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 Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]

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MessageSujet: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyLun 28 Fév - 11:47

J’étais furieux. Furieux contre la vie, contre ce destin de merde qui me poursuivait encore, encore et encore. J’avais échangé avec Laura, pour la première fois depuis vingt-et-un ans. Elle m’avait donné des informations sur ma fille, une demoiselle prénommée Emily, qui vivait apparemment à New York. Mais la première chose que j’avais fait lorsque j’étais rentré chez moi, c’était de courir à mon ordinateur qui indiquait la fin de la procédure de hacking de l’hôpital que j’avais lancé au petit matin. J’avais continué, au cas où ma rencontre avec Laura ne se passerait pas comme prévu. Et lorsque je commençais à consulter les dossiers de ce fameux hôpital, j’avais découvert ce que je cherchais depuis des années. Il y avait un dossier au nom de Laura Harris, dans le Maine, qui avait accouché à quinze ans d’une petite Emily. Quelle était la probabilité que cela arrive ? Que je tombe enfin sur le bon hôpital le jour même où j’avais eu de la bouche de mon ex cette information capitale après laquelle je courrais depuis si longtemps. Et puis finalement, la colère avait laissé place à un autre sentiment. Moi qui était désespéré et pensait ne plus jamais rencontrer ma fille, continuant mes recherches plus machinalement qu’autre chose, je savais désormais, et j’allais pouvoir tenter de la rencontrer.

J’avais laissé passer quelques jours, des jours pendant lesquels je m’étais posé beaucoup de questions. Et si elle ne voulait pas me voir, m’accusait de l’avoir abandonné ? Je ne l’avais pas fait, du moins on ne m’avait pas laissé le choix … mais si elle le pensait quand même ? Qu’elle me rejetait ? Je n’étais pas sur d’y survivre si je perdais celle qui dans le fond, avait été ma raison de vivre pendant de si longues années. Il n’avait pas fallu très longtemps pour découvrir où elle travaillait, et pas besoin de hacker quoi que ce soit pour ça. Les réseaux sociaux regorgeaient vraiment de beaucoup de données, beaucoup plus que ce que la majorité des gens de ce monde voulaient bien croire. J’avais appris qu’elle travaillait dans une clinique vétérinaire de Manhattan. Une part de moi était fier sans même la connaître de savoir que sa fille avait un job noble. Je m’étais fais le plus présentable possible, enfilant un polo gris foncé bien taillé, aussi bien taillé que mon jean. Une paire de basket, une veste et me voilà en route pour l’adresse que j’avais trouvé. Je ne savais pas vraiment à quelle heure elle devait finir. J’espérais même qu’elle travaillait aujourd’hui. Je n’avais même pas pensé à vérifié par des manière bien moins légales tellement j’étais perturbé. Alors une fois arrivé, je m’adossais au mur du bâtiment, surveillant régulièrement la sortie de la clinique. J’avais vu quelques photos d’elle sur les réseaux et j’étais sur de la reconnaître. Après tout, c’était ma fille, je ne pouvais pas passer à côté.
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Emily Stewart
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyLun 28 Fév - 14:02



Vingt-et-un an plus tard
Michael Davis & Emily Stewart
J’ai l’impression que les journées se ressemblent toutes. Surtout au boulot. C’est blasant. Je pensais aimer les animaux bien assez pour devenir vétérinaire, mais après avoir travailler seulement comme secrétaire, je me dis que ce n’est pas une mauvaise chose si j’ai été renvoyée de l’université. Enfin, ce n’est surtout pas une mauvaise chose que je n’étudie plus dans le domaine. C’est chiant par contre de me dire que mes connaissances en la matière ne vont plus vraiment me servir… Enfin. Tant pis. Y a pire dans la vie et c’est pas comme si un animal, ou le métier allait m’accuser de l’avoir abandonné. Du coup, je passe mes journées à recevoir les clients. Le plus cool, c’est de caresser les animaux et leur dire bonjour. Eux au moins ils ne trahiraient jamais personne. Si la journée est longue et monotone, je suis loin de me douter que le vent va tourner et que je vais bientôt être sur le cul complètement.

Aucun employé ne l’a vu. Aucun client ne l’a signalé. Cet homme qui est appuyé dos au bâtiment, personne ne peut le voir de l’intérieur. Les patients qui entrent et sortent ont dû se dire qu’il attendait quelqu’un qui était à l’intérieur. Quoi qu’il en soit, tout le monde ignore depuis combien de temps il est là ou pourquoi il l’est. Mais ça va bientôt changer. « J’ai fermé ma caisse. Y a le dossier de Bernard qui est là. Il vient d’arriver avec son maître qui sont juste là. » Je suis en train de débriefer celle qui va me remplacer pour la soirée. Il n’y a pas grand chose à dire, si ce n’est que de lui raconter un ou deux trucs qui se sont passés durant la journée, lui expliquer les mails et appels en attente, etc. Quand j’ai fini, je sors de derrière le comptoir et retrouve la salle des employés. Enfin, je vais pouvoir me changer. J’enlève ma veste qui ressemble à une veste médicale, la met dans mon casier, change de chaussure pour remettre mes bottines avec talons, ensuite je mets mon manteau qui a l’air d’un manteau de sportif, et je quitte la salle des employés.

« Salut Emily ! Bon weekend ! » Je me retourne et regarde ma collègue, la remercie et lui renvoie les souhaits. Ensuite je sors. Quels sont les plans ce soir ? Je n’ai rien de prévu. Peut-être que je pourrais écrire à Zane voir s’il est en ville. Sinon je risque de trouver la soirée très longue. À moins que ce soit une soirée canapé avec mon père pour regarder des documentaires en tout genre. Mon ouverture d’esprit, je la tiens de lui, ça c’est certain. Du coup, je baisse la tête en prenant mon téléphone en main. Je cherche alors ma conversation avec Zane et commence à taper sur le clavier. Je tape mon message pour rien puisque je n’ai même pas le temps de le finir…

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Dernière édition par Emily Stewart le Lun 28 Fév - 17:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyLun 28 Fév - 16:08

J’attendais devant le bâtiment, le dos collé au mur. J’étais nerveux et j’avais peur de finir par paraître louche à attendre là mais il le fallait. Combien de temps avais-je attendu ? Je ne savais même pas. J’avais passé mon temps à me triturer les doigts, à m’en faire presque mal au mains. De temps en temps j’allais sur mon téléphone mais je le rangeais vite, de peur de la louper. J’avais de plus en plus l’impression que je m’étais déplacé pour rien, que j’allais devoir rentrer chez moi et revenir une autre fois. Peut-être que cette fois, je penserai à m’assurer qu’elle est là avant. J’allais m’en aller, totalement résigné, quand enfin je la vis sortir. Je l’avais vu en photo mais la voir en vrai cette fois … j’étais sous le choc. Je ne pouvais pas me tromper c’était bien elle. Elle me ressemblait beaucoup trop. Elle était surtout magnifique. Fut un temps où j’aurais pu dire « comme sa mère. » Mais j’étais passé à un autre état d’esprit la concernant. Elle avait le cheveux noirs, comme moi, et surtout le même regard sombre que j’avais toujours eu. Du moins, je l’avais brièvement aperçu avant qu’elle ne se penche sur son téléphone, sans doute pour écrire un message. Je ne m’étais jamais senti aussi stressé de toute ma vie. Ça allait être un tournant, d’une manière ou d’une autre.

Je soufflais un instant, prenant mon courage à deux mains pour m’approcher d’elle. La nuit commençait doucement à tomber et ce que je redoutais le plus, c’est qu’elle me prenne pour un type louche qui voulait l’aborder dans la rue. J’étais un mauvais garçon à bien des égards, mais pas pour ça. Il n’y avait qu’une seule manière de l’aborder sans la faire fuir, mais elle était aussi vraiment brutale. Alors je prenais finalement la parole pour lâcher ce simple nom. « Emily ? ... » C’était sorti en un souffle. Je devais piquer sa curiosité, qu’elle comprenne que j’étais là pour elle, pas pour n’importe quelle fille que j’aurais pu trouver dans la rue. Alors avant même qu’elle n’ait le temps de parler j’ajoutais. « Je sais que tu dois te demander qui je suis, pourquoi je connais ton prénom … J’ai besoin de te parler ... » J’aurais aimé le faire ailleurs qu’en pleine rue, mais je n’étais pas sur que elle, elle le veuille. A sa place, j’aurais été méfiant. Un inconnu débarque de nul part, connaît votre nom et souhaite vous parler ? Oui vraiment c’était bizarre. Mais moi qui avait toujours plusieurs coup d’avance sur tout, face à ma fille je me sentais vraiment démuni. C’était l’histoire de ma vie, elle avait toujours été ce que je cherchais le plus au monde mais qui me résistait.
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Emily Stewart
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyLun 28 Fév - 17:12



Vingt-et-un an plus tard
Michael Davis & Emily Stewart
« Emily » C’est moi ça. C’est mon nom. Surprise, je me retourne, le regard grand ouvert et mes sens en alerte. Je me souviens alors de mes cours de karaté et ceux d’auto-défense avec Warren, et puis… Rien… Comprenons-nous. Le ciel s’assombrit à peine pour la nuit, je ne suis pas à côté de chez moi ou de la station de métro, ou même du district de mon père. Je suis seule et bien que Manhattan soit encore occupée à cette heure, c’est facile pour un gars avec… ces muscles – putain c’est moi ou il en a trop ? – de me choper et m’emmener. Enfin, c’est aussi facile pour moi de me défendre… un peu… j’espère… Mais rien. Il ne se passe rien. Il fait juste parler. Il est brillant tiens, à avoir deviné mes pensées. « Ouais… » Il dit qu’il a besoin de me parler… Et j’hésite…

Pourquoi est-ce que j’hésite ? C’est dans ses yeux… Il y a quelque chose que je ne saurais pas expliquer, mais j’ai déjà vu ces yeux quelque part. Pourtant, je ne le connais pas. Je ne l’ai même jamais vu. Pas que je sache en tout cas. Je regarde mon téléphone et mon message à moitié tapé, puis ferme l’écran. Je relève ensuite les yeux sur lui. « D’accord. » À n’importe quel étranger, j’aurais dit non et je l’aurais envoyé se faire foutre. Mais j’ignore pourquoi, quelque chose m’en empêche cette fois. Et je commence à paniquer à l’intérieur. Oh, ça ne paraît aucunement physiquement, mais j’ai l’impression que je dois craindre ce qui vient, sans pour autant me sentir en danger. C’est tellement étrange comme sensation.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Je ne sais pas de quoi il veut me parler, mais je n’ai certaine pas l’intention d’aller dans un endroit privé avec lui juste pour discuter. Je ne me sens pas en danger, mais je ne suis pas stupide non plus. Je le regarde attentivement. J’ai l’impression de déjà savoir ce qu’il veut me dire, mais sans le savoir. C’est comme si mon subconscient bloquait cette vérité par peur que je souffre. Il est doué mon subconscient pour faire ça… « J’ai un peu de temps, mais je suis attendue. » C’est faux. Je veux juste donner l’impression qu’on remarquera rapidement ma disparition si jamais il m’arrive quoi que ce soit. Parce que soyons réalistes… Je sors tellement souvent, et tard le soir… Mon père peut facilement prendre 24h avant de comprendre que j’ai vraiment disparu. Enfin je crois…

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyLun 28 Fév - 18:11

J’étais vraiment tendu comme jamais avant. J’avais vraiment peur de mal m’y prendre, de lui faire peur, qu’elle me prenne pour un harceleur … Bon ok, je l’étais peut-être, mais pas avec elle, surtout pas. J’avais glissé mes mains dans mes poches de jean. Je voulais qu’elle voit que je me plaçais légèrement en retrait, que je ne voulais pas la mettre mal à l’aise. Là, elle pouvait bien voir que je n’allais pas l’attraper par surprise, elle pouvait aussi facilement imaginer qu’il n’y avait rien d’autre dans mes poches vu l’étroitesse de celle-ci. J’essayais vraiment de me relâcher, de ne pas paraître bizarre. Elle me remarqua alors, se tournant vers moi et je pu réellement plonger mon regard dans le siens cette fois. Oui pas de doute, c’était bien le regard sombre des Davis. Le miens, celui de mon père avant moi … Je restais un moment comme ça à la regarder … Non c’était trop bizarre, je devais me reprendre. Elle aussi semblait se demander comme réagir. Je la voyais prendre son téléphone, puis le ranger avant … d’accepter. Je sentis une vague de soulagement me traverser. Ce n’était qu’une petite partie de ce que j’avais à faire aujourd’hui, mais néanmoins indispensable.

Elle me demandait ce que je voulais mais je n’étais pas sur que l’endroit soit le plus approprié pour ce que j’avais à dire. Difficile de lui en vouloir, elle voulait sûrement rester en pleine rue, là où du monde passait et qu’un dangereux psychopathe ne pourrait pas faire quoi que ce soit. Quelque part j’étais fier d’elle. Elle faisait attention et c’était une bonne chose, il y avait beaucoup trop d’imprudent dans ce monde. Elle mettait une petite pression, me disant qu’elle était attendue et je comprenais très bien le message. « Je ne suis pas sur que l’endroit soit le plus approprié pour ce que j’ai à te dire ... » Je m’arrêtais un cours instant. Ça aussi c’était super bizarre comme phrase. « Je ne veux pas que tu penses que je suis un malade ou quoi que ce soit. Je sais que ça peut en avoir l’air … Un mec dans une rue qui aborde une fille bien plus jeunes que lui … enfin je sais que ça peut paraître bizarre. Dis-moi où tu veux aller et je te suis. Il y a peut-être un café ou autre dans le coin, que tu connais, avec du monde et où tu te sentirais en confiance ? » Ce serait en même temps l’occasion d’en apprendre un peu plus sur elle, de savoir quels lieux elle aimait fréquenter, ce genre de choses. « Promis, je paye le café. » Ajoutais-je avec un petit sourire, le sourire des Davis lui aussi que mon père avant moi, celui-là même qui avait fait craquer sa mère biologique vingt-et-un ans plus tôt.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyLun 28 Fév - 18:38



Vingt-et-un an plus tard
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Je n’allais pas aller dans un endroit privé avec un gars même si je ne me sens pas en danger. Pourtant, en lui demandant ce qu’il veut, je me doute bien que discuter en plein milieu du trottoir, ce n’est pas l’endroit non plus. Il allait sans doute falloir nous déplacer, aller quelque part où on n’aura pas l’air de deux idiots plantés dans le ciment du trottoir. Je lui dis en revanche que je suis attendue et il répond… exactement ce que je pensais. J’ai l’air totalement froide. Non. En fait j’ai l’air de m’en foutre. Voilà. Sa phrase est louche mais je n’ai pas besoin d’y réagir qu’il le fait lui-même, me disant qu’il ne veut pas que je pense que c’est un malade qui compte s’en prendre à moi. Oui, ça paraît bizarre, mais étrangement, ça ne l’est pas. En fait, c’est ça qui est bizarre…

Il me propose qu’on aille ailleurs, dans un café ou autre qui n’est pas loin d’ici. Un café me semble être le bon choix même si j’ai surtout hâte d’avoir de l’alcool dans le corps. Du coup, pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups. Son petit sourire a un pouvoir. C’est étrange, mais j’ai l’impression de connaître ce sourire aussi. Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression qu’il m’apaise un peu. Juste un peu. Pas beaucoup. Je lui offre exactement le même sourire sans même m’en rendre compte et hoche faiblement la tête. « D’accord. » Je me retourne et pointe un resto-bar de l’autre côté de la rue, à l’intersection. « Y un resto-bar juste là. On peut y aller. » Vrai, ce n’est pas le Rising Sun qui est le bar où je suis le plus en sécurité, mais au moins je vais laisser mon téléphone ouvert et mon père peut me géolocaliser si jamais il me perd. Et puis au moins les employés vont nous voir.

Je commence donc à avancer avec lui sans trop savoir quoi dire. Je ne le regarde pas. Je ne parle pas. C’est bizarre et malaisant. C’est d’ailleurs pour ça que j’ouvre la bouche juste avant d’ouvrir la porte du restaurant. « Tu t’appelles comment au fait ? Tu connais mon nom alors ce serait juste que je sache le tiens. » Mais qu’est-ce que je dis là ? Je parle comme si j’allais apprendre à le connaître ou comme si j’avais vraiment envie d’en savoir plus. Je dois rectifier le tir. « Surtout, ça me permettra de pas t’appeler Monsieur l’Étranger. » Je me sens tellement stupide de sortir des conneries pareilles. À l'intérieur, on s'installe à une table et je commande un café Latte. On va commencer en douceur et on verra par la suite.

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 6:14

J’avais l’impression qu’absolument tout ce que je pourrais dire paraîtrait suspect. Je n’avais pas besoin de ses réactions pour m’en rendre compte, je le savais moi-même. Mais une fois installé tous les deux ce serait sûrement différent. Il ne suffisait plus que de passer cette petite étape et là je pourrais lui dire, et elle comprendrai que je n’étais pas un gros lourd en train d’essayer de la draguer. Bon je ne savais toujours pas comment j’allais lui révéler tout ça sans l’effrayer d’une autre manière par contre, mais une chose après l’autre. Elle répond à mon sourire par le même sourire … Je fond de l’intérieur en voyant à quel point on se ressemble. C’est sûrement plus évident pour moi en sachant la vérité. Cependant elle accepte ma proposition avant de me montrer ce resto-bar. Je suis son doigt des yeux avant d’acquiescer. « Oui, ça me semble parfait. » Répondais-je toujours aussi souriant pour essayer de la rassurer comme je le pouvais. Je me met alors en marche à ses côtés, gardant mes mains dans les poches et sans oser dire quoi que ce soit. Après tout, je suis censé dire quoi là ? Je me sens vraiment nerveux, le grand moment approche et dans ma tête tournent en boucle les différentes phrases que j’ai préparer mais que je suis certain que mon cerveau va zapper une fois le moment venu. Elle ouvre la porte du resto, me posant cette question tout à fait naturelle et à laquelle je n’avais pourtant pas pensé. Je ris légèrement en l’entendant me parler de monsieur l’étranger, et lui répond finalement. « En effet, c’est juste que tu connaisses le miens tu as raison. Je m’appelle Michael. Mais tu peux m’appeler Mike si tu préfères. » Peu de gens m’appelaient Michael d’ailleurs, depuis tout petit on m’appelait bien d’avantage par mon surnom.

Je la laisse choisir la table, m’installant sur la banquette en face d’elle pour lui laisser son espace. Hors de question de me montrer envahissant, du moins pas plus que je n’allais le faire en lui révélant cette nouvelle. Je commandais un café noir pour ma part et on nous ramena bien vite tout ça. Ça y est. Nous y étions. Je jouais nerveusement avec mes doigts depuis que nous étions arrivé sans y faire attention, mais trahissant mon état. Il fallait que je me lance et plus j’attendais, plus ce serait difficile et bizarre. « Emily … ce que j’ai à te dire … enfin ça va sans doute te bouleverser … J’aimerais que ce ne soit pas le cas mais je n’ai pas d’autre moyen de te le dire ... » Je n’osais pas la regarder. J’avais peur de sa réaction, de son regard. « Je sais que ça ne changera rien pour toi … je le comprends, mon but n’est pas de m’immiscer dans ta vie contre ton gré et tu dois sûrement avoir des parents formidables. » Bon, je n’avais pas lâché l’info mais elle avait sûrement compris. Je remontais alors enfin mon regard sombre dans le sien, timidement ce qui ne me ressemblait pourtant pas habituellement. « Je suis ton père biologique ... » ça y est. Cette fois plus de doutes, la bombe était lâchée. Et ma plus grande crainte, c’était désormais qu’elle se barre et que je n’ai plus jamais de nouvelles d’elle.[/color][/color]
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 8:55



Vingt-et-un an plus tard
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Tasse à la main, je la porte à mes lèvres et écoute les bruits ambiants. La cuisine, les barmans, les clients qui parlent entre eux, la musique d’ambiance… C’est un univers que je connais bien. Si j’avais été ailleurs, dans un café par exemple, j’aurais été moins à l’aise. Mais ici, entre la table et la banquette sous la lumière suspendue au-dessus de notre table, je me sens assez à l’aise pour accorder à Monsieur l’Étranger, Michael alias Mike, du temps pour me parler. Et alors il ouvre la bouche pour s’y mettre. Je peux voir en le regardant qu’il est nerveux. Et ses paroles… Il a la gentillesse de me prévenir que ce ne sera pas facile pour moi d’entendre ce qu’il a à me dire.

Et alors je crois deviner.

Je ne sais pas en fait si c’est ce que je pense sur le coup, mais vu à quel point il me semble familier, ça expliquerait le tout. Il me confirme indirectement ce que je crains en me disant que ce qu’il va me dire ne changera absolument rien pour moi et que son but n’est pas de s’imposer dans ma vie ou de remplacer mes parents. Quand il dit qu’il est sûr que j’en ai de formidables, j’ai juste envie de lui cracher que j’ai juste un père qui est formidable, et que je n’ai pas de mère. Celle qui m’a adopté a perdu le droit à ce titre quand elle a commencé à être horrible avec moi. Mais je ne dis rien. Je ne fais rien. Je l’écoute juste me dire qu’il est mon père, nerveusement.

Mon regard reste coincé dans le sien quelques secondes qui me paraissent interminables. J’encaisse en silence. J’ai envie de commander l’alcool le plus fort qu’on peut trouver ici, mais je me retiens. J’ignore pourquoi puisque ça m’aiderait à me détendre. Peut-être pour ne pas passer pour une ivrogne devant lui. Quoi qu’il en soit, tout à l’heure, je vais aller boire… chez moi, dans ma chambre toute seule. Je finis par baisser les yeux, ma tasse sur la table et mes mains sur mes cuisses à jouer avec mes doigts. J’inspire profondément. Je dois IMPÉRATIVEMENT rester calme. Je me rappelle ce que Laura m’a dit sur lui, le peu qu’elle m’en a dit du moins. Ce n’est pas lui qui m’a abandonné. C’est elle. Je dois bien mettre deux bonnes minutes à rester en silence, le regard évasif, avant de finalement regarder mes mains à nouveau. « Laura m’a dit que tu savais pas que j’avais été adoptée. Ou en tout cas c’est ce que j’ai comprit de ce qu’elle a dit. C’est vrai ? » J’ai des tas de questions. J’ai envie de pleurer mais je ne vais pas le faire. Je relève juste mon regard vers lui, l’air nerveuse aussi. Normalement, je ne montre pas mes émotions, alors ça se voit que j’essaie de rester forte, et je déteste ça. J’ai l’impression d’être vulnérable et Emily Stewart ne l’est pas. Elle ne peut pas, sinon elle se fait détruire.

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 14:15

J’avais absolument tout à découvrir d’elle. Tout. Quand j’avais parlé de ses parents, c’était l’idée que je m’étais faite, pas des faits avérés. Jusqu’à récemment, je ne savais même pas si elle avait disparu avec Laura ou si elle l’avait abandonné. Après tout, mon ex aurait très bien pu partir loin avec elle et l’élever seule ? Mais ce n’était pas le cas, je le savais maintenant, alors j’essayais de me dire que ma fille avait eu le droit à une belle vie, dans une famille aimante … c’est ce que je me disais pour me rassurer. J’avais fini par lui lâcher la bombe, après avoir essayé de la préparer autant que possible. Ah ça, ce n’était pas anodin. Je savais qu’elle et Laura s’étaient déjà vu, mais est-ce que cela changerai quelque chose pour moi ? Elle ne me répondait rien. Elle me regardait, silencieusement, et finalement je rompais ce regard entre nous, trop difficile à tenir. J’avais sans doute fait une erreur. J’avais sans doute été égoïste en ne pensant qu’à moi dans l’affaire, une affaire vieille de plus de vingt-et-un ans … J’étais même sur le point de m’excuser et de m’en aller lorsqu’elle prit enfin la parole. Au moins, Laura avait été réglo sur quelque chose. Je soupirais doucement, reposant enfin mon regard sur elle avant d’hocher doucement de la tête pour répondre à sa question. « Je te voulais. Je te voulais vraiment. Elle ne m’a pas laissé le choix ... » Et je baissais la tête presque aussi tôt. Je n’avais jamais vraiment quitté mon passé, mais là je rouvrais vraiment de vieille cicatrices.

Mais surtout, j’avais besoin de lui expliquer pourquoi. Peut-être que j’aurais du lui laisser du temps, la laisser me demander elle-même d’autres explications, mais j’avais vraiment le besoin maladif de lui dire à quel point j’avais voulu être son père, pas uniquement biologique. Pour ça, je devais aussi lui révéler certaines choses compliquée sur moi, que j’avais néanmoins surtout subit à l’inverse de ce que je faisais maintenant en secret. J’inspirais à nouveau pour me donner du courage. « Lorsque j’ai appris que Laura était enceinte … j’ai tout fait pour assumer. J’avais peur, nous n’avions que quinze ans, mais j’étais prêt. J’avais quelques … soucis. J’ai du m’éloigner de New York le temps de régler ça, pour être sur que toi comme Laura soyez en sécurité. Je suis revenu, comme prévu … sauf que Laura elle, n’était plus là. Elle était parti avec toi et ... » Je m’arrêtais un instant. Je n’avais jamais vraiment mis de mots au final là dessus et c’était un fracture assez profonde en moi pour que ça me fasse mal, même après tout ces années. J’essayais doucement de reprendre contenance. « Je vous ai cherché, j’ai fais tous les hôpitaux de New York. Je te jure que je voulais te retrouver … Je t’ai jamais oublié Emily ... » Je parlais vraiment avec mon cœur. Ces phrases là, je n’avais pas besoin de répéter celles que j’avais préparer pendant plusieurs jours, j’avais juste besoin de lui dire ce que je ressentais vraiment.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 14:39



Vingt-et-un an plus tard
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Juste m’engager dans cette conversation a été difficile. J’ai l’habitude de fuir. Non, Emily Stewart n’est pas forte. Bien au contraire, elle en a seulement l’air parce qu’elle est justement fragile, faible. J’aurais pu prendre mes jambes à mon cou et fuir, aller voir mon père, celui qui m’a élevé, et me réfugier dans ses bras pour qu’il me protège comme il l’a toujours fait. Après tout, il n’est certes pas à côté mais il est toujours plus près que la maison. Je préfère normalement éviter ce genre de confrontation, de conversation, mais Michael devant moi est mon putain de père biologique. C’est le type qui m’a fait et à qui on n’a pas demandé son avis quand il a été question de me mettre en adoption. Devant moi se tient mes origines, la part d’identité qu’il me manque. Qui suis-je après tout ? C’est bien de dire que je m’appelle Emily Stewart et que je suis ainsi et pas comme cela, mais ça ne comble pas la part qui manque. Ça ne répond pas aux questions que j’ai. Lui peut.

À ma question, il repose les yeux sur moi et il fini par répondre, m’assurant qu’il voulait m’avoir dans sa vie, qu’il voulait être mon père. Laura m’a peut-être dit la même chose, mais ça ne sonnait pas aussi vrai que de la part de Michael et ça me perce le coeur d’entendre ça. Tout ce temps. Toutes ces années, il y avait un garçon, devenant homme, qui voulait de moi. Il poursuit en me confirmant le tout, comme quoi il a même régler ses quelques soucis pour devenir un homme suffisamment stable pour élever un enfant, mais qu’à son retour il n’y avait plus rien vers quoi s’en retourner. Cette réflexion m’en fait vouloir aux parents de Laura, mais également à elle. Elle avait une alternative au fond. Elle aurait très bien pu rester avec lui et me garder. C’est ce qu’ils voulaient tous les deux, alors pourquoi m’avoir abandonnée ? Des larmes montent à mes yeux et donc je détourne le regard comme pour l’empêcher de les voir. Ses prochaines paroles… Il a même cherché les hôpitaux pour nous retrouver.

Putain que je la déteste Laura en ce moment.

Mon regard se repose sur Michael. Je vois bien à son regard que lui aussi a mal à cause de la situation. Je vois bien que mes yeux sont les siens. Même mon nez, je crois, est comme le sien. C’est déroutant de regarder quelqu’un et arriver à se reconnaître ainsi. J’ai sans doute des traits qui viennent de Laura, mais je n’ai rien remarqué. Pas comme avec lui. « Malheureusement, ses parents ont eu le culot de nous emmener en dehors de l'État. Et après j’ai été abandonnée… » Ce mot… Je le méprise de tout mon être. Sous la table, mes mains sont devenues des poings et je tremble un peu. Il fait plus froid à l’intérieur soudainement ? « Le plus con, c’est que j’ai passé cinq ans dans un orphelinat. Si tu avais eu le moindre indice, tu aurais pu me retrouver avant… et je ne me souviendrais même pas de tout ça aujourd’hui. »

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 15:43

J’avais livré quelques explications … c’était bref, rapide, un début j’espérais. Mais au moins, je savais qu’avec ce bref récit elle aurait ma version des faits, qu’elle saurait que moi je voulais être là mais que comme elle, je n’avais pas eu le choix … j’avais bien vu son regard avant qu’elle le détourne, je pouvais voir que les larmes n’étaient pas loin et cela suffit à rendre mon regard vitreux à moi aussi. Je ne pleurais jamais, je n’étais vraiment pas le genre à montrer mes émotions, mais là tout était différent. J’étais avec ma fille, que j’avais cherché toute ma vie … J’étais en face d’elle et je ne supportais pas de la voir malheureuse. Certains auraient sans doute dit que c’était n’importe quoi, que je n’étais pas vraiment son père, que je ne la connaissais même pas, mais ils ne pouvaient pas comprendre. Même loin, j’avais toujours pensé à elle, même sans savoir son genre, à quoi elle ressemblait ou ce genre de chose. Mais elle était une partie de moi, une partie qu’on m’avait arraché en même temps qu’on m’avait brisé le cœur. Doucement, j’approchais alors ma main sur la table. Je voulais lui montrer que j’étais là, tout en lui laissant le choix. Ne pas m’imposer, je ne devais pas m’imposer. Elle me parle alors des parents de Laura et je dois prendre sur moi pour ne pas me mettre en colère en pensant à eux. « Ils ne m’ont jamais aimé eux … » Je n’étais pas assez bien, et surtout … pas assez blanc. « Ils t’ont emmené dans le Maine c’est ça ? » C’est ce que Laura m’avait dit, et ce que j’avais découvert dans ce long processus de hacking débuté il y a des années.

Je ne savais pas combien de temps elle avait vécu là-bas, si elle était revenue tout de suite à New York, mais ce qu’elle me lâcha ensuite me suffit à relever le regard sur elle. « 5 ans ? ... » J’avais lâché ça dans un souffle, écœuré par ce que j’apprenais là. J’étais en colère contre Laura, contre ses parents. A cet instant, j’avais encore plus envie de me venger et de la faire souffrir comme elle nous avait fait souffrir. « Si j’avais eu le moindre indice … J’ai passé toute ma vie à chercher des indices mais c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Et puis l’autre jour ... » je m’arrêtais un instant, baisser le regard en soupirant. J’allais lui donner un mensonge mais tant pis, il le fallait, je n’avais pas le choix. « Je marchais dans la rue et sans faire exprès j’ai bousculé Laura … On ne s’était plus vu depuis avant ta naissance, je ne savais même pas si elle était à New York ... » Je lâchais alors un rictus totalement nerveux. « ça me fait mal de l’admettre, mais je suis ici grâce à ce coup du destin ... » Je n’avais pas dis grâce à elle, quand même pas. Hors de question de lui donner un quelconque beau rôle dans cette affaire.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 16:56



Vingt-et-un an plus tard
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Lui aussi. Lui aussi il a les larmes aux yeux. Ça me fait bizarre. Mon père n’est pas comme ça. Mon père est toujours calme, posé, il a toujours réponse à tout. C’est un homme réfléchi et souriant. Je crois ne l’avoir jamais vu en colère. Sauf contre son ex-femme, mais elle elle le méritait. J’ai beau faire les pires conneries, rentrer aux petites heures du matin après avoir bu comme une ivrogne, il reste toujours calme. Parfois, il me donne l’impression de parler à un robot programmé pour me dire ce que j’ai envie d’entendre. Je l’adore, mais parfois c’est agaçant. Mais bon, j’imagine que c’est un peu son rôle de l’être, après tout. Michael lui, comment est-il ? Comment aurait-il été ? Non. Inutile de me poser une telle question. On ne le saura jamais. On nous a dérobé cette opportunité alors autant ne pas s’y arrêter. J’écoute à la place sa réponse quand je mentionne les parents de Laura. Je roule les yeux. « Tu m’étonnes. Je les ai jamais rencontrés que je sens leur haine envers moi jusqu’ici. » Si l’occasion se présentait, j’ignore si j’accepterais de les rencontrer, ne serait-ce que pour leur en coller une. Une question suit et je hausse les épaules. « Aucune idée. Je sais juste que c’est là que j’ai été mise en adoption. » Il faut dire que je n’ai pas vraiment demandé à Laura non plus. Avec elle, j’ai essayé coûte que coûte d’éviter de discuter de tout ça les fois où je l’ai croisée.

Quand je lui dis que j’ai passé cinq ans dans un orphelinat, je sens le dégoût qui sort de sa question rhétorique. J’y répond pourtant par un hochement de tête. Cinq ans, ça fait long. J’ai tendu les bras à des tas d’étrangers qui ont défilés pour se choisir un enfant. À trois ans, je savais déjà ce qu’était le racisme. Ça fait tôt pour une gamine de connaître les maux de ce monde, alors que moi j’ai rien demandé à la vie. Michael reprend, me disant un peu le même discours que celui de Laura. Il m’a cherché toute sa vie. La différence, c’est que lui n’a pas choisi de me perdre. Les parents de Laura l’ont fait pour lui. Je n’ose même pas imaginer ce que ça doit faire. Laura lui a non seulement brisé le cœur, mais elle lui a arraché son enfant également.

J’écoute la suite qu’il me raconte après avoir soupiré. Il a croisé, ou plutôt bousculé Laura, sur la rue sans faire exprès, et c’est à ce moment qu’ils ont sans doute discuté de moi. C’est pour ça qu’il a pu me retrouver, parce que le destin avait remis Laura sur sa route. Sans trop réfléchir, spontanément, je hausse les épaules. « M’oui… Sinon c’est moi qui aurais fini par te trouver. » Je ne l’ai pas cherché. Pas encore. Mais l’idée m’avait bien traversé l’esprit. J’avais juste peur. N’importe qui aurait eu peur. Mais l’envie de savoir d’où je viens était grande. Pour une personne comme moi, qui a été abandonnée à la naissance, j’imagine que c’est normal. Je ne suis entourée que de blancs également. Ils peuvent être témoins, mais aucun d’eux ne peut réellement comprendre l’impact que ma couleur de peau peut avoir sur ma vie. Michael, lui, oui. « Pas que j’avais commencé les recherches, mais à force de ne pas savoir d’où on vient, on fini par ne pas vraiment savoir qui on est. » Mon regard est dans le sien. J’ai l’air sérieuse, mais mes yeux sont maintenant secs. Je ne veux pas pleurer. Je déteste pleurer. Je panique quand je pleure, et c’est très laid à regarder. Je prends ma tasse sur la table, voyant sa main là. Je porte ma tasse à mes lèvres sans rien dire de plus et sans prendre sa main. C’est trop rapide.

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 18:04

Ah ça, elle ne pouvait même pas imaginer comment les parents de Laura étaient ignobles. Je le savais déjà à l’époque, ils n’avaient aucunement caché à quel point ils ne voulaient pas de moi pour leur fille. J’étais un peu le combo gagnant pour eux. Trop noir, trop pauvre, trop jeune, trop du Bronx et de ses gangs. Bref trop tout, et pas assez pour leur fille. Ça me mettait en colère encore maintenant. Je ne pourrais jamais pardonner à Laura, jamais, mais je ne pouvais nier aussi que sans ses parents nous aurions sans doute tenu. Peut-être qu’aujourd’hui nous serions toujours ensemble, avec notre fille … Non, nous ne saurions jamais. J’hoche doucement de la tête pour appuyer ses propos, lorsqu’elle disait sentir leur haine d’ici … Je ne savais même pas s’ils étaient encore en vie, je n’avais pas vraiment eu envie de demander ce genre de choses à Laura l’autre jour, mais après tout ils avaient bien plus de chances de l’être que les miens. Ma mère s’en était allé depuis longtemps elle, quant à mon père j’avais coupé les ponts en quittant New York mais vu sa consommation d’alcool et de stupéfiants, son implication dans le gang … je ne me faisais pas tellement d’illusions. « Tu n’as rien loupé avec eux. Vraiment rien. » Lâchais-je alors beaucoup plus froidement. Quant au Maine, je savais que c’était le cas. De part Laura, de part mes recherches aussi maintenant. J’avais plus posé la question pour m’intéresser à elle mais après tout, elle n’était même pas encore née quand ils étaient partis, comment pourrait-elle savoir tout ça. Alors je ne disais rien de plus.

Je sens comme un moment de flottement en abordant ces cinq années d’orphelinat, une tension en nous qui nous empêche quasiment de parler et laisse nos expressions corporelles se manifester à la place. Elle hoche de la tête pour appuyer cette question qui n’en est pas une et je me sens vraiment mal. C’était tellement cruel de ce dire que pendant ces cinq années, elle attendait dans un orphelinat alors que moi je la cherchais partout. Ma haine envers Laura et ses paraît grimpait encore d’un niveau. Ils avaient fait trop de mal … et tout ça pour quoi franchement ? Je trouvais ça parfaitement gratuit. Et atrocement cruel. Mais c’est alors qu’elle répond à mes propos par une phrase qui me fait immédiatement relever la tête et mon regard sur elle. Une phrase qui réchauffe un cœur de papa que j’ai réussi a avoir au moins un peu malgré tout ça. Elle aurait fini par me trouver. Je reste bouche bée et elle continue, développant son propos. J’avais vraiment envie de lui dire que maintenant elle n’aurait plus à s’inquiéter, que je lui partagerai tout ce que je voulais sur mes racines, et les siennes par extension … seulement je remarque aussi que j’ai été un peu trop vite en approchant ma main, elle l’esquive et se contente de prendre sa tasse alors que moi, je n’ai même pas touché à mon café. « Je … je suis désolé … je ne voulais pas … Enfin je sais que c’est brutal pour toi … Je débarque comme ça … J’ai pas le droit d’attendre que tout d’un coup tu te rapproches de moi, ce serait injuste de ma part. Tu as construit une vie, sans moi … tu es la seule à avoir le droit de faire un choix … je le respecterai ... » Elle venait juste avant de me dire qu’elle m’aurait retrouvé, qu’elle en avait la volonté en tout cas, un jour, mais moi j’avais trop peur de faire plus de mal que de bien en débarquant comme ça. J’avais vraiment envie d’apprendre à la connaître … mais je ne pouvais pas comprendre ce qui devait se passer dans sa tête de jeune femme actuellement.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 18:40



Vingt-et-un an plus tard
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Mon but n’était pas de le blesser, mais de m’épargner. Je peux me montrer tactile, aimer les câlins et tout ça, mais je ne me sens pas prête dans l’immédiat à lui donner la main. Il est peut-être mon géniteur, mais je ne le connais pas. J’ai un père déjà, et je l’adore. Mais malgré tout, je me sens mal en remarquant sa réaction. Je peux comprendre qu’il aurait voulu que j’accepte son invitation, mais je ne peux simplement pas, par soucis de protection, par peur de l’abandon. Après tout, ma vie a été une suite d’abandon qui ne guérissent pas, Laura ayant démarrer le mouvement. C’est une plaie qui ne guérira probablement jamais, mais que les gens que j’aime arrivent à apaiser de temps à autres. Malgré cela, ça m’a beaucoup handicapé dans la vie. J’ai du mal à me créer de nouvelles relations. Surtout avant quand je vivais dans le Maine. Mon seul et unique ami était Jacob et à ce jour, il est la seule et unique personne de mon passé qui ne m’a jamais abandonné.

Penser à lui me fait réaliser alors une chose. Sans même le savoir, je marchais dans les chaussures de mon père biologique en aimant un garçon dont les parents ne m’aiment pas. C’est ironique quand on y pense. Je n’ai pourtant pas trop le temps d’y penser que Michael me présente ses excuses par rapport à sa main et je secoue la tête. C’est ridicule de s’excuser alors qu’il cherchait seulement à me réconforter. « N-non, je… » Il poursuit sans que je puisse dire quoi que ce soit d’autre. Il me dit qu’il n’a pas le droit de débarquer dans ma vie de cette façon et s’attendre à ce que je me rapproche de lui. N’a-t-il pas entendu ce que je viens de lui dire ? Je l’aurais moi-même cherché s’il ne m’avait pas trouvée. Je pense que c’est assez clair que je veux au moins apprendre à le connaître.

Je sens la panique monter en moi. Pourquoi je crains soudainement qu’il m’annonce qu’il va disparaître alors qu’il vient à peine de prendre contact avec moi ? Je dépose ma tasse, les mains tremblantes. « C’est ça le problème. Je devrais même pas avoir eu à faire ce choix. J’aurais jamais dû me faire abandonner dès le départ ! » Uh-oh. La panique. Elle est là. « Je t’ai pas envoyer balader que je sache. Je vais juste pas te sauter dans les bras sous prétexte que tu es mon géniteur ! » Merde. Je sais combien ce mot peut être dur à entendre. Enfin du moins, je m’en doute, mais dans la panique je n’ai pas réfléchit à ce que je disais. Du coup, pour éviter de dire des bêtises, j’inspire profondément. « Je veux bien qu’on discute, qu’on apprenne à se connaître, mais je… » Les mots coincent dans ma gorge et les larmes remontent à mes yeux. « Mais… Je veux pas que tu t’en ailles… pas maintenant… » S’il s’en va, ce sera la dernière fois qu’il me verra. Je sais qu’il n’a pas même pas fait mine de vouloir partir, j’en ai bien conscience. Ou peut-être l'a-t-il insinué en disant qu'il respecterait mon choix, mais c’est surtout la peur de l’abandon qui parle à ma place, et je me sens si stupide que j’en baisse les yeux. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour un peu de fort ?!

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 19:05

Je ne sais foutrement pas comment je dois réagir. Je ne sais pas à quel moment je dépasse une limite, à quel moment au contraire je ne donne pas assez. Nous n’aurions jamais du avoir à faire ça. Elle aurait du être ma fille de sa naissance jusqu’à aujourd’hui, j’aurais du la voir grandir, lui apprendre toutes ces choses qu’on apprend à un enfant … Entendre ses premiers mots, son premier « papa », la voir apprendre à marcher, me faire des crises, passer noël ensemble, illuminer ses anniversaires puis la voir grandir encore pour devenir adolescente où elle aurait voulu s’affirmer, me faisant des crises encore, mais toujours avec tout l’amour que j’aurais voulu pouvoir lui porter. Je l’aurais vu doucement devenir une femme, et surtout, j’aurais été fier d’être son père … mais on m’avait volé tout ça et aujourd’hui, je me retrouvais à faire connaissance de ma fille dans un café à ne pas savoir ce que je pouvais dire ou non, marchant sur des œufs en permanence … J’avais essayé de m’excuser pour ce geste de trop, bien sûr que c’était trop tôt, et j’avais à peine entendu qu’elle en semblait pas m’en vouloir. Non, je continuais de parler et lorsqu’elle reprit enfin la parole, je me sentis vraiment mal. Elle avait souffert de cet abandon et je me sentais si impuissant face à ça … mais surtout elle me répondait de façon beaucoup plus virulente et m’appelant … son géniteur. Oui, c’était ce que j’étais, biologiquement parlant. J’étais son géniteur, pas son père. Mon regard avait plongé dans mon café qui allait finir par être froid mais je sentais un tel poids sur l’estomac que je ne me sentais pas en mesure d’en avaler une goûte.

Je m’attendais à ce qu’elle s’en aille d’un instant à l’autre, ou qu’elle me dise qu’elle voulait moi que je le fasse. Mais contre toute attente, c’est autre chose qui sorti de sa bouche. Elle voulait bien que l’on discute, que l’on apprenne à se connaître … mais elle ne voulait pas que je parte. Je relevais le regard toujours vitreux sur elle. Je ne voulais pas pleurer, je ne voulais pas passer pour un homme faible devant elle mais bordel, jamais je n’avais ressenti de telles émotions. C’était si fort et si … pur. « Je ne veux pas m’en aller ... » Lâchais d’abord sobrement. A aucun moment je ne l’avais voulu. J’avais dis ça pour elle, car je ne voulais pas m’imposer dans sa vie si elle ne le voulait pas mais moi, je ne voulais vraiment pas m’en aller. « Je t’ai cherché toute ma vie … Bien sûr que je veux discuter avec toi moi aussi, et apprendre à te connaître … J’aimerais … savoir ce que tu aimes … si tu es heureuse. Et si tu veux savoir des choses sur moi tu n’as qu’à demander. Je suis là ... » Je ne savais pas vraiment si je m’y prenais mieux cette fois … j’espérais, et en tout cas j’essayais.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMar 1 Mar - 20:53



Vingt-et-un an plus tard
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Je ne veux pas m’en aller. Putain, ces mots sonnent si doux à mon oreille. On me les a déjà dits avant mais pas dans ce contexte. Pas pendant que je suis en train de paniquer comme une dinde pour aucune raison. Pour preuve de l’effet que ça a sur moi, des larmes commencent à couler mais je les essuie rapidement. Pas question de pleurer j’ai dit. Je hoche faiblement la tête, comme pour lui signifier que j’ai compris, puis écoute la suite. Ses paroles me touchent droit au cœur et je me sens… vulnérable. Je n’aime pas me sentir vulnérable. Quand je le suis, c’est trop facile de me toucher et là, je n’ai pas envie de l’être. Ça fait trop peur. J’aimerais tant que Jacob soit là…

Lui aussi souhaite qu’on discute, qu’on apprenne à nous connaître. Il veut tout savoir de moi, d’après ce que je comprends. Suis-je heureuse ? Est-ce que je peux dire que je le suis ? Est-ce que je l’ai déjà été, au fond ? Je ne le sais même pas. Du coup, j’imagine que ça veut dire non. Il me propose de lui poser des questions si je veux savoir quoi que ce soit, me rappelant qu’il est là et je souris légèrement. Mes larmes ont cessées comme je leur ai ordonné silencieusement, mais je me sens encore fragile. « Je… Je sais pas. Là sur le coup j’ai pas d’idées. Ou j’en ai trop… C’est un peu le bordel dans ma tête. » J’inspire profondément, puis soupire. Réfléchis…

Mon regard sur mon café, je décide finalement de changer de breuvage. C’est un resto-bar ici non ? Il y a de l’alcool. Je relève donc les yeux sur Michael. « Et si on commandait un truc plus fort pour nous détendre tous les deux ? Ce sera plus facile pour discuter… sans que je me mette à paniquer pour rien… » Je tourne la tête vers un serveur et lui demande un verre de rhum, invitant mon… père… à faire la même chose. Quand le serveur s’en va, je regarde l’homme à ma table. « J’espère que ça ne t’embête pas. Ça m’aidera surtout à me calmer un peu. J'ai normalement un meilleur contrôle sur mes émotions. Là, c'est juste compliqué... » Je ne devrais même pas avoir à m’excuser. Je suis une grande fille et je fais bien ce que je veux… Mais la première impression est souvent celle qui déterminera ce que l’autre pensera de soi. J’espère simplement qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. « J’imagine que tu as des questions aussi. Tu peux demander si tu veux. Comme ça t’auras pas l’impression de passer un interrogatoire. »

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Dernière édition par Emily Stewart le Mer 2 Mar - 11:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMer 2 Mar - 5:48

On se ressemble tellement … Et je ne parle plus de ressemblance physique là, mas j’ai l’impression que nos caractères aussi se ressemblent, un peu en tout cas, et pour le peu que j’ai pu en voir. Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine en voyant les larmes perler sur son visage. Je ne voulais pas … Je ne voulais vraiment pas la faire pleurer … Mais en la voyant ainsi, mon regard à moi redevenait brillant. J’arrivais à retenir mes larmes moi, mais j’avais la même volonté qu’elle. Moi non plus je n’aimais pas me montrer vulnérable, et encore moins depuis les épreuves qui m’avaient frappé à l’adolescence. Je lui avais proposé de me poser des questions si elle le souhaitait, et à sa réponse je ne pu m’empêcher de lui sourire. Un petit sourire qui se voulait rassurant même si je n’avais jamais vraiment eu à rassurer qui que ce soit avant. Ou peut-être Laura, mais c’était si loin que ça ne comptait pas et que j’avais de toute façon chasser tout ça de ma mémoire. Mais là … c’était ma fille. Tout était différent. « Alors fais juste comme tu en as envie. Si tu veux m’en poser tu peux. Si tu ne veux pas, tu peux aussi. Si tu préfères m’en poser plus tard, alors je serais toujours là. » C’était beaucoup pour elle, et j’essayais vraiment de faire tout mon possible pour qu’elle se sente à l’aise avec moi mais la situation faisait que ni l’un ni l’autre n’étions véritablement maîtres de cette situation.

Je suis cependant surpris sur l’instant lorsqu’elle propose de commander autre chose que ce café auquel je n’avais même pas touché pour ma part. Elle veut de l’alcool et … je me force à me dire qu’elle a vingt-et-un an, qu’elle est majeure et que de toute façon … je ne suis pas son père. Pas celui qui peut dire quelque chose à la consommation d’alcool en tout cas. Sur le coup je ne réponds pas à ses propos mais je note bien qu’elle parle de paniquer. Qui ne le ferait pas dans une telle situation. Je commande alors un simple coca avant de me retourner vers elle pour lui donner une explication et qu’elle ne pense pas que j’étais un coincé. « Je suis venu avec mon taxi … J’ai pas envie de perdre ma licence ... » Bon il y avait du vrai dans ce que je disais mais pas que. J’avais quasiment arrêté de boire quand je m’étais rendu compte que c’était le meilleur moyen de me mettre en danger par rapport à mes activités illégales. Mais il y avait du vrai oui … J’avais sûrement du souffler dans un ballon bien plus que la moyenne des chauffeurs de taxi, et surtout bien plus que … les chauffeurs blancs. Tout comme j’étais un habitué du contrôle d’identité abusif aussi et que je faisais toujours attention en marchant seul dans la rue de ne pas garder mes mains dans les poches ou ma capuche sur la tête.

Elle avait cependant ajouté quelques mots sur sa consommation d’alcool et je n’étais pas la pour la juger. « Tu fais ce que tu veux, je ne suis pas là pour te dire ce que tu dois faire. Je comprends ne t’en fais pas. » C’était important pour moi de lui monter que je respectais le fait de n’avoir jamais pu faire parti de sa vie, que pour elle j’étais surtout encore un parfait inconnu. Et puis, moi aussi dans le passé j’avais consommé de l’alcool dans des bars, et plus que de raison quand il avait fallu noyer ma peine à un moment donné. Je lui souriais lorsqu’elle me proposa de poser des questions moi aussi et j’avais plutôt une autre idée, qui nous mettrais sûrement plus à l’aise l’un et l’autre. « Je te propose quelque chose. Je te dis quelque chose sur moi, et tu me dis quelque chose sur toi aussi. Tu peux arrêter à tout moment. » J’insistais là dessus car je ne voulais pas qu’elle se sente prisonnière. « J’aime bien faire du sport. Il y a une petite salle à côté de chez moi, j’essaye d’y aller trois ou quatre fois par semaine. » Il fallait commencer avec quelque chose de léger, pas besoin de rentrer dans les détails tout de suite ça viendrait tout seul. Et puis moi j’étais intéressé par ça. Faisait-elle du sport elle aussi ? Ça paraissait peut-être bête, mais pourtant oui, ça m’intéressait bel et bien.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMer 2 Mar - 11:53



Vingt-et-un an plus tard
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Quand il commande un coca, je me sens un peu mal d’avoir commandé de l’alcool. Il m’explique son choix : il est venu avec son taxi. Son taxi ? Il est chauffeur de taxi ? J’imagine que ce doit être difficile comme emploi. Surtout pour un afro-américain qui peut se faire interpeller sur la rue juste en portant une capuche pour réchauffer sa tête ou ses oreilles. Ça, c’est sans parler de la circulation chaotique de New York. C’était pas du tout comme ça à Portland. Ici, les piétons doivent se jeter devant les voitures pour avoir le droit de traverser sinon les voitures ne s’arrêtent pas pour eux. Je ne compte plus le nombre de fois que j’ai failli me faire renverser par une voiture, ou un taxi même. Mais bon, je préfère marcher que de conduire, bien que je le fasse parfois avec la voiture de mon père. Bref, je hoche la tête pour signifier à Michael que je comprends. « Oui, vaut mieux être prudent. » Et puis outre la loi, ce serait bête qu’il ait un accident tout juste après qu’on se soit rencontré. Je m’en voudrais tellement.

Je lui présente mes excuses en disant que l’alcool va m’aider à me détendre vu le peu de contrôle que j’ai sur mes émotions contrairement à mon habitude. Gentiment, il me fait comprendre que je n’ai pas à m’expliquer, qu’il ne va pas me juger et qu’il comprend. Je hoche donc la tête, un peu rassurée sur le sujet et attends mon verre. Je lui donne alors la parole en lui disant qu’il doit avoir des questions de son côté. Son sourire me fait étrangement plaisir et est contagieux. C’est pendant qu’il me propose son idée que mon verre arrive. Il propose que nous disions une chose nous concernant chacun notre tour. Il insiste aussi sur le fait que je peux arrêter à tout moment et je hoche la tête. « D’accord. » Il commence alors. Il aime faire du sport à la petite salle à côté de chez lui plusieurs fois par semaine. Je souris alors en prenant une gorgée de mon rhum. Autant aie-je peur d’en découvrir sur lui - qui sait si je ne serai pas déçue ? - j’ai aussi envie d’en savoir plus pour voir à quel point je peux lui ressembler. « Je sais pas si je peux dire que j’aime le sport. Je m’entraîne au 2nd Chance Sport Club dans le Bronx. Avant, c’est là que je prenais mes cours d'autodéfense. Et avant ça, j’ai pris des cours de karaté à Portland, mais surtout par nécessité plus que par vrai plaisir. » Si je m’entraîne encore, c’est surtout parce que j’ai besoin de quelque chose pour catalyser ma colère, pour me défouler. Sinon, ça donne ce qui s’est passé à l’université.

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyMer 2 Mar - 16:42

Oh oui il valait mieux être prudent, et pour bien des raisons. Ce n’était pas le métier le plus facile que j’exerçais, et en réalité, je n’en avais absolument pas besoin pour vivre. Mon portefeuille crypto était rempli depuis plusieurs années, par des activités bien plus sombres que celle-ci. Mais j’avais toujours gardé ce job quand même car au-delà de me servir de couverture, il me plaisait aussi tout simplement. J’aimais notamment écouter les petites histoires de tous ces gens qui passaient sur ma banquette arrière, certains m’apprenant parfois des choses, d’autres encore me racontant des détails intimes de leur vie … il y avait vraiment de tout ! Alors oui, il y avait de mauvais côtés, mais aussi des bons. Je lâchais un petit rictus à ses mots cependant. « Être prudents oui … J’me suis fait arrêter deux fois rien que la semaine dernière ... » Ce n’était pas toutes les semaines comme ça et heureusement, mais je finissais par croire qu’ils gagnaient vraiment plus cher en faisant ce genre de contrôle d’identités. J’avais même une fois été obligé de dire à un flic qu’il m’avait déjà contrôlé la semaine dernière, me souvenant de son visage. Mais bon, là n’était pas le sujet. Du moins, je n’avais pas vraiment pensé au fait que Emily ait pu vivre au sein d’un milieu totalement blanc, où ce genre de problématiques, elle était la seule à les vivres. Ça n’avait jamais été mon cas et c’était bien un des seuls avantage à mon enfance dans le Bronx, au moins j’avais appris avec d’autres ce genre de choses.

Nos verres arrivent et le miens vient donc rejoindre la tasse de café froid toujours à côté. Elle semblait d’accord pour ce que je lui proposais et je m’étais donc lancé en premier, sur un sujet léger. Bon en soit, c’était sans doute plus une constatation qu’une vraie révélation de lui dire que je faisais du sport. J’aimais croire que cela se voyait réellement sous mon polo, et que ce n’était pas juste une idée que je me faisais en me voyant meilleur que je n’étais réellement. En tout cas, elle répondit à ce que je disais par quelque chose sur elle, en restant dans le même domaine. J’aurais pu trouver ça cool qu’elle fasse des sports de défense, de combat, mais quand elle parla de nécessité je fronçais légèrement les sourcils. « Par nécessité ? » demandais-je alors. Elle m’avait dit que je pouvais lui poser des questions, et j’avais un peu peur de sa réponse pour le coup, moi qui avait essayé de m’imaginer une vie heureuse et tranquille pour elle. « ça me dit quelque chose comme nom en tout cas. » Est-ce que je l’avais déjà entendu quand je vivais toujours dans le Bronx, si tant est qu’il existait déjà. Ou est-ce que j’en avais entendu parler d’une autre manière ? En tout cas, il me disait quelque chose.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyJeu 3 Mar - 11:32



Vingt-et-un an plus tard
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Deux fois. Il s’est fait arrêté deux fois la semaine dernière. Pourquoi ? Je préfère ne pas poser la question parce que je sais que je serai déçue. Si ce n’est pas par lui, ce sera par l’être humain en général. Je me doute que c’est la deuxième option puisqu’il m’a l’air responsable. Du moins, il a pris une décision responsable juste là. Inutile de chercher à en savoir plus. Autant me contenter de hocher la tête sans chercher à comprendre davantage. Du coup, nous commençons notre échange. Il me dit un truc sur lui et je lui dis un truc sur moi. Il commence en me disant qu’il aime le sport et je lui réponds, lui expliquant un peu ma relation avec le sport. Pour moi, c’est davantage une nécessité qu’une passion, parce que ça me permet de me défouler. Dieu sait que je le ferais sur les gens sinon. Enfin, pas n’importe qui. Seulement sur les cons…

Michael a l’air intrigué quand je mentionne que le karaté a été surtout nécessaire pour moi, me posant la question. Il ajoute que le nom de la salle de sport lui dit quelque chose et je réponds à ça d’abord. « Ça fait seulement quelques années que c’est ouvert. Avant ça s’appelait le “2nd Chance Refuge” et c’était surtout un refuge pour jeunes en difficulté. Mais ça a été racheté par un boxeur et c’est ouvert pour tout type de personne, riches, pauvres, difficulté ou non, professionnel ou non... C’est pour ça que j’aime bien cet endroit. C’est dans le Bronx. » Si le Bronx est un endroit qu’il connaît bien, je pense qu’il est très probable qu’il en ait entendu parler. Mais outre l’histoire de la salle de sport, je n’oublie pas sa question concernant mon histoire à moi. « J’ai commencé les cours de karaté je crois autour de mes 10 ans ou peut-être avant parce que je subissais de l’intimidation malgré mon meilleur ami qui me défendait corps et âme. Il a décidé de suivre les cours de karaté avec moi d’ailleurs. Mais après mes 15 ans, j’ai arrêté à cause de ma… » Non. Pas ma mère. Ce n’est plus ma mère. « … de l’ex-femme de mon père. Je suis arrivée à New York à mes 17 ans et il y a un ou deux ans, j’ai décidé de suivre les cours d’autodéfense au 2nd Chance Refuge, de peur d’en avoir perdu avec les années. New York est plus grande que Portland alors… Je voulais être certaine de pouvoir me protéger. »

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyJeu 3 Mar - 11:58

Ce nom me disait quelque chose, j’étais sur de l’avoir déjà entendu. Pourtant, je n’arrivais pas à mettre le doigts dessus et ça m’agaçait légèrement. Elle répond alors à mon questionnement et m’explique ce qu’était cet espace avant et là je comprend mieux. Ce n’était pas très très loin de chez mon père, quand j’avais emménagé chez lui à l’âge de dix ans et il m’arrivait même de passer devant, sans vraiment savoir ce que c’était comme lui. « Le second Chance Refuge ! Voilà c’est ça qui me disait quelque chose ! » Lâchais-je alors, heureux d’avoir résolu ce petit mystère. Emily apprendrai bien vite que j’étais le genre qui n’aime pas ne pas comprendre quelque chose ! J’avais une abnégation et une détermination sans faille, et c’est sans doute grâce à ça que nous étions l’un en face de l’autre aujourd’hui. Parce que je n’avais jamais abdiqué, j’avais continué de chercher, et même si ça ne s’était pas fait comme je l’avais imaginé nous avions fini par nous retrouver. Oui, je détestais que quelque chose me résiste, et ça valait autant pour de petits détails comme celui là que des situations de bien plus grande importance.

Mais le plus important, c’est surtout quand elle m’expliqua son besoin de se rendre à cet endroit, pourquoi elle faisait du karaté aussi. J’étais vraiment triste d’apprendre qu’elle avait subit de l’intimidation et j’avais bien une petite idée du pourquoi. Mais encore plus, elle me livra des informations importantes de sa vie. Alors comme ça, ça ne faisait que quatre ans qu’elle était à New York. Je relevais aussi comment elle parlait de … l’ex-femme de son père, c’est comme ça qu’elle l’appelait. « Tu vivais à Portland alors avant ? » Lui demandais-je alors que ses propos ne laissaient pourtant pas vraiment de place à l’imagination. « Tu as eu raison en tout cas, c’est bien de savoir se défendre, on ne sait jamais sur qui on peut tomber ... » Elle avait tellement de raisons de pouvoir se faire agresser … La vie était vraiment merdique pour les gens comme nous mais elle était une femme en plus alors c’était la double peine. « ça ne se passait pas bien avec … l’ex-femme de ton père ? Et avec ton père, ça se passe bien ? » Je reprenais ses mots pour ne pas commettre d’impair. J’avais vraiment envie d’en savoir plus sur elle de ce côté là. Savoir si elle avait eu le droit à une famille aimante malgré tout … à l’entendre ce n’était pas tout à fait le cas. Mais je réalisais aussi que j’allais peut-être trop loin. « Je suis désolé, je te pose peut-être trop de questions. Je me suis demandé pendant tellement longtemps si tu allais bien … Mais tu n’es pas obligée de répondre ... » J’attrapais finalement mon verre de soda en disant ça pour en boire, enfin, une gorgée,.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyJeu 3 Mar - 13:33



Vingt-et-un an plus tard
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Il connaît donc l’endroit. Y est-il déjà allé ? Si c’est le cas, ce serait dingue qu’on se soit peut-être déjà croisés sans le savoir. Parfois, le hasard fait les choses bizarrement. Après tout, j’y vais relativement souvent, plusieurs fois par semaine, quand je n’ai rien à faire de mieux et qu’il est trop tôt pour aller boire un verre avec des amis. J’ai croisé beaucoup de gens là-bas, notamment Jeremiah et Zane avec qui j’ai tissé d’excellents liens. S’il avait fréquenté cette salle en même temps que moi, ça aurait pu être avec lui. Comment ça aurait été trop bizarre… Mais l’heure n’est plus au sujet. Je lui raconte pourquoi ce fut nécessaire pour moi de prendre des cours de karaté et lui raconte un peu ma vie en me laissant aller sans trop vouloir en dire non plus. Pourtant, je le devrais. C’est pas un complet étranger là devant moi. Enfin si, théoriquement, mais c’est pas n’importe qui pour autant. C’est l’homme qui m’a fait. Quand je le regarde, j’arrive presque à voir mon visage. C’est étrange d’ailleurs, puisque je n’ai jamais eu l’habitude de reconnaître mes traits dans le visage de mes parents.

Quand il demande si j’habitais à Portland avant, je comprends que c’est plus une affirmation qu’autre chose alors je me contente de hocher la tête, et écoute la suite. Je hoche la tête, étant on ne peut plus d’accord avec lui. « Faut dire aussi que j’ai grandi avec un flic. La prudence a toujours été de mise à la maison. » Puis la question qui tue arrive. Est-ce que ça se passait mal avec mon ex-maman et avec mon père. Je baisse alors légèrement les yeux, visiblement peu intéressée à parler de cette histoire. Pourtant, je sais qu’il le faut. Je lève les yeux quand il s’excuse encore et sourit légèrement en coin, un sourire qu’il a probablement déjà vu dans le miroir. « Faut que tu apprennes à arrêter de t’excuser. » Mon sourire disparaît et je hausse les épaules. « T’en fais pas. C’est pas un sujet que j’aime aborder mais il faudra bien crever l’abcès un jour où l’autre. Je me doutais bien que tu voudrais connaître mon histoire. » Je prends donc une gorgée de rhum puis dépose mon verre, inspirant profondément pour raconter mon histoire.

« Comme j’ai dit, j’ai été adoptée seulement à 5 ans. Disons qu’à trois ans, je savais déjà ce qu’était le racisme et donc quand les Stewart m’ont adopté et que j’ai vu qu’ils étaient blancs… Je me souviens m’être dit que je devais faire tout pour être une petite fille parfaite. Après tout, on payait pour m’avoir. Qui sait, j’ai peut-être mélangé esclavage et adoption… Mais ça n’a pas prit trop de temps pour que mes parents me mettent en confiance et me fasse comprendre qu’ils voulaient que je sois moi-même et qu’ils m’aimaient telle que j’étais. À partir de là, tout allait bien… » Je baisse les yeux sur mon verre, ma main sur celui-ci sans le lever de la table. « Mais ma mère avait un trouble de la personnalité limite. J’avais 15 ans quand elle a commencé à boire sans arrêt et avec l’alcool, son TPL était pire. Mes parents n’arrêtaient pas de se disputer et plus ils se disputaient, plus mon père souffrait, et plus je la détestais. Quand ils ont divorcés, on m’a demandé avec qui je voulais vivre et je voulais partir avec mon père. Personne sait comment, mais c’est pourtant ma mère qui a eu le droit de me garder. » Je soupire. C’est un sujet difficile et je n’en parle que rarement. Même avec mon père, je n’aborde plus le sujet. « Ça aurait pu aller si elle l’avait fait par amour, mais elle l’a fait seulement pour extorquer de l’argent à mon père, et pour le faire souffrir. Il est parti à New York et il même s’il a pas eu le choix, je me suis sentie abandonnée. Ma relation avec lui en a prit un sacré coup, mais je savais que ce n’était pas de sa faute. Avec… elle, par contre, c’était foutu. On se disputait tous les jours, si bien que parfois je fuguais pour aller passer une ou plusieurs nuits chez mon meilleur ami, » je relève les yeux sur lui. « J’avais droit aux pires horreurs qu’un parent puisse dire à son enfant. Tu sais, du genre “j’aurais jamais dû laisser ton père te choisir à l’orphelinat” ou encore “c’est ta faute s’il est parti”. C’était horrible. Quand ils ont divorcés, cette femme a perdu le droit d’être ma mère… Mais j’ai enduré sans mentionner les pires choses qu’elle m’a dit à mon père, jusqu’à mes 17 ans. On s’est disputé encore elle et moi alors je suis allé dormir chez mon meilleur ami, comme d’habitude. Le lendemain matin, je suis rentrée pour la trouver morte. Elle buvait tellement qu’elle s’est empoisonnée. Du coup mon père est venu me chercher et maintenant on vit ensemble dans Brooklyn. Notre relation est très bien maintenant, heureusement. » Je le regarde alors et sourit pour détendre l'atmosphère, faisant comme si ça ne m'affectait plus maintenant. « Voilà. Tu connais l'histoire d'Emily Stewart maintenant. »

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyJeu 3 Mar - 14:14

Elle a grandi avec un flic. Son père j’imagine, vu comment elle parlait de sa mère juste avant. Intérieurement je grince un peu des dents. Même s’ils ne m’ont jamais trouvé, je sais qu’ils sont activement à ma recherche. Enfin, à la recherche de mon double maléfique. J’aurais aimé que la famille de ma fille soit en dehors de tout ça, mais après tout ce n’était pas parce que son père était flic qu’il était sur l’enquête me concernant, il y en a beaucoup des flics. Laura, par exemple. Je ne relève pas cependant, et me contente de sourire moi aussi lorsqu’elle me dit qu’il faut que j’apprenne à arrêter de m’excuser. Si elle savait ! Si elle savait que depuis de nombreuses années, je ne cherchais pas à m’excuser mais à me venger. Pourtant venant de sa bouche c’était si mignon … Elle accepte cependant de répondre à mes questions. Je me doute que ce n’est pas quelque chose de facile pour elle mais hors de question de rajouter encore qu’elle n’est pas obligée, je crois qu’elle a compris.

Elle se lance alors dans ses explications, reprenant depuis sa naissance quasiment, reparlant de ces cinq années à l’orphelinat. Je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la colère en imaginant ça, alors que moi j’étais prêt à l’élever comme un père pendant tout ce temps ! Et puis, elle me parlait de son apprentissage précoce du racisme. Mon sang commençait à bouillir dans mes veines mais je devais absolument me canaliser, hors de question d’exploser là maintenant tout de suite, devant elle. Cela m’apaisait un peu d’entendre que ses parents adoptifs avaient su la mettre en confiance et que ça avait été mieux ensuite, mais je savais que l’histoire ne s’arrêterait pas là puisqu’elle avait parlé de sa … mère du coup ? Oui c’est ça, elle en parlait. Trouble de la personnalité limite. Je n’avais jamais entendu parler de ça avant, mais à l’entendre parler ça n’avait pas l’air vraiment joyeux. Ses parents s’étaient donc séparés à quinze ans … elle n’était qu’une adolescente … et à l’entendre ce n’était pas fini. Elle m’expliqua comment son père avait du partir, malheureusement sans elle, et surtout la descente aux enfers avec sa mère. Mon sang recommençait à bouillonner en moi en entendant les propos que ma fille me rapportait. Comment pouvait-on être aussi cruel avec son enfant ? Comment pouvait-on l’accuser de tous ses maux … Et putain je ne pouvais pas m’empêcher de repenser à Laura. Si elle ne s’était pas tiré, rien de tout ceci ne serait arrivé ! Mais non, elle avait eu le droit à deux familles brisés. Bon famille était sans doute un bien trop gros mots pour nous qualifier nous voir même pas du tout approprié.

C’est alors qu’elle évoqua la mort de sa mère et là, ma main glissa devant ma bouche, légèrement horrifié. Même si elle ne s’entendait pas avec, ça restait un évènement choquant. Elle me disait que ça allait avec son père mais moi, je voyais surtout toutes les épreuves qu’elle avait enduré. « Je … Emily, je suis désolé pour tout ça ... » Je ressentais de la culpabilité là. Pourtant je n’étais pas responsable et son père adoptif avait l’air bien, enfin selon ses mots, mais moi je ne pouvais m’empêcher de ressasser tout ce qu’elle venait de dire. « Je suis désolé pour ta maman, je suis désolé pour les disputes, pour les mots difficile, pour l’orphelinat … je suis désolé pour tout ... » J’avais baissé la tête en disant ça. Elle m’avait dit d’arrêter de m’excuser mais c’était plus fort que moi. Je ne l’avais pas choisi et pourtant le sentiment d’abandon était bien là et me rongeait à l’intérieur. Je n’arrivais à rien ajouter de plus. C’était vraiment difficile actuellement et je me sentais totalement impuissant ...
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyJeu 3 Mar - 20:25



Vingt-et-un an plus tard
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Je déteste raconter ma vie comme ça. À chaque fois, ça me rappelle que mes blessures ne sont pas guéries et qu’elles ne guériront jamais. Non seulement j’ai été abandonnée par Laura, mais en plus je l’ai été par ma mère adoptive, qui a aussi poussé mon père adoptif à partir, m’abandonnant lui aussi par le même fait. Certes, ce n’était pas sa faute, mais je l’avais tout de même senti. Impossible pour moi de ne pas avoir peur de me faire abandonner à nouveau. Impossible pour moi de ne pas attendre le prochain abandon, la prochaine tuile qui me tombera sur la tête. C’est de ça que ma vie se compose après tout : des petits moments de calme avant les nombreuses tempêtes. Et malheureusement, l’arrivée de Michael dans ma vie en provoquait une nouvelle.

N'allez pas croire que je ne suis pas contente de savoir qu’il existe, ou qui il est. Bien au contraire. C’est un énorme soulagement et ça répond à des questions que j’ai toujours eues. Mais d’un autre côté, ça m’apporte un autre lot de soucis. Comment est-ce que mon père réagira quand il le saura. Je sais que trop d’avance que dès que je le verrai, je n’arriverai pas à lui dire. J’ai mis plus d’un an à lui parler de Laura, alors que dans ce cas c’est pire puisque Laura travaille directement sous ses ordres. Ma mère biologique qui travaille sous les ordres de mon père adoptif. Quelles sont les chances pour que le hasard fasse les choses aussi bien dans la vie, hein ? Moi, je n’y crois pas. Du moins, j’ai du mal à y croire. C’est louche quoi. Mais mon père lui ne semble pas être inquiet alors je le laisse gérer.

Je raconte ma vie sans trop en avoir envie. Je ne prends pas vraiment de pause. J’ai l’habitude et je veux en finir au plus vite avec mon récit. Différentes émotions traversent son visage mais je n’en fais pas de cas. Je ressens sans doute la même chose alors je peux comprendre. Puis une fois mon récit fini, il recommence à s’excuser. Je baisse les yeux sur mon verre encore. Je ne sais pas comment lui faire comprendre qu’il n’a pas à être désolé. Je crois qu’il n’y a pas vraiment de façon de le convaincre. Ce doit être un truc de parent. Je prends une gorgée de mon rhum et relève les yeux alors qu’il énumère tout ce pour quoi il est désolé. Il baisse ensuite les yeux. J’ai de la peine pour lui. « Je sais que ça ne change rien pour toi que je dise ça, mais tu n’as pas à être désolé. » Je hausse les épaules, mon regard ne témoigne plus que de l’indifférence, ce qui ne fait absolument aucun sens vu le sujet. C’est simplement le mur que je me suis forgé autour de cette histoire pour m’en protéger. « Vois-le positivement. Maintenant tu es là. Maintenant, j’ai quelqu’un qui peut me comprendre face aux injustices dont on peut être victime. Juste ça, c’est un gros cadeau. Et puis c'est rien. Il y a pire dans la vie... je crois... Puis ma mère... Je la déteste alors on s'en fout. » C'est plus facile de se le faire croire du moins. Je préfère me forcer à ne rien ressentir. Si je ne m'étais pas forger ce mur, je serais probablement morte déjà.

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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] EmptyVen 4 Mar - 6:42

Un truc de parents … Peut-être. Que savais-je en réalité au fait d’être parent ? Oui j’étais peut-être père, biologiquement, je m’étais fais des représentations de ce que cela pouvait être, mais je n’avais jamais eu le droit de l’être quand même. Le seul truc que je faisais, c’était tout les ans en avril, d’allumer une bougie supplémentaire pour fêter ce qui devait sans doute être l’anniversaire de ma fille. Je n’en connaissais pas la date exact, alors j’utilisais la date du terme de la grossesse de Laura. C’était ma pensée, tous les ans pour mon enfant, moi qui avait longtemps pensé que mes recherches serraient vaines. Alors oui j’étais désolé, car ces bougies j’aurais du lui les allumer moi-même, la regardant les souffler avec des étoiles dans les yeux et que cela lui aurait sûrement évité bien des peines. On ne peut pourtant pas savoir ce que la vie aurait pu nous réserver. Après tout, serions-nous restés ensemble malgré tout avec Laura ? Est-ce que l’on serait toujours ensemble aujourd’hui avec notre fille ? J’essayais de m’en persuadé mais rien ne pouvait me l’assurer. Je ne sais pas comment elle faisait pour prendre les choses ainsi. Ou alors, elle le cachait bien. Elle me disait que je n’avais pas à être désolé, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, il faudrait sans doute du temps pour que cette culpabilité s’en aille si tant est que ce soit possible. Mais pour le moment, j’essayais de relever les yeux sur elle avec un petit sourire. « Si, ça change beaucoup de choses pour moi. » Sa parole comptait beaucoup à mes yeux, surtout vu comment j’en avais été privé, et malgré tout ça apaisait un peu les choses en moi.

Elle continua alors, dédramatisant tout ce que je venais de dire, peut-être un peu trop pour le coup. Enfin, pour ce qui concernait le fait d’avoir quelqu’un qui la comprenne face aux injustices là elle avait tout à fait raison. « Si tu as besoin d’en parler, ou quoi que ce soit … je suis là. Tu peux m’en parler quand tu veux. D’ailleurs, j’aimerais si tu veux bien … enfin je peux te donner de quoi me contacter. Y a pas de raisons que moi je sache où te trouver et pas l’inverse. » J’avais vraiment envie qu’elle puisse me contacter si l’envie lui prenait, que ce soit pour discuter, se voir, ce qu’elle voulait. C’était donnant donnant. Difficile de voir du positif cependant dans le fait qu’il ait pire dans la vie et que de toute façon sa mère elle la détestait. Elle restait sa mère quand même, qu’elle avait elle-même retrouvé morte si j’avais bien compris. Ça avait de quoi être traumatisant. Mais difficile dans ma position de dire quoi que ce soit, je ne voulais pas passer pour un moralisateur. Je décidais plutôt de reprendre notre petit jeu consistant à donner des informations sur nous, et j’avais entendu quelque chose tout à l’heure qui avait attiré mon attention. « J’habite à Brooklyn moi aussi. J’ai une maison là bas, le quartier est assez tranquille. » J’avais dis ça avec le sourire en buvant une gorgée de mon coca.
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MessageSujet: Re: Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily]   Vingt-et-un ans plus tard. [ft. Emily] Empty

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