Petit con veut tirer sa révérence (pv Jared)

Ce n’était pas vraiment la joie en ce moment. Ces derniers jours auraient pu être merveilleux car avec Gabriel nous nous étions beaucoup rapprochés. Il n’était plus vraiment question d’une seule et unique petite fois sans conséquences là, il était surtout question d’être rassuré, de ne pas me retrouver trop souvent seul aussi … J’étais marqué par ce qu’il s’était passé il y a environ un mois et qui avait traîné ensuite à se résoudre, quand j’étais tombé dans un guet-apens, retrouvé par le Lieutenant Harris, et que j’avais passé un petit moment derrière les barreaux en étant parfaitement innocent. Seul avec moi-même là-bas, j’avais cru devenir fou et les débuts avaient en plus été accompagnés des douleurs de mes blessures qui n’étaient pas très graves, mais dont j’avais l’impression que la douleur était décuplée en ne pensant qu’à ça. Ça avait mis mon mental à rude épreuve et aujourd’hui j’étais redevable envers la femme qui m’avait sorti de cette galère, ne m’avait pas abandonné. Sans elle, je serais sûrement derrière les barreaux d’une prison aujourd’hui et cela me faisait flipper à chaque fois que j’y pensais. C’était comme une peur irrationnelle qui me créait des crises d’angoisses et dans ces cas-là, il n’y avait qu’une seule personne qui arrivait à me calmer. Gabriel. Je me sentais bien dans ses bras, en sécurité, comme ce n’était jamais arrivé avant avec personne d’autre. Il devenait chaque jour de plus en plus important pour moi même si je ne voulais pas vraiment me l’avouer car je n’avais pas la tête à ça. Pour l’instant je me contentais de ses bras autant que je le pouvais, et ça m’allait très bien comme ça.

Dans la salle de bain, j’avais posé mes mains contre le rebord du lavabo en me regardant dans le miroir. Les traces de mon passage à tabac avaient disparue mais j’avais l’impression de toujours les voir. Il fallait que je me calme car Gabriel ne passerait pas cet après-midi, je lui avais dis que mon petit frère devait passer. Je fermais alors doucement les yeux, respirant tranquillement pour essayer de m’apaiser. J’avais envie de fumer. Peut-être que ça ça me calmerais un peu. Alors remettant un simple tee-shirt gris, je sortais de la salle de bain pour aller m’asseoir au bout du canapé et commencer mon œuvre. Peu de temps après, j’étais allongé sur le lit en train de fumer, essayant de me concentrer sur ce que je ressentais, sur les pouvoir apaisant de cette herbe dont je ne pouvais plus me passer depuis bien longtemps malgré ce que je pouvais souvent dire. Je ne sais pas quand Simon allait passer mais il avait intérêt à le faire car j’avais besoin de sa thune. J’avais perdu gros pendant mon séjour en prison à ne pas pouvoir vendre, je devais me rattraper. On frappe à la porte et je lâche un « Ouais. » Qui me semble plus fort qu’il ne l’est réellement puisque sans m’en rendre compte, il est sorti en un souffle. L’effet du joint sans doute. Il met du temps à rentrer mais finalement, je le vois, là, mon petit frère. Il jette sa sacoche sur la table et je le regarde un instant quand il parle avant de me redresser enfin en position assise, tirant une dernière latte de mon joint avant de le jeter dans le cendrier. Je suis prêt à me lever pour échanger l’argent dans sa sacoche par de la came, mais je ne le sens pas. Il y a quelque chose chez lui … Il ne me regarde pas, se contente de regarder sa sacoche, du moins il essaye car on a surtout l’impression qu’il lute pour ne pas s’endormir. « Sim’ … ça va frérot ? » Lui demandais-je sur un ton pas forcément différent de d’habitude mais alors que l’inquiétude me gagne légèrement. Je ne le montre peut-être pas forcément de la bonne manière, mais je tiens à ma famille et là Sim’ … Putain je sens qu’il y a quelque chose qui ne va pas, même si je n’ai pas encore conscience de l’ampleur des dégats.

Je le regarde sans bouger et je ne sais pas comment l’expliquer mais je sens qu’il y a quelque chose de pas normal. Je peux sentir une certaine tension en moi, un mauvais pressentiment, mais sûrement largement lié au fait qu’il tire une tête encore bien pire que d’habitude. Je lui demande si ça va mais sur le coup il ne répond pas et commence par enlever sa veste. Il est couvert de bleu, qu’est-ce qu’il a foutu ? Je le regarde sans rien dire, avec stupéfaction. C’est encore pire que ce que je pensais, et nous ne sommes pas encore au bout. C’est alors qu’il reprend sa sacoche, l’ouvrant avec difficulté avant d’en retirer des choses qu’il met dans ses poches, sûrement de la drogue. Et là, je le vois alors se vider une fiole qu’il pose sur la table. Putain, mais j’en vends pas de ça, il a été se fournir ailleurs. Mais le problème n’est pas là pour l’instant car je repose vite mon regard sur lui. Il passe sa main sur son visage, il n’est pas bien, et finalement il parle. Son discours est totalement incohérent, et je finis par me lever doucement. « Simon … Simon qu’est-ce que tu as fais ? » Lui dis-je doucement sans le lâcher du regard. La panique commence à me gagner mais ce n’est encore rien par rapport à ce qu’il va arriver dans quelques secondes. Je le vois porter ses mains à sa poitrine et il semble chercher de l’air. Je le regarde en spectateur, je ne sais pas quoi faire moi. « Simon … s’il te plaît dis-moi ce qu’il se passe ... » Je ne réalise pas l’ampleur de la situation … Jusqu’à ce qu’il s’écroule devant moi. Tout semble se passer au ralenti devant moi, je n’entend plus rien et mon cœur rate un battement alors que je le regarde au sol, de l’écume sortant de sa bouche alors qu’il bouge dans tous les sens …

Jusqu’à ce que que le son revienne. « SIMON ! » Criais-je en me précipitant au sol pour le prendre dans mes bras. « Putain Simon allez revient s’il te plait !! » Là c’était la panique la plus totale. Je ne savais pas quoi faire, j’étais comme tétanisé. J’avais posé sa tête sur mes genoux, caressant doucement son visage d’une main. Je n’avais jamais fait ça mais là je ne réfléchissais pas. Il s’agissait de mon petit frère, est-ce qu’il était encore vivant au moins ? Putain je n’en savais rien et je en savais pas quoi faire, j’étais totalement paniqué. Les larmes se mirent alors à couler abondamment sur mon visage et j’étais pris de violents sanglots. Finalement après quelques instants, je faisais la première chose qui me passait par la tête. J’attrapais mon téléphone dans la poche de mon pantalon que je faisais tomber une première fois au sol. Je le reprenais alors tremblant dans mes mains avant de trouver le numéro de Gabriel que j’appelais, mettant le téléphone à mon oreille et sans lâcher mon frère des yeux, mon autre main dans ses cheveux. J’entendais alors décrocher mais je ne laissais pas à Gabriel le temps de parler. « Gabriel ! Gabriel s’il te plaît aide-moi. Je crois que mon petit frère est mort ! Enfin je sais pas s’il est mort, il est venu chez moi, j’crois qu’il a prit trop de drogue, il est tombé et … putain il a les yeux fermés. J’ai besoin de toi Gabriel je t’en supplie aide-moi j’ai besoin de toi ... » J’avais lâcher ça dans un discours déchirant, sans réfléchir. Mon petit frère putain … Il ne pouvait pas m’abandonner. Peut-être que c’est plutôt des secours que j’aurais du appeler, certainement même, mais j’étais trop pommé actuellement pour savoir quoi faire. C’était quoi d’ailleurs déjà le numéro des secours ? Je ne savais même pas, j’étais vraiment le pire frère ...

Mon téléphone est collé à mon oreille, tremblant. Je ne l’ai pas laissé en placer une mais j’ai besoin de lui, il faut qu’il dise quelque chose, il fait qu’il m’aide. Je ne peux pas perdre mon frère, je ne m’en remettrai jamais. Moi qui pensait déjà avoir vécu l’enfer ce dernier mois, finalement c’était bien peu par rapport à ce qu’il ce passait aujourd’hui. Mon frère, mon petit frère … nous avions pris si peu de temps ensemble, nous avions gâché tant de temps … Il ne pouvait pas partir, impossible, et pourtant il ne réagissait pas dans mes bras, rien du tout. Gabriel se mit alors enfin à parler et une pointe légère d’espoirs apparaît en moi quand j’entends qu’il est à côté, qu’il arrive. Oui, qu’il arrive vite car j’ai besoin de lui. Je renifle tout en continuant de l’écouter parler. Il me dit d’appeler le 911 et je me souviens alors que c’est ça le numéro des secours, ça m’apparaît alors comme une évidence. J’acquiesce de la tête lorsqu’il me dit quoi faire sans lâcher le regard impassible de mon frangin, j’essaye d’enregistrer toutes ses instructions pour ne rien oublier. Il me dit de me calmer mais ça, c’est impossible. Comment me calmer dans de telles conditions, alors que je ne sais même pas si mon petit frère est en vie, s’il va survivre ? Il doit raccrocher … évidemment qu’il soit raccrocher, comme j’appelle les secours sinon. Il me dit qu’il arrive et raccroche. L’appel se stoppe contre mon oreille et je met quelques seconde à en décoller le téléphone, c’est presque comme s’il s’était fixé dans ma peau.

Je m’y reprend à plusieurs fois pour taper le 911 et je pose mon téléphone au sol avec le haut-parleur comme Gabriel m’a dit de le faire. Puis pendant que ça sonne, j’essaye de mettre mon oreille contre le cœur de mon petit frère, puis contre sa bouche. J’ai l’impression qu’il bat faiblement, j’ai l’impression de sentir un peu d’air, mais j’ai aussi peur que mon cerveau me joue des tours. On décroche de l’autre côté et j’essaye de m’expliquer entre deux sanglots. « Je crois que mon frère fais une overdose … Il est tombé, y avait de la mousse qui sortait de sa bouche et il bougeait dans tous les sens … là il bouge plus du tout, je crois … je crois que son coeur bat encore et qu’il respire mais … j’en sais rien … » J’étais frappé de sanglot mais j’essayais de m’exprimer quand même du mieux possible pour qu’ils comprennent. Je leur donnais également mon adresse et on m’indiqua que les secours étaient déjà en chemin et que j’allais pouvoir raccrocher, ce que je fis avant de craquer encore un peu plus. La tête de Simon toujours posée sur mon genoux, je me laissais totalement aller, me pliant en deux et collant mon front au sien. « Simon s’il te plaît … T’as pas le droit de m’abandonner j’t’en supplie ... » Mes larmes coulaient contre son visage mais je n’en avais que faire, j’essayais juste de gérer les choses comme je le pouvais et c’était vraiment compliqué. Jamais je n’avais ressentis pareille douleur qu’actuellement c’était une vraie torture. Et puis finalement, la porte derrière moi s’ouvre à la volée et Gabriel se précipite auprès de nous. Mon Gaby. Je relève sur lui mon visage noyé de larmes et marqué par le chagrin, sans lâcher mon frère un seul instant. Et puis finalement, mon front vient se coller contre sa poitrine. « Ils arrivent … Gabriel c’est mon petit frère … Il peut pas s’en aller ... » Lui dis-je entre mes sanglots, plus mal que je ne l’ai jamais été de toute ma vie.

C’est le pire jour de toute ma vie. Et de loin. La question ne se pose même pas. Depuis le début je ne l’ai pas lâché, j’ai la tête de mon petit frère posée sur mes genoux et l’une de mes mains caresse doucement ses cheveux. Mon visage est rongé par le chagrin, j’ai peur. Tellement peur que ce soit trop tard. Quand Gabriel arrive, je sens un peu de réconfort de sa part et j’en ai bien besoin pour affronter une telle chose. Je sens sa main dans ma nuque et je continue de pleurer abondamment, mes larmes se mélangeant à la sueur de son torse. Il me dit qu’il va s’en tirer, qu’il me le promet, et je fais oui de la tête contre lui sans réussir à ajouter quoi que ce soit. Dans ma tête je revois le moment où il est tombé … je le revois en boucle, et je revois cette espèce d’écume sortir de sa bouche … Si lui était traumatisé jusqu’à maintenant par rapport à Sienna, je crois que désormais moi je le serais par rapport à lui et j’étais condamné à revoir cette scène toute ma vie. Elle allait sans doute finir dans mes pires cauchemars. Putain, pas mon petit frère ! Gabriel se recule et j’aurais eu envie de l’agripper pour l’en empêcher mais je sais que je peux lui faire confiance alors je ne dis rien, le laissant faire à regret. Il m’embrasse en me prenant la tête entre les mains et je me laisse faire, en pilote automatique. Il me fait me décaler et je me laisse tomber assis sur le sol, gardant une main dans les cheveux de mon petit frère, le regard derrière un voile de larmes. Je regarde Gabriel faire et il commence à faire un massage cardiaque. Là, je commence à paniquer mais encore une fois il me rassure comme il peut.

Cette scène me semble durer des heures. Le silence est pesant, seul le bruit du massage cardiaque réalisé par Gabriel se fait entendre. Je me sens parfaitement inutile et en même temps, je veux rester prêt de lui, je ne veux pas l’abandonner. On commence à entendre les sirènes mais moi je ne percute même pas. Je sursaute en le regardant lorsqu’il m’ordonne quasiment de me mettre debout. Il veut que je leur ouvre. Il veut aussi que je prépare mes affaires. Je me relève alors, mais je ne sais même pas ce qu’il entend par préparer mes affaires. Je suis complètement perdu là. Je peux néanmoins répondre à sa question suivante et doucement, je récupère la veste de Simon qu’il avait fait tomber au sol, trouvant des clefs dedans. Je les tend alors à Gabriel, sachant très bien qu’il saura s’en servir puisqu’il en a une lui aussi de moto. « La moto de Simon. J’imagine qu’elle est garée en bas. » Je vais alors ouvrir la porte de mon appartement et j’entends les bruits de pas dans l’escalier. En me penchant ma la rambarde, je les vois en train de monter et je retourne alors dans le studio en laissant la porte ouverte. « Ils … ils sont là Gabriel. » Je réalise alors que je suis pied nus. C’est sans doute ça qu’il entendait par se préparer. Que je sois en jogging tee-shirt ce n’est pas très grave, mais il me faut au moins des chaussures. Alors j’attrape la première paire de basket que je trouve et je l’enfile sans un mot. Est-ce qu’il me faut autre chose ? Je n’en sais rien, je n’arrive pas à réfléchir. Je retourne alors prêt de l’entrée et les secours arrivent à ce moment-là alors je m’écarte pour les laisser passer sans rien dire, toujours totalement perdue, et totalement spectateur de cette atroce scène.

Plus vite ils entrent, plus vite il sera pris en charge … C’est ce que me disait Gabriel et il avait raison. Il fallait que les secours arrivent vite, qu’ils s’occupent de mon frère, mon petit frère qui avait une si triste mine sur le sol de chez moi. Cette scène allait me marquer à tout jamais et dans cet enfer sur terre, heureusement que j’avais Gabriel. Je ne sais pas où j’en serais actuellement sans lui. Peut-être encore à genou sur le sol, la tête de Simon sur mes genoux … Aurais-je appelé les secours ? Peut-être que j’aurais fini par le faire oui, mais l’aurais-je fait à temps ? Il y avait beaucoup de choses qui se bousculaient dans ma tête actuellement mais la plus importante, c’est que je ne voulais pas perdre mon petit frère. Je le revoyais tomber encore et encore … Mais ils étaient là, les secours étaient là et allaient pouvoir le sauver, je l’espérais en tout cas. C’était vraiment bizarre, j’avais l’impression que la scène était à la fois au ralenti et en accéléré. Tout allait si vite mais tout était flou en même temps, je ne comprenais rien. Je regardais ce qu’il se passait mais j’étais presque absent en même temps … Putain qu’est-ce qu’ils étaient en train de faire à mon petit frère … Ils lui mettaient des trucs de partout, j’étais totalement paniqué et les larmes se remirent à couler abondamment sur mes joues. Je ne les avais même pas entendu poser leurs questions alors que c’est bien à moi qu’elles étaient adressées. Il fallu qu’une fois encore Gabriel me pousse pour que je réagisse un peu. Je tournais mon regard brouillé vers lui quand il me posait à son tour les question. Mon cœur était vraiment serré dans ma poitrine et je faisais oui de la tête. « Oui il … il est tombé, il bougeait dans tous les sens et … y avait comme de la mousse qui sortait de sa bouche ... » Je ne savais même pas que ça avait un nom tout ça : convulser. Ils me demandaient alors ce qu’il avait pris mais là … « Il a prit que ça devant moi mais il était déjà pas bien en arrivant … Je sais pas … je sais pas ce qu’il a prit, il prend tellement de trucs … ecsta, coke et d’autres trucs … Je sais pas ... » Répondais-je en culpabilisant de ne pas savoir avec tout ce que je lui filais pourtant. Il avait vraiment raison cette fois là, j’étais le pire des grands frères.

Et puis l’agitation se fait alors encore plus grande. Ils mettent Simon sur un brancard, ils sont prêt à partir. Gabriel me dit encore une fois ce que je dois faire et j’écoute également le secouriste sans comprendre la moitié de ce qu’il raconte, mais ma peur étant elle bien entretenue par ses mots par contre. Ça faisait vraiment peur tout ce qu’il racontait. Gabriel me pousse alors pour que j’avance et je suis le petit groupe sans un mot. Je n’ai même pas pris de veste, pas de papiers, je n’ai même pas fermé la porte de chez moi. Je suis trop ailleurs pour penser à ce genre de choses. Alors je les suis, les regardant installer Simon dans l’ambulance avant qu’on m’invite à les rejoindre et je m’assoie alors là où on m’indique de le faire. Je regarde, en spectateur, je ne comprend rien, et je me focalise alors sur son visage inanimé sous le masque. Putain mon cœur me fait mal dans ma poitrine, j’ai l’impression de ne jamais avoir eu aussi mal de toute ma vie. Nous arrivons finalement aux urgences de l’hôpital qu’ils nous ont indiqués et ils emmènent Simon dans une petite pièce. Je veux les suivre mais on m’en empêche. « Laissez-moi aller avec lui ! C’est mon frère ! C’est mon petit frère ! Il a besoin de moi ! » Criais-je alors dans une plainte déchirante. Je ne voulais pas le laisser seul, je ne voulais pas rester seul non plus. C’était trop dur tout ça ...

Je n’avais pas su répondre. Je me sentais parfaitement inutile. Je ne savais pas comment aider mon frère tant que j’étais seule, ne sachant pas prodiguer les premiers soins comme l’avait fait Gabriel, je n’avais même pas appelé les secours sans qu’il ne me dise de la faire. Maintenant je ne savais pas ce qu’il avait prit, et je ne savais même pas combien de temps il avait convulsé. L’urgentiste me disait que ce n’était pas grave mais … bien sûr que si ça l’était. Je ne pouvais pas aider mon petit frère … et le voir comme ça, sur ce brancard, relié à une machine, perfusé … ça détruisait mon cœur de grand frère. Nous n’étions peut-être pas les frères les plus proches du monde, mais nous avions quand même grandis ensemble. Et puis depuis un an, notre relation était particulière … nous avions eu de durs moments mais quelques sympa aussi. Comme le soir où nous nous étions battus ensemble et que nous avions finis la soirée chez moi. Garagisteman et Pastèqueman … putain j’aurais tout donné pour reparlé de ça avec lui actuellement, il pouvait même m’appeler comme ça pour le restant de ses jours si ça voulait dire qu’il s’en sortait ! Mais pour le moment j’avais suivis le mouvement et je me retrouvais à l’arrière d’une ambulance. Je n’avais jamais imaginer en visiter une, de cette façon. Et finalement nous étions arrivés et je ne voulais pas lâcher mon petit frère. Je voulais rester avec lui, je voulais qu’il sente que j’étais là, je voulais continuer de caresser ses cheveux comme je l’avais fait plus tôt … je n’avais jamais été très physique avec mes frangins mais là, je savais qu’il en avait besoin. C’est alors que je sens qu’on m’enlace. C’est Gabriel. Je me remets à pleurer une nouvelle fois, m’effondrant dans ses bras, mon front contre son épaule. Il essaye de me rassurer mais tout ce que je vois, c’est mon frère de l’autre côté de cette fichue porte que je n’ai pas le droit de franchir.

On se dirige finalement en salle d’attente et moi je reste dans les bras de mon homme. Je ne sais pas vraiment ce qu’on est aujourd’hui, mais je sais que j’ai besoin d’être dans ses bras, il n’y a que ça pour m’apaiser un peu. Le temps est long et je ne dis rien, me contentant de revoir encore et encore cette scène marquante. Que dire de plus ? Et pour m’entendre dire quoi ? Sûrement encore et toujours la même chose de toute façon. Et puis finalement je percute. Je me redresse alors et me mets à fouiller dans mes poches mais elles sont vides. « Faut que j’appelle Sienna … putain faut que j’appelle Sienna, mais j’ai pas mon téléphone ! » J’étais parti complètement au radar sans penser à rien prendre. Je n’avais pas pensé à ça alors que Gabriel m’avait dit de préparer mes affaires. Pourtant il fallait bien que je prévienne ma famille, je n’étais pas le seul dans cette affaire. La situation n’était certes pas au beau fixe entre les jumeaux mais … ils restaient jumeaux justement. Et puis qui d’autre que Sien’ ? C’est la seule avec Simon avec qui j’avais un peu de lien, papa était en prison, maman sans doute pas en état de comprendre … Il fallait que j’appelle Sien’ … mais je n’avais pas mon putain de portable !

Dans cette salle d’attente, je me sens comme suspendu. Dans une espèce de bulle hors du temps, où tout s’est figé, où le temps se répète sans jamais avancer vraiment. Je revois en boucle les images, les larmes coulent moins abondamment sur mes joues mais je garde un petit flux constant. Tout est lent et j’ai l’impression de ne plus rien entendre de ce qu’il se passe autour de moi. J’ai le regard dans le vide tout en restant dans les bras de Gabriel. Et je revois encore et encore Simon s’effondrer c’est plus fort que moi. Et quand je ne revois pas ça je revois Gabriel en train de lui faire le massage cardiaque. Ou je le revois branché à la machine sur le brancard, ou dans l’ambulance. Ou dans cette pièce où l’on ne m’a pas laissé entrer. Je revois tout ça en boucle, une putain de boucle infernale de laquelle je ne peux m’extirper et j’ai mal … Putain qu’est-ce que j’ai mal. C’est mon petit frère, je savais qu’il allait mal, et pourtant je n’ai rien fait. S’il ne s’en sort pas … non il ne peut pas ne pas s’en sortir mais … si ça devait arriver … Je dois vraiment ressembler à une loque dans les bras de Gabriel tant je suis au plus bas. Et puis à un moment il y a cette étincelle dans mon crâne et je ne sais pas vraiment si c’est une bonne chose mais ça me fait réagir. Sienna … Je me redresse alors mais je n’ai pas mon téléphone. Je m’affole, je panique. Je dois la prévenir, c’est sa jumelle, elle a le droit d’être au courant, je n’ai pas le droit de garder ça pour moi. Gabriel me propose son téléphone et me demande aussi si je ne préfère pas attendre d’avoir des nouvelles pour l’appeler. Je secoue ma tête sans le regarder. « Je connais pas son numéro … Fait chier ! » Je suis en colère contre moi, j’échoue jusque dans ce genre de détails et ça me met hors de moi. J’essaye alors de me calmer et pour ça je me prend la tête dans les mains en posant mes coudes sur mes genoux. Mes doigts glissent dans mes cheveux et je prend sur moi pour ne pas m’enfoncer les ongles dans le crâne pour masquer mon impuissance.

C’est alors que le médecin arrive et lorsqu’il m’appelle par mon nom, je relève mon visage vers lui avant de me lever de mon siège. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, je le sens qui tambourine, fort, tellement fort, comme s’il voulait en sortir. Pitié, qu’il m’annonce des bonnes nouvelles. Il commence alors à parler et mon visage se défait petit à petit. Chaque information est un petit coup de poignard jusqu’au coup de grâce. Tout va se jouer dans les jours à venir … « Comment ça … Comment ça tout va se jouer dans les jours à venir ... » J’ai peur d’avoir mal compris mais au fond je sais. Je reste là, debout, figé, en état de choc. Est-ce qu’il se pourrait que mon petit frère ne se réveille jamais ? Ce n’est quand même pas ça qu’il a voulu dire ? Je ne vois même pas le signe du médecin pour le suivre, je sens à peine la main de Gabriel dans la mienne, je suis comme anesthésié là. J’ai l’impression que tout ça ne va jamais s’arrêter, comme si j’étais condamné à continuer de creuser encore et encore, et même encore plus profond que le fond ...

Bien sûr que je panique. Je suis là, à savoir que mon frère est dans un état critique, et je garde ça pour moi. Je ne réalise que maintenant que le reste de ma famille a aussi le droit d’être au courant, ma sœur, sa jumelle en premier lieu. Sauf que je n’ai pas mon téléphone. Je suis parti comme ça, sans rien, en total état de choc. Je n’ai pas de téléphone, je n’ai même pas barré ma porte mes clefs étant sûrement encore à l’intérieur, je n’ai pas de papier, je n’ai strictement rien. Je suis en tee-shirt mais ça pour le coup je n’y pense même pas, je suis tellement sous adrénaline là que je n’ai même pas froid. Il me demande de me calmer mais comment veut-il que je le fasse ? Il me demande si je connais le numéro de chez mes parents mais je ne suis clairement pas celui qui se souvient d’aucun numéro, je ne connais même pas le miens je l’ai d’enregistré lui aussi dans mon téléphone. Alors je me contente de faire non de la tête et c’est à ce moment là que je remarque qu’il porte ma veste. Ma vieille veste de travail, que j’ai depuis des années et des années. Celle-là même où Liz avait tout pensé pour moi, sachant bien que son petit frère était une vraie tête en l’air et ne se souvenait jamais de ce genre de chose. Sans lui laisser le temps de réagir, j’écartais alors un côté de la veste, ouvrant une pochette à pression à l’intérieur et me collant quasiment à lui pour regarder dedans. Le morceau de tissus cousu par ma grande sœur était toujours là, celui avec les principaux numéros de ma famille, en cas de problème. Il y avait notamment celui de Sienna, en espérant qu’elle n’ait jamais changé de numéro entre temps. Je posais alors un instant ma tête sur son épaule sans lâcher la veste pour autant, légèrement soulagé. Légèrement seulement car le situation était toujours aussi difficile.

Mais pas le temps d’appeler ma sœur pour le moment car le médecin était arrivé pour nous expliquer la situation. Il parlait du fait que tout se jouerai dans les prochains jours et là, j’avais quasiment répété ses mots, ayant peur de mal comprendre. Du moins, j’espérais surtout avoir mal compris car l’inverse serait dramatique pour moi. Le médecin répond alors et je sens une chape de plomb s’abattre sur mes épaules. J’essaye d’assimiler tout ce qu’il me dit mais au fond, une seule chose reste vraiment dans mon esprit. « 40 % ... » Soufflais-je totalement assommé par tout ce que je viens d’entendre. Pas besoin d’avoir été un crack à l’école pour comprendre qu’il a plus de chance de ne pas se réveiller que l’inverse, et à cette pensée je sens mon cœur totalement compressé dans ma poitrine. Je suis le médecin, surtout parce que Jared me pousse. Il ouvre la porte et mon regard se fixe alors sur mon petit frère dans ce lit. Je suis sur le pas de la porte mais je n’arrive pas à faire un pas de plus. Je sens les battements de mon cœur s’accélérer. Il est si pâle, je revois tous les bleus sur ses bras que j’ai déjà vu plus tôt, mais il y a surtout tout le reste autour. Ce tube dans sa bouche, les machines, la perfusion … Et mon cœur tape encore encore et encore dans ma poitrine comme s’il voulait en sortir. Je me remets à paniquer, je fais une putain de crise d’angoisse. « Je … J’peux pas … J’peux pas c’est de ma faute … Il faut que je sorte d’ici, j’ai besoin de respirer ... » Dis-je alors que je commence à manquer d’air et que je fais quelques petits pas en arrière pour essayer de m’éloigner de ce cauchemars. Simon à besoin de moi … Non il n’a pas besoin de moi, je lui ai vendu toute ces came, s’il en est là ce n’est pas qu’à cause du ghb, c’est le mélange, et je suis responsable. Je suis le pire grand frère, il avait raison. Alors je recule alors avant de me retourner pour courir dans la cage d’escalier non loin, posant ma main contre le mur. Je suis plié en deux, suffoquant et les larmes recommencent à couler abondamment sur mon visage marqué. C’était trop pour moi là, beaucoup trop.

J’avais l’impression d’être complètement anéanti, il y avait quelque chose qui s’était brisé en moi. Cette journée n’en finissait plus de me mettre dans la tête des images difficiles, choquantes, et qui seraient marquées à tout jamais dans mon esprit. C’était si difficile. Déjà que le voir s’effondrer sous mes yeux était compliqué mais là, le voir dans cet état, dans ce lit d’hôpital, avec tout ce que j’avais entendu de statistiques et tout avant, c’était vraiment trop. Je sentais une réaction se déclencher en moi quand je regardais mon petit frère, une crise d’angoisse alors que je n’étais pas vraiment habitué à en faire pourtant. Mais là aujourd’hui c’était trop pour moi et je me sentais de plus en plus comprimé. Je ne pouvais pas rester là, je voulais sortir de cette enfer et c’est ainsi que j’étais parti en courant dans la cage d’escalier, cherchant de l’air qui semblait bloqué à l’entrée de mes poumons. J’étais plié en deux, me retenant au mur pour ne pas complètement m’effondrer, ma respiration était bruyante et mes sanglots n’aidaient sans doute pas à réussir à pomper l’air dont j’avais besoin. C’est alors que je senti qu’on venait m’aider et je savais que c’était Gabriel. Il collait sa poitrine à mon dos, me faisant me redresser par la même occasion mais pour le moment j’étais toujours en quête d’air. Il me demandait de respirer, comme si je n’essayais pas déjà de le faire ! Il me demandait de respirer, comme lui, il me suppliait …

Je pouvais le sentir collé à moi essayer de me montrer la voie, de me guider et j’essayais de faire comme lui mais j’étais vite rattrapé par ma colère. Envers moi-même. « C’est ma faute Gabriel ! C’est … C’est ma faute ! Je savais qu’il … qu’il allait pas bien ! Je savais … qu’il se droguait … c’est moi qui … qui lui vend ! Si jamais il … si jamais ... » Je n’arrivais pas à finir ma phrase et pourtant, je crois que j’avais besoin de relâcher tout ce que j’avais sur le cœur, toute cette colère, cette peine, cette culpabilité. Il valait mieux que ce soit dehors que dedans mais je n’arrivais pas à verbaliser le fait que possiblement mon petit frère pourrais ne pas s’en sortir. J’allais dire quoi à Sienna maintenant au téléphone ? Lui dire ce qu’il s’était passé c’était une chose, lui dire qu’elle ne pourrait peut-être plus jamais échanger, profiter de la vie avec lui, s’en était clairement une autre. Ils étaient peut-être en froid actuellement mais le lien entre des jumeaux n’est jamais vraiment rompu j’en étais convaincu. « Comment je fais … pour dire à ma sœur … pour lui dire que j’ai peut-être tué notre frère ... » C’est ce que je pensais actuellement. Pourtant je ne lui avais pas fourni toute la came qu’il avait ingurgité et si ça n’avait pas été par moi il aurait sans doute trouvé un autre moyen, mais j’allais tellement mal que je voyais tout en noir. Comment voir les choses autrement tant la situation était dramatique ?

Les épreuves. Quoi d’autres que les épreuves pour forger un caractère. Les épreuves font ce que nous sommes aujourd’hui, mais plus encore, la réaction à nos épreuves forgent les fondations de notre futur. Les épreuves, c’est subjectif. Pour certains, je pense que j’ai du affronter des épreuves dès tout jeune. En grandissant dans une famille nombreuse, les uns sur les autres dans une petite maison du Bronx, avec un père plus souvent en prison qu’avec nous et une mère bipolaire qui fait tout ce qu’elle peut sans vraiment y arriver. Oui mais l’être humain s’adapte. On sous-estime la machine incroyable que l’on est et notre pouvoir de résistance. On se forge jour après jour, années après années. Parents absents ? Liz avait pris le relais en prenant soin de nous. Difficulté à se faire sa place dans une famille nombreuse ? Alors je me faisais remarquer d’une autre manière par mes agissements à l’école puis en dehors. Pas forcément de la bonne manière mais l’important c’était qu’on me remarque malgré tout. Après tout, Peter était le plus grand, et même s’il était vraiment devenu un gros con il était l’aîné de la famille, celui qui n’a pas besoin de se faire remarquer pour exister. Liz était la première fille et a rapidement aidé un peu tout le monde, est devenue indispensable. Les jumeaux eux ont toujours eu à minima leur double pour se soutenir et au milieu de ces plus grands de la famille que nous sommes, il y avait moi. Noyé au milieu des autres. Alors quand c’est comme ça on encaisse. On se fait remarquer mais à côté de ça on s’isole, on garde les choses au fond de soit, des choses qu’on ne soupçonne même pas et qui sont vouées à rester cacher là, à jamais. Ça fait parti du caractère que l’on se forge, à partir des épreuves. Je n’ai jamais eu l’impression de vivre beaucoup d’épreuves, mais récemment tout s’est enchaîné. Cette affaire de fraude à l’assurance m’avait déjà fragilisé, cette overdose de Simon m’avait fait complètement exploser en éclat. Et pourtant au milieu de ces épreuves j’avais une bonne étoile, Gabriel.

Il était là, il essayait de me faire reprendre mon souffle pour ne pas que je m’effondre encore un peu plus alors que j’avais l’impression d’être déjà anéanti. Pourtant cette épreuve-ci était loin d’être terminée et nous pouvions toucher encore bien plus le fond que je pensais avoir atteins. J’essayais de me concentrer sur sa respiration que je sentais dans mon dos mais c’était tellement compliqué tant tout se bouleversait dans ma tête. Et ces images, encore, encore et encore, en boucle, une putain de boucle infernale. J’avais balancé une information capitale sur moi sans même m’en rendre compte, lui livrant mes activités illégales comme ça … sans doute parce que consciemment comme inconsciemment, je lui faisais assez confiance pour lui révéler. Je l’espérais en tout cas, car perdre Gabriel aujourd’hui serait … absolument impensable en fait. Nous ne savions peut-être toujours pas ce que nous étions, et pourtant je ressentais quelque chose de si fort déjà à son égard … Quelque chose que je me refusais sans doute à accepter car les épreuves ne m’avaient jamais permis de le faire. Mais qu’on le nomme ou pas, c’était pourtant bien là. J’avais toujours eu un problème pour verbaliser les choses, comme si cela revenait à les accepter, à les rendre réelles, et j’en avais peur. Et cette peur actuellement me rongeait totalement de l’intérieur. Pourtant je lui avais confié ce lourd secret et il y réagissait, du moins en ce qui concernait Simon. Et il me parlait aussi à moi, son Jay, il me parlait avec tout son cœur et je pouvais le sentir battre fort dans mon dos. C’était à la fois tellement rassurant, mais aussi tellement flippant. La peur de le perdre … « C’est tellement dur … Pourquoi c’est si dur … je voulais pas que ça arrive … je jure que je voulais pas … Je voulais pas ... » Je m’étais toujours vu comme un simple vendeur de bonheur moi, pas comme un assassin. Je n’aurais jamais accepté de faire ça sinon … Même si au fond, en avais-je vraiment le choix ? N’étais-je pas coincé dans ce foutu cercle vicieux ? Non, je crois que je préférais finir à la rue que de tuer quelqu’un. Peut-être que j’allais finir par rendre mon appartement et dormir au garage au final, maintenant qu’il m’appartenait, c’était peut-être ça la solution ? Oui, j’étais véritablement en train de tout remettre en question.

J’avais alors parlé de Sienna parce qu’il faudrait bien à un moment donné que je la prévienne, que je prévienne notre famille en général d’ailleurs. Je n’avais pas le droit de les priver d’une telle information. C’était surtout pour ça que je le faisais car je ne voyais aucunement du soutien pour moi de leur part. Au contraire, j’avais même encore une fois de la peur. Nous nous étions enfin rapproché un peu avec Sienna ces derniers mois, après nous être éloigné pendant des années, mais là … Quand elle apprendrait pour Simon, j’étais certain qu’elle ne voudrai plus m’adresser la parole. J’allais redevenir complètement seul et isolé dans cette grande famille mais c’était l’histoire de ma vie, je finissais toujours par tout gâcher tout seul. Il le faudrait pourtant et Gabriel … j’étais touché par ce qu’il me proposait mais il ne pouvait pas faire ça pour moi. C’était ma merde, mon problème, ma famille. Il verbalisait lui ce qu’il se passait et je sentais comme des milliers d’aiguilles s’enfoncer dans ma poitrine. Putain, qu’est-ce que j’avais mal. « Il faut que je le fasse Gabriel … Il faut … c’est à moi de le faire … Je veux juste … attendre encore un peu ... » Pourtant plus j’attendais, plus ce serait difficile je le savais. Rien d’autre qu’un réveil de Simon n’apaiserait les choses mais nous n’avions aucune idée de quand cela arriverait … de si cela arriverait tout court d’ailleurs … J’ai toujours du mal à respirer et je le sens pourtant me relâcher un instant pour me faire me retourner, glissant ses mains dans mon dos alors que moi je suis totalement amorphe.

Et c’est alors que … Je sens ses mains glisser dans ma nuque et ses lèvres se poser sur les miennes, ses douces lèvres … Je suis surpris, c’est comme un électrochoc dans ma poitrine. Alors qu’à côté ils tentent de réanimer Simon, je sens que Gabriel lui tente de me réanimer moi. J’ai le souffle coupé, il se passe tellement de choses en moi j’ai l’impression que je vais exploser face à toutes ces émotions que j’ai toujours cherché à refouler, malgré les épreuves que j’ai traversé. Ça veut dire tellement pour moi … ce baiser est rempli de tellement de sens, d’une telle sincérité … Simon est dans le coma. Sienna risque de m’en vouloir, je ne suis pas proche du reste de ma famille … mais putain dans cet épreuve je ne suis pas seul, il y a quelqu’un pour m’aider à la traverser. Un ange tout droit venu du ciel … enfin dans mon garage plutôt. Un soutien, une aide inespérée, mais bien plus que ça encore. Il est un rayon de soleil, il est celui qui rend chaque jour ma vie un peu plus belle sans même que je m’en rende compte, celui qui pense à moi, qui me rassure, qui me prend dans ses bras, qui m’aide à traverser les épreuves même les plus dures. Il est celui qui envahit chaque jour un peu plus mon cœur, que je l’accepte ou non. Et quand nos lèvres finissent par cesser de se toucher, je me sens comme … apaisé. Ce n’est pas terminé, loin de là mais j’ai l’impression d’arriver à essayer. Je pose mon front sur mon épaule et je crois qu’il peut entendre que j’essaye de souffler, de me concentrer sur ma respiration, de me concentrer sur lui. Il me pousse à faire des choses que je n’aurais moi même jamais soupçonné pouvoir faire, il a un pouvoir magique sur moi, et je me sens un peu plus prêt à me battre même si tout cela reste fragile. Je me sens d’avantage prêt à affronter Simon, à être là pour lui, à traverser cette épreuve pour lui. Pour mon petit frère, celui que je n’ai jamais su aider comme je le voulais, mais dont les épreuves me montrent chaque jour à quel point je tiens à lui, et que je suis prêt à tout pour lui.

Bien sûr que non, je n’ai absolument pas conscience de ce que je viens de lui révéler. Il y a trop de choses qui se bousculent dans ma tête et c’est clairement mon inconscient qui à pris le relais. Comme si je connaissais Gabriel depuis toujours et qu’il était donc normal qu’il soit au courant de cette part de moi. Car c’est bien ce que je suis. Un dealer de drogue. J’ai toujours préféré me qualifier de dealer de bonheur et bien sûr, je ne suis pas que ça. Mais c’est pourtant la réalité, je suis un putain de dealer de drogue, qui récupère de la thune en vendant toute sorte de produits illicites à des gens qui tueraient pour avoir leur dose et dont j’entretiens ainsi la dépendance. Le tableau n’est pas tellement reluisant … Peut-être car je n’ai jamais voulu me confronter à cette réalité. Je ne suis qu’un petit fumeur moi, j’aime en fumer de la bonne, mais je n’ai jamais rien voulu consommer d’autre. Alors je crois que je n’ai jamais voulu réaliser que mon activité était dangereuse. Pas seulement pour moi, mais bien plus pour mes … clients ? Et parmi ces clients il y avait Simon. J’avais mis en danger mon propre frère … Et c’était difficile à accepter. Malgré les mots de Gabriel, malgré le fait qu’il essaye, par tous les moyens possibles de me faire réaliser que Simon avait fait son choix et qu’il y serait parvenu sans moi. Il essayait de me convaincre que ça allait aller. Il fallait faire le dos rond quoi, attendre que ça passe … que Simon se réveille. Mais je ne pouvais m’enlever de la tête cette statistique que le médecin avait donné. Quarante pourcent. Il y avait plus de chance qu’il ne se réveille pas que l’inverse. Mais j’essaye cependant de me concentrer sur lui. Je ne voulais pas. Ce n’est pas ma faute. Ça va aller. Il va revenir parmi nous. Ça va aller. Je ne voulais pas. Ce n’est pas ma faute. Ça va aller. Il va revenir parmi nous. Ça va aller. J’essayais de continuer à me répéter en boucle les mots de Gabriel. Et maintenant il essayait de me rassurer, de me pousser en ce qui concernait Sienna. Il avait raison, plus j’attendais plus ce serait difficile. Mais j’avais tellement peur de sa réaction. Peur qu’elle ne veuille plus jamais m’adresser la parole, qu’elle me tienne pour responsable. J’étais celui qui allait lui annoncer que son jumeau ne se réveillerait peut-être jamais. « Laisse moi encore … quelques minutes ... » Lâchais-je alors pour simple réponse à Gabriel, comme si cela changerait quoi que ce soit à ce moment-là.

Et pourtant, tout change après. Il avait fait un geste fou, mais un geste tellement doux, sincère, tendre, délicat, … Un geste inattendu mais qui veut tellement dire pour moi. C’est comme si d’un coup il mettait un pansement sur mon cœur encore fragile, qu’il y apportait les premiers soins. Alors j’avais posé ma tête sur son épaule, essayant de respirer comme lui, de prendre de grandes inspirations et de souffler. Je me concentrais vraiment, je faisais les efforts malgré tout ce que ça me coûtait … mais ça commençait à marcher. Les yeux fermés, j’essayais de faire le vide, de penser à lui, de me me concentrer sur ses caresses dans mon dos. Il me dit qu’il est fier de moi. Il essaye de me donner des pistes pour la suite, de me dire ce que je peux faire maintenant sans rien m’imposer pour autant. Je sais qu’il faut que je réagisse. Je dois appeler ma sœur, je dois voir mon frère. Dans cet ordre, sinon je n’arriverai pas à tout faire. Alors doucement, je relève la tête, plongeant mon regard toujours aussi humide dans le sien. « Est-ce que … je peux avoir ton téléphone ? » Lui demandais-je tout en continuant d’essayer de respirer le plus calmement possible. Il était temps d’affronter ma petite sœur, de lui expliquer, de lui avouer … ça allait être difficile, mais il le fallait. Doucement, j’ajoutais cependant. « Et … tu peux rester avec moi, tout du long … s’il te plaît ... » J’avais vraiment besoin de lui à mes côté pour m’aider à encaisser ce qui allait se passer. Je redoutais vraiment ce moment, mais avec lui j’avais l’impression que ce serait un peu plus facile.

Quelques minutes, le temps de reprendre mon souffle. D’accepter la situation … Non ça c’est absolument impossible, je ne sais même pas comment ça a pu me traverser l’esprit. Nous sommes dans une telle phase d’attente … Il n’est pas mort … Il n’est pas vraiment vivant non plus … Comment on est censé gérer les choses dans cet entre-deux ? Je n’avais jamais eu à gérer ça avant moi. Avant que Simon ne débarque dans ma vie il y a un an, acceptant de vendre ma came, quand il m’avait révélé pour Sienna. J’avais essayé de gérer les choses, d’embrasser enfin ce rôle de grand frère que j’avais toujours fuit. Il y avait assez de monde pour gérer tout ça normalement à la maison. Après tout, nous étions censé avoir des parents à la base … censé je dis bien. Puis il y avait eu Liz qui avait tout géré comme une vraie mère pour nous tous et je l’avais toujours laissé faire sans chercher le moins du monde à m’en mêler car moins j’en faisais et mieux je me portais. Mais elle était partie … Et puis finalement il y avait eu Sienna. Jusqu’à ce qu’elle ne parte elle aussi. Notre famille était de plus en plus éclatée un peu partout et nous n’étions plus nombreux à New York. C’est là qu’on voit l’importance d’une famille et de ses attaches. Nous étions séparés les uns des autres et subitement, tout partait en couille. Du moins, bien plus encore qu’avant. Alors j’avais essayé, j’avais vraiment essayé de m’occuper de ma famille, de Sienna et de Simon sachant qu’ils allaient mal. J’avais été à Philadelphie voir ma petite sœur, j’avais surveillé les arrières de Simon … et finalement tout ça était un échec cuisant. Alors j’essayais de respirer mais c’était difficile car je ne savais absolument pas comme j’allais annoncer une telle chose à ma petite sœur. Car c’est bien elle que je décidais de prévenir, n’ayant quasiment aucune nouvelle de personne d’autres dans la famille.

Il avait alors fait cette chose totalement improbable, surprenante, inattendue. Il m’avait embrassé. Et ce baiser au-delà de toute sa sincérité me donnait aussi du courage. Le courage de me battre pour les miens Je reprenais doucement ma respiration, quelque chose de correct dirons-nous, et finalement j’avais relevé mon regard azur sur lui. Je lui demandais de ma prêter son portable comme il me l’avait proposé car il était temps. Sa main vient caresser mon visage, essayant sûrement de chasser mes larmes ce qui ne sert pas à grand-chose car je sais qu’elles n’ont pas finis de couler aujourd’hui. A moins que mon corps n’ait épuisé tout le stock disponible déjà peut-être. Il me tend alors son téléphone et je le prend, légèrement tremblant. Il m’encourage, il me dit de respirer profondément et je le fais même à cette instant pour essayer de continuer à bien me calmer. Il se remet dans mon dos, m’enlaçant, me serrant contre lui. Son téléphone entre mes doigts, je me contente de fermer un instant les yeux et de respirer encore, comme il me l’a dit. Il me dit qu’il restera avec moi aussi longtemps que je le voudrais et cela me rassure, j’en ai vraiment besoin, j’ai besoin de lui à mes côtés. Finalement, je me détache de lui récupérant ma veste et je m’assoie dans les escaliers où nous nous trouvons. Je pose la veste sur mes genoux, mettant visible ce fameux pense-bête imaginé par Liz et mes doigts tremblant tapent le numéro de Sienne sur le téléphone de Gabriel. Je respire un grand coup en engage l’appel. Ça y est c’est parti … Plus de retour en arrière désormais … Alors je colle le téléphone à mon oreille, le regard dans le vide, attendant d’entendre la voix de ma petite sœur. Je suis terriblement stressé mais il le faut. Pour elle, pour ma famille, et aussi un peu pour moi.