Garagisteman ce héros (pv Jared)- 19 novembre 2022

Je ne m’étais jamais senti aussi seul. J’avais l’habitude pourtant de l’être depuis quasi toujours. J’étais certes d’une famille nombreuse, et pourtant, je n’avais jamais été très proches de mes frères et sœurs. Sien’ un peu lorsque nous étions enfants mais tout avait changé plus tard à l’adolescence. A cause de mes conneries sans doute. Donc oui, j’avais toujours été assez solitaire et ça m’allait très bien, sauf que là ce qu’il s’était passé avec Simon ce soir-là, chez moi … c’était impossible à effacer de ma mémoire. Il m’avait apprit le viol de ma petite sœur et c’était déjà assez dramatique comme ça pour qu’il ne s’ajoute pas toute cette culpabilité. Mon frère n’allait pas bien, pas bien du tout, et je me sentais totalement impuissant. J’avais essayé d’être là, de le soutenir, mais il m’avait envoyé chier. Au réveil il ne se souvenait de rien et je m’étais senti obligé de lui dire. Après tout, c’était une des raisons du problème entre mes deux frères jumeaux, il ne lui avait rien dit, avait gardé le secret, et le retour de bâton avait été violent. Sauf qu’en entendant que je savais, il avait fuit. Il s’était barré et depuis … J’avais bien essayé lorsqu’il venait me donner la tune de la came et se recharger, j’avais essayer de nouer un dialogue, quelque chose, mais je crois que nous étions condamné à nous éviter pour le restant de nos jours … Dommage, car le Simon que j’avais vu avant que tout ne parte en couille était vraiment cool et nous avions bien déliré ensemble … Mais pour le moment je me contentais de traîner mon spleen. Allez au travail, vendre ma came, jour après jour. Et puis j’avais reçu ce message de Sien’, elle était partie. Je n’avais pas osé aller la voir, de peur de tout foirer avec elle aussi et au final, elle s’était barrée seule à Philadelphie. Ça avait été un déclic pour réagir et j’avais donc été voir ma petite sœur, mais cela m’avait aussi mis un sacrée gifle concernant Simon. Il avait besoin de moi, de son grand frère, et moi je restais passif comme si ça finirais par s’arranger tout seul. C’est à ce moment-là que j’avais commencé à vraiment le surveiller. Quand je pouvais en tout cas.

Et ce soir-là en faisait parti. J’avais pris la dépanneuse du boulot n’ayant pas de voiture et je m’étais garé du côté de la maison mais assez loin pour ne pas être repéré. Lorsque je l’avais vu prendre sa moto, je l’avais suivis. Plus d’une fois il avait failli me semer mais de toute façon, j’avais une idée d’où il allait. Je m’étais alors garé de l’autre côté de la rue, me laissant glisser dans mon siège tout en regardant régulièrement la vitrine du bar. Je n’avais pas une très bonne vue sur ce qu’il se passait à l’intérieur mais au moins, je pouvais réagir si je sentais quelque chose se passer. Et cela ne manqua pas. Il semblait y avoir du mouvement à l’intérieur et je sortais alors du véhicule pour aller en direction de l’entrée. Une fois à l’intérieur … pitié Simon c’est pas vrai dans quoi tu t’es foutu encore ! Mais pas le temps de réfléchir, je me jette sur ce mec qui vient d’écraser son verre sur mon frère. La famille c’est sacré et y toucher peut me mettre dans tous mes états. « Espèce d’enfoiré ! » Je lui gueule ces mots dessus alors que je décoche une droite puissante sur son visage. Mais il n’est pas seul, et je commence par repousser les mecs qui sont en train de se déchaîner sur mon petit frère, prêt à me battre s’il décide d’y revenir. « Simon ? Simon ça va ? » Lui demandais-je sans le regarder, gardant mon regard sur ces pauvres types qui s’en sont pris à lui et ont l’air de toujours vouloir en découdre.

Évidemment que c’est moi. Est-ce que mon crétin de frère pensait vraiment que j’allais le laisser seul livré à lui-même après ce qu’il s’était passé chez moi quelques mois plus tôt ? Bon, au début ça avait été un peu vrai mais j’avais réagis depuis ! Et s’il je devais me jeter à corps perdu dans une bagarre pour lui, alors pas de soucis ! J’ai les poings levé, prêt à en découdre. Il y a un petit moment de flottement, léger, sûrement du à la surprise de me voir débarquer mais ça ne dure pas longtemps. Je ne réponds même pas aux questions de mon petit frère, nous avons plus important à gérer pour le moment, comme le fait qu’il se prenne un nouveau poing dans la tronche, enfin dans l’oreille plus précisément. Pas le temps de réagir que déjà deux mecs se concentrent sur moi l’un d’eux essaye de m’immobiliser et je me débat, essayant de le frapper moi aussi dans l’estomac, mais le deuxième y arrive avant moi me coupant la respiration un instant. Je réplique néanmoins par un coup dans la pommette de celui qui me tient pour me dégager un instant et j’entends Simon crier de douleur. « Simon ! » Criais-je pour m’assurer qu’il va bien mais cet instant d’inattention me coûte cher et même si mon petit frère essaye de me prévenir, je me prends une droite puissante au visage qui m’ouvre la lèvre.

Je sens le sang dans ma bouche, un goût métallique désagréable que je ne connais que trop bien pourtant. Je m’apprête à répliquer mais à nouveau je me fais frapper avant, dans l’estomac encore, et je me retrouve un instant plié en deux à cracher du sang sur le sol. J’ai mal, mais hors de question d’abandonner ce n’est pas mon genre, et tant que je tiendrais debout je serais toujours prêt à me battre. Alors je me redresse, relevant les poings, et cette fois je laisse exploser ma rage pour mettre une droite puissante à celui qui vient de me frapper à l’estomac. J’ai un instant de répit alors je me retourne vers Simon, il n’a pas l’air au mieux. L’un des mecs s’apprêtent à lui en recoller une mais je me jette sur lui pour le repousser, le regard plein de rage. Il s’agit du premier à qui j’ai mis un coup tout à l’heure. « Qu’est-ce qu’il y a, t’en veux encore ? » Oui, je me permets même ce genre de commentaires en pleine bagarre. Mais surtout, je ne lui laisse pas le temps de répondre que je décroche un crochet en plein mâchoire le faisant reculer. « Ouais c’est ça, dégage de là. » Lui lâchais-je en gueulant avant d’à nouveau cracher sur le sol le sang que j’ai dans la bouche.

On est pas bien là, tout les deux face à six mecs qui veulent notre peau ? Bordel Simon, dans quelle merde tu t’es foutu encore ?! Il ne me laissait vraiment pas de répit lui. Il fallait que je rattrape ses conneries et maintenant que je le sorte d’une bagarre bien mal engagée. L’un comme l’autre, nous ne sommes pas vraiment en bon état, nous avons déjà pris cher, et ce n’est pourtant sûrement pas terminé. Nous n’avons pourtant pas d’autres choix que de continuer à nous battre. C’était ça ou se laisser frapper alors le choix était vite fait. J’avais dégagé Simon du mec qui voulait l’attaquer par derrière et mon crochet en plein mâchoire semblait l’avoir bien déstabilisé, sauf que déjà je me sentais attrapé par l’arrière de mon haut. En manque d’équilibre, je n’ai d’autre choix que de suivre le mouvement et ses coups dans les jambes m’empêche surtout de répliquer comme je veux. Surtout, je ne peux éviter cette nouvelle patate en pleine tronche qui défonce encore un peu plus ma pommette. « Et alors ? Va t’en prendre à ton pote s’il est capable de baiser un autre sous les yeux de son mec ! » Lui répondais-je virulent avant de lui cracher mon sang à la figure. Je l’attrape alors par le col pendant que Simon lui est au sol, dans une sale situation. Sans réfléchir, je lui donne alors un coup de tête en pleine figure et il recule un moment pour reprendre ses esprits. L’un deux gueule qu’il va nous crever, pourtant ils ne sont pas en meilleur état que nous alors que nous sommes trois fois moins !

Mais à un moment, le ton change. L’un de ceux qui récupérait était un peu en arrière, plus proche de l’entrée, et il se met alors à gueuler. « Les mecs on se tire ! » Il ne leur en fallu pas beaucoup plus et une fois parti je compris pourquoi. On entendant les sirènes des flics au loin. Putain, encore ! J’allais alors voir Simon pour essayer de l’aider à se relever. « Nous aussi faut qu’on se tire ! On est bon pour la gardav sinon ! Allez dépêche toi ! » Mais on était un tel état tout les deux … On faisait vraiment peine à voir. Je l’aidais alors tant bien que mal, glissant mon bras dans son dos malgré mes propres douleurs pour l’emmener dehors. Sauf que là … merde, ils étaient déjà là. Je voyais les gyrophares au bout de la rue. Doucement, je lâchais alors Simon. « Ok, maintenant tu te barres. Tu te casses de là, tu te caches, j’en sais rien mais tu te casses d’ici ! » Après tout, ce ne serait pas la première fois que je prends à sa place, il est censé avoir l’habitude maintenant non ? J’espère en tout cas qu’il ne va pas s’amuser à jouer les héros car j’ai déjà assez à faire sans en plus le laisser jouer les p’tits cons avec moi !

Il ne manquait plus que ça. J’étais vraiment doué pour accumuler les merdes même si celle là, je ne l’avais pas véritablement cherché. En plus d’être sérieusement amochés, les sirènes de police étaient de plus en plus proches, et les gyrophares étaient même visibles au bout de la rue. Je gueulais alors à Simon de se barrer et tout ce que j’espérais c’est qu’il ne me mette pas en plus des bâtons dans les roues car la situation était assez complexe comme ça. Il n’avait pas besoin de se retrouver avec un casier alors que moi, ça n’y ferait qu’une ligne de plus ce n’était pas très grave en soit. Comme il le disait c’était foutu de toute façon, et la seule solution pour lui de s’en sortir, c’était de focaliser l’attention sur moi. Il s’excusait mais ce n’était plus vraiment le moment et je l’implorais presque du regard de se barrer, ce qu’heureusement il se décide à faire. Bon, c’était déjà ça. Je respire un grand coup tout en me retournant vers les gyrophares, espérant que Simon se sera barré à temps et les phares m’éblouissent à tel point que je suis obligé de me masquer légèrement les yeux de la main. Mains abîmés par les coups comme mon visage, et je ne veux même pas connaître l’état de mon torse après les coup que j’y ait reçu. Néanmoins en les voyant arriver, je lève les mains au ciel en signe de bonne fois, ne cherchant pas à faire de vagues et pour qu’ils n’aillent pas chercher plus loin.

Je me retrouve vite à l’arrière d’une voiture de flics, menotté, et je retrouve l’un de ces postes de police que je connais comme ma poche. Je me retrouve alors en garde à vue et je ne sais même plus combien de fois je me suis retrouvé dans cette pièce, s’en est presque normal désormais pour moi de venir régulièrement ici, comme on irait à la salle de sport ou au supermarché. Ça dure plusieurs heures, pendant lesquelles je tente de leur expliquer que je me suis tapé un mec dans les toilettes sans savoir que son mec à lui se trouvait juste à côté, et que lui et ses potes ont voulu se venger. Hors de question de parler de Simon, de toute façon les mecs en questions avaient fuient et le propriétaires du bar ne chercherai sans doute que réparation pour les dégâts. C’est d’ailleurs ce qui finit par arriver et on me libère en me disant que le montant de l’amende me serait transmis. Ça annonçait des heures de travaux supplémentaires ça, merci Simon ! Je ressors alors du poste alors que le jour n’est plus très loin de se lever. Je peux enfin regarder mon téléphone et je vois le message de Simon. « J’imagine que tu dois être au lit … je viens de sortir, je rentre chez moi ... » Voilà tout ce que je disais. Après tout, il n’avait pas vraiment envie de me voir en ce moment je crois. Je trace alors à pied jusqu’à chez moi. Il faudrait que je retourne au bar chercher la dépanneuse mais là, je n’en ai pas le courage. Une fois chez moi, je m’étale sur mon lit, sur le dos. Je me sens tout endolori de partout, j’ai du sang séché sur le visage … Je ne sais pas comment dormir en pensant à tout ça alors que mon corps semble le réclamer plus que tout.

Par sa faute, peut-être pas tout de même. Je n’avais pas attendu Simon pour avoir un casier à rallonge et je savais ce qui me pendait au nez, j’avais comme un épée de damoclès au dessus de ma tête. Mais c’était mon petit frère et j’avais déjà été tellement un piètre grand frère pendant tout ce temps que c’était sans doute le prix à payer pour enfin faire quelque chose pour les miens. Après tout, papa avait fait plusieurs allers-retours en taule, là où il était actuellement, et il n’en était pas mort non ? Ce n’était pas si grave ? Pas autant en tout cas que de prendre les risques nécessaires pour garantir la meilleure vie possible à ma fratrie. J’étais donc rentré chez moi après plusieurs heure de garde à vue et je m’étais étalé sur mon lit, complètement endolori de partout tant à cause de la bagarre que de ces heures assis sur une chaise à pas bouger. Je sentais mes muscles du dos se détendre légèrement sur ce matelas peu confortable de mon canapé. Je prenais alors mon téléphone et j’y voyais le message de Simon, ça faisait un moment qu’il me l’avait envoyé visiblement. Il arrivait … Pourquoi ? Se sentait-il responsable ? Pourtant qu’avait-il fait depuis plusieurs mois, quand il savait que je savais aussi et qu’il m’avait soigneusement esquivé ? Je ne répondais cependant pas, me contentant de regarder un point invisible sur le plafond à la seule lumière de la lampe du salon.

Il ne faut cependant pas longtemps pour que j’entende sonner à ma porte. Fait chier, je n’ai vraiment pas le courage de me relever là. Puis il se met à parler à travers la porte … « C’est ouvert ! » Lui lançais-je alors. J’étais le genre à ne pas forcément penser à fermer ma porte quand j’étais chez moi. Peut-être que Simon le saurait si nous étions un peu plus proches mais manifestement, nous étions voués à ne pas l’être. Un coup c’était moi qui merdait en ne prenant pas de nouvelles, un coup c’était lui en m’esquivant et se contentant de vendre ma came … On ne change pas une équipe qui gagne hein ? Et aujourd’hui tout les deux, nous avions de sacrées bonnes têtes de vainqueurs !

En effet, j’étais assez fou pour laisser ma porte ouverte malgré toute la came que j’avais. Après tout personne ne le savait et mes voisins n’étaient pas forcément très imposants alors s’ils osaient entre ici, j’aurais vite fait de les renvoyer d’où ils venaient. Je lui avais donc indiqué qu’il pouvait entrer même si je ne savais pas vraiment si j’avais envie ou non de lui parler. Après tout, on s’était retrouvé dans cette merde par sa faute de base. Parce qu’il se battait dans ce bar et que je ne pouvais pas le laisser faire sans réagir. Parce que je le suivais depuis qu’il m’évitait. Parce qu’il s’était barré comme un con en apprenant m’avoir tout dit quand il était drogué … Parce que de base je ne prenais pas de nouvelles sauf pour lui demander de vendre de la came pour moi … J’en revenais toujours au même point, j’avais été nul comme frère et aujourd’hui je devais en assumer les conséquences. Je le regarde alors entrer du coin de l’œil dans l’obscurité et s’approcher vers moi. Il se déplace lentement et quand je vois un peu plus son visage à la lueur de la lampe, je peux voir qu’il n’est pas mieux que moi. Il me demandait comment j’allais, si les flics ne m’avaient pas trop fait chier. « ça va … j’ai l’habitude ... » Répondais-je très sobrement, mais avec un vrai fond de vérité. Je connaissais ce commissariat par cœur, tout comme ses salles d’interrogatoire et ses cellules. Je n’y restais jamais très longtemps, mais je m’y étais retrouvé plus d’une fois.

Je le regarde toujours lorsqu’il s’assoit sur le bord du lit, laissant néanmoins une petite distance. Il y a clairement un froid entre nous, de ma part en tout cas. J’ai autant envie de lui gueuler de partir comme il sait si bien le faire que de profiter qu’enfin, il soit là. Il me demande alors si j’ai besoin de soin et j’arque légèrement un sourcil. « Quoi, t’es médecin maintenant ? » J’étais sûrement désagréable mais j’étais aussi éreinté par tout ça, par notre passif récent comme un peu plus lointain. Ces derniers mois n’avaient pas été faciles à vivre. Cependant, il continue en éclatant de rire et ses mots sont enfin ceux qui me permettent de me détendre. J’avoue, c’est drôle. On a jamais été proches et pourtant, on s’est tapé six mecs en même temps à deux ! Enfin on a tapé plutôt. C’était bien la première fois qu’on faisait à ce point quelque chose entre frangins. Alors avec un sourire je le regardais toujours en restant allongé. « J’espère qu’il en valait le coup au moins ce type ! » Car c’était ça l’objet de la dispute, Simon s’était tapé un mec dans les toilettes pendant que le mec de se gars étaient derrière la porte. Donc qu’il me dise au moins qu’il avait prit son pied et que notre état actuel en valait la peine !

Je n’étais pas très réceptif. Il faut dire aussi que j’avais passé une soirée de merde. Ce n’était pas les meilleures soirée de ma vie, quand je devais surveiller Simon, et là ça avait carrément dégénéré. Au moins, je ne m’étais pas ennuyé s’il fallait voir le positif. Bon ok, c’était vraiment peu par rapport aux gueules que nous avions l’un et l’autre, et du temps perdu ensuite en garde à vue. Alors ouais au début, j’étais assez froid et distant avec lui et peut-être que j’aurais préféré qu’il ne vienne pas, me laisser tomber doucement dans ce lit même s’il me faudrait sûrement un moment pur m’endormir. J’étais épuisé mais les nerfs me faisaient tenir débout. Enfin, façon de parler. Il répondait alors à mes propos, me disant qu’il savait que j’avais l’habitude et je pu sentir une pointe de culpabilité dans sa voix. Je me redressais alors sur mes avants-bras pour le regarder. « Sim’. J’ai pas attendu que tu m’aides à vendre pour finir en gardav hein. » C’est vrai qu’il n’aidait pas en ce moment et que je devais souvent passer derrière lui, mais j’étais loin d’être exempt de tous reproches. J’avais commencé à faire des conneries il y a bien longtemps, dès l’adolescence en volant dans des magasins et en me faisant prendre comme un con. Alors non, je pouvais lui reprocher des choses mais pas mon habitude de la garde à vue. C’est d’ailleurs parce que j’en avais l’habitude que j’avais décidé de prendre pour lui.

Je l’avais à moitié envoyé chier en lui demandant s’il était médecin et à voir sa réaction, il l’avait bien pris de cette manière. Je ne pouvais m’en vouloir qu’à moi-même après tout, je me comportais vraiment comme un con depuis qu’il avait sonné à ma porte. Il fallait vraiment que je fasse des efforts, après tout lui en faisait après m’avoir repoussé pendant des mois. Finalement, je me redressais alors assis sur le lit, le regardant vraiment cette fois. « Ok ça va c’est bon … Excuse-moi, je suis fatigué ... » Qu’il retienne bien ces mots car je n’étais pas vraiment le genre à m’excuser en général, ma fierté en prenant alors un trop gros coup. Mais bon, c’était mon petit frère là c’était différent. La discussion était enfin en train de se détendre et je lui avais posé la mienne avec le sourire. Lui éclate de rire avant de rentrer dans les détails. « Peut-être que son mec aurait été moins gentillet lui vu ses patates de forains ! » J’avais dis ça en rigolant à mon tour. Il n’y avait pas été de main morte, tout comme ses potes. Finalement je me décalais pour venir m’asseoir moi aussi sur le rebord du lit, face à la table basse. « J’vais me rouler un joins j’pense. T’en veux un ? » ça atténuerait peut-être la douleur après tout. Même si je savais que ce n’était pas vraiment le genre de consommation de mon petit frère.

Je m’excuse et lui … Putain j’ai envie de lui claquer la gueule là. Mais en soit est-ce vraiment surprenant comme réaction de la part de ce crétin de Simon ? Non pas vraiment, c’est bien son genre. Tu lui donnes la main il prend le bras lui ! Je souris néanmoins légèrement. « Ferme donc ta grande gueule toi. » Il n’y a rien de méchant dans mes propos et je suis sur qu’il le sait, plus une manière de répondre avec mon propre vocabulaire à ses provocations. Mais bon, il est vrai qu’il n’est pas prêt de rentendre ça de sitôt. On déconne alors sur ce mec qui l’a pris dans les toilettes du bar où l’on s’est battu et il m’explique un peu plus en détails comment ça s’est passé. Je rigole légèrement lorsqu’il me dit qu’il sait taper ce mec et en effet, nous en portons tous les deux les stigmates. Car il était loin d’être le dernier pour nous foutre des coups ! Je regarde alors mes mains abîmées, les tendant devant moi avant de regarder celles de Simon. « Boarf, j’crois qu’on a réussi à lui rendre le change non ? » J’aurais vraiment aimé voir leurs gueules à l’heure actuel. Ce mec en particulier d’ailleurs qui en plus d’être cocu devait avoir une aussi sale gueule que nous.

Je me redresse alors pour m’installer sur le rebord du lit face à la table de salon. Je grimace légèrement en bougeant mais j’essaye de ne pas le montrer. Ce n’est sans doute pas la meilleures idée du monde de proposer un joint à un camé mais franchement à ce moment-là, frère ou pas j’en ai strictement rien à foutre. Je suis fatigué, j’ai mal un peu partout, mon frangin aussi, alors je ne vois qu’un moyen de se détendre un peu. Je le vois alors poser sa main sur son oreille et je me rend compte qu’elle est rouge. « T’as pris un coup sur l’oreille ? » Lui demandais-je alors tout en mettant mon filtre entre mes lèvres et en prenant le nécessaire pour commencer à rouler entre mes doigts. J’étais devenu un expert en la matière et je les faisais de plus en plus vite. Il ne me fallu d’ailleurs pas longtemps avant de le tendre à Simon tout en sortant mon briquet pour pouvoir lui allumer. « Profite, j’ai tapé dans ma meilleure herbe là. » Lui dis-je alors avec un sourire. Ouais, pour ma consommation personnelle il m’arrivait d’en prendre de la un peu plus chère et la différence se faisait clairement ressentir.[/color]

Je ne le prenais pas trop mal car je savais qu’il avait raison au fond. Je n’étais pas le genre à m’excuser non, plutôt le genre à rester borné jusqu’au bout même quand je sais que j’ai tord. Mais là … je ne sais pas, au fond je devais avoir envie quand même de recoller un peu les morceaux avec ce frangin que je connaissais trop peu. Après tout, j’avais été son ange gardien pendant plusieurs semaines sans même qu’il ne s’en rend compte et là, ça avait fini malheureusement par être bien utile. Donc oui, au fond de moi je voulais surtout arranger les choses avec lui pour enfin pouvoir me comporter en vrai grand frère et l’aider, car il en avait besoin. Je ne parlais pas là de drogue car mon rapport y était un peu particulier, mais bien de cette culpabilité qui le rongeait par rapport à Sienna. Mais pour le moment on reparle de ces mecs avec qui on a bataillé, et franchement je trouve qu’on s’en est vraiment bien sorti vu le déséquilibre de la situation. On est bien amochés oui mais ça aurait pu être pire, on aurait pu finir à l’hosto tous les deux. Peut-être qu’on aurait du y aller en réalité. Non on avait pas les moyens pour ça. Je lâche un faible rictus lorsqu’il me parle de ma droite mais je le reprends bien vite sur la suite. « Putain mais tu vas arrêter avec ça ! » Oui je sais, c’est comme Batman tout ça tout ça, sauf que le nom reste pas du tout stylé quand même. « Mais ouais, j’espère bien que j’ai une sacrée droite ... » Je relevais mon poing droit en disant ça. Il était tout ouvert au niveau des jointures mais c’était le prix à payer. Il faudrait que je nettoie ça mais là, je n’en avais pas le courage.

Je lui roule alors son joint, un vrai travail d’orfèvre que je manie à la perfection. Je le lui donne et lorsqu’il le cale entre ses lèvres et se penche, je lui allume d’un coup de briquet. Je le regarde tirer dessus avant de recracher doucement la fumée. Il a l’air d’apprécier et ça me fait plaisir car ça j’en consomme, et je sais différencier la bonne de la mauvaise. Je souris alors à ses mots avant de m’en rouler un deuxième, pour moi cette fois. Il n’a pas répondu à ma question sur son oreille mais reparle de nos tronches amochés. Il me parlait du sang sur ma face et je rigolais légèrement à nouveau. « Regarde la tienne de face, j’crois que t’es pas mieux que moi frangin … Mais si tu veux te nettoyer, tu sais où se trouve la salle de bain ... » Je ne voulais pas être piquant en disant ça, juste lui indiquer où il pourrait se nettoyer. Moi j’allais sûrement m’endormir comme ça tellement j’avais la flemme là. Mon joint roulé, je le portais alors à ma bouche pour l’allumer et tirer dessus comme Simon l’avait avant moi. Putain ce que c’était bon. D’ailleurs c’est bien pour ça que je nous en avais roulé un chacun, j’avais besoin du miens en entier. Une fois la fumée recrachée, je me laissais alors tomber en arrière sur le lit, non sans grimacer en sentant les douleurs, notamment au niveau de mon estomac où ils avaient frappés plusieurs fois. « Tu crèches ici cette fois hein ? » Je ne voulais pas qu’il se barre à nouveau en pleine nuit, il m’avait déjà fait assez peur cette fois là et ces dernières semaines.

Ça pour être abîmé … mais bon j’avais l’habitude, ce n’était pas la première fois que ma main droite était dans cet état, et ce ne serait sûrement pas la dernière non plus. Elle était dans un sale état même en temps normal d’ailleurs tellement elle portait les stigmates de mes bagarres passées. Ça me donnait un petit côté bagarreur rebelle au fond, c’était sympa aussi ! Je souriais en tout cas en l’entendant parler. Ça oui ils avaient pris cher ces enflures de merde. « J’allais quand même pas te laisser dans la merde … T’es mon p’tit frère ... » Lâchais-je alors avec le sourire. Je n’avais jamais vraiment montré mon attachement à ma famille et pourtant, il était bien là. C’était dans le sang chez les Parker, on le montre chacun à notre manière mais l’attachement est réel pour tous. Sauf peut-être pour ce connard de Peter. C’est alors que je réalisais qu’a aucun moment il ne m’avait demandé ce que je foutais là et que je n’avais aucune excuse en tête à lui donner. Le Bronx c’est grand, quelle chance y a-t-il pour se retrouver pile le même soir dans le même bar ? Mais autant ne pas y penser pour le moment.

Il ne semblait pas plus motivé que moi par le fait de se nettoyer la tronche. Ce n’était sûrement pas très sérieux vu nos blessures mais j’avais déjà passé tellement de temps au poste, puis galéré à revenir jusqu’à mon studio, à pied … J’avais vraiment juste envie de me poser là et ne plus bouger maintenant. On verrait bien demain et tant pis pour les conséquences, ce mot totalement inconnu de mon vocabulaire. « J’te comprend ... » Lâchais-je alors qu’il me disait ne pas être capable de bouger. Je m’étais donc laissé tomber en arrière en grimaçant et bien vite, je portais mon joint à mes lèvres à nouveau. Je lui avais demandé s’il restait bien dormir ici cette fois, de peur qu’il ne se barre comme la dernière, et sa réponse … J’avais bien vu juste, il avait vraiment un soucis à l’oreille. Je recrachais doucement la fumée de mes poumons avant de tourner la tête pour le regarder. « Fais chier ça, j’espère que ça va revenir. Un musicien sans oreille ... c’est pas possible ! » Ouais, ce n’était peut-être pas la priorité mais c’est la première chose à laquelle j’avais pensé à ce moment-là. « J’te demandais si tu rester crécher ici. » Répétais-je alors un peu plus distinctement même si j’avais bien remarqué qu’il s’était tourné vers moi

De la chance que je sois passé par là oui … Nous pouvions dire ça comme ça. Je n’avais pas prévu d’insister sur le fait que j’étais volontairement ici en réalité, je ne savais pas vraiment comment le prendrais mon petit frère s’il savait qu’il m’arrivait de le surveiller. Sûrement pas très bien. Je n’aimerais pas qu’on le fasse pour moi en tout cas, j’étais assez grand pour me débrouiller tout seul. J’étais à peu prêt sur que mon petit frère pensait la même chose car on se ressemblait plus que ce qu’il n’y paraissait. Nous avions peut-être des centres d’intérêts différents, lui la gratte, les concerts, alors que moi j’étais plus porté bricolage avec le garage. Mais niveau caractère … nous étions les premiers à coucher pour le plaisir et rien d’autre, avec des filles, avec des mecs. On pouvait même ajouter la drogue en point commun, mais c’était sans doute un peu plus glauque. Il m’appelait grand frère, sûrement en réponse à ce que je venais de dire. Ça faisait bizarre, il ne m’avait jamais vraiment appelé comme ça. D’ailleurs, je n’avais jamais vraiment eu l’impression d’être un grand frère, pour qui que ce soit alors que des petits frères et sœurs … ah ça j’en avais une sacrée tournée ! On en vient alors à parler de son oreille et pour moi s’il perdait une oreille, ce serait comme perdre un doigt ou la main entière, à plus pouvoir exercer au garage. Impossible d’imaginer ça. Il semblait le prendre à la légère, peut-être à cause du joint … d’ailleurs, ça me donnait envie de rire moi aussi et je ne me fis pas prier. « Compte pas sur moi pour ça ! » Je tenais à mes deux oreilles !

Je lui avais donc redemandé s’il comptait rien rester ici ce soir. Histoire d’être un peu rassuré quoi. Cette fois il avait compris mais sa réponse me fut grimacer. Je me redressais alors, en grimaçant à nouveau mais de douleur cette fois. « Putain mais tu me fais chier avec ça Simon ! Tant pis, c’est moi qui dors sur le tapis. » Il me faisait vraiment chier à ne pas comprendre que je n’étais pas ce genre de frère moi. Il faisait bien ce qu’il voulait avec les autres, mais moi je ne voulais pas dormir avec lui et je voulais juste qu’il me respecte de ce point de vue là ! Je me lève alors du lit toujours en grimaçant. Il m’a remit en boule à parler de ça. Je me dirige vers le frigo pour en sortir une pizza que je met au four. « T’as faim ? J’ai une putain de dalle. » Je n’avais rien avalé depuis des heures et le joint que j’avais toujours entre les lèvres n’aidait pas. Puis ça aiderait a réchauffer un peu mon studio, je n’allumais quasiment jamais le chauffage par manque de moyens.

Ne dit-on pas que les épreuves rapprochent ? Je crois que c’est ce qui était en train de se passer entre Simon et moi. Après tout, nous étions frère, nous avions grandis ensemble dans la même maison jusqu’à ce que je la quitte, je l’avais souvent relancé pour qu’il travaille pour moi … et ce qui nous avais rapproché une première fois, c’est quand il avait merdé avec Sienna. Une difficile épreuve pour lui, un moment de complicité entre nous. Bon, avant que tout ne parte en live bien sur. Et aujourd’hui, nouvelle épreuve. Cette fois nous l’avions vécu ensemble, nous battant côte à côte, comme des frères. Nous étions tous les deux amochés, mais heureux je crois d’avoir partagé ce moment à deux. Il restait désormais à espérer que ça ne parte pas en live comme la première fois car là, je n’étais pas vraiment certain que notre relation y survive. Mais pour le moment nous étions là sur ce canapé, comme deux abrutis tout cassés, et la réalité c’est que c’était assez drôle. Il se met à parler et quand il parle de chien d’oreille heureusement qu’il se reprend sinon je lui aurais foutu un coup dans ses cotes déjà douloureuses ! Je voyais bien le parallèle hein, mais non merci ! J’avais déjà assez de ce foutu garagisteman comme surnom ! Sa seconde oreille, c’était déjà plus classe. J’explosais de rire à la fin de sa remarque, sûrement bien aidé par le joint que j’étais en train de consommer. « Évidemment que je parlerais toujours du côté gauche, t’as toujours pas compris que j’étais né uniquement pour t’emmerder ? En tout cas, je compterais pas sur moi si j’étais toi pour devenir ta deuxième oreille. J’ai déjà entendu assez de gratte quand j’étais à la maison je suis vacciné pour le restant de mes jours ! » Combien de fois les jurons avait volé à la maison car il se décidait d’un coup à jouer et à chanter à tue-tête et ce à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ? J’avais plus d’une fois eu envie de l’encastrer pour ça !

Il a alors remit sur le tapis le fait de dormir ensemble et moi, ça m’a mit un coup de froid direct. Quand allait-il comprendre que ça me mettait mal à l’aise ça ? Je n’étais pas comme lui moi, j’avais toujours été très solitaire même à la maison, pas le genre à dormir avec mes frères et sœurs. Les seules personnes avec qui j’avais un contact aussi proches étaient mes conquêtes d’un soir et autant dire que Simon … Brr je ne voulais même pas avoir ce genre d’image en tête c’était dégueulasse ! Je m’étais alors levée pour aller jusqu’à la cuisine mais en le voyant s’asseoir par terre je soupire. « Putain mais on est pas couchés là, remet ton cul sur ce putain de lit ! » Lui envoyais-je à travers la petite pièce tout en mettant la pizza dans le four. Et puis de toute façon j’avais dis le premier que je dormirai par terre. Grand prince, je comptais bien laissé mon lit à Simon. Je ne pouvais peut-être pas dormir tout contre mon grand frère, mais je pouvais au moins lui offrir ça. Il accepte cependant de manger avec moi, visiblement il a aussi faim que moi, mais en même temps on a actuellement les mêmes raisons d’être affamés. Elle ne met pas longtemps à cuire et je la ramène coupée sur la table avant de me servir et de quasiment gober ma part tellement j’ai la dalle. « On pourrait se faire une virée ensemble un de ces jours ? Tout les deux, entre frères, dans un bar ? » J’avais sorti ça comme ça, sans réfléchir. Après tout, ça pourrait être sympa. Et pas besoin de me cacher pour le surveiller en plus.