuer et elle me piqua même plus qu’elle ne le pensait sûrement en me disant que j’étais trop centré sur moi-même. Oui sans doute. Ce n’était pas la première fois, j’avais même sûrement commencé à faire des conneries dans l’unique but de me faire remarquer, au milieu de ma grande famille. Mais elle avait aussi posé une autre question, me demandant si je ne voyais pas qu’elle essayait de m’aider. Et ça, c’était aussi une petite gifle qu’elle me mettait, mais nécessaire. Mes poings étaient toujours crispés et je n’étais toujours pas tourné vers elle, ne la regardant pas. Et finalement je ne lâchais que ce simples mots. « Je voulais pas vous créer de problèmes Lieutenant Harris ... » C’était peu, mais c’était plus calme, et malgré tout c’était surtout sincère. Elle ne m’avait jamais rien fait de mal bien au contraire et ce malgré sa fonction et mon aversion des flics. Mais ça aussi je commençais seulement à l’admettre et ça avait bien du mal à percuter dans mon cerveau.

J’avais alors ajouté que c’était comme ça qu’on réglait les choses par chez moi, par les poings. C’était sans doute généraliser un peu les choses, beaucoup même, mais moi c’est toujours comme ça que je l’avais fait. Comment faire autrement ? Je n’avais jamais eu confiance en la police et des fois, une bonne droite était bien suffisante. Elle me répondait qu’elle connaissait les traditions bien qu’elle ne soit pas du Bronx et ce fut plus fort que moi. « Pourquoi êtes vous si énervée alors Lieutenant Harris ? Ça ne devrait pas vous étonner non ? » Ce n’était sans doute pas la chose à faire, de la pousser encore un peu plus, mais c’était plus fort que moi je ne savais pas faire autrement. Et puis finalement, je la voyais du coin de l’œil s’asseoir sur la chaise qui lui était réservée alors que je restais dans le coin de la pièce opposé, gardant une petite distance. Elle semblait vraiment fatiguée et d’un coup, je m’en voulais d’avoir été aussi stupide. Mes actes avaient des conséquences et pas que sur moi. Elle me demandait ce qu’on faisait maintenant et … je me sentais con. Tellement con. « Je … Je sais pas ... » Répondais-je comme un gamin. J’avais eu un coup de sang, qui était en train de passer doucement mais laissait forcément des traces.