Garagisteman ce héros (pv Jared)- 19 novembre 2022

Le joint y était sans doute pour quelque chose oui. Ou cette bagarre côte à côte ? Ou peut-être le fait de vouloir cette relation de frangin au fond de nous sans vraiment savoir comment s’y prendre l’un et l’autre.  Toujours est-il que nous étions vraiment morts de rire pour pas grand-chose l’un et l’autre, à s’en faire mal à nos pauvres cotes douloureuses. Il était vraiment en train de partir totalement en live parce que j’avais dis que j’étais né pour le faire chier ? « Mais putain t’es vraiment trop con, j’parlais pas des parents mais du … destin ? » Ouais putain j’avais vraiment trop fumé pour sortir des conneries pareilles ! Depuis quand je croyais au destin ? Depuis quand je parlais de destin ! « Et tu racontes des conneries, Peter était le moule masculin défectueux, après ça ils ont trouvé la bonne recette et ont essayé de la garder mais ça a pas bien fonctionné ! La preuve, tu crois jouer de la guitare comme un dieu alors que tu nous explosais juste les oreilles à longueur de journée ! » J’avais dis ça en rigolant. Si Simon pensait avoir le dernier mot avec moi il se trompait largement. J’étais du genre têtu borné à ne jamais abdiquer même quand je savais que j’avais tord. C’est sans doute pour ça que mes soirées finissaient régulièrement en bagarre d’ailleurs, car je n’étais pas capable notamment de faire marche arrière quand le ou la partenaire qui m’intéressait était finalement déjà pris.

Il s’était donc ensuite assis par terre et je lui avais bien vite demandé de reposer son postérieur sur le canapé déplié. Enfin demandé était sûrement un bien grand mot vu les termes que j’avais employé mais ça voulait dire ça. Il s’explique alors et c’est à mon tour de lever les yeux aux ciels. « T’es plus amoché que moi, c’est toi qui prend le lit ! » Lui dis-je à nouveau sans lui en laisser le choix. Est-ce que j’étais vraiment moins amoché que lui ? Dur à savoir en réalité mais tant pis, j’avais décidé ça comme ça et c’était tout ! Je m’étais alors ramené avec la pizza et nous étions aussi affamé l’un que l’autre visiblement après cette soirée assez particulière. C’est alors qu’il manque de s’étouffer lorsque je lui fais ma proposition. Instinctivement je lui donne en coup dans le dos mais il semble se reprendre de lui même. « ça va mec ? » Mais déjà il s’explique et je souris lorsqu’il valide mon idée. J’avais peur qu’il trouve ça chelou vu qu’on avait jamais fait ça ensemble mais apparemment non. Il parle même d’un défi entre nous et je trouve ça particulièrement intéressant même si sur le coup je rigole. « Arrête, t’as aucune chance face à moi ! » Bon ok peut-être pas, après tout c’était lui le Don Juan de la famille ! Mais hors de question de lui dire ça, j’avais mon amour propre moi aussi ! « Bon sur l’alcool tu gagnera peut-être, t’as l’air trop doué pour te mettre des murges ! » Je n’étais pas un si grand buveur moi. Je buvais mais pas à en être complètement déchiré.

Comment est-ce qu’on avait pu en arriver à raconter des conneries pareilles ? On était vraiment des putains d’éclopés en train de déconner sur … le destin ? Ouais on était vraiment parti loin là pas de doute. Là dessus aussi pas de doute en tout cas, nous sommes pareilles. Aucun de nous deux ne veut lâcher le morceau et on continue de raconter conneries sur conneries. « Me rendre fou et être meilleur que moi ? Putain mais arrêtes tes cachetons là, tu sais déjà pas jouer de la gratte mais en plus tu sais rien faire d’autre ! Moi je sais réparer des voitures, gérer un business de came, protéger mon p’tit frère dans un bar en train de se faire démonter par le mec du mec par qui il vient de se faire baiser. J’suis clairement meilleur que toi ! » Bon en réalité j’oubliais surtout ce pourquoi j’étais vraiment nul et la liste était bien longue. Mais pas la peine d’épiloguer là dessus car lui continuais de … développer son propos on peut dire ça non ? Je sais pas, j’ai arrêté les cours à l’adolescence moi. Je soupire en l’entendant parler, de jouer comme un dieu, d’être un don juan, de chattes de bites et de tout le reste. « Putain mais mec écoute-toi parler, c’est même plus un melon que t’as c’est une pastèque à ce niveau ! Pastèqueman putain ! » Et là, j’en venais même à me poser une question totalement absurde. Qui d’entre Garagisteman ou Pastèqueman était le plus fort pour sauver New York ? Il allait vraiment falloir que je dorme moi, le manque de sommeil plus le joint, ça ne faisait vraiment pas bon ménage.

Il capitule enfin et je souris légèrement. Il était temps. Il me dit que ce sera un supplice de dormir dans mon lit alors que je dors par terre mais au fond … bon j’avais vu bien pire dans la vie c’était pas très grave. Puis je m’enroulerai dans ma couette et lui laisserai le plaid on sera quitte comme ça. Je ne réponds rien ceci dit, inutile d’en rajouter un couche sur ce qui avait failli mettre un nouveau froid entre nous et on se contente de continuer de déconner. Enfin, après qu’il ait failli s’étouffer. Il me dit que ça va. Bon ok, j’attrape une nouvelle part de pizza que je mange quasiment aussi vite que la première quand il répond à mes propos d’un manière qui ne m’étonne absolument pas. Alors avant qu’il ne termine entièrement, je lèves les mains en grimaçant légèrement de douleur mais ce n’est pas le plus important. Je me met surtout à faire des gestes de bouches qui parlent. « Blablabla toujours à parler moi ci moi ça, mais moi j’attends des preuves concrètes Don Juan ! Tu vois ce que c’est la vraie classe, c’est de ne pas parler et d’agir ! » Lui dis-je tout en rigolant. Je ne m’en vantais pas autant que lui, et pourtant j’étais loin d’être nul se ce côté là, j’en avais baisé du monde sur ce canapé où il allait dormir cette nuit, qu’il ne l’oublie surtout pas !

Ça avait toujours un peu été mon problème, je ne sais jamais m’arrêter. Et parfois, il arrive que je blesse les gens sans le faire exprès, juste parce que je ne m’arrête pas à temps. C’est sans doute ce que je venais de faire avec Simon en jouant ce petit jeu du qui était le meilleur entre nous. En réalité, je n’en savais rien de s’il jouait bien de la gratte, je n’étais pas vraiment féru de musique. Peut-être qu’en soit Simon n’avait pas aidé aussi en jouant à toute heure dans notre petite maison où il était difficile de s’isoler et d’être au calme. Alors que c’est précisément ce que je recherchais moi parfois, être au calme et ne pas entendre sa foutue guitare, peu importe qu’il joue bien ou mal. J’avais peut-être fait un blocage psychologique à ce moment-là … Il développa alors sa pensée et même s’il essayait de rester dans le délire, je comprenais que je l’avais piqué un peu trop fort. Alors plutôt que de continuer dans la surenchère, je décidais à l’inverse de m’ouvrir un peu. « Tu as déjà remarqué que les murs de la maison sont fins comme du papier ? J’en sais rien de si tu joues bien ou pas … ça me faisait juste péter un câble ... » J’étais extrêmement sincère dans mes paroles pour le coup. Avais-je déjà été aussi sincère avec lui ? Peut-être le soir où il m’avait appris certaines choses assez sombres avant de se barrer mais je ne voyais pas d’autres moments.

Je lui avais donc trouvé un surnom à mon tour, et c’est vrai que ce n’était pas le plus glorieux. Après tout, je n’étais pas fan de celui qu’il m’avait donné non plus alors ce n’était qu’un juste retour des choses. Je rigolais de bon cœur en même temps qu’il parlait donc de ce surnom et j’étais moi-même en train de le visualiser dans ma tête ce qui me fit éclater de rire. Je nous imaginais tous les deux alliant nos forces pour sauver New-York … ouais on était vraiment défoncés là. « T’imagines tous les deux on va refaire les avengers mais en vrai c’est trop cool ! Bon je cherche encore ton utilité dans le groupe mais on va bien trouver hein ! » Lui dis-je en éclatant de rire. C’est vrai après tout, c’est quoi son pouvoir à Pastèqueman ? Et encore que, peut-être qu’il a des lasers qui se rechargent à mesure qu’il se vante de ses exploits, c’est pas mal ça ! En tout cas je n’avais pas menti à Simon, mon herbe c’était vraiment de la bonne !

On était donc parti sur cette histoire de soirée ensemble et de concours de qui ramènerait le plus beau coup. Bien sûr que je le chambrais là dessus car malgré tous les on-dit sur Simon, j’avais quand même mon amour propre moi ! Alors je l’avais fais chier sur le sujet tout reprenant une part de pizza et là, c’est moi qui manquait de m’étouffer. « Putain mais t’es dégueulasse toi ! J’ai pas envie de te voir baiser putain, manquerait plus que ça ! » Quelle angoisse franchement, j’étais sur d’être écœuré pour le restant de mes jours ! Et ça le fait rire en plus c’est ça le pire, il n’arrête pas de rire et moi j’ai envie de lui foutre un coup dans les côtes pour le calmer mais je me retiens car je sais que comme moi il est blessé.

Sur le coup en l’écoutant parler, je lui en veux un peu. Je me suis ouvert en lui disant ce que je ressentais à l’époque à la maison, et lui continue de rigoler sur le sujet même s’il est un peu plus sérieux sur la fin. Vivre à la maison n’avait pas été facile et je crois que c’est pour cette raison que j’étais parti à vingt-et-un ans, dès que j’avais pu. Difficile de trouver sa place dans une famille nombreuse. Au début ça allait encore car nous n’étions que trois avec Peter et Liz, puis les jumeaux étaient arrivés, j’avais cessé d’être le petit dernier. Et après ça il y avait eu Lesly, puis Wyatt et ça avait continué. Je ne savais pas vraiment où trouver ma place au milieu de tout ce monde et partir vivre ici, même si c’était en piteux état, ça avait été une vraie libération. « Tu parles d’un fun … je détestais vivre à la maison, avec tout le monde sur le dos. C’était angoissant je trouve. » J’avais un vrai sens de la famille en ce qui concernait le fait de les aider, mais sinon j’étais quand même du genre bien plus solitaire, à vouloir qu’on me foute la paix. Alors une nouvelle fois j’avais dis ça avec le cœur, lui avouant quelque chose dont je n’avais jamais parlé à personne car je n’étais pas du genre d’habitude à parler de moi et de mes angoisses.

On était parti ensuite en live total, sans doute porté parce ce joint un peu trop bon qui nous faisait totalement délirer. Pastèqueman et Garagistemen, la gueule des super-héros ! Il se met alors à raconter tout un tas de conneries sur ses super-pouvoirs et je le regarde en rigolant. Putain mais ce qu’il est con c’est pas possible ! Il commence alors à me parler des mes propres pouvoirs à moi, me reparlant de jets d’huiles mais je trouve ça absolument dégueulasse. « Nan pas de jets d’huiles. Moi je suis un mécano, j’ai pas de pouvoirs de base, mais je suis tellement doué que j’ai pleins de gadgets comme Batman. Avec un grappin à la ceinture, j’envoie des clefs à molettes sur les méchants et j’ai une chaîne en guise de lasso ! » Putain en fait j’étais vraiment aussi défoncé que lui à raconter des trucs pareilles, je ne savais même pas d’où ça me venait. Après tout, je n’étais pas un grand rêveur à inventer des trucs moi en plus. Le rêveur de la famille c’était Simon pas moi !

Il relance alors sur ce sujet, se moquant de moi en répétant mes mots. Putain j’ai envie de l’étriper mais je ne peux pas, c’est mon petit frère et en plus il est déjà bien assez amoché comme ça. « Non mais c’est toi qui déforme mes propos aussi, t’es vraiment qu’un p’tit con ! » Lui dis-je simplement alors qu’il se lève pour aller pisser. J’en profite pour gober une dernière part de pizza et je finis par me lever moi aussi en me tenant les côtes. Putain j’ai l’impression que tout mon corps me fait mal. J’attrape alors ma couette que je viens déposer par terre avant de tirer le plaid pour le mettre à la place sur le lit pour Simon. Il revient à ce moment là et je rigole de ses conneries. « C’est le risques du métier de super-héros, on peut pas toujours s’en sortir sans égratignures que veux-tu ! » Et tout en disant ça je m’installe sur me couette avant de la replier sur moi. Putain le sol est dur quand même, je vais mal dormir c’est sur, mais tant pis. De toute façon je ne sais même pas si on est prêt de dormir là.[/color]

La conversation était devenue sérieuse oui, mais peut-être que dans le fond j’avais besoin d’exprimer tout ça. Je ne l’avais jamais fait, j’étais toujours resté très fermé sur ce que je pensais à ce moment là, ce que je ressentais. Je crois qu’il était pourtant évident que je n’allais pas très bien, même sans m’en rendre compte moi-même. On ne devient pas un perturbateur de cours par hasard, on ne se renferme pas tout seul alors qu’on vient d’une grande famille par hasard, on ne part pas de chez ses parents en ayant tout juste de quoi payer un loyer d’un appartement minable à vingt-et-un ans non plus. Il y en avait des exemple, mais à l’époque je n’étais sans doute pas conscient de ça moi-même alors les autres … J’écoute alors Simon parler, et je souris légèrement en l’entendant faire amende honorable me concernant. Et me dire que c’était dommage que je sois parti. Il ne peut pas s’empêcher de terminer sur un pointe d’humour, mais dans le fond j’aime tellement ce que j’ai entendu avant que je me contente de rire doucement. Je lui donne une petite tape dans le dos non sans grimacer avant de répondre. « Allez, au fond c’est le passé non ? » C’était une question à double-sens. C’était le passé oui, mais c’était aussi une manière de dire qu’on pouvait avancer maintenant, et que j’espérais qu’on pourrait avancer ensemble.

On avait ensuite laissé parler notre imagination concernent nos attirails de super-héros et il faut dire que le joint nous aidait sûrement pas mal. La fatigue aussi j’imagine. Je n’avais jamais déliré comme ça mon frère, l’avais-je même déjà fait avec qui que ce soit ? Mais je me prenais au jeu car au fond, c’était quand même vraiment drôle ! Je l’écoutais alors parler, à m’en tordre de rire. Il me posait même des questions sur mon costume et mes gadgets et je lui répondais le plus sérieusement du monde. « Évidemment qu’elles reviennent directement dans ma main ! C’est des … clérangs? Non c’est moche, je sais pas. Mais comme des batarangs quoi ! Le grappin il a la forme d’un volant de voiture ! Et putain non je ressemble pas à Luigi et Mario, parce que déjà j’suis bien plus beau gosse moi ! » C’était vraiment n’importe quoi, mais au moins on passait un vrai bon moment ensemble et c’était sans doute ça le plus important. Il me fit alors un compliment en parlant de Batman et je souriais en guise de remerciement. J’étais touché dans le fond parce que qu’il me disait vraiment. « Ouais mais Bruce Wayne il est blindé de tunes lui. Comme Tony Stark d’ailleurs. Putain pourquoi j’suis pas blindé de tunes moi ? » C’était quand même un trais commun des super-héros sans pouvoirs ça ? Mais bon, j’arrivais déjà à gagner de quoi vivre alors j’imagine que c’était une bonne chose.

On se balance des insultes mais ça, c’est monnaie courante entre frangins non ? Il me dit qu’il m’aime quand même mais moi c’est justement quand je l’insulte que je lui dis je t’aime. Oui, ça irait plus vite de lui die directement que je l’aime, mais c’est ma manière à moi d’être affectueux. Il était donc revenu et il se coucha lui aussi, dans mon lit et sous le plaid que je lui ai laissé. Je tourne ma tête verre lui quand il se met au bord de lit et je le regarde aussi. Il continue de me chambrer, il ne s’arrête vraiment jamais lui ! « Putain mais ferme ta gueule et éteint la lampe à côté de toi plutôt ! » M’emmêler dans mon lasso d’acier, et puis quoi encore. Et puis putain, pourquoi on parlait encore de ça d’ailleurs ! Il était vraiment obsédé par ses histoires de super-héros lui c’est incroyable ! Finalement je retournais mon regard vers le plafond, glissant tout en grimaçant mes mains sous ma tête. Il allait vraiment falloir qu’on ferme l’œil, nos corps avaient grands besoin de se reposer avec ce qu’ils avaient ramassés aujourd’hui.

J’avais vraiment l’impression que tout ça appartenait à une autre vie au fond. Ça semblait si proche et pourtant si loin en même temps. J’étais vraiment passé d’un extrême à l’autre, d’une maison pleine de vie, en permanence, bruyante et où tout le monde se marche dessus, à mon petit studio certes en mauvais état mais tranquille. Il y avait bien du bruit dans la rue de temps en temps, mais rien à voir avec le vacarme habituelle de la résidence Parker ! Mais oui, nous en avions sûrement besoin lui et moi, de parler de tout ça. C’était un peu comme enterrer la hache de guerre après toutes ces années. Je souris alors qu’il me dit qu’au moins maintenant je peux dormir, que je ne subis plus sa musique et … putain il aime ça se vanter vraiment ! Mais je me contente de rigoler avant d’ajouter moi aussi sur un trais d’humour. « Tu crois que c’est pourquoi que j’ai bien meilleure mine maintenant et plus des cernes de trois kilomètres ? »  J’avais dis ça en me montrant le visage du doigt. Et puis je percutais, ce que je venais de dire était absurde dans la situation actuelle. « Bon ok, c’est peut-être pas le bon soir pour te parler de meilleure mine. »  On avait tous les deux des gueules fracassées, sans parler des pupilles totalement dilatées par le joint qu’on venait de fumer. Donc niveau mines, elles devaient plutôt être tristes !

On parlait alors de nos costumes de super-héros, enfin du mien en particulier là d’ailleurs, et on était vraiment partis dans un méchant délire. Mais c’était drôle et dans le fond, j’étais heureux de déconner avec mon petit frère, ça faisait du bien. Et je crois que je mesurais un peu plus ce à côté de quoi j’étais passé pendant tout ce temps en n’allant pas vers eux. Il se prenait au jeu en cherchant des idées de noms pour mes gadgets et c’était vraiment drôle. Il pensait, à haute voix, et je l’écoutais. « Moletrangs ! Putain ouais c’est bien ça ! Je valide ! »  Lâchais-je comme si tout ça avait une quelconque importance et que nous allions véritablement nous faire des costumes et des gadgets. Il reparla ensuite de mon grappin et je rigolais Je ne pu m’empêcher de lui donner un petit coup d’épaule quand il me parla de regard chelou. « T’as vu le tiens de regard chelou ? Et puis, je suis sur que mes yeux ça fait parti de ce qui les fait craquer ! »  De beaux yeux bleus comme les miens franchement ! Ses derniers mots sur le sujet par contre, concernant l’argent, me faisaient chaud au cœur. Dans le fond il avait totalement raison, nous pourrions sans doute facturer plus cher au garage et nous étions sans doute le garage le moins cher de tout New York, mais nous ne le faisions pas, pour aider les gens, car beaucoup venaient ici en ayant eux aussi peu d’argent alors que leur voiture leur était pourtant vitale. Je souriais alors simplement à ce beau compliment que venait de me faire mon petit frère mais si dans le fond je pensais comme lui. Dire que l’argent de faisait pas le bonheur était faux, c’était même sûrement à mes yeux une phrase de riches pour se rassurer et éviter de donner de leur fortune.

Nous nous étions alors installés pour pouvoir dormir, lui dans mon lit et moi sur le tapis. Je n’étais pas du genre à témoigner facilement de mon affection, mais ce genre de geste était tout ce que j’avais. Et c’était déjà pas mal, peut-être. Je regardais le plafond et après mes mots, et éteint la lumière comme je lui ai demandé. Nous en sommes tout de même pas totalement dans le noir, car la lumière du lampadaire passe facilement entre les stores abîmés. C’est alors qu’il me jette un coussin dessus. « Eh ! »  Lâchais-je alors sans réfléchir. Mais il n’avait pas tord ceci dit. Ça m’éviterait peut-être d’avoir mal au crane en plus au matin, je risquais d’avoir assez mal comme ça. Je met alors mon oreiller sous ma tête et tourne la tête vers lui, le regardant à la lueur du lampadaire. « Merci Sim’. Bonne nuit à toi aussi. »  Lui répond-je alors tout simplement, pour tenter de rejoindre les bras de Morphée.

C’est fou comment on arrive à se parler aujourd’hui alors que jusqu’à maintenant, nos échanges avaient toujours été catastrophiques. Peut-être que Sien’ avait raison en fait quand j’avais été la voir à Phila, peut-être que finalement j’avais enfin mûri et que c’est moi qui rendait ça possible. On en oublie pas pour autant de rester naturel et de se chambrer, comme si on assumait pas vraiment en réalité les compliments et aveux qu’on s’envoyait et qu’il fallait les cacher, mais ils étaient bel et bien là. « Ouais, j’ai hâte de retrouver ton ancienne sale gueule à toi aussi frérot. » Pas la peine d’épiloguer pendant des heures sur le sujet, on avait déjà été bien assez sérieux jusqu’à maintenant tous les deux ! Mais lui continue de me chambrer, sur mon regard, et je ne suis absolument pas d’accord avec lui. Putain mais j’ai au moins ça pour moi quand même, j’suis assez beau gosse non ? C’est ce que je me dis en tout cas en me regardant dans le miroir en rentrant du sport, en regardant mes muscles bien congestionnés. J’aime prendre un minimum soin de moi, même s’il faudrait aussi que j’apprenne a mieux manger pour être vraiment en forme. « Calme toi Pastèqueman, c’est moi le beau gosse de la famille tout le monde le sait ! Je suis grand, musclé, les yeux bleu et la petite barbe juste comme il faut pour les faire craquer. Tu verras bien qui ils choisiront de nous deux quand on sortira ! » Toujours ce foutu égo mal placé qui m’oblige à essayer de me placer au dessus de lui, alors qu’en réalité je crois qu’on était tout les deux plutôt beaux gosses et attirant.

On finit par se coucher et putain, le sol de chez moi est vraiment dur, même sur le tapis. Plusieurs fois je me retourne, essayant de trouver une meilleure position qui je crois n’existe pas vraiment, et alors que le soleil est déjà là je finis par somnoler un peu. Heureusement que je ne travaille pas aujourd’hui, la journée aurait vraiment été compliquée. Mon sommeil est léger et lorsque Simon s’agite, je me réveille, entre-ouvrant les yeux pour regarder dans sa direction. Il parle dans son sommeil, et je crois comprendre ce qu’il s’y passe. Est-ce que je dois le réveiller ? Je n’en sais rien, je n’ai jamais été confronté à ça moi. Heureusement pour moi je n’ai pas à réfléchir car il semble se réveiller tout seul. « Mec … ça va ? Tu parlais dans ton sommeil ... » Lui disais-je d’une voix assez basse au cas où je me serais trompé et qu’il dormirait encore. Et peut-être car je suis encore à moitié endormi moi aussi d’ailleurs. Pour l’instant je reste allongé mais j’ai vraiment mal partout. Le combo bagarre plus nuit par terre, clairement il en faudrait pas renouveler ça à l’avenir sinon j’étais sur de me détruire le dos notamment qui avait pris cher. Et je n’imaginais même pas quand j’allais essayer de me lever, ça risquait d’être horrible ...

Ça y est, il s’incline. Il faut dire que je ne lui laisse pas vraiment le choix, comme d’habitude, car je suis tellement têtu et borné que je suis capable de continuer ainsi jusqu’à ce qu’il cède. Ce qu’il semble faire. A moitié en tout cas, en disant qu’on gagnerait peut-être tous les deux. Il y a des choses qui ne changent jamais vraiment, et ma fierté en faisait clairement partie. Toujours est-il que pour le moment, nous avions été nous coucher car nous en avions bien besoin l’un et l’autre et que la nuit était déjà bien avancée. La lueur du jour ne tarda d’ailleurs pas à apparaître à travers les stores abîmés et je n’avais réussi qu’à somnoler un peu. J’étais bon pour passer la journée au lit une fois qu’il serait parti je crois. Il ne fallut donc pas grand-chose pour me réveiller, et l’agitation de Simon me suffit. Ce n’était pas vraiment une surprise de l’entendre parler et je savais très bien ce qu’il était en train de revivre. J’aurais vraiment donné cher pour lui retirer ces affreux souvenirs et qu’il puisse au moins un moment relâcher un peu cette culpabilité et cette peine qui le rongeait de l’intérieur. Mon frère n’allait vraiment pas bien et je me sentais vraiment impuissant face à tout ça. Peut-être que je faisais déjà le maximum de mes possibilités en veillant sur lui comme je l’avais fait hier, en passant une soirée à déconner, en nouant avec lui des liens que nous n’avions jamais eu avant. Je lui dis qu’il parlait dans son sommeil, et je comprends à sa réponse qu’il esquive le sujet. Il ne veut pas le rouvrir avec moi, et moi je n’ai pas envie de me prendre la tête avec lui. Il s’excuse quand même de m’avoir réveillé mais au final, je dormais si mal que si ça n’avait pas été lui ça aurait été autre chose. « Y a ce qu’il faut dans le tiroir sous l’évier. » Lui dis-je alors qu’il me parlait de café. Ce serait sûrement la meilleure chose à faire ouais, de se prendre un café.

Mais pour le moment, je devais surtout me relever de mon lit de fortune et ça, c’était pas gagné. Je me redresse en position assise tout en grimaçant. « Putain, j’ai le dos tout bloqué ... » Il faut dire que dormir sur le sol, c’était vraiment la pire idée mais encore plus après s’être fait amocher de la sorte. Je me raccroche au bord du lit pour me relever et putain, moi aussi j’ai l’impression d’être un grand-père, c’est à peine si j’arrive à me tenir droit. Sans rien dire, je file moi aussi pisser et je me regarde enfin dans le miroir. Il ne m’ont pas loupés ces connards. J’en profite alors pour me rincer un peu le visage et effacer les traces de sang séchés, et pour le reste et bien ça se soignerait bien tout seul. Je retourne avec lui et vois qu’il est en train de fumer une clope. C’est un peu bizarre de se lever chez moi, mais que mon frère soit là. Je retourne alors m’asseoir au bout du lit comme la veille, non sans difficulté, et j’attrape ce qu’il faut pour me rouler un joint. Il n’y a que ça qui atténuera mes douleurs j’en suis sur, et c’est même encore plus important que le café à l’heure actuelle. « T’as des trucs de prévu aujourd’hui ? » Lui demandais-je alors sobrement, histoire de faire la discussion dans cette matinée vraiment … bizarre.

C’était vraiment une des pires nuits de ma vie, entre les blessures de la bagarre et le sol dur de mon appartement malgré le tapis et ma couette. Je n’avais quasiment pas dormi alors que j’étais complètement mort et que mon corps ne réclamait que ça, du sommeil et du repos. Il faudrait vite car je me remette car mes deux jours de repos seraient vite passés et il faudrait alors que je sois d’attaque pour aller bosser au garage, mon boss comptait sur moi. Bon, ce ne serait pas la première fois ceci dit qu’il me voit arriver avec cette tronche, je crois que ça ne le choquait même plus du tout. Au début il avait été inquiet pour moi, puis avec le temps c’était devenu presque normal. J’avais à la limite le droit à une petite réprimande, un peu comme un père l’aurait fait, et puis je n’en entendais plus parler. Je m’étais alors levé, me sentant vraiment cassé de partout même si le dos est clairement le pire. Putain, et dire que j’ai que ving-huit ans, j’ai l’impression d’avoir cinquante piges de plus. Simon ne peut s’empêcher d’en rajouter une couche en allant préparer le café et s’il me connaissait un peu mieux, il se serait souvenu que me faire chier au réveil n’était pas sa meilleure option. « Ferme ta gueule. » Lui répondais-je simplement avant de filer dans la salle de bain.

Une fois nettoyé un minimum, je retourne alors m’installer au bout du lit, sentant mon dos tout raide. Je commence à rouler un joint pendant qu’il me demande comment je prends mon café, me disant qu’il va me l’apporter. « Nan pas de sucre merci. » Lui répondais-je simplement en continuant mon œuvre. Il revient avec tout ce qu’il faut et franchement, on a vraiment l’air de deux pauvres bras cassés là. Je le laisse avaler ses cachet sans rien dire avec son café, je n’ai pas le courage de lui dire quoi que ce soit aujourd’hui, je suis bien trop mort pour ça. Je lui avais alors demandé s’il avait des trucs de prévus aujourd’hui, histoire de faire la discussion, et il m’explique ses plans. Je grimace intérieurement lorsqu’il me dit qu’il va picoler ce soir. Je crois que je vais encore devoir le suivre, mais hors de question de lui dire. Il me retourne alors la question pendant que je termine mon joint et l’allume, tirant bien dessus. « Le garage est fermé aujourd’hui, heureusement. Faut que je retourne chercher la dépanneuse, j’suis venu avec hier au bar, elle est toujours là-bas. Mais sinon, j’vais pioncer j’pense. Y a pas grand-chose d’autres à faire. » Il faudrait que j’aille vendre aussi, ce que je n’avais pas fait hier soir dans l’affaire, mais je n’étais pas sur d’avoir le courage aujourd’hui.

Il a raison, je ne suis absolument pas du matin. Je ne l’ai jamais été d’ailleurs, ça n’a jamais vraiment changé. Peut-être qu’il ne l’avait pas remarqué quand j’étais encore la maison car nous étions un paquet de frères et sœurs. Ce ne serait pas étonnant après tout, comment tout savoir de tout le monde quand on est autant ? Et puis, il faut dire que j’ai plus l’habitude me me réveiller seul, et quand je suis accompagné ça ne dur jamais très longtemps. En général mes partenaires se rhabillent et se cassent. Alors oui, ma routine du matin c’est plutôt joint et café noir, en silence, avant d’aller me préparer et d’aller bosser. Je me met donc à rouler mon joint et j’ai tellement l’habitude de le faire que ça ne dure pas longtemps. J’en tire une bonne taffe et putain, ça fais du bien. Je suis sur que ça, ça va me détendre et apaiser la douleur dans tous mes muscles. Je lui expliques alors ce que j’ai prévu aujourd’hui, du moins mon bien maigre programme, et à ses questions je le regarde en arquant un sourcil. « Une caisse ? Tu veux que je la paye comment ma caisse ? T’as cru que ça payait combien d’être garagiste ? » Je commencerais sûrement déjà par changer d’appart si j’avais un peu plus de moyens. Prendre quelque chose de plus en état, et de plus spacieux. Mais bon, il n’y avait pas de raisons que les choses changent de sitôt. Je n’avais pas tellement envie de changer de métier, j’étais bien au garage et j’arrivais à combler avec la vente de came. Ça m’allait déjà pas mal.

Il m’annonce également qu’il ne va pas tarder à partir, qu’il fini son café, et je trempe enfin mes lèvres dans le mien. Ça fait du bien, j’en avais vraiment besoin. Il me pique mon joint et je le laisse faire. Je ne sais pas, je devrais sûrement me taire, et pourtant je ressens le besoin d’ajouter quelque chose. « Sim’. Fais attention à toi surtout … J’ai pas envie que tu revives ce qu’il s’est passé hier … une fois c’était suffisant ... » J’avais dis ça sans vraiment le regarder. Je m’inquiétais réellement pour lui, et j’avais peur que la prochaine fois je ne sois pas là et que ça se termine bien plus mal. Oui nous n’avions jamais été proches avec Simon avant tout ça, nous n’étions qu’aux balbutiements d’un début de relation et encore, je ne sais même pas si nous pouvions qualifier ça comme ça. Mais malgré tout je tenais à lui, comme j’avais toujours tenu à lui d’ailleurs, et s’il venait à faire une connerie j’étais sur de ne pas m’en remettre. Comme le reste de ma famille d’ailleurs. Car nous avions peut-être une famille particulière, le genre de famille pour qui un ta gueule équivaut à un je t’aime, le sens de la famille nous l’avions quand même, très fortement, et toucher à l’un de nous, c’était toucher à tous les autres.

Après tout, ses questions étaient légitimes. Et peut-être que j’aurais de quoi me payer une caisse si je ne faisais pas passer tout ce qu’il me restait à la fin du mois dans de l’herbe de qualité. Au final à choisir, c’était bien mieux pour moi de fumer de la bonne que d’avoir une caisse. A quoi ça me servirait ? Je n’habitais pas très loin du garage, il y avait le métro, et quand j’avais vraiment besoin d’un véhicule je pouvais emprunter la dépanneuse alors … « Sim’, t’es pas le seul à vendre pour payer ta drogue tu sais. » Simple, concis, efficace. Nous ne prenions peut-être pas le même stupéfiant, mais au final nous étions dans la même spirale infernale, la mienne étant peut-être juste un peu moins nocive. Cependant il ne foire pas vraiment avec moi. Je lui réponds cash, de cette manière, parce que justement c’est mon frangin. Est-ce que j’admettrais une chose pareille à quelqu’un d’autre ? Pas sur, mon orgueil en prendrait un trop gros coup. Je préférais largement dire que moi, ça m’allait tout ça, que je n’avais pas besoin de plus. Ce qui était partiellement vrai., je m’en contentais, mais je ne cracherais pas non plus sur un peu plus de confort c’était certain.

Je lui avais aussi parlé sincèrement en lui disant de faire attention à lui. Nous étions vraiment amochés après cette bagarre et dieu seul sait ce qui aurait pu lui arriver si je n’avais pas été là pour lui sauver les fesses. Il me dit de ne pas m’en faire, qu’il gère. Non mais ces jumeaux c’est fou ! Sienna m’a dit exactement la même chose lorsque j’ai été la voir à Phila ! Il ajoute cependant des détails, que ce n’est pas la première fois qu’il se bat et sans doute pas la dernière. Je soupire légèrement en baissant la tête. « Ouais … j’espère ... » Je ne sais pas si je pourrais me remettre de la perte d’un membre de ma famille, surtout en sachant qu’il allait mal. Et dans une bagarre, on ne sait jamais jusqu’où les choses peuvent aller, surtout quand le combat est aussi inéquitable qu’hier. Il se lève alors, en silence et va faire je ne sais quoi dans la cuisine. Laver sa tasse sans doute. Je ne me suis pas retourné pour voir. Il revient rapidement et m’annonce qu’il va partir. Je souris légèrement avant de lever les yeux sur lui. « Ouais, c’était sympa. » ça l’était, réellement, et qu’on le veuille ou non. C’était toujours aussi bizarre oui, mais sympa. Je reprend une gorgée de mon café puis une taffe de mon joint en le regardant faire, sans rien ajouter. Je le regarde finalement se diriger vers la porte et s’en aller, me laissant seul ici. Je suis partagé. C’est cool de retrouver ma tranquillité, mais on a quand même passé un bon moment ensemble, et j’espère qu’on pourra en revivre d’autres. Mais pour le moment, il était surtout temps de me reposer.